[PLAN NERON] La Voix du rat [Inscrits]

Alec venait d'arriver devant le bâtiment miteux où son mystérieux client lui avait donné rendez-vous pour négocier les termes de sa prochaine mission. Le groupement d'appartement était comme le reste de Mutant Town insalubre et peu accueillant. Des fissures se dessinaient ça et là sur les murs qui de toute évidence n'avait pas eu de quelconque entretien depuis de nombreuses années. Il rentrait le papier contenant l'adresse de son entrevue et s'apprêtait à entrer dans le hall quand des coups de feux retentirent dans plusieurs directions.

Inquiété, il descendit de la marche du portique et scruta rapidement des deux côtés de la rue. Les tirs continuaient tandis qu'il commençait à paniquer , à se demander ce qu'il pouvait bien se passer. Mutant Town n'était pas un quartier ordinaire, encore moins un quartier calme et cela n'avait rien pour le rassurer. Une odeur de brulé , de suie et de souffre le sortit de ses pensées. Voyant de la fumée commençait à s'élever par dessus les bâtiments du trottoir d'en face, il se mît à courir à toute jambe en direction du bout de la rue. A mesure qu'il se rapprocha des cris déchirés se faisaient de plus en plus entendre.

Tournant à l'angle, il eu une vision apocalyptique. Le feu avait déjà gagné de nombreux bâtiments. En plusieurs autres endroits au loin de sombres fumées noires s'élevaient au dessus du quartier. Dans la rue, des gens qui criaient , qui fuyaient, qui abandonnaient tout dans le chaos le plus total, tandis qu'à quelques centaines de mètres plus bas dans la rue, des gens armés de couteaux, de fusils et d'autres armes à feu abattaient à vu la plupart des gens qui tentaient de fuir. Certains munis de lance-flammes s'occupaient d'alimenter le feu au bâtiment ou de brûler vifs les mutants qui avaient le malheur de passer à leur portée.
Un sourire macabre aux lèvres, ils avançaient lentement, perpétrant leurs atrocités de manières minutieuses et coordonnées, scandant leur credo :" Dieu le veut !"

Alec repensait un instant à sa promesse, de se battre pour sa condition de mutant, de ne plus jamais fuir mais la peur reprit le dessus, il était seul face à tout ces gens armés jusqu'aux dents. Un seul tir bien placé et il serait mort. Il ne pouvait clairement rien faire et il enrageait intérieurement. La folie de Stryker avait dépassé tout ce qu'il avait pu imaginer : l'incarnation du fanatisme , de la cruauté et de l'obscurantisme caché au plus profond de la nature humaine. Des larmes de dépit coulaient de ses yeux alors qu'il assistait impuissant à ce génocide d'envergure.

"Je vais m'endurcir. Je reviendrai plus fort, plus aguerri et je vengerai tous les mutants innocents qui massacrés aujourd'hui ! Stryker, les homo-sapiens , vous paierez tous !" se promit il à lui même avant de prendre la fuite.

Il était perdu et ne savait pas par où aller. Le quartier devait être cerné de toute part. Il ne connaissait pas bien Mutant Town car il n'avait pas eu souvent l'occasion de s'y rendre. La confusion autour de lui était totale, mais au milieu de ce chaos, il aperçut quelques personnes regroupées.

[Ernest] Mais je sais par où fuir. Je vous guiderais ! Je suis Vermine, membre de la Confrérie, la Confrérie qui veille sur vous, qui vous aide et qui vous aidera encore cette fois ! Venez ! Approchez-vous ! Rassemblez-vous ! Mes amis, le temps presse !

La confrérie ? Ici ? Ils étaient bien les dignes défenseurs de la cause mutante ! Alec eut tout de suite une profonde sympathie pour le jeune homme rat qui tentait tant bien que mal de sauver les mutants de Mutant Town. Il espérait seulement que ce regroupement n'allait pas attirer les purificateurs à eux. Quoiqu'il en soit il était déterminer à se battre si nécessaire et à montrer de quoi il était capable.

Je ferais tout ce que je peux pour vous aider ! Je vais voir si je peux rassembler davantage de personnes ! Je vous enverrai ceux que je pourrais convaincre . dit il à Ernest.

Alec courut jusqu'au bout de la rue. Et commença à parler à voix haute, en gérant très bien son stress pour ne rien laisser paraître :
"Habitants de Mutant Town ! Nous allons tenter de fuir en suivant le confrériste Vermine ! Allez à sa rencontre" répétait il avec autant de conviction dans la voix que possible tout en indiquant la position de vermine.

Il continuait de surveiller d'un oeil les forces anti-mutants au loin.

Les purificateurs avançaient tranquilement, tirant sur tout ce qui tentait de s'enfuir, semblables à des SS nettoyant le ghetto de Varsovie. Le nombre de victimes se comptait déjà en dizaines. Un des fanatiques restait à l'écart du reste des équipes. Wladeck Pirowski était un chasseur, un vrai. Plutôt que de procéder à un simple carnage avec les autres, il préférait avancer en solitaire, traquer les mutants qui se cachaient et les étriper de ses mains. Rien ne lui procurait plus de plaisir que voir le désespoir dans les yeux de ses proies à l'instant où il les sortait de leurs cachettes.
Devant lui, il y avait un bâtiment qui n'avait pas encore été atteint par les flammes. C'était un de ces vieux immeubles isolés à l'amiante, il n'allait pas brûler si facilement. Oui, il y avait fort à parier que des abominations se terraient là-dedans. Wladeck sourit et entra. Il dégaina son épée, prêt à trancher la tête de tous ceux qu'il trouverait. Il snobait délibérément ses collègues qui se fiaient trop aux armes à feu, sans comprendre la noblesse et l'efficacité d'une lame utilisée par des mains expertes. Depuis le temps qu'il combattait les horreurs mutantes, il n'en avait jamais rencontré un capable de lui échapper. Il fouilla un à un les appartements, montant étage après étage. Tous étaient vides, mais en arrivant au dernier étage il trouva une porte close. Bingo ! Les horreurs étaient là. Se reculant un peu, il enfonça la porte d'un magistral coup de botte et entra aussitôt...pour se faire embrocher comme une merde !

Léo eut un petit sourire sadique en enfonçant la baïonnette de son Famas dans le ventre du type. Il resta un instant à le regarder dans les yeux, puis le rejeta en arrière d'un coup de ranger. Il essuya la lame en se tournant vers Smith.

-Alors ? Tu es prêt ?
-Affirmatif ! J'ai tout le matos informatique.

L'homme-lion portait son uniforme de l'armée française, avec un gros gilet pare-balles de combat. Il souleva d'une main le gros sac de sport où étaient entassées les armes du groupe de déserteurs et le mit sur son épaule.

-Ok. On se sépare, rendez-vous demain à 14h03 là où tu sais.

Les camarades se firent un salut rapide, avant de descendre l'escalier de l'immeuble et de filer dans la rue chacun de leur côté. C'était assez difficile de devoir quitter leur QG de campagne, mais la vie de déserteur était loin d'être facile. Ils n'avaient survécu jusque-là qu'en multipliant les précautions, surtout après l'évasion de Léo. Non, pour des raisons évidentes ils ne pouvaient pas rester dans Mutant Town. Ils allaient donc devoir se frayer chacun un chemin à travers les flammes et les fou-furieux qui tuaient tout le monde. Quelque part, Léo s'inquiétait pour Smith. Il était soldat, donc capable de se débrouiller en territoire de guerre, mais dès qu'il n'avait plus un clavier entre les mains il avait tendance à perdre ses moyens.

Le mutant était donc en train de faire le tour d'un bâtiment en flammes pour éviter un groupe de terroristes armés de lance-flammes quand il tomba sur un groupe de fuyards avec...VERMINE ! Non, il ne rêvait pas, c'était bien l'enfant-rat qui avait fait tant souffrir sa sœur. Ne sachant d'abord pas trop quelle comportement adopter, il s'avança comme un réfugié du quartier en flammes. Le rat le vit, mais ne sembla pas le reconnaître. Maëlys n'avait pas menti : il ne se souvenait de rien.

-Il nous faut des lampes et des armes ! Si vous habitez à côté, allez vite chercher ça ! Parlez à vos amis, à votre familles, dites-leur de venir ! Il faut faire vite ! On a cinq minutes, peut-être dix, mais pas plus !
-Tu veux des armes, gamin ? Qu'est-ce que tu penses pouvoir faire avec ça ?

Et le militaire déballa son sac sur le trottoir. M4, Minimi Para, AA-12, MP5, Uzi, il y en avait pour tous les goûts, on aurait dit le sac de vacances d'un responsable de la NRA. La première chose qu'un soldat apprenait, c'était qu'on ne pouvait pas faire la guerre sans armes, plus on en avait mieux ça valait. Les déserteurs avaient alors fait ce qu'ils pouvaient pour se procurer autant d'armes de guerre que possible. Elles devaient servir à leur lutte pour la vérité, mais si ça pouvait permettre de sauver des vies, il pouvait bien les céder. Et puis Léo n'avait besoin que de son Famas, son arme de poing et son poignard-baïonette.
Au moins, avec ça le combat serait plus équitable.

Il était intéressant de voir les effets de la peur sur ces braves gens. A mesure que le quartier se muait en enfer, à mesure que les habitants affolés de Mutant Town perdaient espoir, ils étaient prêts à s’accrocher à n’importe quoi… même à un enfant-rat. En temps normal, on aurait rit d’Ernest, perché sur sa poubelle. Il ne ressemblait pas à un leadeur, il n’inspirait pas confiance, il ne suggérait pas la puissance. Mais il parlait bien. Le pouvoir de la parole conjugué à celui de la terreur lui conféra en cet instant terrible une aura quasi divine. Lui, restait impassible. Non, ce n’était pas qu’un masque. Il n’avait pas peur mais en même temps, il était un peu fou. Il observait de son œil unique cette assemblée qui, mine de rien, grossissait autour de lui. Combien étaient-ils à présent ? Trente, peut-être quarante. Tous le fixaient, tous buvaient ses paroles. Il se sentit puissant. Il incarnait un idéal, il incarnait la Confrérie. Par la voix du rat parlait Magnéto.

Bon, d’accord, Ernest allait un pu loin dans ses délires. Mais on n’allait pas lui reprocher de rêver en plain cauchemar, si ? Oui, vous avez raison, le moment n’était peut-être pas le plus opportun. Un bruit sourd ramena Vermine à la réalité. Le sol trembla. Des cris, en tout cas plus que d’habitude, s’élevèrent. A bonne distance de là, un immeuble cédait sous les flammes. Et les incendies se faisaient toujours plus proches, tout comme les rafales de tirs automatiques. La scène avait un quelque chose d’apocalyptique. Le petit confrériste mit un terme à son discours de rassemblement. Maintenant, il s’agissait de s’organiser un minimum. Par chance, le rideau de feu qui se déployait, toujours plus épais, autour d’eux les protégeaient des fanatiques en quête de toujours plus de victimes. Certaines personnes revenaient vers le groupe, des lampes-torches en main. Vermine avait également repéré un individu qui, avec conviction, l’avait interpelé, l’assurant de l’aider et allant à son tour œuvrer pour le rassemblement. Le comportement de cet inconnu contrastait un peu avec le pessimisme général. Ce n’était pas plus mal que le groupe compte plusieurs personnalités fortes. Ce ne serait pas de trop vu la situation. Et à présent, c’était un type, à l’aspect militaire, qui mettait à la disposition du groupe un bon paquet d’armes.

-Toi, tu tombes à pique, lui lança le jeune mutant. Puis il se tourna vers l’assemblée. Bon, écoutez-bien. On n’a pas de temps à perdre. Les égouts, c’est ça notre échappatoire. Je vais vous guider. Je connais parfaitement l’endroit. Cependant, faut se préparer et c’est plus facile de le faire tout de suite. Vous allez vous séparer en deux groupes : ceux qui peuvent se battre d’un côté et ceux qui ne le peuvent pas de l’autre. Comme ça, la sécurité de tous pourra être assurée. Si vous avez besoin d’une arme, servez-vous. Toi, le militaire, encadre tout ça.

Il était clair que Vermine endossait le rôle du chef. Et, croyez-le bien, il y tenait. Car tout ceci, au final, n’avait qu’un but : servir son intérêt personnel. Mais évidement, il ne l’avouerait pas. Il vit dans la petite foule des femmes, des enfants, des vieillards, même des bébés qui braillaient. Bon dieu, si tout le monde s’en sortait en vie, ce serait un miracle ! Lui-même n’y croyait pas. Dans les égouts, ils ne seraient ni discrets, ni rapides. En gros : ils seraient des cibles de choix. Ça non plus, il ne le dit pas.

-On va se préparer à descendre. Répartissez les lampes-électriques. Vous voyez cette bouche d’égout, juste là ? Il me faut quelqu’un pour dégager la plaque. Et, temps qu’à faire, cette personne aidera ceux qui en on besoin à descendre. Moi-aussi je peux aider. Allez, au travail !

Oui, il était grand temps de se bouger. Le vent chaud qui soufflait dans la rue donnait un avant goût de ce que serait cet endroit dans moins de dix minutes. Sur les quarante personnes, à peine plus d’un quart semblaient pouvoir se battre. Ouais, décidément, la partie était très loin d’être gagnée. Tout ne faisait que commencer.

HRP : le groupe total fait donc environs 40 personnes. Sur ces 40, à peine plus de 10 peuvent se battre (soit grâce à des armes, soit grâce à leur pouvoir, nous ne sommes pas les seuls mutants). Dans le groupe, il y a aussi des gens qui vont avoir beaucoup de mal à suivre le rythme : femmes avec bébé, jeunes enfants, vieillards. Bref, vous voyez le tableau. Je vous propose ceci. Alec, tu peux t’occuper de la bouche d’égout, donc d’aider à faire descendre les gens. Léo, toi tu peux gérer le côté militaire en armant les personnes qui le demandent. Voilà, voilà !

Alec avait déjà réussi à convaincre plusieurs personnes de suivre Vermine. Humain ou Mutant, cela importait peu du moment qu'il pouvait en sauver le plus possible. D'autres refusaient encore obstinément de suivre l'homme rat et ne lui faisaient pas confiance. Certains étaient même persuadés que la Confrérie avait contribué à enflammer les relations entre humains et mutants. Les flammes continuaient d'avancer de tous côtés et une épaisse fumée commençait à masquer les rues et le ciel. Alec n'arrivait plus à distinguer les purificateurs au travers. Alec s'en voulait un peu de n'avoir pas pu tous les convaincre mais il était satisfait d'avoir fait de son mieux et cela lui donnait une maigre consolation. Sans plus attendre, il rejoignit Vermine et les mutants regroupés autour de lui , écoutant ses instructions.

Il n'avait pas entendu le début de son discours et saisit seulement ces mots au milieu de l'agitation :
[Ernest] -On va se préparer à descendre. Répartissez les lampes-électriques. Vous voyez cette bouche d’égout, juste là ? Il me faut quelqu’un pour dégager la plaque. Et, temps qu’à faire, cette personne aidera ceux qui en on besoin à descendre. Moi-aussi je peux aider. Allez, au travail !

Une occasion de se faire bien voir au prêt de la confrérie sans doute ! Alec s'attela à soulever la bouche d'égout et les gens commencèrent à descendre lentement. La manoeuvre était longue et d'autant plus stressante à causes des jeunes enfants et vieillards qui avait beaucoup de mal, mais ce qui inquiétait davantage Alecn c'étaient les flammes qui se rapprochaient dangereusement. On n'y voyait plus qu'à quelques dizaines de mètres. Dans l'inconnu derrière les flammes, on entendait encore ça et là des coups de feu et parfois le bruit de camionnettes qui avançaient lentement. Alec espérait qu'ils n'allaient pas se faire repérer à un moment aussi critique. Il était d'autant plus dur de continuer à donner de l'espoir aux gens alors qu'il n'avait aucune certitude de s'en sortir vivants.

On va s'en sortir hein ? demandait une vieille femme d'une soixantaine d'années.
Oui, ne vous en faîtes pas . Nous allons nous en sortir. Et surtout n'oubliez pas, pas un bruit ! répondit Alec avec le plus de convictions qu'il put.

"Un rat, très approprié pour fuir par les égouts" se dit Alec. "Mais il a beau connaître le chemin , quarante personnes qui n'arrêtent pas de se plaindre sans compter des bébés qui braillent ...bref même un Purificateur sourd aurait du mal à ne pas nous entendre. Le feu, les coups de feux et la fumée joueront en notre faveur mais la fuite par les égouts tournerait au massacre si on se faisait repérer ... une grenade lâchée par une plaque et ce sera un véritable charnier."

Cette perspective n'enchantait pas Alec mais il n'avait pas d'autre moyen de fuir. Une fois que tout le monde eut le temps de descendre, il referma la plaque derrière lui et ferma la marche du groupe de mutants dans les souterrains. L'endroit était glauque et humide, baigné dans les ténèbres. Le bruit d'explosions , et diverses secousses parvenaient encore à leurs oreilles sous terre.

Franchement, Vermine qui parlait de sauver les citoyens de mutant town, c'était cocasse. Léo ne le savait pas si altruiste. Enfin, s'il était là ça ne pouvait être que par intérêt personnel, ou bien il n'aurait pas attendu pour sauver ses propres fesses sans se soucier de celles des autres. Franchement qu'est-ce que Maëlys avait bien pu lui trouver ?
Léo s'affaira à distribuer des armes à ceux qui étaient prêts à se battre pour la survie du groupe. Il y avait bien une dizaine de jeunes bourrés d'adrénaline qui visiblement crevaient d'envie d'en découdre. Ceux-là, l'homme-lion refusa de leur laisser des armes. Excités comme ils l'étaient, ils risqueraient plus de s'entretuer que de neutraliser le moindre purificateur. En plus, il était évident qu'aucun d'entre eux n'avait déjà tenu une arme à feu. Sans doutes s'imaginaient-ils que c'était comme dans un jeu vidéo. Mais une arme ne se prenait pas à la légère.
Il arma donc en priorité ceux qui avaient l'air d'adultes responsables, ou dans le pire des cas de voyous ayant une bonne expérience des flingues. Une fois qu'il eut équipé ceux qui pouvaient l'être, il referma le sac avec les armes qu'il restait dedans et le remit sur son dos. Le groupe commença alors à descendre dans les égouts. C'était du suicide, et Vermine le savait sûrement. Toute cette populace bruyante allait ameuter les purificateurs présents dans les égouts (parce que visiblement, ils n'étaient pas bêtes et avaient sûrement prévu quelque chose pour empêcher qu'on s'enfuie par-là). Finalement, les plus faibles allaient sans doute servir de bouclier aux autres. Léo cracha de dégoût avant de descendre à son tour l'échelle.
Non, mais vraiment, un groupe de 40 personnes dans des égouts qui résonnaient, c'était tout sauf discret.

-Faites taire ce gosse, madame. Il va nous faire repérer !

Si seulement ça suffisait... Léo se plaça à l'avant du groupe.

-Ils ont probablement miné les tunnels. Si jamais vous remarquez un engin explosif ou un fil tendu au milieu du passage, criez.

Ça pouvait être n'importe quoi. Des claymores, un bouquet de grenades, du napalm... Le plus dangereux aurait été un gaz toxique, ou même tout simplement du gaz de ville lâché dans la conduite et allumé par un détonateur à détecteur de mouvements. Dans un endroit clos comme ça, un spécialiste en pièges pouvait faire des ravages.

-Et maintenant ? C'est quoi le plan ? Tu sais par où il faut passer pour sortir de là ? demanda-t-il à Vermine

Les orteils griffus d’Ernest raclèrent le sol humide des égouts. Il y avait dans ce geste une certaine perplexité qu’il n’avouerait jamais. Mais dans quelle entreprise s’était-il lancé ? Il savait depuis le début que ce ne serait pas facile mais, maintenant qu’il était au pied du mur, maintenant qu’il voyait cette petite foule apeurée agglutinée dans la pénombre, il réalisait la folie de son initiative. Des bruits sourds leur parvenaient, explosions, grondements ardents, cris. Tout était affreusement déformé. Des échos sinistres couraient le long des boyaux ténébreux. A ceci s’ajoutait cet air chaud qui leur battait la figure. Ils avaient quitté un enfer pour en gagner un autre.

-Dieu le veux ! fit une voix lointaine, portée par les canalisations.

Pour la première fois, Vermine se mit à douter de lui. Cette idée qu’il avait eue à la volée n’allait-elle pas le conduire à sa propre fin ? Il avait perdu du temps pour ces minables, le jeu en valait-il la chandelle ? Une chose était sûre : il était trop tard pour faire marche arrière. De plus, il préférait conduire tout le monde au massacre plutôt que d’avouer son erreur. Il se devait de garder la face ; il était la Confrérie. Alors qu’il en soit ainsi. Aussi mince que puisse être cette chance, il fallait la tenter.

Les torches-électriques, qu’on avait allumées, zébraient l’obscurité de fins rayons de lumières. Parmi les gens assemblés, le pleur d’un bébé persistait. Sa mère ne parvenait pas à le calmer. On chuchotait également, on s’inquiétait.

-Vos gueules ! braya l’enfant-rat avec une sévérité surprenante. Il reprit, un peu plus bas. Dites-vous bien que le silence est la clé de notre survie. Donc pas un seul mot inutile, merci. Si tout ce passe bien, on retournera à l’air libre dans moins d’une demi-heure. Il mentait. A pieds dans les égouts, surtout vu le rythme qu’ils allaient avoir, il faudrait deux, voir trois fois plus de temps, afin de sortir de Mutant Town. Comme l’a fort justement dit ce militaire, faites attention où vous marcher. Le premier truc suspect, vous le signaler. Et puis je ne veux personne qui dégringole dans la flotte. Restez bien rassemblé, ne vous perdez pas.

Le mieux, ça aurait été justement de se séparer, de former de petits groupes beaucoup plus discrets, beaucoup plus mobiles, et d’emprunter des voies différentes. Mais voilà, il n’y avait ici qu’un seul guide à la connaissance du jeune mutant : lui-même. Il se porta au premier rang. C’est alors que le militaire l’interrogea. Il répondit, à voix basse.

-Le plan, c’est d’éviter le chemin le plus évident, le plus rapide. On va faire des détours histoire d’éviter les mauvaises rencontres. Toi et les autres gars qui peuvent se défendre, vous restez devant. Mais y’en faut aussi un ou deux à l’arrière. Je vais devancer légèrement le groupe.

A ces mots, Vermine se retourna et désigna quelqu’un du doigt.

-Toi, viens avec moi. Tu va m’éclairer.

Il avait indiqué quelqu’un munie d’une lampe-torche mais sans défense, une jeune femme. En réalité, l’enfant-rat n’avait pas besoin de lumière. S’il se faisait accompagné par quelqu’un de plus grand, de plus visible que lui, c’était pour sa sécurité personnelle. On tirait sur elle avant de tirer sur lui d’autant plus qu’il prit bien garde de rester dans l’ombre.

-On y va !

Le groupe se mit en branle et s’étira en une longue file indienne. Sphinx en avant-garde, Alec en arrière-garde et Vermine en guide et en « éclaireur ». Le périple avait démarré. La voie du rat était-elle la bonne ?

HRP : Alec, mes posts sont riches en réflexions personnelles et montrent clairement que Vermine est une grosse ordure. Néanmoins, en apparence, son comportement est exemplaire. Je sais que tu désires rejoindre la Confrérie, alors je préfère préciser^^ Je me chargerais des mauvaises surprises si cela ne vous dérange pas. Héhéhé. En attendant, profitez de l’agréable balade ! Même Vermine, n’est pas rassuré, c’est dire ! Ha, au fait, Léo, j’ai oublié de te poser une question : ton personnage est sous forme humaine ou hybride ? Précise-le dans ta prochaine réponse si possible ou dis-le-moi par MP.

Alec se chargerait donc de l'arrière garde. Le groupe avançait de manière désordonnée dans les égouts. La lenteur de certains faisait peine à voir mais il fallait faire de son mieux, rester calme et surtout... surtout ne pas s'énerver. La tension montait à mesure que le petit groupe se déplaçait sous les coups de feux, les bruits d'explosions et d'effondrements. Vermine était parti devant et Alec ne le voyait déjà plus. Il espérait seulement que les gens continuaient à le suivre.

Alec était aux aguets .Les sens en alerte, du moins l'ouïe car il avait du mal à y voir dans l'obscurité malgré les quelques lampes que possédait le groupe." L'avantage d'être en bout du queue c'est qu'on n'a pas besoin de se soucier de voir où on marche ! " se disait il pour rire et déstresser un peu. Chaque son était une horrible torture et le mettait de plus en plus à cran : un goutte d'eau, quelqu'un qui trébuche dans le noir ... mais il fallait rester attentif au moindre détail qui pourrait trahir l'arriver des purificateurs. Même si Alec doutent qu'ils se montrent particulièrement discrets ,le bruit causé par la troupe en mouvement pouvait suffire à masquer leur approche.

Soudain Alec entendit un bruit suspect derrière lui. Sans chercher à comprendre, il déclencha ses pouvoirs au hasard dans cette direction. Sa tension montait. "Avaient-ils été repéré ?" . Il avançait discrètement prêt à réagir au quart de tour mais ne trouva qu'un malheureux rat paralysé. La situation amusa un instant Alec . Qu'aurait - il fait s'il avait paralyser le guide par inadvertance ? Imaginer cette scène lui procura un peu de réconfort et la distraction suffisante pour déstresser.

Il rejoignit à la hâte le groupe qui n'avait pas pris beaucoup d'avance.

Léo avança dans les tunnels, suivant les indications de Vermine. Il ne se sentait pas à l'aise, ici. Il était trop grand, sa crinière frôlait le plafond, ça lui donnait une impression de claustrophobie, et il serait gêné en cas de combat. De plus, la puanteur agressait son odorat, et la résonance rendrait les coups de feu insupportables pour ses oreilles de lion. Mais au moins, il avait une excellente vision nocturne, ce qui lui permettrait de détecter pièges et ennemis avant tout le monde, sans utiliser de lampe. D'ailleurs, puisqu'on parlait de ça...

-Si jamais vous entendez du bruit, éteignez immédiatement vos lampes, ça nous rendra moins repérables.

...sauf si les terroristes avaient des lunettes de vision nocturne, auquel cas il vaudrait mieux tenter de les éblouir. Mais enfin, on ne pouvait pas parer à toutes les éventualités.
Connaissant l'enfant-rat, l'ex-soldat ne se laissa pas leurrer quand celui-ci demanda à une femme de se tenir près de lui. Un bouclier humain, rien de plus ! Cet avorton avait décidément un physique adapté à sa mentalité. Fourbe, égoïste, calculateur.
Tout en progressant, Léo réfléchit à un plan. Il voulait pouvoir veiller tranquilement sur sa sœur. Pour ça, il devait se trouver dans une certaine légalité. Pour ça, il devrait éventuellement en venir à un accord avec les services secrets américains. Mais pour en venir à un tel accord, il allait devoir leur jeter un os à ronger. Qu'est-ce qui pourrait bien intéresser le BAM ou la CIA ? La Confrérie sur un plateau ! Vermine faisait partie de la Confrérie, il en était tellement fier qu'il ne pouvait s'empêcher de le trompetter à tout va. Quel crétin ! Vermine ne se souvenait pas de Léo. Léo pourrait éventuellement se servir de lui pour infiltrer la Confrérie et glaner des renseignements à vendre au BAM.
L'homme-lion sourit. En plus, ce serait un juste retour de bâton. Il allait se servir de Vermine comme Vermine s'était servi de lui. Finalement, ces connards de "purificateurs" lui donnaient une occasion en or !

Quelle lenteur ! Mais quelle lenteur ! Maudit soit les vieux, les mioches, les infirmes, les peureux, toutes ces loques qui ralentissaient le groupe et qui, par la même occasion, entravait les plans d’Ernest. Sauver une quarantaine de personnes, s’il y parvenait, ce serait un acte héroïque ! L’image de la Confrérie ne pourrait qu’y gagner, tout comme sa propre image bien entendu. Hélas, en trainant de pareils boulais, il ne pouvait même pas emprunter les voies les plus distraites, les plus sûres. S’il l’avait fait, une bonne moitié du groupe n’aurait pas pu suivre. Il faisait de son mieux à travers ce dédale terrifiant. Aussi intéressé que puissent être ses intentions, il agissait en bon guide.

-Ha !

C’était la jeune femme à ses côtés. Qu’est-ce qui l’avait effrayé ? Ernest suivit le regard de la demoiselle jusqu’à la bouche d’égout sous laquelle il passait. Par les fentes de la plaque métallique, une lueur rougeoyante, doublée d’une chaleur suffocante, filtraient. Mais on devinait également une forme, affalée sur la plaque. Du sang goutait jusqu’aux pieds de Vermine et de la demoiselle.

-C’est rien. On continue.

A peine eut-il dit cela que, derrière lui, quelqu’un poussa un cri. S’en suivi le bruit de quelque chose tombant dans l’eau. Le jeune mussant se passa une main sur le front, atterré.

-Ho, misère.

***

-Merde à la fin ! On perd notre temps ici ! grogna la brute.
-C’est vrai. Notre place, c’est en haut, à cramer ces bâtards, poursuivit son collègue avec conviction mais toujours à voix basse.
-Vos gueules, coupa sèchement Anna Rednight.

Anna, c’était le chef du groupe. Purificatrice redoutable, elle surpassait ses subalternes dans tous les domaines. L’idée d’attendre dans les égouts, c’était la sienne. Minutieuse, elle s’était procuré les plans et avait placé ses hommes en conséquence. Elle avait dépensé beaucoup d’efforts pour tendre ce piège. Pour l’instant, ce n’était guère fructueux. Ils avaient abattu un seul mutant isolé. Ces troupes, pressées dans découdre avec l’ennemi juré, s’impatientaient. Mais la bonne nouvelle qu’Anna attendait arriva enfin. Un cri, faible, lointain, leur parvint. Avaient-ils bien entendu ? Peu après, une femme se présenta à elle, lui confirmant ce qu’elle espérait.

-Ils arrivent, un groupe entier.
-La patience est une vertu. Elle récompense toujours ceux qui en sont pourvu, commenta Rednight à l’intention de ses hommes. Elle désigna une position sur son plan. On va les attendre ici, ici et ici. Allez, en position. Dieu nous guide.

Anna replia son plan et attrapa son fusil de sniper. C’était son arme personnelle et elle l’estimait fort appropriée dans ces longs conduits souvent rectilignes. Les Purificateurs, discrètement, quittèrent leurs positions de guetteur pour se rassembler aux endroits indiquées. On préparait déjà les armes. On se réjouissait. La justice divine allait s’abattre.

***

On avait aidé ce pauvre imbécile tombé dans l’eau putride à remonter sur la berge. Le groupe avait reprit sa lente progression. Vermine estimait avoir parcouru un quart du trajet. Jusqu’à présent, rien n’avait été signalé, ou plutôt si, des dizaines de choses. Les gens voyaient des pièges de partout. Mais il n’y avait rien. Ernest réprimait à grand peine ses soupirs d’exaspération. Ses élans héroïques avaient visiblement fondus comme neige au soleil. Néanmoins, il devait poursuivre. Il dressait l’oreille. Il n’oubliait pas qu’il ouvrait la marche. Enfin non, c’était elle, la demoiselle, qui ouvrait la marche. Il arrivait à présent à une bifurcation. Il indiqua à la femme de prendre à gauche. Une nouvelle fois, on perçu une explosion venant de la surface. C’était un vrai vacarme là-haut. Sitôt que l’enfant-rat se fut engagé dans le nouveau conduit, une mauvaise impression s’empara de lui.

***

Anna esquissa un sourire. A travers sa lunette infrarouge, elle apercevait deux personnes : une femme et un petit mutant ressemblant à un rat.

-Quel physique de circonstance, se murmura-t-elle en visant la tête du rat.

***

-Mer… !

Le juron affolé de Vermine fut couvert par une détonation terrible. On aurait dit un coup de tonnerre qui fut reprit en échos de façon sinistre. Il n’y avait pas de place au doute : ce coup de feu ne venait pas de la surface. Ernest, guidé par un instant de survie assez impressionnant, avait bondit de côté, se rabattant dans la bifurcation. Ce geste précipité lui fit perdre l’équilibre. Il tomba, non loin de Léo et des premiers membres du groupe. Sa manche droite était déchirée. Sa fourrure était déjà rouge de son sang. Son réflexe salvateur avait placé son bras sur la trajectoire de la balle. Cette dernière avait poursuivit sa course après lui avoir mordu la chair. Un instant plus tard, un second coup de tonnerre retenti. Cette fois, la femme qui accompagnait Vermine s’effondra, le crâne perforé.

***

Rednight venait de donner le signal. Les Purificateurs passèrent à l’action. Le groupe à abattre ne pouvait pas poursuivre sa progression. Anna pouvait les abattre comme des lapins s’ils se présentaient à elle. Le chef avait de plus plusieurs brutes à ses côtés pour la soutenir. Le reste des Purificateurs s’étaient soudé en plusieurs petits groupes. Ils fondirent sur leurs cibles par tous les chemins qui menaient à elles. Les misérables étaient si nombreux que leur file s’étendait sur des dizaines de mètres. Ils pouvaient attaquer en plain milieux. Déjà les armes à feu commençaient à parler. Déjà les premiers cris retentissaient. Déjà les premiers morts tombaient.

HRP : dresser un plain précis de bataille serait un peu long et sans doute inutile. Je pars juste du principe qu’il s’agit d’une attaque surprise. La puanteur des égouts associée au bruit de la surface ont empêché Léo et Vermine de deviner le danger. Les Purificateurs se sont de plus bien cachés, à l’écart, pas en vue, tout ça… Anna Rednight est à bonne distance, au bout d’une ligne droite. Elle voit la bifurcation devant le groupe. C’est une pro. Passer par là revient à se suicider. Le groupe est, comme je l’avais dis, étiré sur des dizaines de mètres. Elle suivait un conduit qui communiquait déjà à d’autres voies avant la bifurcation. L’ennemi passe par ces passages et attaquent le groupe par le milieu. Pour le reste, brodé comme vous voulez^^ N’oubliez pas que vous avez à faire à des fanatiques qui savent se battre. Et ils sont nombreux.

Alec suivait calmement le groupe en marche quand soudain de nombreux coups de feux retentir en avant du groupe. C'était la panique totale parmi les mutants qui tentant de s'enfuir comme il pouvait avant de se faire faucher par les tirs des armes à feux semi-automatiques des purifacteurs qui commençaient à prélever leur tribut. Le chaos était à son paroxysme tandis que les cadavres commençaient à s'accumuler, combien de morts déjà ? dix - douze peut être. Le groupe était complètement séparé et les gens affolés pleuraient , criaient dans tous les sens.

Visiblement ils avaient été repérés sans doute à cause du manque de discrétion du groupe. Quoiqu'il en soit, il fallait prendre une décision et vite. S'il restait, il risquait fortement d'y rester, d'autant qu'il ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs efficacement dans la foule et risquait de paralyser ses alliés mutants tout autant que les tireurs embusquer. Même s'il aurait voulu aider ses compatriotes mutants, il ne voulait pas mourir inutilement ici. Il avait promis de les venger et tomber ici ne l'aiderait en rien. En analysant rapidement la situation, Alec se rendit rapidement compte que la fuite était la seule option satisfaisante. En effet, s'il s'enfuyait seul, nul doute qu'il arriverait à s'en sortir mais ne pouvait prendre personne avec lui. Son plan était simple, courir le plus vite possible en maintenant son pouvoir activé en permanence. Il n'avait effectivement pas besoin de voir ses adversaires s'il était seul, simplement envoyer ses ondes dans tous les sens et ils tomberaient inertes. L'effet collatéral étant qu'il paralyserait toutes les personnes à sa portée et non pas simplement les purificateurs.

Sans plus attendre Alec s'empara de la lampe torche d'un mutant qui l'avait faite tomber pris de panique avant de s'enfuir dans une direction au hasard. Il entendit d'autres mutants tomber derrière lui, et se dit qu'ils avaient du être abattus (les trois derniers mutants de la file s'effondrent paralysés en fait).

Le tunnel qui auparavant était à peu prés calme, se mit soudain à crépiter de multiples coups de feu. Une bonne dizaine de mutants du groupe furent tout de suite fauchée. La réponse ne se fit pas attendre. Léo tira, suivi par ceux qu'il avait armés. Il voyait les purificateurs, ils portaient des lunettes infrarouges, comme il s'y attendait. Au moins, il avait un avantage sur eux, il n'avait besoin ni de lampe ni de lunettes infrarouge pour y voir clair dans les égouts.
L'homme-lion bondit dans le caniveau. Il avait ainsi de l'eau jusqu'à mi-cuisses, ça ralentissait son avancée, mais ça le rendait moins exposé. Il s'agenouilla, se baissa encore pour réduire le désavantage que lui donnait sa grande taille. De l'eau sale jusqu'aux épaules, il s'approcha des cadavre de ceux qui avaient été fauchés par les balles des purificateurs.
Une sorte de bruit électrique se fit entendre derrière lui, puis des pas précipités qui s'éloignaient. Le blanc-bec qui accompagnait Vermine au moment où Léo était arrivé se faisait la malle, après avoir balancé une sorte de décharge électrique qui avait paralysé quelques personnes.

*Mais quel foutu lâche !*

En temps de guerre, Léo n'aurait pas aimé l'avoir dans sa section. D'un côté il ne lui en voulait pas de fuir pour sauver sa peau, puisqu'aucun engagement ne le rattachait au groupe, mais partir en foutant le boxon dans le reste du groupe, c'était bas. Enfin, pas le temps de le rattraper.
L'ex-militaire pataugea dans la soupe visqueuse et réussit à prendre une lampe-torche de la main d'un cadavre. Heureusement, elle était étanche et continuait à émettre un faisceau de lumière blanche. Il braqua le faisceau lumineux que les ennemis, le bougeant sans s'arrêter et ne manquant pas de s'attarder au niveau des visages. Cela eut pour double effet de rendre les tueurs visibles comme des sapins de Noël et de les éblouir, les obligeant à retirer leurs lunettes pour ne pas devenir aveugles. Maintenant la lutte était plus équitable. Restant accroupi dans l'eau pour ne pas boucher la fenêtre de tir des mutants qui étaient derrière lui (ils n'auraient sûrement pas hésité à lui tirer dessus pour atteindre les purificateurs), il leva son Famas et tira. Un terroriste s'effondra dans le ruisseau, les autres se mirent à couvert. Ils étaient bien cachés dans les recoins du tunnel, les déloger ne serait pas facile.
Léo se tourna pour tirer aussi sur ceux qui attaquaient le groupe par le milieu.

*Mais merde ! Y'en a encore combien ?!*

Le groupe de survivants se faisait décimer. Le bébé bruyant de tout à l'heure ne criait plus. Mais quel genre de monstres pouvaient faire une telle chose. L'homme-lion regarda Vermine, tombé pas loin de lui. Même une ordure comme lui ne s'abaisserait pas à des actes aussi cruels. Il se mit alors à fouiller frénétiquement dans son gilet tactique. Il haïssait ces sales types, ils étaient comme ces connards du studio DMP...non ! Pire !

-Des hommes ! Des femmes ! Des jeunes ! Des vieux ! Des bébés encore en âge de téter leur mère ! Espèces de saloperies de nazis ! ALLEZ EN ENFER !

Sortant un objet métallique de son gilet, il en arracha la goupille et le lança dans le tunnel où étaient planqués les tireurs. La grenade atterrit dans l'eau, aux pieds d'un purificateurs, avec un petit plouf ridicule, avant d'exploser en envoyant un essaim d'éclats meurtriers dans toutes les directions.

Alec courrait au hasard dans les coulois, cherchant désespérément à trouver une issue dans ce gruyère. L'atmosphère dans les égouts étaient lourde et pesante. L'incendie qui ravageait Mutant Town au dessus des égouts augmentait la température de plusieurs dégrés. Entre la chaleur intense et les bruits des coups de feux, Alec était pris d'une migraine atroce.
Les bruits des armes semi-automatiques utilisées dans les égouts s'estompaient légèrement, indiquant à Alec qu'il s'était un peu éloigné de la zone de combat. L'écho de sa course dans les égouts semblait prendre le dessus sur les autres sons au loin quand deux explosions puissantes masquèrent le bruit de ces pas. Surpris par le vacarme soudain, Alec trébucha et tomba dans une flasque d'eau et de boue. Ses affaires était clairement fichues.

Alec se releva avant de poursuivre sa course dans le tunnel. Alors qu'il en avait presque atteint la fin pour arriver à un nouveau croisement. Une détonation retentit derrière son dos tandis qu'il s'effondrait sur le sol. Une balle venait de lui perforer le thorax. Etalé de tout son long sur le sol, sa respiration se faisait difficile. Il rampa avec le peu de force dont il disposait encore pour se mettre à couvert. Derrière lui, il pouvait entendre le pas lent des bottes d'un purificateur. Il prenait visiblement beaucoup de plaisir à torturer ainsi Alec, jouant au chat et à la souris. S'adossant à terre contre le mur, Alec constata l'énorme tâche rouge au beau milieu de sa chemise qui en disait long sur son état. La douleur dans sa poitrine était horrible, et Alec commençait à cracher du sang. Un poumon percé, il n'en avait plus pour très longtemps. A mesure que les secondes s'écoulaient , les pas du militaires semblait de plus en plus espacé, tandis que la vue d'Alec se troublait de plus en plus et que sa respiration ralentissait. Alec n'était pas dupe et se doutait bien que sa vie allait s'arrêter ici , dans les égouts de Mutant Town. Un bien triste tombeau se dit il. Puis l'espace d'un instant, Alec se mis à rêver, à se souvenir de sa vie, de ce qui l'avait amené ici, de ses amis, de ses rêves. Bref c'est au moment où le temps nous manque le plus qu'on se rappelle de ce qu'on a fait, de ce qu'on a pas pu faire, de ce qu'on aurait aimé faire.

Les pas du purificateur s'étaient arrêtés. Il saisit Alec par les cheveux et plaqua son pistolet contre sa tempe.
Allez ! Regarde moi sâle monstre !
Alec entrouvrit les yeux pour apercevoir son visage reformé par un sourire sadique, un cigare aux lèvres. Bien qu'en piteux état, la haine d'Alec était plus vive que jamais. Et malgré son mal de tête, il parvînt à manifester sa faculté pour paralyser son adversaire qui s'écrasa par terre. Face à sa mort, il n'avait jamais dégagé autant d'intensité dans ses attaques. Il avait chaud et malgré la douleur se sentait bien. Il pouvait sentir l'électricité statique générée par son pouvoir autour de sa peau tandis que les câbles le long des murs étaient couverts d'étincelles." Un magnifique spectacle pour un condamné à mort !" se dit il avait de tomber inconscient.

[HRP] Bon bah c'est la fin pour notre ami Alec, fauché dans la fleur de l'âge. Sauf si vous le retrouvez. Il a un poumon perforé et déjà perdu beaucoup de sang. Son assaillant est mort d'un anévrisme (?).
[/HRP]

Le purificateur blessé s'était jeté sur Léo, mais celui-ci eut vite fait de s'en débarrasser. Il l'attrapa, le retourna pour le mettre devant lui, et lui mordit sauvagement la jugulaire comme l'eut fait un vrai lion. Il lui arracha un gros morceau de gorge avant de le jeter contre un mur, mou comme une poupée de son. Puis il lança un rugissement de défi vers les autres nazis.
C'est alors qu'arriva le lance-flammes. Les lance-flammes n'étaient plus utilisés par l'armée (à part pour l'extermination de la vermine) depuis la guerre du Vietnam, et ce n'était pas sans raisons. C'était une arme lourde et encombrante qui forçait le porteur à être à découvert. C'était aussi une arme très cruelle, et quand un soldat était pris par l'ennemi en possession d'un lance-flammes il était souvent exécuté de façon tout aussi cruelle. Et en plus de toute le reste, le lourd réservoir de carburant que l'homme portait sur son dos était le plus grand danger auquel il était explosé. S'il recevait juste une balle dans l'une des deux bombonnes, le bonhomme était assuré de finir en torche vivante. Mais en contrepartie c'était une arme redoutable, particulièrement efficace pour le nettoyage d'une tranchée, d'un bunker, ou d'un couloir étroit comme celui-là.
Le purificateur se mit en position et tira un nuage de feu vers les mutants. Léo Plongea aussitôt sous l'eau, entraînant Vermine avec lui. Il se fit aussi à plat qu'il pouvait contre le fond, et sentit la chaleur se répandre dans l'eau.

*Ne pas bouger, ne pas respirer, attendre qu'il bouge.*

Lorsque l'homme-lion ne sentit plus la chaleur dans son dos, il se redressa d'un bond. Le "purificateur" était en train de passer sa langue de flammes sur les autres mutants. Il n'en restait déjà plus beaucoup. Pas le temps d'attendre ! Léo leva son Famas hors de l'eau, de l'eau coula du canon. Puis il tira. Trois balles virent percer les bombonnes de carburant. Des flammes commencèrent à jaillir des trous, et l'homme se mit à gigoter, cherchant désespérément à se débarrasser de son engin. Léo se replongea sous l'eau en entraînant à nouveau Vermine. Ils sentirent l'onde de choc se répercuter dans la flotte, et de la chaleur. Remontant, ils virent le terroriste en train d'exécuter une pittoresque danse du feu en poussant des hurlements de possédé. Léo regarda autour de lui. Il ne restait plus que Vermine et lui. De la quarantaine de fuyards, il ne restait plus qu'eux deux. Et maintenant, s'ils mourraient, les purificateurs auraient gagné.

*JAMAIS !*

Un coup de feu claqua, et Léo retomba dans la soupe, le souffle coupé. Une balle à haute vitesse venait de frapper son gilet, ça lui faisait l'effet d'un gros coup de poing dans le ventre.

-Il faut qu'on se débarrasse de ce sniper en priorité ! souffla-t-il à Vermine en se mettant à couvert. Tu as une idée ?

Ernest fulminait. En voyant la tournure dramatique des événements, il avait échafaudé un plan simple : se faire passer pour mort. Avec un peu de chance, cela aurait permis de fuir aisément après une petite attente. L’enfant-rat avait déjà envisagé de retirer son bandage de fortune, de laisser sa blessure saigner et de se servir de ce sang pour se maquiller en cadavre digne de ce nom. Il n’aurait ensuite fallut que se choisir un endroit pas trop en vu pour « mourir ». Mais voilà, selon toutes vraisemblances, son plan était tombé à l’eau.

Oui, il fulminait contre le lion militaire à ses côtés. Celui-ci se battait peut-être très bien, mais il se battait trop. Selon l’avais de Vermine, il aurait dû laisser tranquille ce type avec son lance-flammes. Quelle occasion en or ratée de se faire oublier ! Ils auraient été si bien, là, dans le caniveau, à flotter passivement. Mais non, le lion avait tiré. Enfin, le vrai problème, c’était surtout que le sniper lui avait tiré dessus. Ce dernier savait donc qu’au moins un mutant était encore en vie dans la flotte. Et merde quoi !

Bon, ceci dit, Ernest n’allait pas s’accroché à son plan plus que ça. Il était bien conscient que son idée pouvait fort bien échouer, surtout avec ces malades. Lors que Sphinx l’interrogea, il répondit sur l’instant, à voix basse.

-Que ce soit clair, mon grand. Mon but, c’est de m’en sortir en vie, pas de tous les butter. De toute façon, faut bouger et vite.

En fait, c’était simple : si l’un des deux mutants relevait la tête, il était mort, exécuté par Rednight. Difficile dans ses conditions d’empêcher les Purificateurs de manœuvrer à leur guise. La seule chose positive dans cette histoire, c’était qu’une partie de la berge était en feu. Les restes du type au lance-flammes se consumaient dans un joyeux crépitement.

Sans plus attendre, Ernest se mit en mouvement. Plié en deux, il se mit à remonter le caniveau. Il estimait, vu la position que devait occuper le sniper, qu’il allait très vite sortir de son champ de vision. A une cinquante mètres, environs, il y avait un croisement. C’était par là qu’Alec avait prit la fuite. La voie semblait dégagée. On entendait le bruit de bottes des Purificateurs, mais pas dans cette direction. Sans hésiter, l’enfant-rat sortit du caniveau et disparu à l’angle du croisement.

Il était prêt à mettre sa main à couper que les fanatiques allaient mener la chasse autant qu’ils le pouvaient. La partie ne serait gagnée qu’une fois hors des égouts, quand il serait possible de disparaitre dans les ruelles. Ou bien, il fallait se cacher, ici, et de façon efficace. Puis attendre. En attendant, il avançait, l’oreille tendue afin de percevoir les mouvements proches.

***

Pendant ce temps, Alec glissait dans les bras glacials de la mort. Il n’entendit pas ces bruits de pas précipités s’approcher de lui. Il ne vit pas cette vielle femme et son fils passer devant lui.

-Attend… attend… je n’en peux plus… fit la vielle, le souffle court.
-Mamy, on doit y aller ! Vite ! protesta le jeune, de la panique dans sa voix.

Tous deux faisaient partis du groupe. Tous deux avaient fuit comme Alec au moment de l’embuscade. La ville femme s’adossa au mur, elle ne pouvait plus faire un pas. L’autre, forcé de faire halte, se mit à observer dans toutes les directions. Mon dieu, il fallait absolument qu’on ne les trouve pas ! Ni lui, ni sa grand-mère n’était en mesure de se défendre. La vielle femme remarqua en fin les corps inertes.

-Eclaire, mon petit, éclaire par ici.
-Mais on n’a pas le temps !

Le jeune s’exécuta de mauvaise grasse. Il dirigea la lumière de sa lampe torche vers la dépouille du Purificateur et celle d’Alec.

-Il est mort. Tu peux plus rien pour lui. Et l’autre affreux, il n’a eu que ce qu’il mérite. Allez, allons-y ! reprit le jeune, pressant.

Restant sourd à ses suppliques, la vielle femme se baissa tant bien que mal. Ses rhumatismes ne facilitaient pas ses mouvements. Elle porta une main ridé sur Alec. Elle sentit en lui une lueur de vie. Alors elle n’hésita pas un seul instant. Au milieu de ce carnage, au milieu de toutes ses horreurs, elle se devait de rester fidèle à ses convictions altruistes. Se concentrant, elle fit appel à son don mutant, don qu’elle avait perfectionné pendant toute une existence. Une lueur dorée enveloppa le corps d’Alec. Quand elle se dissipa, ses blessures avait disparus.

-Vous allez bien, jeune homme ? démena-t-elle.

Un nouveau bruit de pas se fit entendre. On reconnu les pieds nus et griffus de Vermine. Un instant plus tard, l’enfant-rat débarquait en trombe dans le conduit. Il s’immobilisa, surprit de trouver là trois personnes. Puis, il se reprit.

-Cool. Y’a encore des vivants ici. Ben va falloir se bouger pour que ça ne change pas.

Alec courait dans un interminable couloir de béton , les murs étaient enflammés et pourtant ne consumaient rien. Des cadavres d'hommes et de femmes, d'enfants et de vieillards jonchaient le sol. Derrière lui , il pouvait distinguer l'ombre de ses poursuivants. Il n'osait pas se retourner ou plutôt, il n'en avait pas le temps. Sans savoir pourquoi ni comment il devait tout prix leur échapper. Après ce qui lui sembla être une éternité, il parvient finalement au bout de ce long couloir. Un rayon de lumière jaillissait par une bouche d'égouts un peu plus haut. Alec se précipita pour monter à la surface mais les ombres l'avaient rattrapé et le tirait vers le sol. Dans leurs murmures incompréhensible, il discerna quelques mots : monstre, temps, mort. Alors que tout semblait perdu, la bouche d'égout s'ouvrit, aveuglant Alec qui se réveilla de son coma

Bien que la pièce était la même que quelques secondes plus tôt, Alec était un peu perdu, déboussolé. Une vielle dame inconnue se penchait vers lui avec un jeune homme derrière elle semblait la tirer par le bras.
-Vous allez bien, jeune homme ? demanda-t-elle.

A ses mots, les souvenirs des récents évènements se bousculèrent dans la tête d'Alec : Mutant Town, l'incendie, Vermine, les égoûts, les purificateurs, LE purificateur puis tout devint clair. Il aurait du être mort ! Il tapota nerveusement son torse à la recherche de sa blessure mais ne trouva rien. La tâche de sang sur sa chemise était toujours là cependant. Il n'avait donc pas rêver.
Oui... oui je vais bien merci . Mais qui êtes vous ?

Ses souvenirs étaient confus, il aperçut le Purificateur effondré sous le sol et pris son pou. Il était bien mort. C'était assez inhabituel, jamais Alec n'avait utilisé ses pouvoirs avec autant d'intensité. Il se rappellait vaguement comme une sorte de sensation étrange dans tout son corps alors qu'il était au bord de la mort. Quoiqu'il en soit, ils n'avaient pas le temps de s'attarder plus longtemps ici.

-Mais allez ! Tu vois bien qu'il va mieux , non !? Il faut déguerpir d'ici et vite ! geignit le jeune.

Alec s'aperçut de la présence de Vermine. Que pouvait -il bien faire ici ? Les autres avaient ils tous été massacrés ? N'était il pas sensé ouvrir la marche ?

-Cool. Y’a encore des vivants ici. Ben va falloir se bouger pour que ça ne change pas.

Sans avoir le temps d'y penser davantage, Alec s'empara du pistolet du purificateur et suivit Vermine .
-Où sont les autres ? Les purificateurs sont encore là ?

En effet, la fuite était sans doute la meilleure tactique à observer. En tout cas, c'était la meilleure si on désirait rester en vie. Et Léo n'avait pas l'intention de tomber au champ d'honneur ce jour-là. Rampant dans l'eau, il suivit Vermine en faisant le moins de bruit possible. S'éloignant du croisement fatal, il se dit tout de même qu'il n'allait pas partir sans laisser un petit cadeau aux terroristes. Il sortit une autre grenade à fragmentation de son gilet, la glissa dans la main d'un cadavre de sorte à ce qu'elle soit bien maintenue, puis il attacha un fil de nylon à la goupille, et tendit le fil en travers du passage, sous l'eau, en attachant l'autre extrémité à la grille d'une petite canalisation. Si quelqu'un passait par-là, il en aurait pour son argent. Ainsi, il rendait un peu la monnaie de leur pièce aux purificateurs. Ce n'était pas grand chose, mais un "piège à con" bien placé pouvait faire toute la différence dans une guérilla. Ceci fait, Léo s'activa pour rattraper Vermine.
Il trouva le rat plus loin, avec un jeune homme et une vieille dame et...oh, surprise...le gamin qui avait pris la fuite pendant le combat. Il saignait, et ne semblait pas en avoir pour longtemps. Vermine ne perdit pas de temps, et le nouveau groupe se mit en route.

-Où sont les autres ? Les purificateurs sont encore là ?
-Il en reste une bonne poignée, derrière. Je suppose que quand il se rendront compte que nous avons filé ils se lanceront à notre poursuite. Mais je leur ai laissé une petite surprise qui devrait les ralentir un peu.

En avançant, il jetait régulièrement un œil derrière lui et tendait l'oreille, guettant une éventuelle explosion ou un bruit de pas. Il lui restait encore une demie-douzaine de chargeurs pour le famas, ainsi que son arme de poing. Par contre, il avait utilisé sa dernière grenade pour le piège à con.

Il était terrible ce lion militaire ! Quand il s’agissait de se grouiller, lui ne trouvait rien de mieux de trafiquer quelque chose. Quoi ? Vermine ne prit pas vraiment le temps de regarder mais il supposait, à juste titre, qu’il s’agissait d’un piège. Il ne connaissait cet imposant hybride que depuis… ho, un quart d’heure, et il pensait déjà l’avoir cerné. Mais bon, Ernest n’allait pas lui en vouloir plus que ça. La perspective de ce cadeau d’adieu, et surtout de ses conséquences, n’étaient pas pour lui déplaire.

Toujours était-l qu’à présent, un nouveau groupe se formait, vestige du premier. Un adolescent un peu paniqué, beaucoup en fait mais passons ; sa grand-mère visiblement capable de guérir par un simple touché ; le type motivé que l’enfant-rat avait remarqué avant le départ et qui venait d’échapper à la mort ; le lion Rambo de service qui venait de rappliquer ; et bien sûr le petit Confrériste… cinq personnes au total, un chiffre beaucoup plus raisonnable. Alec questionna Vermine. Léo répondit à la place. Vermine enchaina :

-Par ici !

Il désigna une direction de la griffe et reprit sa course sans attendre. Ce n’était en effet pas le moment des longs discours. S’il y avait une petite chance de distancer ses malades, il fallait la saisir. Une crainte, cependant, demeurait dans l’esprit de l’enfant-rat : et si d’autres terroristes étaient positionnés sur leur route ? Tout le monde se dépêchait mais c’était au détriment de la prudence. Ce qui soulagea Ernest, ce fut que la vielle femme ne pouvait aller très vite. Elle était déjà fatigué et le groupe se mit à avancer à son rythme, retrouvant ainsi un minimum de discrétion. Vermine avait tous ses sens en alerte, son arme prête dans uen main et il supposait que le militaire, ainsi que le gars motivé, faisant de même. Dans ce groupe, seul l’ado en fait posait problème. Il n’arrêtait pas d’excréter sa grand-mère d’aller plus vite. Ne pouvait-il donc pas la fermer ?

-Vas-y mamy, un petit effort !
-Bon dieu, laisse-là tranquille ta grand-mère, on n’ira pas plus vite de toute façon. Et boucle-la, merci.

L’agressivité était perceptible dans la voix de Vermine. Lui qui, depuis son accident, avait pour habitude de reqter impassible, avait été un peu ébranlé par les récents événements et retrouvait, par la même occasion, un peu d’expressivité.

***

Deux décharges de fusil à pompe allèrent mourir dans le caniveau. Le Purificateur qui venait de surgir avec une vivacité fulgurante cherchait à présent l’ennemi du regard. A la lueur du petit incendie, il n’aperçu personne de vivant dans cette eau trouble et puante. Il se donna encore quelques secondes de recherche, tira un nouveau coup dans un cadavre pour s’assurer de son décès, puis se retourna en direction d’Anna Rednight.

-L’animal s’est tiré ! cria-t-il.
-Merde ! On bouge ! lâcha le sniper en se redressant.

***

Le bruit lointain d’une grenade qui explosait arriva aux oreilles du groupe en fuite. S’agissait-il du piège de Léo ? En tout cas, le bruit venait de la bonne direction. Sans plus y prêter d’attention, Vermine continua de guider les quatre autres dans ce dédale. Il estimait avoir parcourut une bonne partie de la distance. Le plus dur était peut-être derrière eux. Mais il ne fallait pas créer victoire trop vite. De plus, Ernest s’entait ses forces décliner. Il portait une main à son bandage de fortune. Il le trouvait imbibé, détrempé. De plus, fait trop hâtivement, il ne stoppait pas totalement l’hémorragie. Il ne fallait pas chercher loin l’origine de cette fatigue. L’idée fugace qu’il s’était prit une balle et qu’il continuait comme si de rien n’était lui traversa l’esprit. Il devait être sacrément habitué à la douleur pour en arrivé là. Etait-ce là un héritage de son passé oublié ? En attendait, il ne pouvait continuer ainsi ? Qu’allait-il faire ?

Et bien, la réponse était facile à trouvée. Faisant faire halte au groupe dans un endroit peu exposé, juste après avoir franchi une bifurcation, il se retourna vers ses compagnons de mésaventure.

-Excusez-moi. J’ai un coup de pompe.

En fait, pour être plus exact, il était à deux doigts du malaise. A mesure que l’adrénaline s’en allait, il sentait tous ses membres trembler. Il s’approcha de la vielle dame et lui demanda s’il pouvait bénéficier de ses soins. Elle s’exécuta sans se faire prier. L’hybride rongeur put ainsi se débarrasser de son bandage devenu inutile.

-C’est pratique un pouvoir comme ça.

Et est-ce que sa pouvait faire repousser un œil, par hasard ? Il se le demanda mais un bruit, une détonation terrible derrière eux, attira son attention. Ça, c’était un coup de sniper. Qui était la cible ? Quelqu’un d’autre assurément. Mais les Purificateurs n’étaient plus très loin. Oui, aucun doute, Ernest entendait leurs bottes. Hé là, à cet instant, une pensée affreuse traversa l’esprit du petit mutant. Son regard tomba sur le sol. Il y vit les goutes de son sang, son sang qui formait une belle piste facile à suivre…

-Oups.

Telle fut son excuse, totalement décalée avec l’horreur de la situation.

HRP : j’aimerais conserver le contrôle du sniper, la fameuse Anna Rednight. Elle est accompagnée par 3 brutes que vous pouvez faire agir. Alec, malgré ta guérison, tu te sens vidé (t’as frôlé la mort et ça ce sent). Pense à le prendre en compte. Léo, tu es au final le seul membre du groupe plutôt en forme. N’oublie pas que tu affrontes des gars robustes, tenaces à l’extrême mais pas pour autant stupides.

Alec était encore affaibli par sa précédente agonie. Sa tête recommençait à lui faire un mal de chien, alors que la tension et le stress augmentaient , en entendant les pas des purificateurs lancés à leur trousses. La chaleur dans les égouts était un peu moins éprouvant qu'auparavant ce qui laissait à penser que le groupe de mutants avait réussi à faire une bonne partie du trajet qui les mènerait à l'air libre.

Oups s'écria Vermine.

Effectivement, tout le groupe venait de s'apercevoir que c'était en suivant la blessure de Vermine , que les Purificateurs parvenaient à les suivre si facilement dans ce labyrinthe. Mais maintenant que Vermine, ne saignait plus, cela donnait une idée à Alec. Il déchira sa chemise , et reprit le bandage de fortune de Vermine bien imbibés de sang. Il s'appliqua à brièvement laisser de faux indices quand à leur direction . Après tout, les Purificateurs ne pourraient jamais se douter qu'il ne saignait plus et suivraient sans doute la tâche de sans. Finalement, ils jeta les vêtements en évidence un peu plus loin. Ceci expliquerait pourquoi les traces de sang s'arrêtaient un peu plus loin. Enfin en ce mettant dans la tête d'un Purificateur, il pourrait se dire qu'ils allaient dans la bonne direction mais que les fuyards mutants avaient découverte la piste de sang qu'ils laissaient et avait fait de meilleurs bandages et enlevés leurs vêtements plein de sang.

Sans plus attendre, la compagnie poursuivit sa route, le plus silencieusement possible. Même le jeune avait fini par se taire sous l'autorité de Vermine. Il était évident que la vieille dame faisait de son mieux mais elle ralentissait tout de même le groupe. La migraine d'Alec ne cessait d'empirer. A présent, il avançait à la même vitesse que la jeune dame les deux mains plaquées sur la tête. La vieille dame ne l'avait-elle pas guéri ? Est-ce une limite de son pouvoir ou autre chose était-il en train de se passer ? Outre la fatigue présente, une sensation étrange envahissait son corps, comme s'il avait des frissons dans tout le corps. Il sentait également les poils sur sa peau et ses cheveux se dresser légèrement comme sous l'effet d'électricité statique. Quelque chose ne tournait décidément pas rond.

Alec repensait à son altercation avec le Purificateur, en temps normal il n'avait jamais réussi à tuer quelqu'un ,où plus tôt il n'avait jamais osé aller si loin. Peut être l'instinct de survie avait-il été plus fort qu'un quelconque serment. Et soudain, Alec se rappellait :
Banlieue de New-York, 2001, jardin de la maison. Alec jouait tranquillement avec son chien baptisé Filou, un berger allemand de 10 ans. Alec est encore jeune et il s'amuser d'un rien. Ses pouvoirs se manifestent de manières occasionnelles. C'est son secret, son mystère et ni ses parents ni ses frères ne sont au courant. Lorsqu'il veut rentrer, il s'aperçoit que la porte est fermée. Il fait le tour encore et encore mais rien n'est ouvert. Il essaye d'ouvrir le verrou électronique du garage avec son pouvoir. Le chien sentant les choses devient fou et se met à grogner et à aboyer. Alec prend peur et tue sans le vouloir la pauvre bête. Quand ses parents rentrent une demi-heure plus tard, il le trouve en pleur sur les marches. Comme la bête est plutôt âgée, et qu'elle n'a aucune blessure, ils pensent tout simplement que son heure était venue et ne s'aperçoive de rien. Alec lui sait au fond de lui la vérité, mais il a trop honte pour le leur avouer. Il ne dit rien mais la honte et la tristesse formeront à son insu un blocage de son pouvoir.


Reprenant ses esprits, l'écho des pas des Purificateurs semble se rapprocher. Ils doivent être arrivés au carrefour où se trouve la fausse piste. Alec se met à croiser les doigts pour que ça marche.

Léo sourit en entendant la déflagration. Bien sûr, ça ne voulait pas dire qu'ils étaient débarrassés de leurs poursuivants. Il y avait peut-être des survivants qui continuaient de les chercher, ou bien tout simplement qu'ils avaient remarqué le piège et l'avaient déclenché en se tenant à couvert (mais cette dernière hypothèse était moins probable, le fil du déclencheur était tout de bien bien dissimulé). Au moins, ça n'aurait pas été vain puisqu'ils savaient que les terroristes étaient toujours à leur poursuite. De toutes façons, il savait que Vermine connaissait bien les égouts, et amnésique ou pas il devait lui en rester quelque chose. De plus leur groupe était plus restreint, donc moins repérable. S'ils restaient suffisamment mobiles, ils seraient bientôt tous tirés d'affaire.
Léo suivit donc le groupe en fermant la marche, jusqu'au moment où Vermine dût s'arrêter. Il était vrai que le rongeur avait perdu pas mal de sang à cause de sa blessure. Heureusement, la vieille dame n'était pas aussi inutile qu'elle n'en avait l'air. Elle toucha le bras de Vermine, et la blessure se referma. Un tel élément était décidément bien précieux, dans un groupe... Mais... Une minute ! Vermine avait perdu beaucoup de sang, ça voulait dire que...
Léo comprit pratiquement au même moment que Vermine. La longue série de gouttes de sang qui tachait le sol du tunnel partait au loin, derrière eux. Ils avaient joué au petit poucet !
Pas le temps de se reposer, le groupe repartit tout de suite. Le jeune homme peu courageux eut tout de même la bonne idée de recourir à une ruse de sioux pour diriger les purificateurs dans la mauvaise direction. Mais encore, ça ne pouvait suffire. Les assassins avaient déjà passé le piège de la grenade, il en faudrait plus pour être débarrassés d'eux. Ils avaient beau faire, la vieille dame ralentissait le groupe. On sentait qu'elle faisait de son mieux, mais ses jambes avaient du mal à faire plus vite, même sous la menace d'une mort violente.

-Grimpez sur mon dos, madame. dit Léo en se baissant

C'était autant par bonté d'âme que par esprit pratique qu'il proposait cela. Il était bien assez fort pour porter la petite grand-mère sur son dos tout en courant, ainsi déchargé de son membre le plus lent, le groupe pouvait avancer plus vite, sans pour autant se délester de son meilleur soigneur.
Les pas des purificateurs se rapprochaient, ils arrivaient au croisement. L'homme-lion avançait aussi silencieusement qu'on pouvait l'être quand on pesait une petite centaine de kilos et qu'on trimballait une vieille dame et un sac rempli d'armes. Il garda son fusil pointé dans la direction des purificateurs, prêt à faire feu le premier s'ils venaient à les rejoindre.
Lorsque Léo entendit les pas se rapprocher, il comprit que continuer à fuir ne mènerait à rien. Ces types étaient des tarés, ils n'abandonneraient jamais leur proie, et ils étaient suffisamment intelligents pour ne pas tomber dans un piège trop simple. Non, l'affrontement était la seule issue. Il reposa la veille dame, et se mit à plat ventre sur le sol de béton. Le tunnel derrière eux formait une courbe légère. Le bord était en tout cas suffisant pour pouvoir surprendre les assassins.

-Vous deux, continuez à avancez. souffla-t-il à la vieille dame et à son petit fils.

Ils ne seraient d'aucune utilité en combat et risqueraient d'être touchés. Léo n'était pas décidé à faire la même erreur qu'avec le précédent groupe.

-Vermine, ton flingue.

L'enfant-rat avait toujours le Walther PPK qu'il lui avait donné bien longtemps auparavant, dans une vie antérieure. L'ex-militaire était bien placé pour savoir que le jeune confrériste savait très bien s'en servir.

-Et toi, p'tite tête...

Il se déchargea du sac de sport qu'il fit glisser vers le jeune homme lâche. S'il ne prenait pas encore la fuite, il pourrait au moins prendre une arme et se rendre utile.
Les pas se rapprochèrent, prudents mais rapides. Léo déduisit qu'ils ne devaient pas être nombreux, trois ou quatre, cinq au maximum. Au moins, les chances étaient un peu plus équilibrées. L'homme-lion retint son souffle, visa. Le premier assassin arriva, son arme braquée devant lui, ses lunettes infrarouges sur les yeux. Léo n'attentit pas qu'il réagisse. Le Famas crépita, l'homme fut projeté en arrière. L'odeur du sang revint aux naseaux du mutant. Les coups de feu se poursuivirent.

(Léo continue de tirer sur les autres purificateurs lorsqu'ils sont à découvert.
Alec, dans le sac tu trouveras :
-Une Minimi Para
-Un M4A1
-Un MP5A5
-Un Mac-11
-Deux TMP
-Diverses armes de poing)

Vermine était accablé. Il n’arrivait pas à réaliser cette erreur, SON erreur. Ils y étaient presque ! Jamais les terroristes n’auraient pu les retrouver au hasard dans les égouts. Mais voilà, c’était lui, le prétendu chef, le guide en tout cas, qui avait merdé. Difficile de penser à tout dans le feu de l’action mais non, non et non, c’était vraiment trop con ! Lorsqu’il vit Alec préparer sa ruse, il ne dit rien. Il se contenta de reprendre la tête de la petite compagnie lorsqu’elle pu repartir. Ernest était toujours fatigué. La guérison le ui avait pas rendu ses forces mais il se refusait de ralentir, surtout maintenant que le lion avait prit la grand-mère sur son dos et que le groupe pouvait atteindre une allure descente. Voilà que les poursuivants arrivaient au niveau de la ruse d’Alec. L’enfant-rat se mit à espérer. Le groupe se fit aussi discret que possible.

***

-Merde ! fit la première des brutes en apercevant l’étoffe sanglante.

C’était la fin de la piste et elle menait à rien. Les avaient-on mené en bateau ? Ulcéré, il se retourna vers les autres.

-Regardez ça, ils nous… commença-t-il.
-Ta gueule ! le coupa Rednight en faisant un grand geste.

Elle intimait le silence à ses sbires et dressa l’oreille. Elle perçu quelque chose, non loin de là. Pas de temps à perdre.

-Par ici ! fit-elle.

La ruse d’Alec avait bien faillit fonctionner mais hélas, le groupe ne s’était pas assez éloigné et Léo, trop chargé, les avait fait repéré. La chasse continuait.

***

Oui, c’était une certitude, l’affrontement était inéluctable. Le militaire se rendit visiblement à cette évidence puisqu’il distribua une série d’instructions. Il demandait à la vielle-femme et à son petit fils de s’en aller. Ernest essaya alors de leur décrire le trajet à suivre.

-De là, vous continuez tout droit et vous traversez trois croisements avant de bifurquer à gauche. Après, faut…

L’enfant-rat s’interrompit. Les terroristes étaient tout proche, il n’aurait pas le temps de terminer ses explications.

-Non, restez plutôt en arrière, par là par exemple. Ce sera mieux que de vous perdre. Vous, madame, vous pouvez guérir n’importe quelles blessures, n’est-ce pas ?
-Oui, enfin si vous êtes toujours en vie. Je ne peux pas régénérer un cadavre, vous voyez.
-Ben, c’est déjà très bien. Surtout restez là, vous serez à l’abri des balles perdues.

Les talents de guérisseuse de la grand-mère était, dans cette situation, un atout de poids. Elle et son petit fils avait en fin de compte plus de chance de s’en tirer si les malades étaient abattus. Sinon, dans le cas contraire, nul doute qu’ils seraient rattrapés et exécutés. Enfin, c’est ainsi que Vermine voyais les choses. Son pistolet au poing, il alla s’installer au niveau du militaire. Il s’adressa à lui et à l’autre jeune homme, celui sauvé de la mort, en chuchotant. L’ennemi n’était plus qu’à quelques mètres.

-La vielle dame est à l’arrière. S’ils ne nous prennent pas de revers, elle et son fils de craignent rien. Si on est blessé, on n’a qu’à aller la voir. Faut juste pas se faire buter.

***

Fusil en main, la première des brutes s’engagea dans un conduit légèrement courbé. Lorsqu’il aperçu des formes devant lui, il tira par réflexe. La décharge de fusil à pompe passa au-dessus des mutants alors que le Famas de Léo, lui, ne manquait pas sa cible. Le Purificateur s’effondra. Pas tout à fait mort, il fit mine de vouloir tirer à nouveau. Le PPK de Vermine l’acheva. Un de moins, mais il en restait trois derrière, dont l’implacable Anna. Ce fut elle qui prit la parole se sa voix sévère, haineuse.

-Vermines ! Vous n’échapperez pas à la justice divine !
-Tu sais où tu peux te la mettre ta justice divine ?!

Le vacarme des armes reprit mais il apparut très vite que passer par là allait être impossible. Ces enfoirés de mutants tenaient trop bien leur position. Alors Rednight donna en silence ses ordres. Il lui restait deux acolytes. Elle leurs ordonna de maintenir la pression ici pendant qu’elle empruntait un autre chemin. Sortant son plan des égouts, elle eut tôt fait de savoir où aller. La voilà en route, son sniper en main.

L'attirail du militaire était des plus impressionnant. Sur le coup Alec regrettait de ne pas avoir pensé à prendre celui du Purificateur qu'il avait tué un peu plus loin, une sorte de retour de faveur à coup de plombs chaud en quelque sorte. Alec se saisit du mini-para, il n'avait jamais utilisé d'armes d'épaules ni de mitrailleuses mais il avait déjà eu l'occasion de s'amuser avec les pistolets de son père dans le terrain vague non loin de chez eux à descendre des canettes de soda. Quoiqu'il en soit, ce n'était ni un militaire, ni un habitué des combats avec armes à feux.

Alec se mit à couvert, l'arme en main vers l'endroit présumé où devait se trouver leurs opposants. Il se tenait près à tirer ou à faire usage de ses pouvoirs. L'homme lion était des plus impressionnants enfin il allait plutôt l'air d'un cliché d'un des films de Rambo, un guerrier, un vrai avec beaucoup d'expérience et un caractère bien trempé. Le genre de caractère que Alec ne supportait pas mais il fallait bien faire avec pour s'en sortir. Même s'il ne sortait pas faire preuve de beaucoup de précision pour tirer, il ne voulait pas être un boulet pour les autres.

Des bruits de pas se faisait entendre de tous les côtés. C'est bien le problème dans les égouts où les sons se propagent dans tous les sens sans compter les échos. Un bon humain moyen, Alec était un peu perdu. Difficile de savoir dans ses conditions d'où viendrait les autres. En tout cas, on pouvait deviner que le groupe ou une partie du groupe des Purificateurs se déplaçait. Ce qui avait trahis les cinq mutants plus tôt jouait aussi en défaveur de leurs adversaires .Le pouvoir d'Alec pourrait leur donner un bon avantage s'il avait le champ libre pour s'en servir.

Alec culpabilisait d'avoir laissé les deux rescapés seuls. Avec leurs ennemis en mouvement, ils risquaient de se faire tuer s'ils leur tombaient dessus sans prévenir. Ce qui ne manquerait surement pas d'arriver avec les militaires d'en face. Alec se pencha vers les deux autres.

Vous avez une idée ? un plan ? Quoique ce soit, je vous suis ! murmura t'il

-Vermines ! Vous n’échapperez pas à la justice divine !

Vermine balança une réplique bien sentie, mais Léo resta silencieux, se concentrant sur la voix de femme qui venait de retentir. Parmi les terroristes, l'homme-lion n'avait pas encore repéré de femme. C'était probablement elle, le sniper qui était jusque-là resté si bien dissimulé. En général, les femmes faisaient de bon tireurs. En plus de ça, qu'est-ce qu'on pariait que c'était elle la chef du groupe ? Cependant, ce n'était pas très malin de se mettre à crier pour qu'on puisse déterminer sa position.

*C'est ça, continue de nous insulter, salope, que je voie où tu te planques !*

Le premier terroriste mort, Léo roula sur le côté. Dans ce genre de combat, il était important de rester aussi mobile que possible.
Le jeune homme prit la mitrailleuse, mais cette fois il ne prit pas la fuite. De toutes façons, ce n'était pas comme si Léo s'était reposé sur lui pour espérer vaincre. Guettant l'avancée d'un ennemi, il perçut distinctement le bruit que faisaient les purificateurs. Ils étaient en train de chercher à les contourner pour les prendre en tenaille. Ce n'était pas très prudent de leur part de se séparer alors qu'ils étaient peu nombreux, d'autant qu'ils n'étaient pas sûrs qu'il y ait un passage suffisamment proche. Ceux qui s'occupaient de leur tirer dessus ne devaient être que deux ou trois. Enfin, le mieux était peut-être de se replier jusqu'au prochain croisement pour pouvoir prendre par derrière ceux qui voulaient les prendre par derrière.

-Vous avez une idée ? un plan ? Quoique ce soit, je vous suis !
-Ils se séparent pour nous prendre en tenaille. souffla Léo à ses camarades. Il faut qu'on recule. Tu sais s'il y a un autre tunnel qui rejoint celui-là et qu'ils pourraient essayer d'emprunter ?

-Ouais, ils peuvent nous contourner mais, à ce niveau, y’a pas de chemin direct. Ça va au moins leur prendre trois, quatre minutes.

Vermine répondait tout en rechargeant son arme. Le problème, c’était qu’il n’avait que peu de munitions sur lui. Une fois à cours, il devrait se rabattre sur l’une des armes du militaire, plus lourde et donc forcément moins adaptée à ses petits bras. Avant de se remettre à tirer, de rapides pensées traversèrent son esprit vif. Il se remémorait le plan des égouts de cette zone avec précision et un plan d’action en émergea. L’enfant-rat reprit.

-Faut pas reculer. Ici, on est bien positionné. Plus loin, c’est la merde. Par contre, moi, je vais bouger. Ils sont pas nombreux en face et en plus ils se séparent. J’peux bien me faire un ou deux gars, surtout que j’ai un très bon endroit où attendre. Bref, tenez bon ici.

Sur ce, Ernest recula puis partit dans le conduit. Il croisa très vite la vielle dame et son petit fils. La première rassurait le second. Vermine leur lança quelques mots au passage.

-Encore un peu de patience. C’est l’affaire de quelques minutes et on est tranquille.

Enfin, si tout se passait bien. Mais ça, pas besoin de le préciser. Vermine continua sa route. Il s’en voulait toujours de son erreur et il devait bien avouer que son opération de sauvetage était une calamité. Au fond, il s’en fichait. Que de parfaits inconnus meurent lui était égal. Mais il n’oubliait pas qu’il était ici le représentant de la Confrérie, qu’il portait sur ses épaules l’image du groupe. Il devait se rattraper, il le fallait. Ce qu’il s’apprêtait à faire était risqué. Il allait au devant du danger, il n’y aurait personne pour lui sauver la peau si ça foirait. Tout cela, il le prenait en compte, il y songeait. Cependant, il n’était pas suicidaire. Son plan était assez raisonnable compte tenu de la présente situation. Et les bénéfices pouvaient être grands. Bref, le jeu en valait la chandelle.

Le Petit mutant, s’engagea dans le vieux conduit, celui que devraient emprunter logiquement les terroristes pour les contourner. Sauf que lui, il fut sur place bien avant eux, ayant moins de distance à parcourir. Dès lors, il se mit à agir avec la plus grande discrétion. Il chercha les grosses fissures dans le plafond. Il savait qu’il y en avait à ce niveau. Des travaux peu prudents en surface devaient avoir provoqué ce genre d’anomalies. A moins que ce ne soi les vestiges d’un furieux affrontement entre mutants. Peu importait la raison. Vermine trouva les fissures et s’y faufila. Malgré sa petite taille, il était ici très à l’étroit. Désagréablement contorsionné, il fit jouer toute son agilité pour pivoter la tête en bas. Il était ainsi prêt à agir tout en était complètement invisible.

Très vite, le jeune mutant se mit à douter de lui. Et sil les fanatiques passaient ailleurs ? Ce chemin était peut-être le plus rapide mais il y en avait d’autres. Et si, d’une façon ou d’une autre, il était repéré avant de pouvoir agir ? Il allait de soit que dans sa position, sa mobilité était quasi nulle et donc sa vulnérabilité était grande. Et si.. Ernest cessa de réfléchir. Il percevait des pas. Il se tint prêt.

***

Du côté des deux Purificateurs restés pour maintenir la pression, l’exaspération commençait à se faire sentir. Ils ne parvenaient pas à progresser. Il se heurtait à un gars d’expérience qui, à lui seul représentait un problème de taille. D’un autre côté, aussi doué que ce type, ce lion, il ne parvenait pas lui non plus à donner l’avantage à son camp. Car les Purificateurs jouaient à la fois très bien de la gâchette et connaissaient les règles d’or du combat. Chacun retranché sur ses positions, seuls des ruses ou des actions d’exception pouvaient encore faire basculer les choses. Téméraire, l’un des Purificateur tenta un assaut fulgurant, suivi d’un retrait immédiat, juste le temps de placer quelques balles. Le Famas lui entailla l’épaule et le bras. Mais en retour, le lion se fit presque arracher une oreille. La situation était donc stable mais excessivement tendue. La ténacité des Purificateurs faisait froid dans le dso.

***

Anna Rednight s’engagea dans le vieux conduit. Elle progressa alors plus lentement, plus prudemment, un peu à la façon d’un commando. Il était certain qu’elle avait derrière elle une solide expérience militaire. Elle entendait, à quelque distance, l’affrontement entre ses hommes et la racaille mutante. Bientôt, la chasse s’achèverait. A travers la lunette de son sniper, elle scrutait le tunnel. Ce dernier, abimé, lui suggéra une des précautions redoublées. Elle perçue de larges fissure dans le plafond mais c’était plus des gravats, au sol, qui l’inquiétaient. Il ne fallait pas que son arrivée soit trahie. Elle avança encore. C’est alors qu’un détail proche au plafond attira son attention.

Deux coups de PPK claquèrent, immédiatement suivit par l’effroyable détonation du sniper. Raclure de petite bestiole, elle s’était planquée dans les fissures. Blessé au bras, Anna ne devait sa survie qu’à ses réflexes. Sa riposte était partie dans le bitume. L’horrible mutant, ressemblant à un rat, s’était laissé tombé au sol et se rétabli avec une vitesse stupéfiante. Il itra encore avec son pistolet. Rednight s’était jeté en arrière, dans un renfoncement. Elle visa, elle tira. Voilà le rat avec un bras perforé. Ça ne l’a hélas pas empêché de fondre sur la femme, préférant visiblement le corps à corps. Le vida son chargeur, jeta son pistolet et brandit un couteau. Anna, elle, lâchait son sniper et s’emparait de son long poignard de combat. L’instant d’après, ils se jetaient l’un contre l’autre dans une lute à mort. Le rat mordit à plusieurs reprises et frappait de sa lame. Une vraie furie ce mutant ! Mais, fort de son expérience, Anna sut faire face. Cognant avec adresse, elle finit par l’écarter puis, d’un coup de pieds, elle l’envoya au sol. Elle n’avait plus qu’à terminer le travail, l’animal était à moitié sonné et sérieusement blessé. Elle s’apprêta à l’exécuter quand la main tenant son poignard commença à trembler. Des frissons parcoururent son corps, une fièvre aussi virulante que soudaine l’envahissait.

-Alors, quel numéro t’as tiré à la loterie de l’Altérium, lui fit le petit mutant qui se relevait péniblement.