Paumé (libre)

HJ : Je suppose que mon sujet se situe avant le Plan Néron vu qu'il n'est pas fini.

Gabriel se tenait assis sur le lit dans sa chambre de motel et se tenait la tête à deux mains. Un journal était ouvert à côté de lui sur un article parlant des derniers actes de violence. Le manteau qu'il avait porté toute la journée était posé sur le dossier d'une chaise, une paire de gants dépassant d'une poche. Sa paire de souliers déformée par la forme de ses pieds était posée près de la porte. Un sac et l'étui d'un arc de chasse était posé au pied du lit. La chambre en elle-même était des plus miteuse. On pouvait même voir de la moisissure sur le mur sous la fenêtre. Une vieille télé était allumée sur les informations qui semblaient tout sauf réjouissantes. On parlait pour la énième fois d'un révérend Stryker et de sa bande de fanatiques antimutants et de ce qu'ils avaient fait.

En venant dans le quartier, l'hybride ne pensait pas tomber dans une zone de guerre. La situation ne pouvait pas être pire. Mutant Town était presque une zone de guerre et lui s'y retrouvait dans le camp des victimes. Heureusement, il avait trouvé un endroit pour la nuit. Il n'avait eu qu'à aligner les billets verts jusqu'à ce que le propriétaire arrête de demander ses papiers. On le traitait déjà comme un pestiféré lorsqu'on comprenait ce qu'il était. Gabriel avait l'intention de disparaître dans la foule, à présent, il devait se débrouiller pour ne pas finir aux infos dans la liste des victimes. Comme si le fait d'être un mutant ne suffisait pas. Cet endroit était vraiment l’antichambre de l'enfer.

L'hybride avait réussi à faire le trajet jusqu'à New York grâce à un camionneur qui n'avait pas osé le faire sortir en réalisant que ce n'était pas un simple autostopper. C'était le bon côté d'avoir des crocs et des griffes. Il n'y avait qu'à New York qu'on pouvait le considérer comme une victime potentielle. La violence couvait et ce Stryker semblait n'être que l'avant-garde d'un gigantesque mouvement. Si seulement il avait su. Il aurait pu... pu quoi en fait? Il n'avait nulle part où aller. C'était un endroit comme un autre. De toute manière, le reste du monde finirait sans doute par ressembler à ça. Des mutants forcés de vivre dans des ghettos et des fous furieux venant les exterminer.

Gabriel se retrouvait être un soldat dans une guerre que son ADN avait choisie pour lui. Il était complètement perdu. Il n'y avait aucune ressource aucun allié potentiel. C'était la jungle dehors. Le seul mot d'ordre était : Chacun pour soi et Dieu pour tous. En plus, ce dernier semblait aux abonnés absent. Le jeune homme était prêt à saisir la première main tendue. Dans le fond, il espérait seulement que quelqu'un vienne pour lui dire que tout irait bien. Pourtant, il savait que ça n'arriverait jamais. Il avait beau être dans une ville immense, il était plus seul que lorsqu'il vivait en ermite.

Il remit son déguisement pour cacher sa mutation. Le manteau, les gants et les souliers pour sortir. Ses affaires étaient en sécurité dans la chambre. Il fallait qu'il parte à la recherche... de quoi? D'aide peut-être? D'un ami à qui parler? D'une raison de continuer à avancer? D'une fin rapide? Il ne le savait pas lui-même. Gabriel n'avait rien devant lui. C'était l'inconnu total et la peur lui dévorait les tripes. Alors, il rabattit son capuchon sur sa tête et sorti dans la rue.

Tout en accompagnant le fourrage de sa brioche au miel dans sa bouche , il regardait la télévision d'un oeil ébahi . C'était la misère ici bas , et ça ne faisait qu'empirer ! Cette chambre de motel était vraiment miteuse mais c'était tout ce que pouvait s'offrir Bob en attendant de recevoir une paie , lit à ressort qui grince , table moisie , frigo fourni avec l'odeur de nourriture en décomposition , le fait d'avoir un sens de l'odorat développé ne l'aidait guère dans ce genre d'endroit infestés par les microbes , néanmoins il s'y plaisait à prendre ce train de vie . Il pris une douche et poussa un râle lorsqu'il remarqua sa bouteille de Scotch terminée , et se dit qu'il serait peut être temps de "visiter" le coin , à la recherche d'un épicier de quartier . En se regardant dans la glace , il hésita cependant à passer un coup de rasoir puis remarquant qu'il en avait pour facile une demi-heure , il préféra garder son amas de poils faisant un parfait collier de barbe ! Après avoir mis une musique motivante dans ses oreilles - Raamstein Otherworld - il pris la route direction cette épicerie et pourquoi pas faire un saut en ville pour acquérir une nouvelle chemise et veste au cas où ça pouvait toujours être sympa de traîner dans les boutiques , mis à part celle destinée à la gente féminine , l'odeur du parfum étant amplifié le melting-pot d'odeurs lui était insupportable ! La télévision passait encore un flash spécial sur le révérant Stryker , l'homme qui haïssait les mutants plus que tout au monde et qui leur donnait la chair de poule . Bob s'y intéressait que très peu , ce Stryker était un homme impitoyable , qui défendait la race humaine . Moore le voyait comme un grand conn**d de dictateur des temps modernes .

Vêtu de sa tenue si traditionnelle, une chemise à carreaux nommée ainsi "Chemise de bûcheron" , les couleurs ressorties étant celle du bois , un jean bleu simple et élégant ainsi qu'une paire de chaussures noires standard , il pouvait enfin sortir . Enfin ! Le vent balayait ses cheveux mi-courts , l'Ours poussa une seconde râle - de la journée - tout en marchant d'un pas lent , prenant son temps pour observer le quartier . Pas grand monde dans le coin , des enfants en bas âge qui s'amusaient dans un parc , des hommes et des femmes qui marchaient d'un pas pressé rejoindre leur travail , le train train de la vie quotidien .

De repos aujourd'hui il avait le temps de flâner et rien faire sur New York . Ne connaissant pas beaucoup de monde , ayant vécu la moitié de sa vie après la frontière , dans le froid hivernal Canadien , l'ex Bûcheron-Chasseur - qui d'ailleurs avait gardé une partie de son équipement de travail sur New York : Hache principalement - devenu aujourd'hui un agent de sécurité pour boîtes de nuit huppés - ou très peu huppée - afin de leur offrir un sentiment de sécurité optimal , n'ayant pas encore utilisé ses pouvoirs contre un client trop saoul . Il s'était néanmoins battu plusieurs fois , à peine arrivée ! Contre deux mutants en tout , ayant chacun des pouvoirs très différents l'un de l'autre , Bob était le maillon offensif lors des deux fois , malgré qu'il avait un pouvoir plutôt minime .

Il n'avait pas encore réussi à dépasser la forme humaine , on lui avait expliqué que pour la plupart , ils se transformaient quasi complètement en animal , chose qu'il aimerait tant faire ! Il se demandait si ceci pouvait être possible , et quel forme il hériterait ? A quoi ressemblerait-il ? Aura t-il plus de force qu'il n'a déjà ? Moins d'agilité et plus de masses ? Tant de questions sans réponses . Un homme encapuchonné le doubla sur le côté , l'odeur ne l'avait pas trompé , ça puait le fauve à des kilomètres , quelque chose d'alarmant . Sans doute un autre carnassier tout comme lui , adepte des bons rôtis et autres . Sur le coup , son instinct lui commanda de le suivre un peu , sait t-on jamais , la bouteille pouvait attendre un peu...

HJ : J'ai trouvé pas mal de points commun entre nos persos (Canadiens - Chasseurs - Animaux) donc je te rejoins , si bien sûr ma compagnie n'est pas dérangeante ! ^^

Gabriel marchait complètement perdu dans sa tête. Il essayait de remettre de l'ordre dans tout ça et ce n'était pas facile. Entre temps, il commençait à chercher quoi faire sur le moment au moins. L'idée de vider une bouteille d'alcool pour s'anesthésier un peu devenait tentante. Pourtant, l'hybride ne savait pas si c'était conseiller avec la bête qui se baladait dans sa tête. En parlant de celle-là, le fait de marcher dans la grande ville sans en avoir l'habitude le faisait presque bondir lorsqu'une voiture passait. Heureusement, il n'y avait pas beaucoup de monde autour de lui. Une personne qui l'aurait bousculé trop fortement aurait sûrement provoqué une réaction disproportionnée. Les odeurs par contre, ça, il y en avait à la tonne. Celle de l'échappement des voitures, le parfum de la femme qu'il venait de croiser, la puanteur de la bouche d'égout qu'il venait de dépasser. Le côté animal de sa personnalité lui permettait de considérer les odeurs différemment d'un humain ordinaire. Il n'y avait plus vraiment de bonne ou mauvaise odeur pour lui, seulement des informations.

Il dépassa un gars avec un gabarit presque aussi massif que le tien lorsque ça le frappa. Une odeur de forêt et de grand espace. Une odeur de bête sauvage. Ce n'était pas humain ou pas complètement. Un mutant peut-être. Un gars comme lui ou quelque chose de proche. Gabriel n'était pas d'humeur à la confrontation donc il voulut s'éloigner. Bravo le courage pour un gars qui cherchait de l'aide, la première personne comme lui qu'il croisait le faisait détalé. L'hybride se mit à observer autour de lui nerveusement. L'odeur était à présent derrière lui, mais la source restait à la même distance. Ce n'était pas un hasard. L'autre ajustait son pas sur le tien, sinon ça aurait été impossible. Alors, il chercha un son, le bruit de pas au rythme des tiens. Dans une foule ce serait impossible d'en isoler une, même là ça restait difficile. Ce devait être un gros client pour produire autant de bruit sur le pavé.

L'hybride se sentait menacé. Un ami l'aurait abordé. Celui qui le suivait était une source de danger. Enfin, c'était ce que lui soufflait son instinct. Il était difficile de ne pas l'écouter ces jours si. La paranoïa de la fuite, la méfiance des gens normaux et le terrain inconnu n'aidaient pas. Gabriel passait son temps sur ses gardes. Et là, l'inconnu qui le suivait. Il n'osait pas se retourner, car il ne savait pas ce que ferait l'autre en se sachant repéré. Pourtant, il lui fallait faire un choix et vite. Le tigre en lui lui disait de contre-attaquer au plus vite. Il décida de retourner la situation. L'humain en lui laissa un peu plus de place au fauve. C'était nécessaire pour lui donner la volonté de combattre. Un tigre tuait sans état d'âme et il ne pouvait pas se permettre d'hésiter.

Gabriel chercha une ruelle, il ne pouvait pas chercher la confrontation en public. Lorsqu'il eut repéré un bon endroit, il pressa le pas. Il lui fallait de l'avance pour faire une embuscade ou au moins retirer ses chaussures. Il pensait déjà à la suite, se ramasser sur lui même pour bondir, immobiliser sa proie avec ses griffes et le mordre à la gorge. Une attaque typique d'un grand félin. Le mutant se mit à prendre de grandes respirations pour se calmer. C'était un humain, pas une proie. Il entra dans la ruelle à toute vitesse et se rendit derrière l'immeuble en jetant ses gants sur le côté et ses chaussures suivirent le même chemin. L'hybride se retourna et attendit ramasser sur lui-même.

Bob continuait de suivre l'homme devant lui , celui qui avait une odeur qui ne trompait pas , du moins pas son flair ! Pendant qu'il le suivait , il se demandait comment allait-il faire pour l'aborder , un autre hybride animal à New-York , il essayait d'en connaître le maximum afin de pouvoir enfin avoir la grande réponse qu'il attendait . Hélas il sentit aussi que ça le mettait mal à l'aise , tant ses pas étaient maintenant plus rapide comme pour fuir. Sur le coup Bob accéléra le pas aussi , mais après mûres réflexion il se dit que c'était le meilleur moyen pour le mettre en colère et que ça allait lui attirer pas mal de problèmes aussi par la suite . Donc , il s'arrêta net en plein milieu d'une rue tout en regardant au tour de lui . Le vent balayait ses cheveux par un air frais , aujourd'hui il était en repos et d'ailleurs , il vit l'épicerie qu'il cherchait tantôt .

Il rentra directement à l'intérieur laissant l'animal dehors , continuant à marcher en solitaire . Il pris une barquette de viande hachée qui était - pour lui - prête à manger , même pas besoin de cuisson les animaux n'utilisaient pas le four ni le micro-ondes pour ce qui était de la viande , alors il pensait qu'il n'allait certainement pas avoir de maladie . Et au pire , il serait cloîtré sur un lit avec un gros mal de bide ou peut être cloué sur les toilettes pour cause de mauvaise digestion . Il ressorti avec lesdits steak ainsi qu'une bouteille de whisky et un pack de bières , puis il continua sa route tranquillement dans les rues .

Le soleil palliait le froid polaire malgré qu'il ne rayonnait pas des masses. Certes c'était toujours ça de pris , de toute façon c'est pas ce genre de températures qui allaient le déranger puisqu'il travaillait tantôt au Canada , et le froid d'ici et de la-bas n'est aucunement comparable. Il ouvrit la barquette de viande hachée tout en marchant , et de ses doigts il attrapa un grand bout qu'il mis directement dans sa bouche , il avait tellement faim... Et bien sûr tout les gens le dévisageait se disant très certainement "Mais c'est quoi ce type ? Comment il bouffe ça comme ça ? Il me donne envie de vomir" et autres .

Puis il senti l'odeur du fauve dans une petite ruelle . Elle était toujours omniprésente comme s'il n'avait pas bougé alors qu'elle était vide. Avait-il trouvé une proie qu'il allait déchiqueter ? Allez savoir , Bob ne se doutait guère que c'était un guet-apens , mine de rien il fonça droit devant tout en décapsulant sa bière en y mettant une griffe dans la capsule et la soulève d'un coup sec pour la faire voler en l'air.

- Allez sors de ta cachette je viens en paix ! S'énonça t-il , tout en s'asseyant sur un conteneur de poubelles qui était fermé .
Et d'ailleurs c'était mieux ainsi vu que Bob avait un puissant odorat. Puis pour montrer qu'il venait vraiment en paix il posa sa viande à côté de lui tout en portant un bout à sa bouche , et pris une gorgée tranquillement.

L'inconnu prit du temps avant d'arriver. Pourtant, Gabriel ne bougea pas. Il avait appris qu'à la chasse, il faut être patient. La position dans laquelle il était ne lui était pas inconfortable. Ce n'était pas un problème que de rester ainsi prêt à tout. Le mutant était vraiment sur les nerfs. Ce serait son premier contact avec un être semblable à lui d'une certaine manière. La question était de savoir si ce serait un contact hostile ou amical. L'expérience n'avait pas été particulièrement positive jusqu'à maintenant.

L'homme arriva finalement dans la ruelle. Visiblement, il avait fait un crochet vers l'épicerie du coin. Il y avait une odeur de viande crue et de bière dans l'air. Un humain n'aurait rien senti, mais Gabriel pouvait même faire la différence entre de la viande fraîche et celle qu'on trouvait sur les tablettes. Il entendit un son de tôle qu'on froisse. Le nouvel arrivant était grimpé sur un conteneur à déchets. Il dit même venir en paix. L'hybride devait admettre que son attitude était tout sauf agressive. Il lui fallait tenter le coup. Il n'avait pas vraiment le choix. Il ne pouvait pas rester là jusqu'au lendemain sous prétexte qu'il était méfiant ou plutôt qu'il avait peur. Ce n’était pas agréable à admettre, mais Gabriel avait peur de se lancer.

Gabriel sortit lentement de sa cachette à quatre pattes. Ses mains et ses pieds étant découverts, sa mutation était bien visible, mais son capuchon était toujours sur sa tête. Il émit un grondement sourd en signe d'avertissement. Si son interlocuteur avait vu son visage à ce moment-là, il aurait vu qu'il retroussait les babines en signe d'agressivité. Il pouvait sa queue qui ondulait de gauche à droite en signe d'hésitation. C'était presque un automatisme, le côté animal de sa personnalité lui donnait le langage corporel d'un grand félin. Se forçant au calme, Gabriel se lança :

— T'es qui toi ?

En observant l'homme assis tranquille à boire sa bière, il décida de se redresser. L'hybride décida de se montrer un peu plus poli. Une vie normale lui était interdite, mais ça ne l'empêcherait pas d'être encore un humain dans le fond.

— Moi, c'est Grabiel.

Il décida de retirer sa capuche, elle était inutile vu que sa mutation était évidente, et elle réduisait son champ de vision. Il avait arrêté de retrousser les babines, mais ses oreilles étaient aplaties vers l'arrière en signe de méfiance. Gabriel n'avait jamais rencontré d'autre mutant. Celui-là semblait avoir des pouvoirs semblables aux tiens, mais son apparence était humaine. Selon lui, l'homme avait beaucoup de chance d'être encore autant humain.

L'odeur de l'animal était toute proche , pourtant Moore ne voyait rien du tout , serait-il en train de lui tendre un piège ? A vrai dire , c'était le résultat pour suivre les inconnus dans la rue , juste parce qu'ils trimbalaient avec eux une odeur de fauve , chose qui avait tilté les narines de Bob , se disant qu'il aurait peut être des réponses à ses questions . Et de toute façon , s'il devait traquer tout les hybrides pour enfin avoir ce qu'il cherchait , il le ferait ! Après avoir rencontré un serpent , une sorte d'aigle rayonnant , une murène et une louve , qu'allait-il bien croiser à New York ? Loin des safaris animalier , il se trouvait qu'à New York , un mutant sur deux - qu'il avait croisé du moins - était tout comme lui , un hybride animal .

Il apporta une gorgée de bière fraîche à ses lèvres , et bascula la bouteille en verre ainsi que sa tête en arrière pour laisser le liquide pénétré dans son gosier , tout en avalant une grosse gorgée bien rafraîchissante. La bouteille en verre qui était dans ses mains était maintenant vide , d'un rapide coup d'oeil à gauche et à droite pour voir si personne ne le regardait , et voilà qu'il lança de toute ses forces la bouteille , afin de l'exploser sur le mur qui était sur sa gauche , a quelques soixante mètres de lui. Joli lancer !

Puis , l'encapuchonné décida de pointer le bout de son nez , ou de son museau allez savoir et tout ça , à quatre pattes. Sa fourrure ressemblait à celle d'un lion , puis d'une voix rauque comme sortie des bas-fond des ténèbres , il s'exprima en premier , alors que Bob était à sa deuxième bière qu'il décapsula de la même façon que tantôt , avec ses griffes.

— T'es qui toi ?

Il regardait d'un oeil ébahi la créature mi-humaine mi-animal qu'il recherchait jadis. Enfin ! Enfin quelqu'un qui semblait tirer plus de l'animal que de l'humain , on pouvait même employé le terme "Bonne pioche !"

- Je suis tout comme toi , un hybride .

Il marqua un léger temps de pause , avant de lui donner son patronyme . Apparemment il semblait quelque peu stressé , ça devait être un nouveau ici , tout comme l'était Bob il y a deux semaines de ça . Mais en deux semaines il avait décroché deux confrontations contre des mutants et humain , ainsi que quelques connaissances et pour finir , le plus beau dans tout ça , un job plutôt bien payé .

— Moi, c'est Gabriel.

C'est alors que ce qu'il désirait tant arriva . L'homme enleva sa capuche pour rester à l'air libre , c'était un tigre humain . Des grosses griffes sur les mains , une toison de fourrure beige et marron , bref en clair il avait devant lui tout ce qu'il cherchait chez un mutant hybride.

- Et moi c'est Bob. Tu n'a pas à avoir peur , l'ami. Je viens juste pour parler avec toi . Il sorti de son sac en plastique blanc , une bière prête qu'il tendit au mutant. Dit moi ton secret , comment te change-tu en animal ?

Alors, c'était un hybride lui aussi. Ça expliquait l'odeur plus naturelle et aussi le fait qu'il avait des griffes. Gabriel n'avait jamais utilisé les tiennes pour décapsuler une bière. Lorsque son nouvel ami lui tendit une bière, l'hybride la prit et alla s'asseoir à côté de Bob. Il se mit à rire devant sa question.

— Moi qui allais te demander comment se retransformer en humain.

Il se servit d'une de ses griffes comme décapsuleur et s'envoya une grande lampée de bière. Le mutant se demandait pourquoi son interlocuteur tenait tellement à prendre forme animal. Ou au moins, il le voulait suffisamment pour le suivre dans cette ruelle. La bière qu'il avait pulvérisée contre un mur à soixante mètres prouvait que c'était un costaud. Gabriel ne put que se remettre à rire.

— On fait une belle paire. L'animal qui veut devenir humain et l'humain qui veut devenir animal.

Il émit une sorte de feulement qui ressemblait à un soupir de dépit et se gratta derrière l'oreille gauche. Gabriel reprit un peu de bière. Il détailla un peu plus son interlocuteur. Un grand poilu à chemise à carreaux. On dirait le stéréotype du montagnard canadien. Il le verrait bien avec une hache à couper du bois. L'hybride se mit à analyser l'odeur de Bob. Les animaux ont une signature olfactive et les humains aussi même si elle est plus subtile. L'homme de par sa nature hybride en avait une plus forte que l'humain moyen. Il en avait une plus forte à cause de sa fourrure, mais le principe était le même. Ça lui donna quelques informations intéressantes. Bob avait une odeur de bar et de forêt. Ça renforçait cette impression de bûcheron.

Gabriel repensa à sa raison d'être dans les environs. Bob était tout à fait ce qu'il cherchait. Un camarade qui pouvait l'aider pour se débrouiller en ville. La vie normale lui était interdite, mais avoir un allié à apparence humaine pouvait lui rendre de fiers services.

— Connais-tu d'autres personnes comme nous? D'autres mutants, je veux dire.

Il spécifiait parce que comme eux pouvait vouloir dire hybride. Il y avait sans doute d'autres à New York. Avec tout ce monde, en cherchant suffisamment longtemps, il pourrait monter une vraie ménagerie. Avec de la chance, Bob avait des contacts avec un groupe de mutants du genre de celui de Xavier ou même Magnéto. Gabriel n'était pas difficile, il lui fallait juste un coin sûr pour habiter et de quoi manger. Peut-être un job aussi si ce n'était pas trop demandé.

Et voilà que le félin sortait de ses gonds , mais ce qu'il allait dire n'allait pas enchanter l'ancien bûcheron. Lui qui était avide de savoir comment pouvaient-ils tous se transformer et reprendre leur apparence humaine , c'est autre chose qu'il allait apprendre aujourd'hui. Comme quoi , il avait plutôt bien fait d'aborder cet inconnu malgré qu'il n'avait pas choisi le meilleur style d'approche en le traquant comme lorsqu'il chassait.

— Moi qui allais te demander comment se retransformer en humain.

Tout mes espoirs tombent à l'eau...

— Me retransformer ? Il accentua bien sur le "RE" . Sache que je n'ai jamais dépassé le stade des griffes et la toison de poils..

Voilà une scène qui était plutôt marrante n'est-ce pas ? L'un voulait connaitre comment son compère se changeait en animal , et l'autre comment faisait-il pour rester humain. Quiproquo , en tout cas malgré qu'il puisait sa force d'un animal féroce , Gabriel semblait être quelqu'un de gentil , mais surtout un peu perdu dans une grande ville comme celle-ci.

— On fait une belle paire. L'animal qui veut devenir humain et l'humain qui veut devenir animal.

— J'avoue que c'est pas mal , et d'ailleurs je t'envie ! Tu sais pas à quel point je rêve tant de posséder une forme animale , rien que pour voir ce que cela donne ! Dis , je peut te poser une question Gabriel ? Il marqua un temps d'arrêt mais lui posa la question tout de même . Quelque chose me fait penser que tu ne viens pas d'ici , ai-je raison ?

Il leva sa bière et trinqua au nom des hybrides , après tout ils avaient quelque chose en commun ! Ces deux animaux étaient tout deux des carnassiers , adepte de la bonne viande . D'ailleurs , il y avait toujours un bout crû dans le sac , quelque chose devant avoisiner les quelques cinquante grammes. Bob fini d'une trait sa bière et l'envoya bien fort en l'air pour la regarder heurter violemment le même mur que tout à l'heure , ayant eu l'intention de viser la pancarte "Déchets Interdits" mais la loupant de quelques centimètres , a vrai dire il n'était pas très bon pour viser mais frappait fort , c'était sa marque de fabrique .

— Connais-tu d'autres personnes comme nous? D'autres mutants, je veux dire.

— Oulà oui , un petit nombre certes mais quand même. Il y avait un mutant créateur de clones qui se sont pris à moi et d'autres mutants , dont une serpent et un aigle.. Puis il y a eu aussi un mutant qui volait nos capacités , qui nous à agressé moi et une jeune femme manipulant le feu ou l'énergie solaire.. Une policière louve et .. aujourd'hui toi ! Et de ton côté , t'a fait des rencontres ?

Puis était venu l'heure de continuer l'apéro , après tout les jours de repos étaient bien fait pour se reposer non ? Il ouvrit la bouteille de scotch et pris une bonne gorgée , guettant que personne n'empruntait la ruelle . Car si jamais cela se produisait , il était très certain qu'on crie encore et toujours qu'il y aurait des mutants , et les personnes qui n'aimaient pas les mutants accroissaient leur nombre de jour en jour , à croire qu'il y avait là une vraie discrimination.

En cette magnifique journée ensoleillée, j’ai envie de jouer à l’exploratrice en me rendant dans des quartiers que je n’ai jamais visité jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, j’ai entendu parler d’un quartiers résidentiels où la plupart des habitants sont des mutants et c’est pourquoi, je me rends dans un premier temps là-bas, espérant tomber sur des cas intéressants. Le problème est que je pourrai tomber sur des connaissances et pour éviter que cela se produise, je décide de changer d’apparence, prenant celle d’une autre jeune femme qui peut facilement vivre dans ce quartier. L’état des vêtements que je porte, sont lamentables, montrant ainsi aux yeux des autres que je suis une sans abri, voir même mendiante.

Spoiler:

A présent, je peux parcourir tranquillement les rues vu que je suis certaine qu’on ne me reconnaîtra pas si je rencontre une personne de mon travail où autres connaissances. En parlant d’une personne du cabinet d’avocat où je travaille en ce moment, voilà l’un des confidents de mon supérieur et c’est le moment de voir si il est aussi généreux qu’on le prétend. Me rapprochant de ce dernier, je décide de lui adresser la parole d’une voix timide pour lui demander un peu d’argent.

« Pardonnez-moi de vous importuner mais auriez-vous quelques pièces pour une sans-abri s’il vous plait ? »

Je ris intérieurement car cela m’amuse énormément de jouer à ce genre de jeu, prendre l’apparence d’une autre personne et la faire vivre en lui inventant une histoire comme je suis entrain de le faire en ce moment même. Le jeune homme porte son regard sur ma personne, me jaugeant dans un premier temps avant de sourire tandis qu’il attrape son porte-feuille pour me tendre quelques billets.

-Voilà pour vous… vous pourrez vous payer de quoi manger ainsi qu’un logement pour une semaine…

« C’est très généreux de votre part, je vous remercie infiniment. »

M’inclinant carrément devant l’individu, il se met à rire légèrement tandis que je lui fais signe alors que je m’éloigne de lui avec le sourire. Finalement, les rumeurs concernant sa générosité sont fondées et à présent, je peux dire que c’est un homme au grand cœur qui n’hésite pas à aider les autres dans le besoin. Continuant d’avancer tranquillement, je remarque un individu entrain de suivre un autre et je suis persuadée que ses deux là sont des mutants. Décidant de les suivre tout en gardant une distance raisonnable, je les vois entrer dans une ruelle et je décide de les suivre avant de me cacher pour voir ce qui se passe entre eux. Un combat, une discussion ou autres… Dans tous les cas, cela risque d’être intéressant. Evitant de me montrer aux yeux des deux individus, je me doute parfaitement que ma présence sera remarquée dans les secondes à venir par les deux individus et il me faut une idée pour me rapprocher d’eux de façon naturelle. Visiblement, aucun combat ne semble se déclarer entre les deux hommes, préférant discuter entre eux plutôt que de se taper dessus. Je peux voir également que celui qui porte une capuche ressemble plus à un tigre qu’à un humain lorsqu’il enlève cette dernière tandis que l’autre est plus humain que le premier. Finalement, il me faut opter pour quelque chose afin de me joindre à eux et je décide donc de jouer à celle qui a faim lorsque je vois le plus humain des deux, sortir un tas de choses, que cela soit de la viande où des boissons. Décidant de sortir de ma cachette, j’avance dans leur direction, jouant la jeune femme légèrement effrayée mais qui semble avoir faim et soif.

« Excusez-moi de vous déranger mais pourrai-je avoir quelque chose à manger… J’ai de quoi vous payer si vous désirez… »

Je m’adresse à eux avec une voix légèrement tremblante tout en leur montrant les billets que m’a donné mon cher collègue un peu avant et je garde une légère distance entre eux et moi pour montrer que je suis craintive.


[Hj: si mon intervention dérange, n'hésitez pas à me le faire savoir par mp et j'effacerai mon post ]

HJ: Pas de problème pour moi.

Bob lui expliqua vite en quoi sa mutation consistait. Griffes, poils et forces manifestement avec sa façon de lancer. C'était visiblement un gars bien, sans doute un peu brut de décoffrage, mais ça ne déplaisait pas à Gabriel. Si quelqu'un pouvait devenir un ami, ça semblait être lui. En tout cas, il n'avait pas à se cacher et c'était très libérateur. Il ne contait plus le nombre de fois ou il avait été obligé de garder son visage caché. Il se considérait toujours humain et normal et détestait être considéré comme une aberration. Trouver d'autres personnes comme lui pouvait lui apporter quelque chose. La preuve buvait de la bière avec lui en ce moment.

Le mutant comprenait ce que son interlocuteur trouvait à la forme animale. Il devait admettre que juste pour chasser ça en valait la peine. Le plaisir de la traque et de la course. L'adrénaline dans le sang au moment de bondir. Parcourir la forêt en étant plus puissant que tout. En étant un prédateur.

Bob lui demanda la permission de lui poser une question. Gabriel acquiesça et écouta ce que son interlocuteur avait en tête. Il voyait juste, il avait compris qu'il n'était pas du coin. C'était peut-être seulement en voyant sa nervosité ou il avait un moyen de détecter quelque chose. L'homme avait sans doute un odorat aussi fort que le tien. Ce serait plausible vu la ressemblance de leur pouvoir.

— Oui, je suis du Québec. Toi aussi, tu n'es pas du coin.

C'était une affirmation, pas une question. Gabriel ne doutait pas de ce qu'il disait. Il se tapota le nez en expliquant :

— Tu ne sens pas suffisamment la ville pour y avoir passé ta vie.

Il trinqua avec lui aux hybrides.

— À ces bêtes dans un monde d'hommes.

Il observa le lancer de Bob et constata son manque de précision. Ce n’était pas vraiment un mal. Le mutant était sans conteste un combattant au corps à corps. Gabriel était fort, mais se doutait que de prendre un coup de griffes de sa part serait tout sauf agréable. Ce serait probablement fatal pour quelqu'un qui n'avait pas la force d'encaisser. L'hybride visa la pancarte et lança sa bouteille. Elle la toucha en plein dans le mile. La bouteille se fracassa aussi, mais de manière beaucoup moins impressionnante que pour l'autre. C'était une bonne démonstration de la différence entre les deux. Moins de puissance pour plus d'adresse et vice versa. Il se demandait bien ce qu'était Bob comme animal. Un carnassier sans doute et même un super prédateur du genre d'un lion ou d'un ours.

Gabriel écouta Bob lui parler de ses rencontres. Elles semblaient se finir souvent par des bagarres. Ce n'était pas un mal, l'hybride savait pouvoir s'en sortir si ça tournait mal. Il avait plus peur pour ses éventuelles victimes. Malheureusement, il n'avait pas grand-chose à répondre à son interlocuteur.

— Tu es le premier mutant que je rencontre. Avant, je vivais isolé dans le nord. Ça me permettait de laisser libre court à mon côté animal sans risque. Je chassais pour manger et vendre la peau de l'animal. C'était génial avec les ravages de chevreuil et les troupeaux de rennes du coin. En plus, ça me permettait d'éviter le plus possible les humains.

Donner cette information, il avouait que quelque chose l'avait chassé du nord. Il décida de se confier.

— J'ai été obligé de dégager lorsqu'il y en a eu deux qui sont venus me descendre. J'ai pris du plomb dans l'aile et il y est toujours, mais je m'en suis bien sorti.

Il montra son bras gauche tout en remontant sa manche.

— L'un a prit mes griffes en plein visage et j'ai arraché la gorge de l'autre. En fait, je ne me suis pas arrêté à la gorge. Je l'ai littéralement taillé en pièces. Ça a été un sacré carnage.

Gabriel ne semblait pas montrer de remords particulier et le souligna bien.

— Je ne regrette pas, c'était de la légitime défense, mais c'était ma première fois avec des humains.

Il observa son interlocuteur.

— Ça s'est fini comment avec ton cloneur et ton copieur de capacités ?

Soudain, une personne approche. Il ne l'avait sans doute pas remarqué à cause de l'odeur des poubelles. Gabriel grogre et montre les dents en rabattant ses oreilles sur sa tête par réflexe. C'était une mendiante ou plutôt quelqu'un qui y ressemblait. C'était beaucoup trop étrange de la voir aborder des hommes comme eux. Elle était là pour une autre raison. Alors, il decendit de la poubelle pour s'approcher un peu. L'hybride s'appliqua à ne pas avoir l'aire trop menaçant. Cette manière d'obser avait quelque chose de plus animal qu'humain, car un humain sans doute tenté de discuter.

Alors, Bob était un ours. C'était bien le genre de gars qu'on pouvait qualifier d'ours à cause de son gabarit et de sa pilosité, mais dans son cas c'était littéralement. Gabriel se dit que sous forme hybride ce serait un géant avec une force terrifiante. Il prouva en exposant ses cicatrices. L'ours en question était évidemment tombé sur un client coriace. Ils avaient manifestement beaucoup de points communs tous les deux. C'étaient des animaux qui avaient vécu au Canada tous les deux, mais sans doute pas dans la même province. L'hybride ne s'attendait pas à faire ce genre de rencontre dans une ruelle sombre à New York.

La nouvelle venue semblait effrayée, mais ça restait louche à ses yeux. Un petit bout de femme qui aborde deux colosses visiblement dangereux. C'était à se demander si elle ne cherchait pas justement de la protection. Bob se montra plus accueillant et l'invita à le rejoindre. C'était sympathique de sa part. Gabriel aurait dû s'en douter. L'homme s'était déjà montré gentil avec lui pour une raison semblable. Pourtant, Gabriel ne savait pas trop sur quel pied danser. Il la laisse s'installer et se contente de regarder. Elle semble polie et même un peu timide. Dans une situation normale, ça aurait été suffisant, mais pas à Mutant Town.

Elle leur offrit même de partager son argent pour aller manger ensemble. C'était trop beau pour être vrai. Il se demanda si la fille était une mutante elle-même. Elle était peut-être plus dangereuse qu'eux deux ensemble. Ils étaient impressionnants, mais si elle contrôlait la matière ou un truc du genre elle serait la plus forte. Malheureusement, il n'y avait aucun moyen de le savoir. Gabriel s'approcha pour la sentir plus en détail.

Lorsqu'elle mentionne qu'il semble différent, Gabriel rit et dit :

— Différent, c'est le mot.

Lorsqu'elle descend de son perchoir, il s'approche à moi d'un mètre en continuant de la sentir puis tend la main.

— Moi, c'est Gabriel.

Il ne savait pas trop s'il devait tenter la chance ou essayer de la pousser dans ses derniers retranchements. Peut-être que s'il se montrait agressif ou la mettait en danger, elle se dévoilerait. Parmi toute la gamme de mutants qu'il pouvait croiser, ce n'était pas impossible de tomber sur un titan avec l'apparence d'une SDF. D'ailleurs, ce n'était peut-être qu'une illusion. Un SDF moyen n'avait pas tendance à partager son argent. Surtout avec deux inconnus à la mine inquiétante sous prétexte d'être ignoré par le reste du monde. Un instant, il pensa à lui enfoncer ses griffes dans le bras pour voir sa réaction, mais se ravisa. C'était l'animal en lui qui se méfiait. Il voulait assurer sa survie à tout prix.

Bob n'avait pas de dons télépathique ni télékinésiques , il n'avait pas de sixième sens qui pouvait le prévenir d'un danger quelconque et encore moins avoir une queue préhensible puisque déjà il n'en avait pas , et nous pouvions continuer la liste de ce qu'il n'avait pas comme dons de médiums , mais une chose est sûre , il sentait que quelque chose de pas net était en train de se passer .
D'habitude , lorsqu'il errait dans les rues , seuls la nuit , son gabarit déconcertait la plupart des gens de marcher à ses côtés , et lorsqu'il sortait les griffes , alors là on criait "au monstre" et autres. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il laissa la jeune femme s'installer à ses côtés tout en la soutenant du regard . Quelque chose clochait , c'était obligé ! C'est du moins ce qu'il pensait , et le Gabriel était lui aussi très méfiant.

« C’est très aimable à vous… Mais vous avez raison, je n’apprécie pas vraiment la viande crue… et néanmoins, je vous remercie pour votre gentillesse.»

— Alors ce sera bel et bien pour moi !

Il récupéra la viande crûe et si tendre , qu'il fourra dans sa bouche. Il mastiqua tout pour faire passer le tout , pris une gorgée de Whisky non mélangé afin de faire mélange et glisser d'un coup. Une semi grimace et il reposa la bouteille , tout en ayant un rugissement signalant qu'il avait bien mangé.

« Vu que j’ai suffisamment d’argent sur moi grâce à un généreux donateur… Cela vous intéresse-t-il qu’on se fasse un petit dîner tous les trois ? Je suis certaine que vous êtes entrain de vous demander pourquoi je veux manger avec vous ? C’est très simple, la plupart du temps, les personnes ne s’intéressent pas à moi et préfèrent m’ignorer plutôt que d’essayer de me comprendre… Mais vous ne semblez pas être ce genre de personnes, vous êtes différents… »

Je vis un rêve éveillé , c'est pas possible !

— Différent, c'est le mot.

— Quel est votre problème ? lui lança Bob persuadé quelle avait besoin de quelque chose. Vous avez besoin de protection pour aborder deux animaux dans une ruelle sombre ?

Ce qui l'énervait c'est qu'elle était suspecte qu'elle n'en pouvait plus. D'habitude , les gens qu'il côtoyait allaient directement au but , ce n'était pas son cas , on aurait dit qu'elle tournait autour du pot , cherchant quelque chose à tirer des deux hommes . Que pouvait-elle avoir de Bob ? Si ce n'est qu'il possède une chambre miteuse à faire pâlir un cafard , un fond d'économies qui lui permettait de survivre chaque jour que Dieu fait , et une moto bien entretenue qu'il avait garée quelque part devant un bar , mais avait oublié de la récupérer un soir ivre.

— Moi, c'est Gabriel.

— Tu peut m'appeler l'Ours pour ma part.

« Allons… Ne soyez pas timide, c’est moi qui offre le repas. »

Elle a une case en moins ou elle se fout de ma gueule ? ... Depuis quand les sans abris offrent-ils des repas aux inconnus? Mon grand , il y a quelque chose qui tourne pas rond chez cette fille et il vaux mieux pour toi ne pas trop faire confiance aux inconnus de ce genre. New York grouille de mutants plus redoutables les uns que les autres , celui-ci ou celle-ci a quelque chose qui cloche complètement..

— Ne préfère-tu pas garder ton argent pour toi ? Il me semble que de nous trois , tu est celle qui en a le plus besoin , si bien sûr tu est ce que tu prétends être : Une sans-abri...

Les deux hommes ne se montrent pas hostiles vis à vis de ma personne et c’est une bonne chose. Néanmoins, je remarque qu’ils se montrent méfiant surtout celui qui ressemble plus à un tigre qu’à un homme et c’est tout à fait normal, à leurs place, je réagirai de la même façon qu’eux. La proposition du plus humain des deux, me fait sourire, acceptant de m’offrir de la viande crue sans que je débourse un billet et après hésitation, je me résigne, ne pouvant pas manger de tels aliments. Mon refus, enchante visiblement l’individu qu’il me l’a proposé, plaçant la viande directement dans sa bouche pour la mastiquer avec motivation avant de boire du Whisky pour faire descendre le tout.

« Tant que vous aimez ce que vous mangez, c’est ce qui compte. »

Me montrant généreuse, chose qui est rare, je décide de proposer de payer un bon repas avec l’argent que j’ai en ma possession vu que ses deux hommes sont très gentils et différents des autres hommes que j’ai pu croiser jusqu’à présent. Je remarque que l’homme tigre semble me renifler et c’est à ce moment là que je remarque que j’ai fait une bourde. Vu que je me fais passer pour une sens abri, j’ai complètement oublier de masquer mon odeur où plutôt le fait que je dois sentir mauvais, hors là, ce n’est pas du tout le cas. Ce n’est pas grave, je vais certainement trouver autre chose pour me sortir de ce petit guêpier suite à l’erreur que j’ai commise. Le même individu réagit sur le fait que je leurs dis qu’ils sont différents en m’avouant que c’est le mot qui convient parfaitement. Le mangeur de viande crue me pose une question plutôt intéressante : « Quel est votre problème ? » Il rajoute également si j’ai besoin de protection pour suivre deux animaux comme eux dans une ruelle sombre et c’est là qu’une nouvelle idée me vient en tête. Finalement, ils décident de se présenter à moi, l’un s’appelle Gabriel et l’autre souhaite que je l’appelle l’Ours. Cela ne me dérange pas du tout de l’appeler de cette façon, bien au contraire et je leurs adresse un petit sourire avant de me présenter également.

« Enchantée de vous connaître tous les deux, je m’appelle Angela. »

Alors que je viens tout juste de descendre de mon petit perchoir, l’homme tigre ou plus précisément Gabriel se rapproche de moi pour continuer à humer mon odeur et j’ai un petit geste de recule pour lui montrer que j’ai peur. L’Ours prend de nouveau la parole, me demandant si je ne préfère pas garder l’argent pour moi vu qu’il semble que je sois celle qui en a le plus besoin si bien sûr, je prétends être ce que je suis réellement : une sans abri. Je suis impressionnée sur le coup, ils ont découvert que je n’en étais pas vraiment une et si le jeu s’arrêtait là, j’aurai certainement applaudit mais je veux que ce dernier continue.

« Vous avez raison… Je ne suis pas vraiment une sans abri où du moins, je le suis depuis peu… »

Ayant trouvé une autre idée, je m’empresse de leur faire part afin qu’ils ne doutent plus de ma personne.

« Je vais être honnête avec vous, je vous dois bien cela… Je vous ai suivi jusqu’ici lorsque je vous ai aperçu dans la rue… »

Je marque un moment de silence, portant mon regard sur eux pour observer la moindre réaction de leurs parts et je reprends ensuite la parole.

« Je vous donne tout ce que j’ai car je souhaite être protégée… La raison de cette demande est très simple, je suis accusée d’un meurtre que je n’ai pas commis… et on compte me le faire payer en m’enlevant la vie… La police n’est pas au courant et je n’ose pas aller les trouver car je ne veux pas être enfermée… »

Tellement que je suis douée et que je joue tellement bien la comédie, j’arrive à trembler tout en sanglotant pour tenter de leur faire croire à cette vérité.

« Je vous en prie… aidez-moi… » D’une voix tremblante.

La fille changeait d'histoire. Voilà qui était intéressant. Le problème était que l'histoire expliquait trop bien les choses. L'odeur, l'offre et pourquoi elle les avait abordés eux. En plus, elle utilisait celle que Bob lui avait suggérée. Ce n'était pas vraiment crédible aux yeux de Gabriel. Pourtant, la manière dont elle réagit lui fit presque douter. En plus, déballer qu'on était accusé de meurtre aussi vite. C'était un détail plutôt louche. Il l'avait fait avec Bob en avouant son acte, mais lui c'était au Canada. On ne pouvait rien contre lui à New York. De toute manière, il était apte à se défendre. La fille était dans une position de faiblesse totale en face d'eux. Elle avait soit un instinct de survie très étrange pour avoir plus peur de la police que de deux hommes comme eux. Gabriel rit et se lança :

— C'est commode comme histoire, même un peu trop commode. Moi, à ta place, j'aurai été à la police. Ça aurait été plus sécuritaire que d'aller engager les deux mutants les plus effrayants du coin.

Il s'approcha en la coinçant contre le mur et en montrant les dents. Le but était visiblement de l'effrayer. Il comptait que Bob comprenne la manoeuvre et n'intervienne pas. L'hybride avait bien choisi sa position. Si la fille était dangereuse, il était suffisamment prêt pour l'avoir en premier. Elle n'était sans doute pas capable de l'affronter au corps à corps.

Soudain, un détail lui revint en mémoire. Elle disait les avoir vues dans la rue puis les avoir suivis. Ça ne fonctionnait pas. Bob l'avait suivi un instant, mais était arrivé bien après lui.

— En plus, nous n'étions pas ensemble dans la rue et nous ne sommes pas arrivés ici en même temps. Comment aurais-tu fait pour nous suivre ?

Il lui mit une main sur la gorge pour la plaquer au mur et dans un rugissement dit :

— Dit la vérité et vite.

Les dés étaient jetés. À ce stade, si elle pouvait se défendre, elle allait forcément le faire. Il grognait bruyamment en montrant ses crocs à quelques centimètres du visage de la fille. Le jeune homme se retenait, mais une part de lui avait bien envie de la saigner sans attendre. Ce serait plus prudent et on arrêterait de perdre son temps. Il se retenait par peur de faire une erreur. Si ce n'était pas une ennemie et qu'il la tuait, il se sentirait mal. Alors, à moins d'avoir la capacité de le repousser, elle avait intérêt à montrer patte blanche.

Soudainement, la fille disait être une mutante. C'était plausible, mais pas parfait. Elle avait apparence humaine, la police l'aurait aidé tout de même, car il n'aurait pas deviné sa nature mutante. Il décida de lui faire conter toute l'histoire. Il trouverait sans doute une incohérence en cour de route. Ça collait trop bien. L'histoire semblait s'adapter à ce qu'il avait besoin d'entendre. C'était ce qu'il y avait de plus louche. À chaque fois qu'il posait une question, elle avait la réponse allant avec. Gabriel avait besoin de certitude, pas de lui faire confiance aveugle. Au pire, il aurait toujours la possibilité de demander une preuve.

Avant tout, il décida de commencer par la base.

— Qui es-tu supposé avoir tué et comment ?

C'était un bon début. La réponse avait intérêt à être la bonne. Elle n'était tout de même pas accusée de lui avoir tiré dessus. Il fallait que ça la mette en cause d'une manière bien particulière. Car si ceux qui la poursuivaient ne savaient pas quel est sa vraie nature, pourquoi avoir peur de la police. Elle avait juste à se taire sur son pouvoir. C'est pour cette raison qu'il demandait ça à la place de demander quel pouvoir elle possédait.

Gabriel changea sa prise sur Angela en descendant sa main pour ne pas lui écraser la gorge. Il la voulait volubile et on ne parle pas beaucoup en ayant de la difficulté à respirer. L'hybride continuait pourtant à émettre un grondement caverneux du plus profond de sa gorge. Comme un tigre qui s'apprête à rugir. C'était autant par rage que pour impressionner sa prisonnière. Il y avait des bons côtés à avoir une apparence comme la tienne. Il espérait ne pas découvrir quelque chose de trop risqué. Gabriel n'était pas très chaud à l'idée d'aller affronter des hommes armés pour une étrangère.

L'homme tigre commença à presser son interlocutrice avec de nombreuses questions.

— Qui te poursuit ? Quel genre d'armes ont ceux qui te poursuivent ? Quel est ton pouvoir ? Où habites-tu ? Je veux des détails. Beaucoup de détails !

Il frappa le mur à côté de la tête de la fille pour la faire paniquer un peu. En ajoutant ce coup au fait qu'il montait de ton et criait presque, il espérait faire commettre une erreur Angela. Ce n'était pas très humain, mais ça pouvait marcher. L'idéale, c'était d'éviter qu'il perde le contrôle de lui-même. Il ne doutait pas de sa propre force, mais on ne savait jamais sur ce qu'on pouvait tomber. La fille avait elle-même admis être une mutante.

En écoutant Angela, Gabriel a envie de rire. Non à cause de ce qui est arrivé, mais du fait que ça ne justifiait rien. Personne n'était au courant pour son pouvoir. Personne ne pourrait deviner qu'elle était mutante. Il aurait compris si son pouvoir avait été de lancer du feu et qu'on a retrouvé un homme carbonisé. Il y avait aussi le fait que les gardes du corps lui aient tiré dessus. C'est prendre les grands moyens pour une si petite femme. Gabriel était certain qu'un homme entraîné s'en serait occupé sans arme à feu. Il ne se gêna pas pour le signaler rapidement.

— Ça ne colle pas. Qu'est-ce que tu ne dis pas ? Pourquoi ont-ils tiré tout de suite ? Pourquoi aucun d'entre eux n'a été capable de t'atteindre ? Tu n'as sûrement pas dévié les balles, ça va trop vite pour quelqu'un qui ne bouge que de petit objet.

Gabriel ne relâchait pas sa prise. Elle se montrait trop parfaite. L'histoire collait trop bien. En plus, la poursuite n'avait pas été très longue pour qu'elle est eu le temps de se laver, de se changer et de trouver de l'argent.

Soudain, une idée le frappa et il se mit à la renifler avec intensité. Il lui attrapa les mains pour les sentir et les examiner. Elle devrait porter l'odeur du sang sur elle. Ou en avoir sous les ongles. À défaut d'au moment du meurtre, elle devait s'en être mis sous les ongles en se lavant, à défaut d'en avoir eu en se réveillant. Elle n'avait sans doute pas eu la possibilité de se récurer à fond si son histoire était vraie. Elle restait sans doute une preuve sur elle si son histoire était vraie.

— Où sont tes vêtements tâchés de sang ? Dit-il. Ce ne sont pas ceux-là. Où les as-tu mis ?

Il devait subsister une autre trace de son histoire que sa simple parole. On n'effaçait pas un meurtre aussi facilement. Gabriel avait lu suffisamment de livres policiers pour savoir que la police scientifique pouvait trouver beaucoup de choses auxquelles on ne pense pas. En plus, il devrait percevoir des choses grâce à son odorat. L'homme-tigre sentit aussi les cheveux, car si elle les avait lavés, ils seraient encore mouillés à cette longueur. Ils devaient donc encore être imprégnés des odeurs de la veille. L'odeur du sang ou celle du bar devrait être encore dessus. Peut-être une odeur de cigarette ou d'alcool. Le genre d'odeurs que l'on retrouve sur les gens qui vont d'en se genre d'endroit.

Gabriel réfléchissait aussi à l'autre option. Si elle disait la vérité. Quelqu'un aurait mis une drogue dans son verre. Du GHB peut-être ? Ça avait ce genre d'effet. Une personne mal intentionnée aurait eu la possibilité de la coucher dans cette chambre. Le sang en coulant aurait taché sa robe, mais où étaient les traces ?

Soit cette fille avait une chance insolente, soit ceux qui la poursuivaient n'étaient pas très compétents. Ils avaient ouvert le feu sans sommation sur elle et l'avaient manqué à chaque fois. La police va la chercher chez elle pour l'arrêter, mais laisse la porte arrière sans surveillance. Ça ne montrait pas une franche détermination à l'arrêter. En plus, elle ne semblait au courant de rien. C'était beaucoup de problème pour coincer une mutante anonyme. Peut-être le type était'-il un homme important ?

— As-tu entendu parler de la mort du type dans les journaux ou quelque chose du genre ?

En plus, elle ne sentait pas le sang. Elle l'expliquait par le fait qu'elle est eu le temps de se changer. C'était un peu trop pratique. On la coince deux jours dans la rue, mais juste après la disparition de toutes les preuves de son histoire. Il y avait trop de choses qui arrivaient au bon moment dans son histoire. De plus, pourquoi l'utiliser elle. Si c'était un coup monté, pourquoi l'utiliser elle. Ils leurs fallaient lui trouver un mobile. Ce ne pouvait pas être un meurtre gratuit.

— C'est quoi ton travail ?

C'était peut-être une prostituée ou quelque chose du genre. Ça en aurait fait un bouc émissaire idéal. On pouvait dire qu'elle l'avait tué pour le volé ou parce qu'il se montrait violent. Elle n'aurait personne pour la défendre, on ne la croirait pas et on pouvait facilement la démolir. Gabriel décida aussi d'inspecter ses avant-bras. Peut-être avait-elle des marques de piqûres? Une junkie serait encore plus facile à coincer. C'était des menteurs et personne ne se souciait d'eux. Il devait y avoir quelque chose du genre dans sa vie pour qu'on l'ait choisie. Quelque chose qui rendrait son histoire crédible. On ne se méfie pas aussi vite de la police sans raison.

— As-tu vu quelqu'un de suspect le soir avant de perdre la mémoire ? Un garde du corps du mort ou un truc du genre. Un homme a pu te tourner autour. As-tu laissé ton verre sans surveillance ?

Il voulait des informations. Quelque chose qui pouvait faire que cette histoire soit cohérente. Il n'était pas possible qu'elle soit subitement tombée inconsciente au moment où des gens aient eu besoin d'un bouc émissaire. On l'avait sûrement repéré avant.