Lassie prend son bain (PV Pixel)

*Le paradis de tout grand gastronome ! Le rêve américain existe*

La porte du frigo était ouverte. Je n’avais que d’yeux sur son contenu. Il y avait de tout : viandes froides, fromages de toutes sortes, produits laitiers, côtelettes de porc, de veau, de bœuf, sauces enfermés dans un plat en plastique, jus, liqueur, TOUT ! Mais pas une bière ! Il fallait s’y attendre. Ce n’était qu’une école après tout…. Pas un bar ! M’avancant dangereusement, je m’empara de quelques ingréients afin de réaliser l’un de mes plus grands fantasmes : faire le plus gros sandwich n’ayant jamais exister. Mon dessein semblait si simple à réaliser : Deux pains sous-marins, beaucoup de viandes, d’olives, de fromage suisse, de tomates, de jalapenos et une petite touche de vinaigrette. Il ne manquait plus qu’un petit ingrédient afin d’activer à fond ces papilles gustatives qui me laissaient toujours profiter d’un si bon repas : un peu de wasabi. En farfouillant dans les tirroirs du réfrigérateur, je tomba sur un tube de cette petite pâte verte. Je ne pus m’empêcher d’en mettre quelques mottons afin de pimenter la saveur. Aimant déguster tout ce qui était épicé, j’allais être servi.

Pour être sur que le tout tiennes, je me dirigea vers l’armoire afin d’aller y chercher quelques cure-dents pour les planter au travers du pain et des ingrédients. J’allais nommer ce sandwich : le supero-délicio-sandwicho-shauno-spencero-cavaliero. Le nom était long mais il en valait la peine !

Attrapant mon assiette, je m’installa sur le comptoir tout en regardant la télé qui avait été installé pour ceux qui aimaient manger et profiter des plaisirs médiatiques. Par chance pour moi, l’émission qui jouait n’était qu’une télé réalité.

- Berk !.... Des gens qui aiment se montrer…. On zappe !

M’emparant de la télécommande, je changea de chaine pour celui des nouvelles. Un homme moustachu était en train de parler de l’actualité d’aujourd’hui. Au menu, un homme avait été retrouvé mort dans un fossé, un politicien avait fraudé plusieurs milliers de dollars et Ben Laden avait envoyé une toute nouvelle vidéo annoncant qu’il allait sortir un nouveau CD. Pas mal !

Invité

Si certains réalisent un fantasme culinaire, une autre personne découvrait l’institut. Errant sans réel but autre que de faire un repérage complet des lieux. Elle était là pour cela, et quoi de plus « naturel » qu’une nouvelle recrue qui cherchait des marques, des repères ? Elle ne faisait rien de mal, de plus. Elle ouvrait des portes, regardait des pièces, établissait des plans mentalement. Enfin mentalement serait un bien grand mot. Sur son ordinateur portable qu’elle portait en bandoulière, plutôt. Après tout, nul besoin de se mettre devant et de pianoter ; elle était tout à fait capable de réaliser un plan dessus. Avec ses capacités, c’en était presque intuitif. Ce n’est pas comme si elle devait chercher une information plus loin, et devoir se concentrer. Elle n’avait qu’à laisser ses doigts sur ce dernier. A vrai dire, sa mission n’incluait pas vraiment les plans de l’institut. Elle le faisait uniquement pour elle. Elle préférait savoir où elle était et sur quel terrain de jeu exactement elle devrais évoluer. Car avant tout, l’intégration était importante : elle n’était pas sotte non plus, et savait qu’elle risquait d’attirer l’attention de personne parfois peu encline à accepter chez eux une « ancienne confrériste ». Le pire ? Elle ne pouvait même pas les blâmer. Mieux que personne, elle savait que lui faire confiance risquerait de réserver bien des surprises et pas des plus agréables.

Finalement, en descendant l’escalier, elle parvint dans ce qui était la salle à manger, un jeune homme s’amusant à zapper avec sur les genoux une espèce de sandwich qui la fit grimacer d’horreur. Mon dieu, il n’allait tout de même pas savourer ça ? C’était immonde, gras… Et bien, en voilà un élément intéressant, réalisa-t-elle, cessant de dresser le plan de l’école sur son ordinateur et optant pour des notes sur les élèves. Il aurait le mérite d’avoir sa fiche dans la mission de Pixel. A noter qu’il semblait avoir un régime nutritionnel très spécial. Probablement un pur américain de base, n’ayant que pour intérêt principal de se vautrer devant la télévision avec une nourriture aussi grasse que possible. En analysant cela avec d’autres faits, elle était certaine de pouvoir établir une esquisse de ce dernier. Cela pourrait servir. Tout pouvait servir, si elle n’omettait rien. Toutefois, afin d’éviter de se faire remarquer comme « la fille immobile et froide qui examine l’homme américain en plein fantasme télévisuel », elle s’approcha le plus normalement possible de lui et de son maudit téléviseur.

« Tu t’intéresses à Ben Laden ? » questionna-t-elle, pointant le doigt vers l’écran qui indiquait que ce dernier sortirait un CD.

Une entrée en la matière comme une autre après tout ; soit il l’enverrait paître, soit il accepterait de discuter un peu.

Je continuais d’écouter ce reportage portant sur Ben Laden. Le reportage devenait de plus en plus intéressant. On montrait un extrait où Ousama chantait devant sa caméra accompagné d’un banjo à ses mains. Le genre musical était fort étonnant. Jamais je n’aurais cru que country et chants musulmans pouvaient faire un aussi bon mix. J’étais scotché à cet artiste, tout en prenant quelques bouchées de mon sandwich jusqu’à ce qu’une jeune fille m’interpella. Mon regard se tourna aussitôt vers elle. Du coup, la bouche pleine et un peu de vinaigrette sur le coté droit de ma bouche, je venais de rencontrer une toute nouvelle beauté de la nature. Une jeune brunette aux cheveux ondulés se trouvait devant moi, attendant une quelconque réponse de ma part.

M’emparant d’une petite lingette, j’essuya ma bouche et termina de mâcher soigneusement ce qui se trouvait dans ma bouche. Une fois libéré, je pouvais à nouveau profiter de ce beau don qu’était parler.

- Euh….. eh bien…. je ne faisait que zapper. Il n’est pas vraiment mon idole, vous savez? Il ne bâtera jamais Billy Ray Cyrus, c’est évident! Par contre, j’avoue que ca surprend toujours de voir ca aux nouvelles

Je lanca un petit sourire amical auprès de la jeune dame. C’était la première fois que je voyais cette fille dans l’institut. Moi qui croyais que toutes les filles s’étaient données le mot sur le fait que j’étais un manipulateur….. j’avais tort!

*Voici la chance en or de montrer que je suis un gentil mec!*

Eh oui! J’allais m’efforcer de ne pas utiliser mes pouvoirs afin de montrer ma bonne volonté. Bien sur, il fallait que je me concentre pour que les phéromones ne s’échappent pas de ma peau. C’était tout un défi.

Je tendis la main, désirant faire plus ample connaissance.

- Shaun Spencer, gastronome et mutant séducteur. Vous êtes?

Invité

Lorsqu’il se retourna vers elle, elle se sentit surtout dépitée. Un jeune homme totalement quelconque, si ce n’était qu’il avait encore la bouche pleine et de la vinaigrette sur le coin de la bouche. Répugnant, songea-t-elle avec dégoût. Tout en s’efforçant de ne pas le montrer. Dur. Néanmoins, il eut la politesse et la délicatesse d’éviter de lui parler avant d’avoir fini d’avaler cette … chose, cette horreur, et après avoir retiré la sauce avec une petite serviette en papier, il consentit à répondre. Et elle, elle s’en donnait à cœur joie pour tout noter. Un horrible américain qui mangeait à la limite du bestial. Ecœurant. C’était faible comme information, mais c’était un début. Zapper ? Billy Ray Cyrus ? Médusée, elle s’interrogea sur ce garçon. Quels goûts pour le moins… hum… surprenant, sans aucun doute. Mais après, cela lui avait permis de l’identifier. Elle avait soigneusement préparé son coup à l’avance tout de même. De ce fait, elle savait déjà qui il était, quand et où il était né. Tout ce que les administrations avaient su sur elle, Leah le savait. Voilà pourquoi elle fit semblant d’apprendre le nom de ce dernier. Gastronome et séducteur. Et bien. Il était loin d’être séduisant selon elle, mais tout les goûts sont dans la nature.

« Leah Anderson, nouvelle ici, mais on m’appelle Pixel parfois... »

Répondit-elle simplement, lui tendant à son tour un main gantée. Finalement, ce n’était pas si mal en réalité d’avoir ce handicap réalisa-t-elle. Elle ne touchait plus directement la main du premier venu. Bon certes, elle ne toucherait plus personne de normalement constitué, mais c’était une façon de voir le bon côté des choses. Ou pas.

Je n’avais plus aucun intérêt sur ce qui se passait à la télévision. Désormais, je n’avais que de yeux pour cette nouvelle étudiante à l’institut. Comment une telle séduisante personne pouvait elle errer dans les couloirs sans craindre que l’on ne la séduise. Bien sur, elle ne devait pas savoir sur mon pouvoir mutant. Le mieux était qu’elle continue à l’ignorer.

Sa main gantée vint serrer la mienne. Elle se nomma sous le nom de Leah Anderson, alias Pixel. Quel étrange surnom! Étais-ce en lien avec son pouvoir? Elle pouvait gpacher des photos numériques en y diminuant les pixels? Elle était douée en montage photoshop? Elle était graphiste? Je ne savais rien sur elle. Contrairement à elle qui semblait déjà à l’aise avec la situation, je ne pus m’empêcher de la questionner sur son pouvoir :

- C’est quoi votre pouvoir? Est-ce que ca a un lien avec les gants que vous portez? J’ai vu une gothique se promener avec ca et on m’a dit que c’était pour éviter d’aspirer le pouvoir des autres mutants. Vous êtes semblable?

Tout en attendant de recevoir une réponse, je m’empara d’une autre bouchée de sandwich. Mastiquant judicieusement, je me dirigea vers le frigo afin de partir à la recherche d’un breuvage pour faire passer tout ca. C’est en retrouvant deux bouteilles de limonade que je les pris et en proposa une à cette nouvelle connaissance :

- Une limonade?

Invité

Et comme la plupart des personnes qu’elle croisait, elle eut le droit à plusieurs questions. Toujours les mêmes, pensa-t-elle avec ennui. Une « gothique » ? Elle imagina qu’il parlait sans doute de Malicia, l’x-men. Mouais. Elle au moins, elle pouvait malgré tout faire le plongeon de l’ange dans une piscine sans gêner qui que ce soit. Pixel ne semblait que peu parlant aux oreilles du jeune homme en plus. Allons… Tout de même, avec un pseudonyme pareil, il se doutait bien qu’elle était plus « forte » dans un domaine que dans un autre.

« Je n’aspire pas les pouvoirs », répondit-elle les lèvres pincées. « Je suis cyberpathe, c’est tout. Mais il vaut mieux ne pas me toucher… » ajouta-t-elle, laissant volontairement sa phrase en suspens.

D’un côté, cela ne le regardait pas. Elle lui en posait des questions elle ? … Bon d’accord, elle faisait semblant de s’intéresser à lui, mais uniquement par intérêt. A y réfléchir, beaucoup d’élèves faisait de même avec elle, lorsqu’ils apprenaient qu’elle était avant une confrériste. Car la plupart en entendaient seulement parler, de façon vague. Alors forcement, une personne comme elle attirait leur curiosité comme le paratonnerre attirait la foudre. Elle y répondait généralement avec douceur, jouant à fond son jeu. Promis, quand elle en aura fini, elle tentera sa chance dans le cinéma. Si elle était capable de berner autant de monde, ce serait bien la preuve qu’elle était une meilleure comédienne que thanatopracteur. Plus que jamais d’ailleurs, elle se félicitait de ne travailler que si des morts. Eux au moins, ils ne pourraient pas se plaindre d’être en contact avec elle.

Une limonade ? Pourquoi pas. Elle n’en était pas spécialement fan. En fait, elle n’aimait pas beaucoup les boissons gazeuses, mais pas au point d’en refuser une. Comment disait sa mère déjà quand elle était petite ? Le corps est un temple, quelque chose dans ce goût-là. Oui bah son temple avait dû fâcher les dieux pour qu’ils y posent une clôture électrique. De toute manière, elle ne risquait rien la plupart du temps. Si les gens voulaient se la jouer bon pote avec elle en la touchant, à leurs risques et périls après tout. Ils n’avaient qu’à connaître les bonnes manières, non mais ho. Bon, il était vrai qu’elle était peut-être trop hautaine, trop orgueilleuse en réalité. Mais dans sa vision des choses, c’était ainsi.

« Je veux bien », dit-elle simplement, tendant la main pour saisir la boisson.

J’avais beau rendre la conversation le plus intéressant possible, rien à faire! Cette fille semblait si coincée face aux piètres questions que je lui envoyait afin de la mettre en confiance sur le lieu qu’elle se trouvait. Qu’avait-elle à craindre? Elle n’avait pas besoin de rester aussi froide qu’une limonade fraiche ici. Elle pouvait être comme moi et devenir plus extravertie.

Tout en allant lui porter la limonade vers ses mains gantés, je lui lanca cette petite question quelque peu indiscrète :

- Vous n’êtes vraiment parlante! C’est moi qui vous intimide? Vous êtes souvent timide comme ca? Car je vous rassure, ici, il n’y a aucune raison d’avoir peur des autres. Vous pouvez avoir fait tant de choses immondes dans votre passée, j’en suis totalement indifférent. J’ai surement fait pire!

La jeune Leah m’avait dévoilé son pouvoir : la cyberpathie. Est-ce que c’était ce pouvoir qui permettait de manipuler l’électronique? Wow! Elle pouvait donc surement programmer la date et l’heure sur un lecteur VHS, un cauchemar pour les ainés de nos jours. Afin de la mettre en confiance, je lui dévoila le mien :

- Vous savez, moi, c’est la séduction! Pas mal, hein? Je peux charmer toutes les filles que je veux avec les phéromones que mon corps peut sécréter. J’avoue que c’est assez hilarant par moments. Si vous vous éloignés des autres parce que vous croyez que vous avez fait des choses immondes à des gens, vous inquiétez pas! J’ai surement fait pire. hihi!

J’ouvris la canette de limonade et en prit une gorgée tout en rigolant.

Invité

Toujours aussi bavard, il continua à papoter, faisant quelques remarques sur le "manque de conversation" de cette dernière. Et alors ? Qu'est-ce que cela pouvait lui faire ? Comme si ce type pouvait l'intimider, elle ... ! Non mais... Quel culot ! Quelle audace ! Pour qui se prenait-il ? Des choses immondes, elle ? Non ! Bon d'accord, en théorie, si... Mais tout de même. Qui était-il pour laisser entendre que ne pas la juger ne serait pas aussi naturel que cela ? Non mais vraiment.... !! S'emportant, étant toujours aussi colérique malgré tout, elle leva le poing devant elle, sans réfléchir.

" Timide, moi ? Jamais !" s'exclama-t-elle violemment.

Avant de se reprendre, baissant le bras, mais néanmoins, toujours quelque peu furibonde. Si elle avait pu, ses yeux auraient eux-mêmes lancés quelques petits éclairs.

"Je n'ai pas grand-chose à dire, c'est tout..." expliqua-t-elle.

Un séducteur lui ? Elle haussa un sourcil. Elle ne voyait vraiment pas en quoi il était "séduisant". Il était terriblement banal, trop bavard... Un jeune coq en pâte à ses yeux, nota-t-elle machinalement, frôlant à peine son ordinateur de ses doigts. Et puis ce rire... Oh seigneur, qu'elle haïssait ce rire. Il l'ennuyait et elle ne l'aimait pas. D'instinct, elle se méfia de lui lorsqu'il lui révéla son pouvoir. Elle se félicita brusquement de ne pas lui avoir dit avec exactitude en quoi sa peau serait spéciale. Qu'il essaye de faire quelque chose sur elle pour voir... Il serait bien reçu.

"Et qu'est-ce qui te fait dire que j'ai fais des choses immondes ? Les rumeurs ?" interrogea-t-elle.

Après tout... Certains savaient d'où elle venait. De rumeurs en rumeurs, on aurait pu lui prêter certaines actions qu'elle n'aurait pas commise ; mais ô combien "palpitante" lorsqu'elles étaient associés à "Confrérie"...

Après une telle remarque visant sa timidité, la jeune fille lança violemment un « Non ! » catégorique. Sa réaction me fit sursauter, voire même à rater cette gorgée de limonade que j’étais en train de prendre. Un peu de liquide tomba par terre, suite à mon bras ayant trop levé le bas du récipient. J’essuya les petites gouttes qui avaient éclaboussés mon chandail et fixa la fille d’un air étonné.

*Wow ! Elle monte sur ses grands chevaux assez rapidement celle-là !*

Son caractère s’estompa rapidement. Elle revenait à cet air calme et serein qu’elle avait depuis le tout début de notre conversation. Elle continua, lançant qu’elle n’avait seulement rien à dire. Sa réaction me fit sourire, pas parce qu’elle était imprévisible mais plutôt parce que j’étais soulagé de voir que son calme avait repris le dessus. Je profitai de ce petit moment de calme pour reprendre une autre gorgée de ce jus de citron sucré.

Lors de cette dégustation, la jeune timide me demanda pourquoi je pensais qu’elle avait un passé remplis de bêtises . Ma réponse était fort simple :

- Non non ! Ne vous inquiétez pas ! Personne m’a parlé en mal de vous…..enfin ! Personne ne me parle habituellement. Je ne fais juste que ramener les paroles de mon père qui est dans la police. Il disait toujours : Une personne qui ne parle pas a souvent quelque chose à cacher. Je me souviens encore des fois ou j’essayais de lui cacher les mauvais coups que je faisais à l’école, il finissait toujours par découvrir la vérité, hihi ! Mon père était cinglé….. et c’est maintenant un vieux crouton trop autoritaire.

J’étais un peu devenu nostalgique. Je m’étais accoté sur le bord du comptoir, la tête baissée à rigoler de tout ce qui me revenait en tête. Tant de souvenirs sur une enfance gâchée ! C’était si nul !

- Mais ayez pas peur ! J’ai déjà une mauvaise réputation ici alors que vous ayiez fait des choses horribles ou non, j’en ai rien à faire !

Invité

Décidement, elle ne l'aimait pas. Il était vraiment le garçon typique à l'opposé du genre qui pouvait la séduire. Déjà, il n'avait rien d'un gentleman, avec de bonnes manières, ou du moins, pouvant discuter correctement. Elle n'aimait pas ses manières d'américain proche du cliché "américain porc, gras, dégoutant". Oui, c'était méchant. D'une mesquinerie abominable. D'autant qu'elle ne valait guère mieux en réagissant ainsi. Surtout qu'elle ne pourrait plus jamais toucher quiconque. Autrefois, elle avait pu jouer avec des hommes. En profiter. Mais maintenant ? Maintenant, ceux qui n'était qu'humain la fuierait, sans comprendre, et affolé. Les mutants comme lui pouvait sans doute comprendre... sans pouvoir y rémédier. Et puis elle le detestait parce qu'il avouait profiter de son pouvoir. Qu'il avait une mauvaise réputation ne la surprenait guère à vrai dire. Néanmoins, il avait vidé son sac... Il serait donc logique qu'elle fasse de même. Car, qu'importe qu'elle l'aime ou pas, elle voulait rester correct malgré tout : cela faisait partie de son éducation. Bon d'accord. Dire qu'elle appliquait toujours cette règle serait un mensonge : disons juste minimum.

De ce fait, elle pris place sur un tabouret, hésita longuement et pensa surtout à ce qu'elle allait dire. Serait-ce une bonne idée ? Peut-être. Ou peut-être pas. Ce garçon était un drôle de numéro, qui semblait trop vivant pour s'arrêter à ce genre de détail. Ou pas. Les apparences sont souvent trompeuses, n'est-ce pas ? se dit-elle, les lèvres pincées.

"Moi... On parle beaucoup de moi parce que j'étais à la confrérie avant.... Enfin je veux dire... Certains s'amusent à faire du commérage dessus" expliqua-t-elle tant bien que mal.

La jeune Leah semblait devenir de plus en plus à l’aise à la discussion. J’avais de moins en moins besoin de la faire parler sur elle. Prenant place sur un siège en face de moi, elle me dévoila une de ses inquiétudes : celle que les gens la jugeaient puisqu’elle avait un passé dans la confrérie. Il fallait absolument la rassurer :

- Je reconnais bien l’esprit destructeur de certains dans l’institut. Certains sont trop coincés et ne font que se fier à ce qu’il apprennent sur le passé de la personne et rien d’autre. Moi, par exemple, après que les gens ont su que j’ai embrassé Storm, Carmine Anders et presque Sarai Hutt, les gens ne font que me traiter de manipulateur. Mais qu’est-ce qu’un don si on ne peut pas s’en servir ? Ils ne semblent pas comprendre que les gens sont tous différents. On ne peut pas demander la perfection à tout le monde. C’est inhumain , hihi !

Tout en réfléchissant, je pris une dernière bouchée de mon sandwich. Mon succulent repas était terminé. Allant placer mon assiette dans le lave-vaisselle, je me tourna ensuite vers Pixel :

- Leah ! J’ai pu apprendre que quoi ce que l’on fasses, il existera toujours des personnes pour nous gacher la vie. Il ne suffit que vivre comme on le sent et comme notre cœur le pense. Comme moi, j’aime charmer les filles. Ca apaise mon coté affectif.

Invité

Un véritable aveu ? Non, simplement une tactique, une mise en scène. La demoiselle, effarouchée, et lui, l'homme réjoui, tout les deux dans la cuisine. Cela n'aurait pu être qu'une pièce de théâtre finalement. Ou une musique. La jeune donzelle, délicate et fragile, qui peu à peu prenait de l'assurance, piègeant habilement son interlocuteur. Comment donc réagira-t-il devant un minois aussi frêle ? La consolera-t-il ? Exprimera-t-il de l'indifférence ? Car quelque soit sa réaction, cela deviendrait une des ressources qui lui permettrait de rédiger alors un rapport complet sur tout ceux qu'elle aurait croisés ici. Quoi de mieux pour cela qu'un ersatz de chagrin ? Ainsi, elle pourrait y noter le comportement de ce dernier face à une personne qui semble avoir d'aide. Même si ce n'est que pour lui remonter le moral.

Et en effet, sa petite tromperie eut l'effet escompté : il courut, se hâtant de plonger dans cette petite ruse. La consolant, tentant de lui faire relativiser son chagrin, et lui expliquant comment il avait abusé de son pouvoir. Si elle n'en montra rien, elle en fut néanmoins outrée. Et il en était fier en plus ! Mais quel mufle ! Qu'est-ce qu'un don si on ne peut s'en servir ? Certes, il aurait pu marquer un point. Elle aimait son propre talent, mais tout de même. Ressemblait-elle à lui dans ces moments là ? A une chose humaine vaguement dégoutante ? Si c'était le cas... Elle en serait écoeurée, sans nul doute. Et il termina le tout d'une traitre, sur le "vivons heureux" et caetera. Parle toujours mon bonhomme, songea-t-elle.

"Je n'abuse pas de mon pouvoir" répliqua-t-elle aussi sec.

C'était la stricte vérité non ? Certes, elle en avait trop profiter autrefois, lorsqu'elle avait voulu voir le potentiel exact de sa mutation, mais par la suite, elle en avait toujours usé avec parcimonie. Elle n'avait rien à voir avec lui... Du moins elle voulait y croire, de toutes ses forces. Mais un don n'est que ce que l'on en fait, n'est-ce pas ? Et elle, comment l'utilisait-elle ? Pour jouer. Ce n'était qu'un jeu : elle n'embrassait pas les hommes de force ou dieu seul sait quoi d'autres. Et une fois encore, elle se refusa à réaliser qu'elle s'amusait à un jeu ô combien terriblement sadique.

"C'est parce que ton don ne laisse pas droit au libre arbitre. C'est différent."

C'était pourtant si vrai... Entre elle et lui, un fossé. Un monde, même. Elle, elle pouvait seulement influencer quelque chose dans la vie des gens : et pourtant, ils restaient maître de leurs actes. Lui, il violerait presque s'il le voulait. La différence était présente, n'est-ce pas ?

- Bon bon d'accord d'accord! Nous sommes différent! J'arrêtes d'en parler alors!

La simple comparaison entre nos deux personnes semblait tant la bouleverser. Quoi? J'étais une si grosse crapule que ca? Mince! Avait-elle tant entendue sur moi? C'était déja mauvais signe! La réputation de manipulateur me suivait même auprès des nouveaux. C'était à en devenir malade! Que la vie était dure!

- Bon! Je crois que ton avis semble assez formel. Je te respecte. Mais je te souhaite quand même la bienvenue dans l'institut. J'espère que tu trouvera des personnes qui auront les mêmes valeurs que toi!

Oui, j'étais un peu succeptible. D'une certaine facon, elle n'avait pas tort. Comment devenir ami avec quelqu'un qui pourrait tant vous manipuler du jour au lendemain? C'était plus que de la folie.

Je lui tourna le dos automatiquement, allant placer mon verre vide dans le lave vaiselle. Mon approche auprès de Leah (alias Pixel) avait échoué. La technique de la gentillesse ne fonctionnait guère.

Les pensées commencaient à me perturber. Étais-je toujours le bienvenu dans l'insitut?

Invité

Au ton qu'il avait employé pour jeter l'éponge, elle sentit que cela ne lui suffirait pas. A ses yeux, ce genre de ton n'était là que pour faire culpabiliser l'autre ou du moins, tenter de le rendre ridicule. Du moins, elle en était consciente, et elle n'appréciait pas du tout. Trop orgueilleuse ? Peut-être bien. Mais elle n'allait tout de même le contre-dire... A ses yeux, ils étaient très différents. Du moins, elle n'aurait vraiment pas supporter l'idée qu'ils puissent être ne serait-ce que "sembable". Non, là non. Pour lui, il était plus proche d'un "paysan" : goinfre, riant qu'à ses propres blagues, grossier et rustre avec les demoiselles. Non vraiment... Elle qui avait tant haï sa mère étant petite, elle avait sans doute finit par lui ressembler : puisqu'elle considérait qu'il n'avait guère de valeur. Qui d'autre qu'elles se seraient permis de tels jugements de valeur ?

Néanmoins, il lui souhaita la bienvenue ici. Et oui. Il ne faudrait pas qu'elle en oublie sa mission, se gifla-t-elle mentalement, laissant inconsciemment ses doigts courir sur l'ordinateur accroché à son épaule. Faiblesse de celui-ci ? Les femmes, visiblement. Ou sa force. S'il était capable de ceci, qui sait ce qu'il pourrait en faire ? Elle n'aimait pas du tout cette idée. Vraiment pas. Mais par politesse, et par habitude, elle lui tendit la main, sans réflechir une seule seconde au fait que si c'est son voltage était un chouillat élevé, le fait qu'elle portait des gants n'empêcherait pas tant que cela un coup de jus à ce fameux Shaun.

"Merci... " répondit-elle vaguement.

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