Cela faisait toujours un vacarme extraordinaire lorsque le train pesait de tout son poids sur les structures d’acier. Le bruit, les secousses puis la vague de chaleur, malsaine et étouffante.
Daniel ferma les yeux se laissant pénétrer par la sensation devenue maintenant régulière et quasi rituelle. Il jeta un léger coup d’œil en contre bas lorsque le long serpent rouillé fut à nouveau dévoré par les entrailles de la cité New yorkaise.
Il esquissa un sourire car c’était toujours la même pensée qui se manifestait alors « Ce n’est pas pour aujourd’hui ». Il avait tout calculé depuis presque 6 mois. Le métro de 4h55, le temps qu’il fallait pour enjamber la barrière au moment donné : et puis si ce moment ne venait pas, il suffisait de ralentir les choses, ca aussi il le savait car ce n’était pas un problème.
Il aimait dire lors d’un langage alibi avec un tiers qu’un train l’attendait quelque part.
La vérité était qu’il connaissait bien ce train, chaque nuit il avait rendez-vous avec lui et chaque fin de nuit il déclinait l’invitation.
Le choix de mourir, peut être la lâcheté.
Il lui fallait cette porte, c’était devenu un repère. Les choses, d’années et années, étaient devenues lourdes et pesantes. La solitude et le secret.
Lorsqu’on finit par se sentir seul parmi la multitude c’est que déjà vos vêtements ont l’odeur de la terre. Mais Daniel savait depuis longtemps que sa génération marchait parmi les ombres du souvenir. Et les choses changeaient, des êtres extraordinaires se montraient en plein jour, en d’autre temps c’était pure folie. Daniel avait trop l’habitude de l’ombre pour avancer dans la lumière mais parfois il aurait aimé que les choses fussent différentes.
Au dehors le jour se levait, les humains allaient s’extirper des songes, vivre, faire l’amour, souffrir, ou mourir…Et lui serait là pour observer, comme chaque fois, prostré dans ses contradictions.
Il s’appuya à la balustrade et porta son regard bleu délavé vers la ville. Certains diront que la nuit est dangereuse, Daniel répondra que c’est vivre qui l’est et ceux qui sont déjà morts en dedans n’ont pas vraiment de craintes à avoir.
Il s’absorba dans ses pensées comme à l’accoutumée écoutant le ronronnement bien huilé d’une routine insupportable.
[Fin du rp pour l'heure]