[PLAN NERON] La Voix du rat [Inscrits]

Vermine venait de partir dans un couloir étroit pour aller au devant de l'ennemi. La vaillance de ce petit homme-rat faisait plaisir à voir même si l'idée qu'il puisse simplement avoir trouvé une excuse pour se sauver, traversa l'esprit d'Alec. De son côté, avec l'homme lion le combat était des plus acharnés, chaque groupe essayant quelques tirs perdus pour descendre un adversaire mal chanceux. Une situation des plus stressantes ou la moindre erreur pouvait couter la vie, comme en témoignait le bref échange de plombs entre l'homme lion et un des deux purificateurs restants. La tension était des plus éprouvantes et les échanges venaient de s'arrêter l'espace d'un instant, dans une sorte de statu quo.

Un peu plus loin derrière eux résonna les échos d'échanges armés d'origine inconnue. Est-ce Vermine qui affrontait le dernier purificateur ? Ou bien les deux autres mutants avaient-ils été abattus en essayant de fuir ? Ou un mélange des deux scénarii ? Quoiqu'il en soit, il n'y avait plus de place pour le doute. Vermine avait pris une décision courageuse de partir seul pour arrêter le purificateur qui voulait les prendre entre deux feux. Il n'allait pas rester là les bras croisés. Profitant que les purificateurs avaient cessé le feu, peut être pour recharger , ou peut être pour observer la situation, Alec fit signe à l'homme-lion qui occupait l'autre angle de tir de l'autre côté de l'arche.

Arrête de tirer, je vais tenter quelque chose ! exprima t'il en gesticulant.

Alec se jetta subitement au beau milieu de l'entrée , totalement à découvert et activa son pouvoir pour diriger ses ondes paralysantes vers les positions des purificateurs. N'importe qui d'autre ayant assisté à cette scène ignorant ses capacités aurait pu le prendre pour un fou qui était pressé de mourir. Il était là à quatre pattes au milieu de la voie, sans arme visible ni signe d'agressivité. On pouvait cependant voir dans ses yeux en observant avec attention , qu'il avait un regard des plus déterminés. Détail qui sembla cependant échapper aux Purificateurs. Alec projetait en continue ses ondes dans tout le volume de couloir en direction des Purificateurs mais celle-ci étaient invisibles pour eux, car ne faisant pas partie du spectre visible par des hommes ou des animaux. Dans ces cas , pas besoin de viser, juste attendre que la proie tombe dans le piège.

Les Purificateurs sautèrent sur l'occasion, croyant avoir une opportunité d'abattre une proie facile. Ils se penchèrent légèrement de leur couvert pour tirer mais furent frappés par le faisceau invisible qui les laissa raides sur le sol. Un d'entre eux avait à peine eut le temps de tirer une balle mais sans pouvoir viser. Celle-ci alla s'écraser dans le mur d'en face. Alec soupira de satisfaction.

Ouf ! Et bah, c'est vraiment pas passé loin murmura Alec.

Il se dirigea rapidement vers les corps des deux Purificateurs. Il éclaira un des yeux des purificateurs . Puis se retournant vers Léo.
Ils sont encore vivants. Ils vont rester dans cet état de légumes pendant 10 minutes environ . lui dit Alec avec un soupçon de déception dans la voie.

Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? Je peux les maintenir paralysés quasi-indéfiniment si je suis dans les parages. Sinon , on peut simplement les tuer et ça s'arrête là pour eux . Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Alec.

Puis il se mit à réfléchir tout haut. Je me dis que la Confrérie pourrait être intéressée de récupérer l'un ou l'autre ou les deux sbires . Il doive bien avoir des télépathes qui pourront regarder leurs souvenirs et peut être remonter jusqu'à Stryker ! Ou même le BAM pourrait être intéressé non ? Mouais, je pense que c'est mieux de les garder en vie pour l'instant.

Alec était pris dans une autre réflexion encore plus personnelle. Pourquoi n'avait-il pas réussi à tuer les Purificateurs comme il l'avait fait avec le premier . Il avait attaquer avec la même envie de tuer mais quelque chose manquait. Il n'arrivait pas à savoir quoi exactement. Il n'arrivait pas à retrouver cette sensation étrange de la dernière fois. Il faudrait sans doute faire des recherches plus approfondies mais plus tard. En ce moment Vermine était peu être au seuil de la mort ? ou les deux autres mutants étaient peut être en danger de mort.

Bon ,on verra ça plus tard. Il faut aller voir ce qui se passer à côté! s'écria Alec. D'un autre côté, on peut pas les laisser ici sans surveillance, qu'est-ce qu'on fait ? Il faudrait qu'un d'entre nous reste ici . suggéra Alec

Des coups de feu résonnèrent derrière Léo. Vermine avait dû rencontrer le sniper. Maintenant, il fallait essayer de rentrer dans le lard des deux autres pour les empêcher d'aller porter secours à leur chef. Mais c'était serré, l'homme-lion avait déjà failli de faire tuer par une balle qui lui avait éraflé l'oreille. C'est alors que le jeune s'avança.

-Arrête de tirer, je vais tenter quelque chose !

Léo lâcha une dernière rafale avant de s'arrêter de tirer. Le jeune homme avança alors en rampant, sans arme.

*Mais il fait quoi ?!*

Lorsque les chasseurs se mirent en même temps à découvert, Léo faillit tirer pour éviter au gamin de se faire descendre. Mais soudain il y eut comme une sorte d'onde de choc (Léo sentit comme une vibration dans ses moustaches), et les deux terroristes furent jetés en arrière. Léo se leva aussitôt pour accourir au côté du gamin, qui pour une fois s'était rendu utile. Les deux terroristes semblaient KO. Léo écarta leurs armes pour éviter qu'ils ne se réveillent et s'en saisissent immédiatement.

-Ils sont encore vivants. Ils vont rester dans cet état de légumes pendant 10 minutes environ.
-Bravo. Là, j'avoue que tu m'as bluffé.

Réussir à mettre fin à une fusillade en neutralisant les ennemis sans les tuer, ça méritait d'être applaudi.

-Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? Je peux les maintenir paralysés quasi-indéfiniment si je suis dans les parages. Sinon , on peut simplement les tuer et ça s'arrête là pour eux . Qu'est-ce qu'on fait ? Je me dis que la Confrérie pourrait être intéressée de récupérer l'un ou l'autre ou les deux sbires . Il doive bien avoir des télépathes qui pourront regarder leurs souvenirs et peut être remonter jusqu'à Stryker ! Ou même le BAM pourrait être intéressé non ? Mouais, je pense que c'est mieux de les garder en vie pour l'instant.
-Moi je ne pense pas. Ces types vont nous encombrer. Et s'ils se réveillent ce sera tout de suite pour nous attaquer.

Pour l'heure, il pensait surtout à Vermine, son billet d'entrée pour la Confrérie. S'il était mort, il pouvait dire adieu à tout accord avec les fédéraux.

-Bon ,on verra ça plus tard. Il faut aller voir ce qui se passer à côté! D'un autre côté, on peut pas les laisser ici sans surveillance, qu'est-ce qu'on fait ? Il faudrait qu'un d'entre nous reste ici .
-Heureux de voir qu'on pense à la même chose, mais ce ne sera pas nécessaire.

Léo dégaina son PAMAS, puis il tira méthodiquement une balle dans la tête de chacun des deux hommes.

-Les laisser vivre, ça aurait été prendre le risque d'avoir à nouveau à se battre contre eux, et je n'ai pas survécu aussi longtemps en prenant des risques inconsidérés. Maintenant viens !

L'ex-militaire rangea son arme de poing, ramassa le sac d'armes et courut dans le tunnel. Il croisa la vieille dame et son petit-fils et leur fit signe de rester à leur place. Le duel entre Vermine et son adversaire n'était peut-être pas encore fini.
Enfin il arriva auprès de l'enfant-rat. La femme en manteau noir semblait agoniser, son fusil de sniper traînant à côté d'elle. Léo le prit et actionna plusieurs fois la culasse pour en vider le magasin.

-Ah, tu es là. Ça va ? Et elle, qu'est-ce qu'elle a ?

En voyant les traces de morsures sur les avants-bras de la purificatrice, Léo comprit tout de suite que Vermine lui avait inoculé l'altérium, mais n'étant pas sensé connaître le petit mutant il feignit l'étonnement. En tout cas, il savait que les effet du poison étaient multiples et totalement aléatoire, mais presque toujours spectaculaires. Il regarda donc la femme pour voir ce qu'il allait lui arriver. De toutes façons, quoi qu'il lui arrive, elle le méritait amplement.

Voilà le militaire qui rappliquait. Ernest se tenait adossé au mur, mal en point. Sa blessure béante dans sa jambe ne lui procurait pas vraiment de douleur ce qui, il le savait, n’était pas un bon signe. A ceci s’ajoutait quelques belles et profondes estafilades. Cette femme ne l’avait pas loupé. Pour être honnête, Vermine ne s’était pas attenu à affronter quelqu’un d’aussi expérimenté. Sa ruse aurait suffit à exécuter sur place pas mal de personnes mais pas elle. La diablessse, qu’elle aille bruler en enfer ! D’ailleurs, elle semblait en prendre le chemin.

-Ça pourrait aller mieux... répondit l’enfant-rat à Léo.

La Purificatrice s’était affalée. Le corps traversé de convulsions, elle semblait effectivement à l’agonie. Pire encore, elle se mit à transpirer d’un immonde fluide puant et visqueux. Très vite, l’air devint pestilentiel autour d’elle. Dans un même temps, d’étranges bosses commençaient à apparaitre sous la combinaison noire, comme si le corps de l’humaine gonflait par endroit. Des bruits évocateurs à donner la nausée accompagnait l’écœurant phénomène. Les yeux révulsés, Anna ouvrit la bouche, certainement pour proférer quelques derniers mots de haine. Mais elle parut s’étrangler. Elle se noyait dans sa propre bile. Sa peau et plus encore sa langue prirent une tinte violacée. Dans un dernier frémissement, la terroriste se figea.

-Mais j’vais pas me plaindre, poursuivit le Confrériste.

Il se redressa avec difficulté.

-Si vous êtes là, j’présume que vous en avez terminé avec les autres malades. Parfait, faut se tirer avant d’en rencontrer d’autres. Je ne serais pas contre un peu d’aide histoire de me ramener à la vielle.

Ernest qui demandait de l’aide ? Cela voulait forcément dire qu’il était au bout du rouleau. En fait, s’il n’avait pas sûr qu’il pouvait compter sur les soins de cette mutante, il aurait vraiment craint pour sa vie.

***

Le groupe se rassembla. La grand-mère fit une nouvelle fois usage de son extraordinaire don pour effacer les séquelles des féroces combats. Vermine reprit la tête de la petite compagnie et la marche reprit, discrète et silencieuse, à travers les égouts. Le spectre d’une nouvelle mauvaise rencontre devait planer dans tous les esprits. Tous, ou presque, étaient prêt au pire.

Heureusement, rien ne vint s’opposer à la progression du groupe. Dix minutes plus tard, Vermine, fit halte, sous une bouche d’égout. La température était redevenue normale. On entendait plus de bruit suspect. Mutant Town était à une distance raisonnable. Au dehors, il faisait encore nuit noire. On pouvait le voir à travers la plaque.

-Bon, on y est. Ça donne sur une petite ruelle tranquille. Heu.. faut que quelqu’un aille dégager la plaque, j’ai plus la force moi. Et la vielle dame va avoir besoin d’aide pour monter.

Alec était un peu stupéfait de la réaction de l'homme lion vis à vis des deux purificateurs paralysés . Non pas qu'il les ait tué de sang froid, ça Alec l'aurait fait de lui-même. Simplement qu'il ait laissé passer l'occasion de s'amuser avec eux un peu plus. Il aurait bien aimé les voir aux mains des sbires de Magneto. Ils auraient peut être même pu en tirer quelque chose et c'est ce qui décevait le plus Alec.

-Les laisser vivre, ça aurait été prendre le risque d'avoir à nouveau à se battre contre eux, et je n'ai pas survécu aussi longtemps en prenant des risques inconsidérés. Maintenant viens !

Alec courut à la suite de l'homme lion dans la direction où était parti Vermine. Malgré le manque de lumière et le sol glissant, il arrivait à trouver la voie mais Alec avait plus de mal à le suivre car il était moins agile et ne s'était pas encore remis de sa blessure. Ils arrivèrent dans un couloir un peu sinistré, où le plafond était parcouru de crevasses plus ou moins larges. Vermine était en train de se relever faiblement. Il avait l'air fortement blessé. En face de lui se trouvait le fameux sniper qui les harcelait depuis le début, sans nul doute le chef de cette petite bande.

Et bien , bien joué Vermine ! Avec les deux autres qu'on vient de tuer, la petite famille est au complet on dirait ! s'écria Alec avec un grand sourire sadique sur le visage.

En modérait tout de même ses paroles. Si quelqu'un possédait des informations intéressantes, c'était sans doute elle. Mais cette femme ignoble n'allait pas tarder à les emporter avec elle. Il aurait aimer la capturer et lui soutirer des informations pour se venger des Purificateurs. Par acquis de conscience, il fouilla machinalement la dépouille de Anna Rednight à la recherche du moindre indice qu'elle aurait pu laisser : téléphone, clés, papiers, passes, cartes ... Mais en dépit de ses efforts, il ne trouva vraiment rien d'intéressant. Même son portable ne contenait aucune information intéressante.

La vieille femme soigna les blessures de Vermine qui bien que rétablit en apparence était au bout de ses forces. Sa démarche était moins assurée et ses pas étaient plus lents qu'au début des évènements. Enfin la liberté s'offrait à eux. Après avoir déplacé la bouche d'égout et être monté à l'air libre, Alec prit une grande bouffée d'air frais. Il ne s'était jamais senti aussi vivant. Les évènements de cette nuit avait été très éprouvants pour lui.

Qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ? Chacun rentre chez soi et on fait comme si rien ne s'était passé ?
dit Alec à voix haute.

Biensûr que non , on peut pas en rester là ! S'il pense qu'on n'est quitte, ils se fourrent le doigt dans l'oeil .Il faut retrouver les autres Purificateurs et les tuer tous un par un , tuer leurs familles, leurs proches ... la connerie c'est trop contagieux. On peut pas prendre le risque qu'ils recommencent .Et seulement à ce moment là, on tuera Stryker. Il ne faudrait pas qu'il devienne un martyr ou un truc du genre aux yeux des gens. Quelqu'un à une idée pour savoir par où chercher ?enchaîna t-il

Léo contempla la mort de la terroriste avec un sourire amusé. Finalement, il regrettait juste de ne pas avoir pu la tuer lui-même. Ainsi défigurée, son corps était à l'image de son esprit. Enfin, pas le temps de s'attarder, il leur fallait encore réussir à quitter les égouts sans tomber sur une autre groupe de meurtriers. Le groupe se réunit et chacun put recevoir des soins. Puis les survivants se remirent en marche silencieusement, jusqu'à arriver à une bouche d'égout. L'homme-lion put sentir la liberté, derrière cette plaque métallique. Pourvu qu'elle ne donne pas dans Mutant Town ou à proximité.

-Bon, on y est. Ça donne sur une petite ruelle tranquille. Heu.. faut que quelqu’un aille dégager la plaque, j’ai plus la force moi. Et la vielle dame va avoir besoin d’aide pour monter.

En voilà, une idée qu'elle était bonne ! Léo allait se dévouer pour ouvrir la voie quand le jeune mutant se mit à protester.

-Qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ? Chacun rentre chez soi et on fait comme si rien ne s'était passé ?

Léo se sentit monter une migraine. Pourquoi fallait-il toujours que ça se complique là où ça pouvait être plus simple ?

-Bien sûr que non , on peut pas en rester là ! S'il pense qu'on n'est quitte, ils se fourrent le doigt dans l'œil. Il faut retrouver les autres Purificateurs et les tuer tous un par un, tuer leurs familles, leurs proches ... la connerie c'est trop contagieux. On peut pas prendre le risque qu'ils recommencent. Et seulement à ce moment là, on tuera Stryker. Il ne faudrait pas qu'il devienne un martyr ou un truc du genre aux yeux des gens. Quelqu'un à une idée pour savoir par où chercher ?

Sans prévenir, Léo expédia une bonne claque sur l'arrière du crâne de l'ado pour le faire taire. Sa migraine allait déjà mieux.

-Ho ! Respire, gamin, on est pas payés pour les heures supp' ! Bien sûr qu'on va agir, moi en tout cas je n'ai pas l'intention de rester à me gratter les couilles pendant que ce connard de Stryker grille des femmes et des enfants. Mais ce n'est pas le moment de se lancer dans un génocide à trois clampins (je dis trois parce que ça m'étonnerait que madame et son petit fils nous suivent).

Traquer les prêtres fous, tuer leurs familles et leurs proches... Purée, il était aussi con qu'un purificateur !

-Va plutôt ouvrir la trappe, au lieu de dire des conneries ! Et vous, madame, montez sur mon dos ce sera plus simple.

Puis à Vermine :

-Et toi ? Tu es de la Confrérie, non ? Vous recrutez ? Parce si c'est pour botter le cul à ces sales nazis je suis prêt à signer les yeux fermés.

-On voit ça en haut, ok ? répondit Ernest au militaire, d’un air las.

Entre l’intérêt de ce dernier pour la confrérie et les envies de meurtres de l’adolescent, Vermine en avait entendu des choses intéressantes. Mais, une fois n’était pas coutume, il était pressé de quitter les égouts. Quand, quelques instants plus tard, il put respirer l’air frais de la nuit, un sentiment de soulagement l’envahi. Il resta cependant sur ses gardes, le temps de scruter la ruelle. Ce serait en effet bête d’être exécuté maintenant, après avoir traversé tant de choses. Mais il n’y avait là pas l’ombre d’un danger. La ruelle était vide, plongée dans le calme et l’obscurité nocturne.

Au loin, on pouvait apercevoir les lueurs rougeoyantes de l’incendie. Tout un cartier au proie des flammes… combien de morts, combien de logements détruits ? Non, l’enfant-rat ne ressentait pas de compassion, c’était presque à se demander si son esprit égoïste était capable d’un tel sentiment. Le jeune mutant était simplement impressionné par l’ampleur de cet acte terroriste. On entendait, d’ici, le faible concert des sirènes. Les forces de l’ordre étaient en train d’intervenir. Que resterait-l de Mutant Towen lorsque le feu sera métrisé ? L’endroit allait être à coup sûr défiguré, témoins fumant de la haine des hommes. Vermine resta un court moment, pensif, à admirer le lointain spectacle. Puis, il se retourna vers les autres survivants.

Cinq sur un groupe de quarante, il n’y avait pas de quoi fanfaronner. Même si Ernest supposait que quelques autres rescapés avaient put prendre la fuite, au moment de l’assaut des fanatiques, il n’en demeurait pas moins que son opération de sauvetage lui laissait un gout amère. Tant de risques pour rien, ou presque. Il aurait dû se barrer seul. Nul doute qu’il serait parvenu à passer à travers les mailles du filet sans encombre, discret comme il était.

Mais il n’avait pas fait ce choix. Et qu’il le veuille ou non, il représentait toujours la Confrérie. Impossible de partir comme ça. De plus, il fallait absolument rebondir sur ce qu’il avait entendu en bas. Si l’opération de sauvetage ne lui profiterait pas vraiment, peut-être que l’apport de nouvelles recrues comblerait ce manque à gagner. C’est sur cette idée qu’il s’exprima, l’air grave.

-J’imagine que la Confrérie ne restera pas les bras croisés. Elle a prit sous son aile Mutant Town. En s’en prenant à ce cartier, les fanatiques de Stryker s’en sont prit à Magnéto. Il y aura des représailles et la Confrérie n’a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure. Nous autres, mutants, on va leur montrer à ces raclures qu’on peut frapper plus fort qu’elles.

L’enfant-rat s’était un peu enflammé sur sa dernière phrase. Initialement, il s’adressait surtout au militaire mais, par la vigueur de ses propos, il espérait bien capter l’attention de l’adolescent vengeur. Le petit Confrériste reprit, sur un ton plus tranquille.

-Enfin, ça c’est ce que je suppose, c’est ce que je considère comme probable. Mais ce n’est pas moi, vous pouvez le deviner, qui prend les décisions. Ce n’est pas moi non plus qui m’occupe du recrutement. Moi, je peux juste mettre en contact et, à la limite, donner une bonne image de vous. Ça peut faciliter les choses, mais ça ne fera pas tout.

Ernest balaya la petite assemblée de son œil unique. Il se rendit compte qu’il ne connaissait le nom de personne. Il reprit, plus joyeux.

-Bon, en attendant, faut décider de ce qu’on fait dans l’immédiat. On pourrait déjà commencer par se présenter ? Après tout ce qu’on a traversé ensemble, ce serait pas mal, non ? Et on peut en profiter pour faire un petit bilan de notre situation. Ça nous aidera à décider. Hum, je commence.

Petite pause de circonstance. L’enfant-rat prit une seconde pour s’observer. Avec ses habits déchirés, le sang qui maculait son pelage et toute la saleté accumulée pendant le trajet, il ne payait pas de mine. Mais bon, il n’était pas seul dans ce cas.

-Vous le savez déjà, moi c’est Vermine. Je n’habite pas à Mutant Town. Je n’ai rien perdu dans cette histoire. Je sais toujours ou dormir, que ce soit à la Confrérie ou dans plusieurs de mes cachettes. Si ces dernières n’étaient pas aussi miteuses, je les proposerais bien pour dépanner quelqu’un. Enfin, ça peut rester une possibilité. Heu… que dire de plus ? Ben, j’pense que si on est en vie, c’est grâce au talent de chacun d’entre nous. Ça n’a pas très bien commencé mais ça c’est plutôt bien terminé.

Sur les cinq, le seul membre inutile, c’était le petit fils de la grand-mère. Ce dernier, choqué, probablement traumatisé, ne quittait plus les bras de sa mamy. Le regard de l’enfant-rat se portait sur celle-ci, l’incitant à parler, elle qui restait si discrète. La ville dame prit donc la parole.

-Moi, c’est Agatha et lui c’est Mateo. J’habitais à Mutant Town, je crois que j’ai tout perdu. Enfin, j’ai des amis en ville et il reste au petit un peu de famille. Je devrais pouvoir me débrouiller.
-On peut vous accompagner quelque part si vous voulez. Enfin moi je le peux. Avec ce qui se passe, c’est peut-être plus prudent.
-Et bien, oui, pourquoi pas.

Vermine tourna la tête vers Léo et Alec.

-Enfin, ça c’est ce que je suppose, c’est ce que je considère comme probable. Mais ce n’est pas moi, vous pouvez le deviner, qui prend les décisions. Ce n’est pas moi non plus qui m’occupe du recrutement. Moi, je peux juste mettre en contact et, à la limite, donner une bonne image de vous. Ça peut faciliter les choses, mais ça ne fera pas tout.

Alec écoutait les paroles de vermine avec attention. Ses derniers mots ne lui avaient pas échappé. "Ça peut faciliter les choses, mais ça ne fera pas tout", comment rentrait on finalement dans la Confrérie ?

Hmm, j'ai bien compris que tu n'étais pas chargé du recrutement mais comment y rentre t-on ? Il y a des tests ? demanda Alec impatient.

Quoi que ce soit, je ne cache pas mon envie de vous rejoindre aussi, j'aimerais bien être introduit auprès de ton contact. ajouta Alec de manière beaucoup peu plus posée. L'exaltation des évènements précédents s'étaient estompés. Il retrouvait donc son apparence calme, assurée et décontractée.

Puis chacun commença à se présenter.
Un surnom en vaut bien un autre. Mes amis m'appellent Joker Jack en référence au poker. Sinon que vous dire à mon propos ? ... Il marqua une courte pose.

On va dire que je suis un consultant pour des missions à haut risque si je puis dire, pas forcément très légales. Enfin vous avez compris j'imagine. J'étais sur Mutant Town pour rencontrer un client justement avant que les choses ne dégénèrent .Et toi? demanda t-il à Léo.

Léo écouta d'une oreille distraite le blabla de Vermine. Il connaissait déjà le couplet, par besoin de se refarcir la langue de bois du rongeur. Au moins ils n'étaient plus dans le quartier mutant, transformé en champ de bataille. Mais alors un homme-lion en treillis et armé jusqu'aux dents dans les rues de New York devenait carrément hors-sujet. Mieux valait ne pas trop s'attarder dans le coin, au risque d'attirer l'attention.

*Jocker Jack... Quel surnom pourri !*

Enfin vint son tour de se présenter. Ça lui faisait bizarre de devoir se présenter à quelqu'un qu'il connaissait déjà. Au moins ne fit-il pas la bêtise de donner son vrai nom. Tout ce temps passé dans la clandestinité, il avait pris l'habitude de n'utiliser que son pseudo.

-Moi c'est Sphinx. Si j'étais dans ce quartier, avec tous ces flingues, c'est que je me cachais. Je suis recherché par le BAM, et avec ma tronche je me suis dit que la meilleure planque pour un mutant, c'était là où il y a le plus de mutants au mètre carré. Finalement, j'aurais peut-être dû m'installer dans le Bronx.

Léo regarda encore une fois autour de lui. Ils n'avaient encore croisé personne. Sans doute que les habitants du quartier dormaient ou avaient les yeux rivés sur leur poste de télévision pour voir depuis le confort de leur fauteuil l'enfer auquel le petit groupe venait d'échapper.

-Bon, c'est pas que ça ne m'amuse pas de faire mon autobiographie, mais il vaudrait mieux ne pas rester là. Séparons-nous, pour éviter d'être retrouvés. Vous, Agatha, vous allez vous rendre avec votre petit fils à l'hôpital le plus proche pour qu'on vous occupe de vous. Et alors...Vermine...il faut qu'on définisse un point de rendez-vous où je pourrais te trouver une fois que les choses se seront tassées. Il serait dommage en effet que les choses s'arrêtent là.

-Joker Jack et Sphinx, fit Ernest pour récapituler. Sphinx… répéta-t-il, un brin songeur.

Il ne se souvenait pas avoir déjà entendu ce surnom et pourtant, il avait l’impression de le connaitre. Etrange… Ho non, ce n’était pas la première fois que Vermine ressentait pareille chose. En fait, il commençait presque à y être habitué. Le « déjà vu », « déjà connu », « déjà vécu », cette sensation que tous le monde peut avoir, dit-on à cause d’un neurone qui succombe, prenait chez l’enfant-rat une dimension particulière. Il savait que son amnésie n’était qu’une mince barrière cachant son passé. Il connaissait Sphinx de la même façon qu’il connaissait les égouts. Enfin, il pouvait le supposer. Mais là où Neko, ex-petite-amie oubliée, s’était empressée de combler le trou de mémoire, Sphinx n’avait dit mot à ce sujet. Alors Vermine se mit à douter. Après tout, ses sensations n’étaient pas sans faille. Il jeta tout de même à l’homme-lion à regard plus perçant que d’habitude, puis il passa à autre chose

Il était ravi, le surnommé Joker Jack était également intéressé pour intégrer la Confrérie. Cela faisait deux recrues potentielles, de quoi se faire un peu mousser auprès de sa hiérarchie. Vermine s’adressa à l’adolescent.

-Pour entrer à la Confrérie, il faut être utile à la Confrérie. Ça va peut-Après, peu importe comment. Regarde-moi. Il est clair que la Confrérie ne m’a pas accepté pour ma puissance au combat. J’ai d’autres atouts. Quand je vous présenterais, Sphinx et toi, au recruteur, il faudra le satisfaire. Je ne peux pas te dire comment, c’est lui qui verra, lui qui décidera.

Ernest se recula légèrement, s’approchant du même coup s’Agatha.

-Sphinx a raison, faut qu’on bouge. Je vais accompagner Agatha à l’hôpital. Vous deux, si vous êtes toujours intéressés, cherchez-moi Chez Mayor. C’est un bar du Bronx Tenu par une grosse femme rigide, Gertrude Mayor. J’y serais demain, vers onze heures. Allez, à plus !

Sur ce, l’enfant-rat fit signe à Agatha de partir. Ils s’en allèrent ensemble, Vermine, Agatha et Mateo, à travers les ruelles. Après quelques minutes de marche, Agatha prit la parole.

-L’hôpital, je n’aime pas ça. Allons plutôt chez l’une de mes amies. C’est par là.
-C’est vous qui voyez.

Le groupe changea de direction.

-Hum… au fait, je peux vous poser une question ?
-Pausez donc.
-Votre pouvoir, peut-il régénérer un œil perdu ?
-Oui. Je fais aussi repousser les membres coupés, ce genre de choses. Intéressé ?
-C’est possible, oui.

Vermine, dans un bruit assez peu élégant, enleva son œil de verre qu’il portait à droite, dévoilant l’orbite vide. Le spectacle plutôt macabre ne dérangea pas Agatha, ni même son fils qui semblait étrangement absent.

-Je vois, je vois. Et qu’est-ce que j’y gagne ?

L’enfant-rat eu du mal à ne pas cacher sa surprise. Il pensait la vielle dame altruiste, prête à aider gratuitement. Visiblement, ce n’était pas le cas. Si elle avait aidé dans les égouts, ce n’était peut-être, au final qu’un cas de force majeur pour elle.

-Et bien, je vous ai guidé à travers les égouts, je vous ai sauvé la vie. J’ai déjà payé.
-Et moi, j’ai sauvé la votre une, voir deux fois.
-Ma gratitude alors.

La vielle dame se mit à rire. Si Vermine n’avait pas été si fatigué, il aurait certainement eu un geste violent.

-Ok, ok, c’est bon. De l’argent ?
-L’argent ne m’intéresse pas.
-Ben alors, vous voulez quoi ?
-Je ne sais pas, pour l’instant. Mais je finirais par trouver. Considérez que vous avez une dette envers moi.
-Ok, ça marche.
-Ce n’est pas une réponse à la légère j’espère.
-Vous avez ma parole. C’est bon, vous êtes contente ?

L’enfant-rat commençait vraiment à être énervé. En guise de réponse, Agatha fit halte et porta sa main ridée sur son visage bestial. Au lieu d’une lueur dorée, ce fut une lumière violacée qui en émana. Vermine poussa un bref hurlement, bondit en arrière, perdit l’équilibre et se retrouva asssis contre une façade d’immeuble, ses mains griffues crispées sur sa face putréfiée. Agatha laissa Mateo et s’approcha, se pencha sur l’hybride.

-La régénération, c’est qu’une facette de mon don. La décomposition, c’est l’autre.
-Que c’est charment. Mais vous êtes qui, au juste ?
-La même chose que vous, il me semble, petit égoïste.
-Vous feriez une bonne candidate pour la Confrérie.
-Ho non, je ne crois pas. Je tiens à mon indépendance. Allez, enlevez vos mains, que j’arrange ça.

Craintif, Ernest se laissa néanmoins faire. La lueur dorée passa sur son visage, le régénérant en un rien de temps . Quand ce fut fini, il avait retrouvé son œil droit. Cela lui fit tout bizarre. Profitant de l’occasion, il attrapa sa queue, dont le bout était manquant, et la présenta à Agatha.

-Je n’aime pas les mauvaises surprises. Réparez-moi ça et je m’efforcerai d’oublier votre désagréable démonstration, ce qui ne change en rien la dette que j’ai envers vous, cela va de soi.

Agatha ricana et s’exécuta. La queue de l’enfant-rat retrouva son aspect original. La vielle dame tenait visiblement à rester en bon terme, après avoir montré qu’elle pouvait être dangereuse. Vermine eut alors la conviction qu’il avait à faire à une criminelle ou, tout du moins, quelqu’un d’extrêmement louche. Il se releva et, l’air de rien, dit :

-On y va ?

Tous trois disparurent au coin de la ruelle. Le jeune hybride avait rangé son œil de verre, désormais inutile, dans sa poche. Et il ne cessait plus de se poser des questions au sujet d’Agatha.

HRP : hum, c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de développer les PNJs.^^ Toujours est-il que ce post est le dernier de ma part. Je vous laisse conclure.

-Moi c'est Sphinx ...

-Pour entrer à la Confrérie, il faut être utile à la Confrérie. Ça va peut-Après, peu importe comment. Regarde-moi. Il est clair que la Confrérie ne m’a pas accepté pour ma puissance au combat. J’ai d’autres atouts. Quand je vous présenterais, Sphinx et toi, au recruteur, il faudra le satisfaire. Je ne peux pas te dire comment, c’est lui qui verra, lui qui décidera.


Alec fouilla ses proches à la recherche de son portable. Par chance celui-ci n'avait rien mis à part peut être quelques tâches de sang et de saletés. Il en profita pour noter le rendez-vous sur son agenda.
"Onze Heure, Gertrude Mayor , c'est noté !"

Alec assistait silencieux à la scène. Lorsque Vermine fut frappé par la faculté de la vieille dame, Alec sursauta prêt à agir. Sa réaction le décevait grandement. Même si la fuite par les égouts était loin d'être une réussite, elle aurait pu avoir plus de gratitude envers le petit groupe. D'autant plus que son petit fils avait survécu. Bref, cette image resterait gravée dans sa mémoire. Les humains, les mutants au fond tous de bons vieux égoïstes même si lui-même était loin d'être un saint. Il aurait bien aimé se débarrasser de la vieille aussi mais comme il ignorait comment le reste du groupe allait réagir il ne fit rien et ne laissa rien paraître de cette envie.

-On y va ?

Et bien à bientôt . dit Alec à Vermine et il partit de son côté, ignorant le dénommé Sphinx. Sans trop se l'expliquer, il ressentait une vive empathie envers cet hybride. S'il pourrait visiblement s'entendre avec Vermine, ce serait sans doute plus difficile avec cet homme lion qui lui paraissait bourru, rude et même un peu simple à l'image d'un stéréotype de Gi américain.

Il se localisa grâce au GPS de son portable. Sa voiture n'était pas très loin par chance. Il avait pris l'habitude de se garer en dehors de Mutant Town quand il y avait un rendez-vous. Lors de sa première affaire, il avait eu la mauvaise surprise de retrouver sa voiture tagée et partiellement désossée. Comme quoi on apprend souvent sur le tas.

-Sphinx a raison, faut qu’on bouge. Je vais accompagner Agatha à l’hôpital. Vous deux, si vous êtes toujours intéressés, cherchez-moi Chez Mayor. C’est un bar du Bronx Tenu par une grosse femme rigide, Gertrude Mayor. J’y serais demain, vers onze heures. Allez, à plus !

Léo nota mentalement le rendez-vous de Vermine. Au passage, le nom de Gertrude Mayor le fit tiquer. Ce n'était pas la grosse tenancière du bar où il avait interrogé de façon plutôt musclée un employé d'un studio de snuff-movie. Ça risquait de poser problème, si la grosse rappelait involontairement ou non à Vermine qu'il avait connu l'homme-lion. Encore qu'elle n'avait pas l'air d'une honnête citoyenne, un petit pot-de-vin l'aiderait peut-être à oublier elle aussi. C'était une idée à creuser, Léo irait peut-être reconnaître le terrain avant le rendez-vous.

-Ok. J'y serais...à moins que j'aie un empêchement du genre de celui que nous venons d'avoir.

Léo s'éloigna alors en courant. Il sauta une palissade, et continua son chemin à travers plusieurs jardins. Les pièces se mettaient en place, son plan allait fonctionner. Demain, il retrouverait Vermine, il passerait les tests pour entrer dans la Confrérie et il y resterait le temps de mettre la main sur certains renseignements intéressants. Et à partir de là, il ne lui resterait qu'à contacter le BAM pour négocier sa liberté. Après, ce ne serait probablement pas aussi simple, il y aurait peut-être des complications. Mais tant pis, ça devrait quand même le faire, et si Léo pouvait en profiter pour descendre quelques confréristes, ce ne serait pas plus mal.
Il traversa plusieurs propriétés, puis grimpa sur les toits, pour finalement arriver à Central Park, là où tout commençait et tout finissait. Finalement, il ne contacterait pas Smith tout de suite. Mieux valait se faire passer pour mort un moment.