La nymphe et le sage (PV Ernest)

Qui aurait cru qu’ici, à New York, les cours de relaxations aient tant de succès ? Jeremy savait que la vie en métropole était stressante mais il n’avait pas prit en compte le contexte troublé et particulier de la cité. Une population mutante particulièrement importante, des histoires de terrorismes, de racismes, de lutes entre X-mens et Confréristes… Implanté à Chinatown depuis son arrivé, le maitre rat avait tout de suite eu beaucoup de clients et ses affèrent n’allèrent qu’en croissant. Sa notoriété, très vite, dépassa celle qu’il avait en Allemagne. Presque submergé par son activité, il eut du mal à se garder un peu de temps pour lui ainsi que pour la raison qui l’avait poussé à se rendre aux Etats-Unis.

Il avait eu dans l’idée d’aider son petit fils, Ernest Lenoir, car il avait appris sa fâcheuse situation. Mais force est de constater que ses efforts restèrent vains. Il ne réussit même pas à rencontrer l’enfant-rat. Lorsque ce dernier était aux mains du BAM, le grand père n’avait pas put prendre le risque de lui rendre visite. Si jamais les autorités comprenaient que Jeremy White n’était autre que Marchal Willard, un criminel au lourd casier judiciaire, il faudrait s’attendre à de nombreux ennuis. Après la fuite de Vermine, le rat d’argent était parti à sa recherche. Mais la ville était grande et il la connaissait mal. De plus, il ignorait les habitudes de son petit fils. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Maitre White poursuivait néanmoins ses recherches lorsqu’il le pouvait. Peut-être qu’au bout d’un moment, elles finiraient par payer.

En cette journée, qui touchait à son terme, point de recherche, juste du travail. Le dernier groupe venait de s’en aller. Jeremy pensait pouvoir fermer son cabinet et aller s’amuser au casino. Il le faisait une fois par semaine. C’était son petit loisir à lui, sa petite drogue. Seulement, voilà que quelqu’un d’autre arrivait, une femme au teint blafard et à la sombre tenue. Elle se présenta sous le nom d’Esther Ophraïm et semblait avoir besoin de ses conseils. Il ne pouvait refuser, c’était contre ses principes. Et puis, ce n’était pas la première fois qu’on venait le voir si tard. Après l’avoir salué, il répondit avec calme et amabilité.

-Ho, je dois bien avoir une demi-heure à vous consacrer.

Il sourit. Après avoir achevé d’éteindre les bougies, il invita la nouvelle venue à le suivre dans une pièce adjacente. Plus petite, elle offrait un cadre idéal pour les entretiens individuels ou en groupe très réduit. Un bureau, plutôt bas, en occupait le centre. Pour l’heure, il était vide à l’exception d’une plante en pot aux belles fleures odorantes. Sur la gauche, posé sur un buffet, se trouvait une petite fontaine électrique en terre cuite. Le bruit de l’eau régulier était apaisant. Le reste de la décoration poursuivait en ce sens. Le lieu se voulait aussi agréable que possible et le résultat était plutôt remarquable. Maitre White prit place derrière son bas bureau et invita Esther à s’installer.

-Que puis-je pour vous ? demanda-t-il simplement.

En voilà une surprise. Jeremy pensait se retrouver face aux problèmes existentiels de la nouvelle venue, qu’il supposait mutante ou particulièrement malade. Mais il en alla autrement. Le maitre rat ne put cacher son intérêt pour cette inattendue question. Il ne répondit pas tout de suite, se donnant un temps de réflexion. La précipitation ne menait à rien de bon et puis le sujet était quand même délicat. Avouer son lien de parenté avec le dernier des Lenoir, c’était compromettre sa couverture, s’exposer à d’éventuels problèmes. Mais le mensonge ou l’omission étaient-ils plus indiqués ? Que savait cette femme sur lui et son petit fils ? Quel était le but de sa visite ? Le dilemme ne dura pas longtemps en l’esprit de White. Il devait bien avouer que ses recherches pour trouver Ernest étaient au point mort. Cette dénommée Esther représentait peut-être une chance de retrouver une piste. Il ne devait pas la laisser passer. Dire la vérité était un risque, certes, mais un risque nécessaire.

-Oui, ce nom est celui de mon petit fils, répondit Jeremy avec calme et sans détour.

Voilà donc la vérité livrée mais sans détails pour l’accompagner. En effet, le sage se garda bien d’en dire d’avantage. Il préféra poursuivre sur une nouvelle question.

-Et pour vous, qu’évoque donc ce nom ?

Il n’avait pas changé sa façon de s’exprimer. Il parlait toujours avec autant de bienveillance.

-Je vois. répondit simplement Jeremy.

Ainsi, il était face à une amie de son petit fils. Intéressant. C’était peut-être la chance qui lui souriait, l’occasion qu’il attendait d’enfin pouvoir retrouver Ernest. Mais encore une fois, la précipitation n’était conseillée. Il avait lu et entendu de terribles choses sur Vermine. Ce qui l’inquiétait le plus, ce n’était pas la violence ou les meurtres. Lui-même avait été un monstre pendant sa jeunesse, il pouvait aisément comprendre les raisons qui poussaient à être ainsi. En revanche, cette appartenance de l’enfant-rat à un groupement de mutants terroristes connu sous le nom de Confrérie et le fait que le jeune hybride était aller jusqu’à trahir, jusqu’à manipuler son propre père, tout ceci incitait White à la prudence. Il était ici pour aider son descendant, pour le ramener dans le droit chemin, pas pour se faire à son tour manipulé.

Le problème, c’était qu’il n’avait jamais vu Ernest. Il ne le connaissait que par les récits de Mickael Willard et ce qu’en disait les médiats. Et concernant cette Esther, il ignorait tout d’elle. Il fallait remédier à ce dernier point avant de faire quoi que ce soit.

Le maitre rat reprit, plus rapidement, comme s’il réfléchissait moins. Ce n’était qu’une apparence. Il savait très bien cacher son jeu, c’était d’ailleurs pour cette raison qu’il était un excellant joueur de poker.

-J’ai effectivement appris des choses inquiétantes au sujet d’Ernest. En revanche, beaucoup de ses ennuis semblent être la moisson de ses actes. J’ai ouïs dire qu’il était devenu terroriste. En tout cas, c’est ce que les médiats disent. Petit fils ou pas, je ne suis pas disposé à aider Ernest à échapper à la justice.

Il ménagea une brève pause. Même si ses mots se voulaient sévères, son ton ne l’était pas. Eternellement calme, Jeremy reprit.

Néanmoins, j’ai peur d’être abusé par les rumeurs médiatiques. Vouyez-vous, l’occasion de rencontrer mon petit-fils ne m’a jamais été donné. Vous le connaissez mieux que moi-même. Parlez-moi de lui. Qu’en est-il réellement de sa situation ?

Tel un puzzle, les pièces s’accumulaient et s’assemblaient. La situation s’éclaircissait, la réflexion de Jeremy avançait. L’histoire d’Esther était logique et semblait si sincère. Pourtant, cette fois, quelque chose dérangea White. En fait, il y avait trois choses. Tout d’abord, quoi qu’il en soit, il était tout à fait hors de question qu’il accepte si vite. Ainsi, il se retrouvait en présence d’une biochimiste dont il ignorait tout et il devait lui confier son patrimoine génétique, ô combien dangereux ? C’était un risque qu’il ne pouvait pas se permettre sans assurance. Il allait falloir bien plus que les seules paroles de la femme. Ensuite, cette dernière avait affirmé que la mutation d’Ernest était un fardeau pour lui, qu’il vouait s’en débarrasser. Cela allait en total contradiction avec les propos de Mickael. L’oncle de Vermine avait décrit l’enfant-rat comme heureux de sa différence, appréciant son physique pourtant peu enviable. Bien sûr, Mickael n’avait pas revu Ernest depuis son passage dans les prisons du BAM mais quand même. Cette divergence avait de quoi nourrir la méfiance du maitre. Enfin, et surtout, Jeremy trouvait qu’Esther n’avait pas les bonnes priorités. Elle voulait finir ce fameux vaccin pour aider Ernest alors que celui-ci avait disparu ? Mais il fallait d’abord le retrouver ! Peut-être n’était-elle pas qualifiée pour le faire… Ces trois choses, considérées globalement, jouaient très clairement en défaveur d’Esther. Mais de la même façon que le maitre rat n’allait pas accorder sa confiance sans réfléchir, il n’allait pas non plus se prêter à des conclusions hâtives.

Ne jamais se précipiter… c’était une devise pour lui.

-Je comprends votre démarche, répondit-il, toujours avec ce calme qui semblait ne jamais le quitter. Je vais y réfléchir.

Petite pause.

-Ainsi, mon petit fils a disparu. C’est fâcheux. Parlez-moi des circonstances de sa disparition. Et depuis quand a-t-il disparu ?

Nouvelle pause.

-Et parlez-moi de vous également. Vous êtes biochimiste. Je présume que vous travaillez pour une entreprise, un laboratoire. C’est le cas ?

Les mensonges paraissaient parfois plus vrais que la vérité. L’inverse se vérifiait également. La vérité avait parfois des airs de mensonge. Cette histoire de mutant surprissent nommé Apocalypse qui enlevait Ernest en lui promettant de devenir le nouveau fléau laissa Jeremy très dubitatif. Sur le coup, il était presque persuadé que cette Esther cherchait à le duper. Mais cette impression restait confuse, assez pour laisser encore de la place au doute. Et si la femme disait vrai ? Et si elle cherchait vraiment à créer ce sérum pour débarrasser les mutants de leurs mutations afin de faciliter leur insertion dans la société ? N’était-ce pas là un but noble ? Mais était-ce vraiment une solution ? Ce fut bientôt une réflexion plus vaste qui prit la place en l’esprit du maitre, une réflexion de fond qui dépassait de loin la seule condition d’Ernest.

-Oui, vous avez raison. J’ai matière à méditer. Si vous voulez, revenez mercredi. C’est mon jour de congé. On aura ainsi tout notre temps.

On était vendredi soir. Cela laissait à Jeremy assez de jour pour faire les recherches qu’il désirait entreprendre au sujet d’Esther. Pour cela, il aurait entre-autres recours à Mickael Willard. Ce dernier connaissait bien la ville et ses mauvaises fréquentations lui permettaient d’avoir accès à bien des informations. Mickael n’était pas mutant mais il connaissait des mutants et était familier de leur monde. Il s’agissait tout d’abord de vérifier les dires de la demoiselle, puis de voir si, par hasard, elle n’était pas affiliée à la Confrérie ou à une autre déplaisante organisation. En parallèle, le maitre rat allait envisager la piste de la vérité qui ne le débarrassait pas d’un choix épineux : donner ou non son ADN. La question faisait appelle à la philosophie, à l’existentiel. Non, ce n’était pas une décision facile à prendre. Le sage, de part sa formation, savait que ce genre d’acte était tout sauf anodin. Il ne fallait pas les prendre à la légère.

Se levant, il reprit.

-Mercredi matin, à 10 h, ici même, cela vous vas-t-il ?

Il était prêt à raccompagner la pâle femme jusqu’à la sortie, se montrant aimable jusqu’au bout. Mais il était vrai qu’il avait toujours gardé un peu de distance. Ce n’était pas la méfiance, loin de là. Non, il s’était en fait comporté avec elle comme avec une cliente. Il ne pouvait pas se laisser envahir par les problèmes de tout le monde sans quoi il finirait vite dépressif. Cette frontière, c’était son métier qui l’avait bâti. Et puis, avouons-le, Jeremy White, bien que repenti, n’était pas forcément le plus jovial des individus.

HRP : si tu es d’accord, je te laisse faire l’ellipse, débuter la seconde rencontre. A toi de décrire (dans ton post ou par MP) ce que les recherches sur Esther donnent. Si tu es vraiment une Confrériste très discrète, que tu n’as pas fais d’imprudence, que tu n’es pas connu de la justice, alors même Mickael Willard et ses contacts ne pourront pas deviner que tu sers Magnéto. S’il y a des rumeurs qui circules, alors elles arriveront jusqu’aux oreilles de Jeremy.

[H.J] Pas de souci, je t'enverrai les infos par MP]