FLASH SPECIAL libre !)

Les conditions météorologiques à New York ne cessait de se dégrade ces derniers temps. Ce qui n’aurait pas été si dramatique aux yeux d’Aleksandra si cela n’avait pas également influé sur la qualité du transport pour rejoindre l’île du Bureau des Affaires Mutante. Sur le pont de la navette personne ne semblait être incommodé par les remous mais elle devait se retenir de ne pas rendre son petit déjeuner par-dessus bord. Pâle et les yeux fermés, elle tacha de se concentrer sur autre chose. Ce soir elle mangeait chez Svetlana. Son grand père était en déplacement à Washington et elle l’avait invité à « casser la croûte ». Sa grand-mère avait beau être une business woman accomplie, à la pointe des recrutements et qui avait l’habitude de stagiaires dont elle trouvait la vie étudiante épanouissante, dés qu’il s’agissait de sa petite fille elle partait du principe que la vie étudiante était tout simplement affreuse et qu’il était pesant de se retrouver coupé du cercle familial. La famille étouffante ? Oui elle connaît. Aussi Aleksandra ne doutait pas que Svetlana soit persuadée qu’elle ne se nourrissait pas et autres stupidités. Elle allait encore devoir manger pour quatre.

Penser à ses menus problèmes avait fait passer le temps, dés que la navette arriva à quai elle se précipita vers la terre ferme. Certains agents qui commençaient à l’identifier se poussèrent pour la laisser passer en souriant. Elle les remercia d’un sourire puis passa la porte du Hall de son pas vif. Dans son dos, déjà la navette repartait quérir les autres agents resté de l’autre côté. Elle s’arrêta aux toilettes des dames pour se rafraîchir le visage avant de rejoindre l’open-space où elle travaillait. La veille avait été une journée de cours assez éprouvante et elle avait du veiller tard pour boucler son travail d’étudiante. Pourtant, même si la situation lui pesait elle ne se plaignait pas. Être à la fois au BAM et rester à l’école de droit avait été son choix et elle l’assumait pleinement. De plus, c’était une chance en quelque sorte.

Lorsqu’elle rejoignit son bureau, ses collègues de la diplomatie avaient l’air sombre. La plupart était scotchée au téléphone, la saluant à peine d’un geste de tête. Elle n’y prêta pas vraiment attention et posa sa veste et son écharpe sur sa veste puis alluma machinalement son ordinateur. Plusieurs notes laissées sur sa table lui indiquèrent ce qu’il lui était urgent de boucler pour cette matinée. Arrivée depuis à peine un mois, elle arrivait juste à ne plus être chargée de la photocopieuse. Maintenant elle devait classer. La prochaine étape ? Qu’importe mais elle doutait que cela soit palpitant. Néanmoins elle comprenait sa position et prenait les choses avec humour et humilité. Elle avait parfaitement conscience d’être une bleue. Néanmoins, elle avait fait une brève intervention dans certaines missions d’infiltration comme celle à l’ambassade de Chine avec Mercy, n’ayant d’ailleurs été appelée qu’à cause de sa mutation.

La journée passa et Aleksandra alla faire sa première pause. Même si elle n’était pas franchement une fan de café elle se dirigea quand même avec une des ses collègues de six mois son aînée au BAM vers la salle de détente. Elles passèrent le sas entre la zone 2 et la zone 1 tout en bavardant de sujets divers et variés. Les études d’Aleksandra notamment. L’autre soutenait qu’elle aurait mieux fait d’arrêter et de se concentrer sur le BAM. Mais la russe était réticente, elle voulait son diplôme. Pour la suite elle aviserait. Sur le reste du chemin elles s’échangèrent des conseils coiffure, ce qui mettait déjà moins mal à l’aise la jolie brune.

Dans la salle de détente elle reconnut quelques personnes mais une grande majorité restait des visages qu’elle reconnaissait à peine. Pendant que sa collègue insérait sa pièce pour commander son déca’, la russe se retenait de lever les yeux au ciel, exaspérée par le principe même de cette boisson. C’est alors que quelqu’un augmenta le son de la télévision attirant les regards vers l’écran fixé sur le mur. Aleksandra fronça les sourcils devant le contenu du flash info. Autour d’elle, on ne semblait pas si surpris. Voilà ce qui arrive à ceux qui ne sont là que deux jours et demi par semaine. Visiblement la plupart avait connaissance de l’affaire. Dire qu’elle l’apprenait par le biais de médias ! Aleksandra jeta un œil à sa collègue qui avait prit un air sombre en regardant l’écran. Des mauvaises nouvelles…

Un homme propre sur lui, les cheveux blancs en costume de révérend. L’air innocent. Pas franchement l’idée que l’on se fait d’un psycopathe de nos jours. Il allait y en avoir des femmes au foyer surprises de voir cette tête là dans un flash info de ce type. Et les américains s’enfonceraient dans leur peur, irait par centaine acheté des armes qu’ils planqueraient dans le vide poche, bien en vue du gosse de huit qui un beau jour en jouant se ferait éclater la cervelle. Les mutants seraient doublement stigmatisés, pris dans un cercle vicieux. Quel grand malade. Aleksandra semblait regarder la situation de manière impersonnelle, très froide. En fait elle regardait la situation de manière impersonnelle et très froide. Désabusée, elle imaginait sans peine les tumultes à venir. Le téléphone allait sonner au BAM. D’ailleurs plusieurs agents voyant que la nouvelle avait finit par arriver au média se levèrent pour rejoindre leurs bureaux respectifs, voir pour certains leurs voitures. Ils allaient sans doute devoir patrouiller dans Mutant Town dans les prochains jours, tandis que l’Investigation tâcherait d’identifier Stryker si ce n’était pas déjà fait.

Aleksandra se laissa un peu aller à sa frustration de ne pas avoir été au courant. Elle ne pouvait blâmer qu’elle et comprennait mieux l’insistance de sa collègue. Celle-ci ne lui avait d’ailleurs peut être pas dit à dessein. Du coin de l’œil elle vit qu’en effet, l’autre l’observait cherchant des signes émotionnels sur son visage. Qui était-elle pour la tester au juste s’irrita intérieurement Aleksandra. Puis en jetant un bref coup d’œil elle réalisa que ce « test » si l’on peut dire avait juste pour but le fait de découvrir si oui ou non ses pensées étaient surveillées. La russe se retint de lancer un « Arrête ta paranoïa tu veux ? » qui n’aurait rien arrangé et se reconcentra sur l’écran.

BBC passait désormais un reportage plus détaillé sur le premier acte criminel commis par les Purificateurs. La brune massa un peu son épaule gauche avec sa main droite devant les images. Ces tortures la mettait mal à l’aise. Une crucifixion en plein Central Park impliquait une certaine préparation. Et des moyens. Donc des complications. Ce n’était pas son problème direct, professionnellement parlant elle voyait mal comment classer les dossiers du secteur Diplomatie allait l’impliquer dedans. De quoi être nostalgique du temps de la photocopieuse. Enfin, presque.

C’est alors qu’une voix qu’elle commençait à reconnaître se fit entendre à côté d’elle. Elle se tourna et reconnu Hopes a qui elle adressa un sourire triste en réponse à sa phrase. En effet, encore un. Aleksandra avait compris la phrase, avec un peu de difficulté « taré » figurant raremment dans les cours de français.

- Encore un.

Repliqua-t-elle en français également. Son accent dans cette langue valait celui qu’elle avait en anglais. Il était doux, loin des parodies que l’on fait en accentuant les R et en multipliant les simagrés. Parler français lui rappela fugitivement qu’elle devait Skyper avec sa cousine en rentrant avant d’aller voir Svetlana. Elle y allait un peu en traînant les pieds, comme toujours quand il s’agissait de passer une heure à regarder un écran ou apparaissait épisodiquement le visage de l’autre et ou la qualité de son inter-continental laissa à désirer.

Elle retourna son regard à l’écran. Le reportage avait été écourté, à cette heure là des enfants pouvaient se trouver devant la télévision. Les images gores passeraient entre 22 et 23 heures pendant qu’elle serait en train de bachoter ses cours. La vie suit son cours. Elle avait l’impression d’être étrangère au monde dans lequel elle évoluait, de ne pas avoir d’impact et de ne laisser aucune trace. Elle regarda de nouveau Hopes. Songea au rapport qu’elle lui avait rendu quelques semaines à peine plus tôt. Le faire n’avait pas été triste, elle avait du courir à droite à gauche, oublier ses principes et plonger dans l’esprit des gens sans considération de la morale.