Au gré des couloirs [PV Roween] [SUJET TERMINÉ]

Une fois encore, il était tard. Lénore s’était réveillée avec des maux de ventres et, après avoir tenté d’en faire abstraction en se retournant de l’autre côté afin de continuer à dormir, elle s’était finalement résolue à se lever et à aller faire un petit tour. Dehors, à l’infirmerie, à la salle de bain dans le pire des cas.
Or, si elle était dans cet état, elle ne pouvait que s’en blâmer elle-même. Il y avait eu un énorme dîner du Réveillon et Lénore n’avait pas su écouter son estomac lorsque celui-ci lu avait fait comprendre qu’il en avait eu assez. Non, elle avait préféré reprendre un autre morceau de rôti et une troisième part de gâteau, comme si ce festin allait être le dernier de son existence.
Peut-être avait-elle une raison de manger autant: cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus connu pareil festin, car après la mort de son père, sa mère avait banni toute célébration de sa maison et Lénore n’avait plus connu de dîner de Réveillon depuis. D’ailleurs, lorsqu’elle appris que l’Institut allait se mettre à l’heure des fêtes, Lénore en fut enchantée. Oh oui, elle avait fait la fête, plus que de raison…et maintenant, elle devait faire face au résultat de sa gourmandise démesurée. Il fallait pourtant dire que la cuisinière n’arrêtait pas de l’encourager à manger plus, lui répétant sans cesse qu’elle était trop pâle, trop maigre, trop frêle et, si elle continuait ainsi, ce seraient « les microbes qui la mangeraient ».

Lénore eut un demi-sourire: malgré sa faculté qui la terrifiait, les gens se montraient gentils avec elle et, petit à petit, elle parvenait à ne plus sentir sans cesse le désir de se cacher lorsqu’elle croisait quelqu’un au gré des couloirs. Aaron avait raison: ici, les choses étaient différentes, les personnes étaient différentes et, même si il lui faudrait sûrement plus de temps qu’aux autres, elle allait finir par s’y faire. Lénore ne savait pas si, un jour, elle allait apprendre à dominer, voir à apprécier son pouvoir, mais maintenant, elle croyait possible d’apprendre à vivre avec lui au quotidien.

La lampe de poche en main, Lénore s’arrêta face à une intersection. Infirmerie ou terrasse…ou peut-être quand même salle de bain? La jeune fille hésitait, tout comme son estomac.

Comme à son habitude, Roween vivait la nuit, et comme à son habitude encore, elle avait choisi de quitter son corps afin de profiter de toute la liberté que sa forme spectrale lui octroyait. Si Lénore avait cru faire la fête, elle aurait vite changé d’avis en découvrant le programme chargé de Roween, qui venait seulement de rejoindre l’Institut après avoir passé une bonne partie de la nuit dehors, en ville, à fêter le réveillon à sa façon : elle avait traîné dans divers soirées alors qu’elle était invitée dans aucune d’entre elle et s’était amusée à hanter des objets divers et variés. Esprit de noël oblige, Roween était particulièrement fier de son interprétation du sapin de noël victime de démangeaisons et qui avait fini par secouer tronc et branches avec énergie, faisant ainsi voler bougies, guirlandes et boules multicolores. Elle avait adoré voir les mines déconfites des invités, qui en avaient rapidement oubliés leurs petit fours. Roween avait trouvé dommage de devoir se rendre aussi matériel pour être capable de manger, et elle avait juré de prendre sa revanche plus tard, en allant dévaliser le frigo de l’institut une fois de retour au bercail.

N’ayant pas envie de se faire pincer, Roween n’avait pas pris la peine de passer par la porte, mais avait choisi la voie la plus directe en traversant un mur après l’autre, visitant ainsi plusieurs salles d’études, un placard à balais, une salle d’informatique et la salle de bain des garçons, malheureusement déserte à ces heures. Elle avait hâte de réintégrer son corps afin d’aller assouvir sa faim et traversa un dernier mur qui la séparait du couloir menant au dortoir, lorsqu’elle se retrouva nez à nez avec une autre fille, une petite blonde en chemise de nuit qui tenait une lampe de poche à la main et qui, visiblement, ne s’attendait pas à voir une camarade sortir d’un mur.
« Bouh ! », fit Roween et leva les bras, tordant ses doigts comme des griffes.

Lénore n’avait rien vu venir et était en effet bien loin d’imaginer de voir d’un instant à l’autre une autre fille traverser le mur et apparaître devant elle. Depuis son arrivée à l’Institut, elle avait du apprendre à accepter ce qui avait été jusque là impossible et de l’intégrer dans son quotidien, mais de là à ne pas broncher devant une telle apparition – non, ça, c’était trop lui demander, surtout qu’il faisait nuit noire et qu’elle avait déjà vu ce genre de scène dans des films d’horreurs: elle, Lénore, tenait sans doute le rôle de la petite blonde idiote et naïve qui venait d’emménager dans la nouvelle maison et qui entendait du bruit la nuit. Il ne lui manquait plus que la chemise de nuit ultra courte et une devanture plus abondante, sans oublier le traditionnel « qui est là ? » ou « j’appelle la police ! » avant que le fantôme ne surgisse de nulle part et se jette sur elle, la faisant dégringoler dans les escalier afin qu’elle se brise le cou sur les marches.

Pourtant, Lénore n’eut même pas le temps de sortir l’une de ces phrases types, car elle ne s’attendait pas de voir un esprit lui sauter dessus, et tout ce qu’elle fut capable de faire se résuma à un cri perçant et de lâcher sa lampe de poche, qui roula sur le sol et s’immobilisa en heurtant le mur.
Lénore ne croyait pas aux fantômes. Lorsqu’elle était enfant, elle avait vu des films d’épouvante, confortablement blottie dans les bras de son père, à l’abri de tout danger et de tout esprit frappeur. Là, par contre, elle commençait à avoir des doutes, à moins que les murs ne soient plus ce qu’ils étaient avant et laissaient désormais passer les gens.

Le spectre de la fille avait levé les mains et courbé les doigts, visiblement consciente – et enchantée ! – d’avoir infligé à Lénore la peur de sa vie. Sans s’en rendre compte, Lénore avait reculé de deux pas, tandis que l’autre n’avait pas bougé. Son cœur tambourinait jusque dans ses oreilles et lui fit soudain encore plus mal que son ventre – qu’elle avait oublié pour le moment, consciente d’avoir d’autres problèmes dans l’immédiat.

Lénore fit de son mieux pour se remettre à respirer à peu près normalement afin d’articuler quelques mots. Peut-être que tout cela allait s’expliquer et qu’elle s’était fait une frayeur pour rien…ou pour presque rien.
« Qu’est…qu’est-ce que tu es ? Que fais tu ici ? », parvint-elle à articuler, pourtant consciente que ce n’était peut-être pas le bon moment pour poser des questions et qu’elle aurait mieux fait de prendre ses jambes à son coup…

Lorsque Roween avait surgi du mur, la blondinette, qui était devenue encore plus blême qu’elle l’avait été à la lumière blafarde de sa lampe de poche, poussa un cri à vous glacer le sang, laissa tomber sa lampe de poche et recula, visiblement effrayée. Durant un instant, Roween hésita entre la théorie que la fille allait prendre ses jambes à son coup et celle qu’elle allait s’évanouir sur le champ. Pour une première rencontre nocturne du troisième type, c’était plutôt réussi, du moins pour Roween, qui venait d’infliger une authentique peur bleue à sa camarade. Par contre, vu le visage blême de la blondinette, Roween espéra soudain de ne pas être tombée sur une cardiaque qui allait tout simplement mourir de peur.
Crainte heureusement infondée, car la fille aux cheveux blonds semblait bien vouloir survivre pour cette fois et tenta même de parler. Roween décida de l’encourager quelque peu en baissant les mains et en les posant sur ses hanches en signe d’attente.
*Allez, je n’ai pas toute la nuit*, songea-t-elle en voyant l’autre faire des efforts considérables pour sortir deux petites questions totalement bidon, mais cela semblait être le maximum dont elle était capable. Dommage. Roween aurait aimé faire l’essai et lui passer à travers (littéralement, bien sur !), mais la petite blonde ne l’aurait peut-être pas supporté.

« Quelle question, je suis une pensionnaire. Et ce que je fais ici est évident, non ? Je passais lorsque tu es apparue sur mon chemin »
Roween afficha un large sourire. Sans doute que la petite blonde voyait les choses autrement, mais si elle avait quelque chose à dire, Roween l’entendrait sûrement encore assez tôt. « Et toi, qu’est-ce que tu fous dans les couloirs au milieu de la nuit ? Tu ne sais pas que tu pourrais y faire de mauvaises rencontres ? »
Roween décrocha un nouveau sourire indéfinissable et se baissa pour ramasser la lampe de poche. *LAMPE *, songea-t-elle et referma sa main devenue matérielle autour de l’objet. Elle dirigea le faisceau lumineux sous son menton, laissant l’ombre et la lumière se disputer la part du lion sur son visage.
« Désolée si je t’ai fait peur », dit-elle d’un ton qui voulait dire tout le contraire, « mais passer la les portes est une telle perte de temps. »

La chose parlait – pour un fantôme, ce n’était déjà pas mal, surtout que sa voix n’avait rien de bien terrifiant. Le spectre baissa les mains et les posa sur ses hanches, dévisageant Lénore d’un air presque amusé.
« Quelle question, je suis une pensionnaire », répondit-elle à Lénore, comme si le fait de déambuler dans l’Institut en traversant les murs était parfaitement normal. « Et ce que je fais ici est évident, non ? Je passais lorsque tu es apparue sur mon chemin »
L’autre afficha un large sourire, tandis que Lénore commençait à ressentir de l’indignation. Une seconde…c’était elle qui se retrouvait accusée d’être sur le chemin de l’autre? Encore un peu tremblante, Lénore cherchait les mots pour dire à cette fille spectrale que le couloir ne lui appartenait pas, mais l’autre avait déjà poursuivi son discours.

« Et toi, qu’est-ce que tu fous dans les couloirs au milieu de la nuit ? Tu ne sais pas que tu pourrais y faire de mauvaises rencontres ? »
Des mauvaises rencontres ? Oui, elle venait d’en faire l’amère expérience. L’autre se baissa, attrapa la lampe de poche de Lénore et dirigea le faisceau sous son menton, comme si elle s’apprêtait à raconter une histoire de fantôme particulièrement terrifiante.
« Désolée si je t’ai fait peur », lui dit-elle d’un ton qui indiquait pourtant tout le contraire, « mais passer par les portes est une telle perte de temps. »

Lénore était vexée, presque fâchée de s’être fait prendre aussi facilement et du plaisir qu’en retirait l’autre à lui avoir fait si peur. Pourtant, sa fierté se trouva rapidement reléguée au second rang derrière une intense curiosité: après Aaron qui faisait changer de forme aux objets, elle avait vu une fille traverser un mur et pourtant parvenir à ramasser une lampe de poche. Décidément, il y avait, dans cet Institut, des gens aux pouvoirs réellement extraordinaires, et Lénore était encore bien trop étonnée pour s’y habituer. Elle se contenta donc de ravaler sa rengaine et de tendre une main gantée vers sa lampe de poche pour se la réapproprier.
« Je n’arrivais pas à dormir », expliqua-t-elle docilement à sa camarade. « …Par contre, je ne m’attendais pas à…a voir quelqu’un traverser le mur. C’est vraiment…vraiment extraordinaire…comment tu fais? »
Lénore ne pouvait s’empêcher de poser cette question à sa camarade, bien qu’elle savait pertinemment qu’elle-même ne pourrait jamais en faire autant. Les pouvoir semblaient être aussi différents qu’une couleur de cheveux ou qu’un type de peau et tout aussi inégalement réparti que l’aspect physique.

Heureusement, la petite blonde était encore debout. Elle n’était pas morte de peur, ni s’était évanouie à la vue de ce fantôme qui traversait les murs. Roween avait tout de même été un peu surprise que cette autre fille ait eu si peur d’elle alors qu’elles se trouvaient dans un Institut réservé aux personnes avec des pouvoirs hors du commun. Roween aurait compris que la blondinette ait sursauté, mais une pareille trouille ? Cela faisait un bon bout de temps qu’elle n’avait pas foutu une telle frousse à quelqu’un, du moins pas depuis cette fameuse nuit à laquelle Roween ne voulait plus penser.
Lentement, la petite blonde paraissait se remettre de ses émotions. Elle expliqua à Roween qu’elle était insomniaque et donc noctambule forcée et tendit la main pour récupérer sa lampe. Roween la lui rendit et haussa les épaules lorsque la fille lui demanda comme elle était capable de faire ce qu’elle avait fait. Roween sourit, ayant particulièrement apprécié le côté « extraordinaire » que la blonde attribuait à son pouvoir.

« Rien de plus simple, ma belle : tu largues ton corps et tu vas te balader. Je suis sure que tu as déjà fais des trucs comme ça dans tes rêves. » Roween pointa son doigt spectral vers les mains de la fille. « Et toi, en plus d’être insomniaque, tu es frileuse des mains ? Tu ne dois pas toucher des les choses, c’est ça ? Allez, c’est quoi ton truc à toi, racontes-moi. »
La fille aux cheveux blonds n’avait pas l’air bien bavarde, ni tout à fait rassurée, raison de plus pour Roween de parler deux fois plus. Quelque chose dans cette fille lui rappelait une image de très désagréable, l’image d’une autre petite fille, plue jeune encore que blondinette qui ne devait pas avoir beaucoup plus que quatorze ou quinze ans, qui rasait les murs de son école et aurait tout fait pour s’évaporer dans la nature. Roween la chassa.
« Je suis Roween, mais si tu me trouves un nom plus fantomatique, ça me va aussi. »

Lénore récupéra sa lampe relativement facilement, car l’autre fille se contenta de la lui tendre et la jeune fille la repris, prenant bien garde de ne pas toucher ne serais-ce qu’un doigt fantomatique de l’autre.
La brune n’avait pas l’air surprise ou vexée face aux questions de Lénore, mais limite étonnée que celle-ci pouvait poser de telles questions en plein milieu d’un Institut où ceux qui n’avaient pas de pouvoirs étranges étaient quasi inexistants.

« Rien de plus simple, ma belle », répondit sa camarade d’un air détaché, comme si il n’y avait rien de plus normal que de traverser l’Institut en faisant fi des murs et des portes fermées, « Tu largues ton corps et tu vas te balader. Je suis sure que tu as déjà fais des trucs comme ça dans tes rêves. »
Lénore secoua la tête. Non. C’était tout simplement impossible….quitter son corps? C’était absurde, et pourtant…elle avait vu comment cette fille avait traversé un mur. Décidément, cet Institut ne cessait de défier l’imagination.

La jeune fille pointa un doigt vers Lénore, qui aurait aimé cacher ses mains derrière son dos. Trop tard…elle avait été prise sur le fait et tenter de cacher ses mains gantées n’aurait qu’accentué sa tentative infructueuse.
« Et toi, en plus d’être insomniaque, tu es frileuse des mains ? Tu ne dois pas toucher des les choses, c’est ça ? Allez, c’est quoi ton truc à toi, racontes-moi. »
Lénore aurait tant aimé répondre que, en effet, elle avait tout le temps froid aux mains, mais cela n’allait pas ensemble avec son environnement bien chauffé et ses pieds nus. L’autre n’était pas idiote et elle avait compris que les gants de Lénore avaient quelque chose à voir avec son pouvoir.

Lénore baissa les yeux alors que l’autre se présentait. Elle s’appelait Roween et elle paraissait un peu plus âgée qu’elle, qui décida de commencer par la chose la plus simple à gérer: son nom.
« …Et moi…Lénore », commença-t-elle, incertaine face à la suite des évènements. Comment parler de sa tare à une fille qu’elle ne connaissait même pas? Lénore se prit à paniquer lorsqu’elle repensa soudain à sa conversation avec Aaron. En présence d’Aaron, elle avait réussi à lui parler de ce qu’elle pouvait faire, et si elle y était parvenue une première fois, elle allait certainement pouvoir recommencer. Lénore releva son regard vers la brune Roween et se força à parler.
« Lorsque je touche quelque chose ou quelqu’un, je…je vois des choses. Je sais que c’est mal, je sais que je ne devrais pas…mais je n’ai pas le choix. Je vois les choses qui veulent ressurgir depuis longtemps…je crois que je dois leur donne une voix. »
Lénore baissa les yeux sur ses pieds nus. En avait-elle trop dit ? Peut-être. Certainement, mais une fois lancée, c’était si dur de s’arrêter. Elle ne parvenait pas encore à décrire son pouvoir d’une manière claire et concise, mais elle y travaillait.
« C’est pour cela que je porte des gants…parce que je ne peux pas le contrôler…et que c’est souvent douloureux. Pour l’autre et pour moi. »

Lénore. Roween se creusa la tête, cherchant où elle avait déjà entendu ce prénom, mais cela ne lui revint pas. C’était dans un livre, de cela, Roween en était absolument sure, mais lequel ? Elle en n’avait pourtant pas lu beaucoup dans sa vie et en avait retenu encore moins. Pourtant, Roween avait juste l’impression que cette fille portait son prénom à la perfection : blonde, pâle et délicate, tout ce qu’on attendait de celle qui portait un tel prénom. Lénore avait également ce petit côté timide et hésitant, que Roween trouvait à la fois marrant et dérangeant, car la elle mettait beaucoup de temps à parler, comme si elle devait à chaque fois se rappeler comment faire fonctionner sa voix. Roween n’avait que peu de patience et elle n’aimait pas perdre de temps, mais le fait que la petite Lénore prenne autant de temps pour ce décider à parler faisait sans doute partie du personnage.

Enfin, Lénore se décida, mais ce qu’elle disait ne voulait, au premier moment, pas sortir d’une manière vraiment claire. Roween du remettre les pièces à sa place pour se faire une première image du pouvoir de Lénore et de la vision que cette fille avait de ses facultés. Lénore avait baissé les yeux comme si Roween venait de l’attraper en flagrant délit de quelque chose de coupable, de sale et de mauvais, alors que Roween ne voyait toujours pas ce que sa camarade trouvait de si gênant. Bien sur, Roween avait compris qu’un tel pouvoir ne devait pas toujours être très pratique, surtout pas si il venait lorsqu’on ne le lui demandait pas, mais le fait de découvrir les vilains petits secrets des gens avait pour elle quelque chose de très intéressant. Avec un pouvoir comme Lénore, Roween avait déjà sa petite idée comme elle l’aurait utilisé à la place de sa camarade. Il n’était certes pas aussi impressionnant que le sien, mais Roween aurait quand même aimé le tester, en particulier sur certaines personnes qu’elle n’appréciait guère. Lénore avait parlé de douleur, chose que Roween avait de la peine à s’imaginer. Que se passait-il ? Lénore se brûlait-elle, et les autres avec ?
Mais ce qui avait profondément interpellé Roween était moins la définition du pouvoir même, mais plutôt la vision que Lénore semblait avoir de sa faculté.

« Hein ? Comment cela, tu sais que c’est mal ? » Roween ne comprenait pas et elle affichait sa perplexité au grand jour. « Quel mal y a-t-il à utiliser un don que tu as ? Surtout que, tu viens de le dire, tu ne fais pas exprès. »
Roween secoua la tête. Décidément, elle avait de la peine à se faire à l’idée. C’était ridicule. Tout comme elle et tant d’autres élèves, Lénore avait une faculté, mais contrairement aux autres, elle n’avait pas l’air de s’en réjouir.
« Il faut que tu m’expliques », repris Roween. « Tu n’es pas verte, ni bleue, tu n’es pas couverte d’épines ou de poils, tu as un don qui peut te faire connaître tous les petits secrets malpropres des autres…et tu n’as même pas l’air de t’en réjouir. Là, je ne te suis pas, Len. »

Visiblement, sa nouvelle connaissance semblait se poser quelques questions. Lénore en avait l’habitude, car c’était le genre de réaction que la plupart des gens montraient à son égard, et cela dans le meilleur des cas. Moqueries, railleries, colère ou peur représentaient certaines possibilités parmi les pires. Lénore se souvenait encore de la colère muette qu’elle avait vu, l’espace d’un instant, dans les yeux d’Aaron, mais Roween semblait tout simplement surprise. Bref, il y avait pire, mais Lénore ne se sentait pas rassurée pour autant.

« Hein ? Comment cela, tu sais que c’est mal ? Quel mal y a-t-il à utiliser un don que tu as ? Surtout que, tu viens de le dire, tu ne fais pas exprès. »
Lénore ouvrit la bouche pour répondre, mais elle du se rendre à l’évidence que, une fois de plus, elle ne savait pas quoi dire. Pour Roween, tout avait l’air si évident, si simple. Comment pouvait-elle expliquer à cette fille ce qu’elle ressentait lorsque son pouvoir se manifestait, cette impression de fouiller dans des choses qu’elle ne devait pas voir et cette douleur qui traversait tout son être lorsqu’elle n’avait d’autre choix que de partager, de subir les pires moments d’une vie, pour ensuite renvoyer les impressions à l’expéditeur lorsqu’elle ne parvenait pas à interrompre le contact à temps? Une fois, l’une de ces escapades forcées avait bien failli la tuer et les filles qui avaient partagés sa chambre l’avaient même crue morte. Lénore ne comprenait pas ce qui lui était arrivé, mais pour rien au monde, elle aurait renouvelé l’expérience.

« Il faut que tu m’expliques », demanda Roween. « Tu n’es pas verte, ni bleue, tu n’es pas couverte d’épines ou de poils, tu as un don qui peut te faire connaître tous les petits secrets malpropres des autres…et tu n’as même pas l’air de t’en réjouir. Là, je ne te suis pas, Len. »
Lénore secoua la tête: lui expliquer? Comment le pouvait-elle? Il lui avait fallu des semaines pour s’accommoder à son nouveau mode de vie et des nuits blanches à la chaîne pour comprendre ce qu’elle était. C’était à Aron qu’elle devait le fait de ne plus se croire maudite ou possédée, mais elle était encore loin d’accepter son pouvoir. Une fois encore, Lénore aurait tout fait pour échapper à cette conversation, mais maintenant, c’était trop tard. Oh, elle pouvait toujours prétexter une soudaine fatigue et retrouver au lit, elle échapperait ainsi à une série de réponse dérangeante…du moins pour cette fois, car entre temps, Lénore avait compris qu’une conversation telle que celle-là allait sans doute se reproduire. La plupart des élèves, incluant visiblement Roween, n’avaient aucun problème à accepter, parler et même montrer leur pouvoir et ils n’hésitaient pas non plus à demander ouvertement celui des autres. Lénore soupira intérieurement : autant avoir cette conversation tout de suite, avec cette fille qui n’avait pas l’air de vouloir la sermonner.

C’était déjà pas mal, en somme.

« Il n’y a pas longtemps que je sais ce que je suis…avant…je me croyait diabolique…maudite. Ma mère… » Lénore frissonna lorsqu’elle du prononcer ce mot, « …ma mère m’a dit que ce que je faisait était mal…et que c’était une punition. » Lorsqu’elle raconta cela, l’ancienne impression de honte qu’elle avait ressentie durant tant d’année revint. L’espace d’un instant, Lénore était redevenu un être à part qui faisait le mal autour de lui…puis elle se remémora sa conversation avec Aaron, cette fameuse conversation qui avait tout changé. *Non…je ne suis pas comme ça…*, songea-t-elle en essayant de se convaincre, mais elle du se rendre à l’évidence que c’était toujours aussi difficile.
« Maintenant, je sais ce que je suis…mais ce pouvoir…il…il me fait toujours aussi peur. Il ne peut pas être un don. »
Lénore serra ses mains l’une contre l’autre. Qu’elle le veuille ou non, elle ne parviendrait pas à se débarrasser de cette tare. Maintenant, il s’agissait d’en faire quelque chose…selon Aaron ou, selon elle-même, il fallait en faire le moins pire.

Plus elle restait avec Lénore, plus Roween la trouvait étrange. D’une certaine manière, cette petite blonde lui rappelait ce qu’elle avait été avant que son pouvoir ne se manifeste : une petite chose apeurée et peu sure d’elle-même qui ne parlait que lorsqu’elle n’avait plus le choix. Mais Lénore avait du pouvoir, un pouvoir assez intéressant même, si bien que Roween ne comprenait pas son attitude, et ce que la blonde tantait de lui expliquer ne lui rendit pas les choses plus évidentes à saisir : elle lui parla de malédiction, de sa mère et du fait qu’elle avait longtemps cru être diabolique. Sur le moment, Roween fut tellement surprise qu’elle ne parvint même pas à répondre.
*Hein ?! Mais elle est complètement fêlée, cette fille !*, pensa-t-elle en arquant les sourcils.
Lénore semblait se rendre compte que Roween se posait quelques questions sur ce qu’elle venait d’entendre, car elle s’empressa de rajouter qu’elle ne se prenait plus pour un démon mais qu’elle avait toujours peur de son pouvoir.

Durant toute l’explication, Roween n’avait pas bronché. Elle regarda Lénore serrer ses mains l’une contre l’autre et regarder par terre, comme une petite fille qui venait d’être interdite de dessert. Et c’est là que Roween se mit à rire. Doucement d’abord, puis plus fort, jusqu’à s’en tenir le ventre. Elle riait à en avoir les larmes aux yeux et mis une bonne minute à se calmer un minimum afin de pouvoir relever la tête et tenter d’expliquer son hilarité à Lénore.
« Maudite ? », répéta Roween en pouffant, « Je crois que tu devrais revoir de tout urgence les idées que tu te fais sur ton pouvoir…parce que moi, je ne vois pas de queue fourchue et de cornes. D’ailleurs, je suis sure que tu ne portes pas bien le rouge. » Roween s’essuya les dernières larmes et regarda Lénore avec son habituel sourire indéfinissable. « Non, désolée, mais franchement, je n’ai encore jamais entendu un truc comme ça. C’est complètement surréaliste ! Dis, as-tu déjà réfléchi à l’idée que tu es non seulement pas damnée, mais que tu as un pouvoir qui te donne la possibilité de t’amuser ? » Roween passa la main à travers le mur et la retira avant de se retourner vers Lénore. « Tu as un pouvoir, Len, un pouvoir que tous ceux là-dehors n’ont pas. Si tu es ici, c’est que tu es exceptionnelle. Toi, moi, tous ces freaks ici, nous sommes des élus ! Des êtres supérieurs, des êtres avec des dons ! Qu’attends-tu pour en profiter ? »

Au fur et à mesure que Roween continuait, elle avait gagné en passion et en assurance. Désormais, elle semblait s’adresser autant à Lénore qu’à elle-même, se remémorant ce fameux jour qui avait changé sa vie, celui où son pouvoir était apparu et qu’elle avait enfin eu toutes les armes en main pour se venger…et pour s’éclater comme jamais auparavant. Elle sourit à Lénore et s’approcha d’elle, jusqu’à presque la toucher. « Tu sais, tu devrais vraiment changer d’attitude. J’ai une idée : la prochaine fois que je vais me balader, tu m’accompagnes, et tu verra ce que je veux dire. »

Lénore n’avait aucune idée de ce qui allait venir. Peut-être que Roween allait la trouver tout simplement pitoyable et se détourner d’elle, ou peut-être allait-elle réagir comme Aaron et se mettre en colère face à tant de naïveté. Déjà, Lénore se disait qu’il aurait mieux fallu ne pas lui raconter tout cela, car elle se savait bien seule avec sa vision des choses, surtout depuis qu’elle était arrivée à l’Institut.
En face d’elle, Roween arqua les sourcils, si bien que Lénore s’attendait déjà à voir sa camarade lever une main et se taper l’index contre le front, afin de lui faire très clairement comprendre ce qu’elle pensait de cette idée. Pourtant, la réaction de Roween fut tout autre car, après un instant d’hésitation manifeste, elle se mit à rire.

Lénore ne savait pas comment réagir. Etait-ce un rire moqueur? En tout cas, Roween semblait avoir beaucoup de peine à se ravoir, elle se plia en deux et ria jusqu’aux larmes. Lentement, Lénore sentit le rouge lui monter aux joues. Mais qu’est-ce qui pouvait bien y avoir de si drôle? Et puis, Lénore ressentit une foule de sentiments en même temps, qui se disputaient la position dominante: honte, incompréhension et quelque chose que Lénore n’identifia pas immédiatement comme étant de la colère. Elle en colère? – Cela faisait longtemps, très longtemps que cela ne lui était pas arrivé, et lorsque cela avait été le cas, Lénore ne l’avait jamais montré au grand jour. Pourtant, elle la sentait bouillonner alors que Roween se tordait de rire.
Arrête!, voulait-elle lui dire, sans pour autant y parvenir. Il ne lui restait donc pas d’autre choix que d’attendre que Roween veuille bien cesser d’elle-même, ce qu’elle fit au bout d’une éternité.

« Maudite ? », répéta Roween en reprenant difficilement son souffle tout en s’essuyant les larmes de ses joues, « Je crois que tu devrais revoir de tout urgence les idées que tu te fais sur ton pouvoir…parce que moi, je ne vois pas de queue fourchue et de cornes. D’ailleurs, je suis sure que tu ne portes pas bien le rouge. »
Encore des railleries? Lénore fit son possible pour déterminer si oui ou non Roween se moquait d’elle, mais sa camarade ne se remit pas à rire. Roween sembla remarquer le désarroi de Lénore et repris de plus belle.
« Non, désolée, mais franchement, je n’ai encore jamais entendu un truc comme ça. C’est complètement surréaliste ! Dis, as-tu déjà réfléchi à l’idée que tu es non seulement pas damnée, mais que tu as un pouvoir qui te donne la possibilité de t’amuser ? » Roween passa la main à travers le mur, ce qui impressionna une fois encore Lénore. « Tu as un pouvoir, Len », repris Roween, étayant sa théorie, « un pouvoir que tous ceux là-dehors n’ont pas. Si tu es ici, c’est que tu es exceptionnelle. Toi, moi, tous ces freaks ici, nous sommes des élus ! Des êtres supérieurs, des êtres avec des dons ! Qu’attends-tu pour en profiter ? »

En profiter?

Lénore secoua la tête en signe d’incompréhension. Elle n’avait jamais songé de profiter de cette tare qui était la sienne, ni même à songer qu’elle était peut-être un être exceptionnel dans un sens non péjoratif. Jusqu’à présent, elle avait vu en sa particularité un fardeau lourd à porter qui n’avait rien à voir avec de l’amusement ou même une quelconque utilité. Inutile de préciser que l’avis de Roween sur la question était totalement différent. Loin de s’accommoder de sa différence, elle semblait en profiter. Jusqu’à un certain point, ce que disait Roween rejoignait ce que lui avait dit Aaron: sa faculté n’avait rien à voir avec une malédiction et encore moins avec quelque chose de mauvais, mais Roween faisait un grand pas de plus qu’Aaron. Pour elle, son pouvoir ne semblait pas seulement être une particularité, mais un véritable cadeau dont il fallait faire bon usage.
Lénore se sentait submergée. Elle aurait aimé s’asseoir, mais resta tout de même debout, ne trouvant pas de chaise à proximité. Roween sourit et s’approcha d’elle, très près, presque à distance de touche. Sous l’effet de l’émotion, Lénore en oublia même de faire un pas vers l’arrière.
« Tu sais, tu devrais vraiment changer d’attitude », lui conseilla Roween. « J’ai une idée : la prochaine fois que je vais me balader, tu m’accompagnes, et tu verra ce que je veux dire. »
Lénore regarda sa camarade comme si elle venait de lui proposer de sauter par la fenêtre du cinquième pour voir si elle était capable de voler. C’était fou, complètement fou…mais elle ne parvenait pourtant pas à passer outre de ce que Roween venait de lui suggérer.

« Tu…tu crois vraiment que…cela est possible? Que…je sois un jour capable de…d’utiliser mon pouvoir comme bon me semble? » Lénore osait à peine y croire, mais cette idée la séduisait. D’ailleurs, Roween semblait y parvenir d’une manière tout à fait satisfaisante, et elle venait de lui offrir de l’accompagner afin de lui démontrer son propos.
« D’accord, montre-moi », s’entendit-elle répondre avant d’avoir pris le temps de mesurer son propos. Lénore pouvait à peine croire à ce qu’elle venait de dire: avait-elle véritablement décidé d’accompagner Roween, cette fille qu’elle ne connaissait à peine mais qui venait de lui montrer une voie à laquelle elle n’avait jamais osé songer?

Soudain, Lénore songea à un menu détail qui lui avait échappé au milieu de toute cette nouveauté.
« …Mais…te balader…où voudrais-tu aller? Je crois que…l’école est fermée durant la nuit? », demanda Lénore, retrouvant soudainement son inquiétude pour des choses qui lui avaient semblé insignifiantes une seconde avant.

Même les yeux fermés, Roween aurait pu savoir que Lénore réfléchissait. Un peu plus et elle aurait pu entendre les rouages se mettre en marche derrière les mèches blondes de cette fille. Roween su instinctivement qu’elle avait du toucher juste, qu’elle venait de donner une piste à Lénore que celle-ci n’avait probablement jamais imaginé, ou jamais osé explorer jusque là. Restait à savoir si cette Lénore en avait assez dans le ventre pour se laisser véritablement tenter, pas si facile pour celle qui croyait manifestement au Diable et qui était sûrement capable de lui réciter toute la bible par cœur, tout en faisant les voix différentes et en marchant sur les mains.
Roween compta les secondes. Lorsqu’elle arriva à quinze, Lénore répondit enfin, ou du moins, elle le tenta, mais cela se termina uniquement en une contre question. Si c’était possible ? – Bien sur que c’était possible, Roween était bien placée pour le savoir ! Il était possible d’utiliser son pouvoir, de chercher à aller de plus en plus loin, repoussant les limites encore et encore, jusqu’à découvrir un nouvel aspect. Visiblement, Lénore n’avait encore jamais tenté d’aller plus loin mais, au contraire, elle avait jusque là tenté de cacher, de réprimer son pouvoir. Quel gâchis monumental !, songea Roween.

« D’accord, montre-moi »
Très surprise, Roween leva la tête. Avait-elle un problème aux oreilles ou est-ce que la petite Lénore venait de lui donner son accord ? La blonde avait l’air surprise d’elle-même, peut-être terrifiée, mais ce qui était dit était dit et Roween lui adressa un large sourire qui ne laissait rien présager de bon.
« …Mais… », commença-t-elle, hésitante, et Roween pensa aussitôt qu’elle allait revenir en arrière, mais à sa grande surprise, il en était rien. La seule inquiétude de Lénore était celle que l’école était fermée la nuit.
« Cela n’est absolument pas un problème », la rassura Roween en affichant un nouveau sourire carnassier. « Et si on te demande ce que tu fais dehors, tu peux toujours dire que tu n’en savais rien. Et après tout…un peu d’air frais, ça ne pourra pas te faire de mal, non ? »Roween s’amusait. Maintenant, elle tenait la petite Lénore et elle n’allait pas la lâcher de si tôt. Elle voyait comme une mission personnelle de montrer à cette fille comment s’éclater avec ses pouvoirs, et elle n’allait pas se gêner pour traîner Lénore avec elle, et par ses beaux cheveux blonds si nécessaire.
« Samedi soir. Minuit. Hall d’entrée, dans un autre tenue un peu moins longue que ça » (Roween jeta un regard sur la longue chemise de nuit de Lénore), « Et surtout, tâche d’être à l’heure ! »
Roween fit un dernier grand sourire à Lénore, lui fit un petit signe de la main avant de se détourner et de disparaître à travers le mur.


[[HRP : Veux-tu que j’ouvre déjà un nouveau sujet ou as-tu d’autres RP à jouer entre deux ?]]

Lénore l’avait vu venir : depuis qu’elle avait croisé le chemin de Roween, elle avait immédiatement eu l’impression que celle-ci arrangeait les règlements à sa façon. Peut-être que cette impression n’avait pas été des plus sympathiques envers Roween, mais celle-ci lui prouva qu’elle avait eu raison car, suite à la remarque de Lénore, elle eut un large sourire et remarqua simplement que cela n’était « absolument pas un problème. » Elle lui conseilla également d’avoir l’air de rien si on lui posait des questions et affirma « qu’un peu d’air frais » ne pouvait faire de mal à personne.
Lénore se mordit la lèvre inférieure. Comment avait-elle pu donner son accord sans réfléchir une seconde? Maintenant, si elle se décidait à poser un lapin à Roween, elle était quasiment sûre qu’elle allait devoir supporter les regards de travers et les remarques de sa camarade dès qu’elle aurait le malheur de croiser son chemin. Maintenant, il était trop tard pour faire machine arrière: la décision était prise et tout ce que Lénore pouvait faire dès maintenant était de limiter au maximum les dégâts.

« Samedi soir. Minuit. Hall d’entrée, dans une autre tenue un peu moins longue que ça. Et surtout, tâche d’être à l’heure ! »
Lénore suivi le regard de sa camarade qui s’était posé sur sa chemise de nuit. Gênée, elle serra les bras autour de son corps et hocha lentement la tête. Lorsqu’elle releva les yeux, Roween n’était pas là et Lénore préféra ne pas se demander par où cette fille étrange avait bien pu passer.

« Mais pourquoi as-tu dis oui ? », s’interrogera-t-elle à haute voix, alors qu’elle sentait que la réponse était évidente: qu’elle en ait été consciente où pas, Roween lui avait ouvert une voie, une voie que Lénore n’avait jamais osé explorer, pour la simple et bonne raison qu’elle avait jusque là ignoré son existence. Maintenant, elle était curieuse. Lénore avait compris qu’il était possible d’aller beaucoup plus loin et non seulement d’apprivoiser, mais de parvenir à aimer son pouvoir…et à l’utiliser quand bon lui semblait. Oh, elle n’était pas sûre d’en arriver là un jour, mais il fallait qu’elle essaie. Autrement, Lénore savait qu’elle l’aurait regretté toute sa vie.



[[HRP: On peux faire le saut jusqu’au lendemain soir, je n’ai pas d’autres RP en cours. Je te laisse commencer et je te rejoins.]]