D'égoût tant ! (Vermine)

-Nomdedieud'nomdedieud'nomdedieu !

Après la soirée mémorable qu'ils avaient passés ensemble, Vermine était parti dans la nuit pendant que Maëlys dormait. A son réveil, elle avait eu l'heureuse surprise de voir qu'il avait laissé son adresse. Elle avait d'abord laissé s'écouler quelques jours. Ce n'était pas en donnant d'elle l'impression d'une accro qu'elle allait venir à bout de "Vermine l'affreux" et de son orgueil démesuré pour sa petite taille. Elle voulait libérer une fois pour toute l'enfant, la boule de fourrure qu'elle avait tenue contre son cœur pendant toute une nuit.
Enfin...encore fallait-elle qu'elle ne se perde pas dans ce cloaque puant et sombre, merde ! Vermine avait écrit sur le papier des indications très claires pour retrouver sa cachette. Mais ces indications impliquaient tout de même de ne pas avoir le sens de l'orientation de la jeune féline.

-Attends un peu...j'ai déjà tourné là ? Nan ! Attends...si ! Nan ! Oh et merde ! Je sais plus.

Elle s'était habillé sobrement pour venir. Un jean et un polo à capuche gris. Mais par contre elle aurait aimé pouvoir mettre des bottes en caoutchouc pour traverser les égouts, luxe que lui interdisaient ses pattes digitigrades. L'ensemble du trajet à faire dans les tunnels pour rejoindre la cachette de l'enfant-rat était sec, mais en se perdant Maëlys avait traversé plusieurs portions de galeries où s'écoulait une eau grisâtre et malodorante. C'est donc avec les papattes toutes mouillées que la jeune fille finit par trouver l'endroit en question.

-Tiens, c'est plutôt douillet par ici. Vermine ? T'es là ?!

En temps normal elle aurait été à même de le détecter à l'odeur. Mais tout sentait pareil, ici.

Vermine sommeillait, roulé en boule sur un lit de fortune. Maëlys s'approcha à pas de velours. Qu'il était mignon quand il dormait. Les traits de son visage détendus, il ressemblait bien plus à un enfant. Elle s'agenouilla devant le lit et le regarda dormir. Elle toucha un peu ses moustaches pour le réveiller, se tenant suffisamment éloignée. La dernière fois qu'elle avait essayé de réveiller quelqu'un en douceur ça s'était mal passé. Quand elle avait dix ans, elle avait voulu réveiller Léo, un jour qu'il somnolait dans le canapé, en lui caressant doucement la joue, se tenant au dessus de lui. Il s'était réveillé en sursaut et, dans un réflexe de défense, s'était redressé brusquement. Ce faisant, il avait violemment heurté sa sœur au menton, et elle s'était mordu la langue si fort qu'il avait fallut l'emmener aux urgences. Cette fois, elle faisait attention à se préserver d'un éventuel coup instinctif ou, pire, d'une morsure réflexe.

-Veeeermiiiiine... C'est moiiiiiiii...

Vermine sursauta. Une fois de plus, ses cauchemars allait envahir son sommeil, pervertir son repos, le mettre au supplice. Il ouvrit les yeux et poussa même un petit cri. Le voilà perdu. Où était-il ? Que se passait-il ? Son réveil avait été si brusque que pendant une poignée de secondes, le cauchemar naissant se confondit à la réalité. Le garçon parut se mettre sur la défensive comme pour se prémunir d’un invisible danger. En tout cas, c’est ce que son visage exprima. Son corps lui, ne réagit pas vraiment. Il cligna des yeux. Il voyait le plafond de la galerie éclairée par la lampe-torche. Ça ne ressemblait pas à la cage en verre… évidement puisqu’il était dans son repaire. Ouf. Tout allait bien. Pourtant, quelque chose l’avait réveillé. Il avait crut entendre quelqu’un. Etait-ce son imagination ? Ernest se redressa, adoptant une position assise. Enfin, il aperçut la féline et cette vision fini de le rassurer.

-Maëlys… tu m’as fait peur… murmura le garçon d’une voix encore ensommeillée.

Il passa une main sur son front, il baissa le regard. C’était curieux, on ne reconnaissait pas Vermine dans ces mots, dans ces gestes. On aurait plutôt dit un enfant tourmenté. L’hybride en était conscient. Il était embarrassé maintenant. Il aurait voulu ne pas montrer le côté fragile de sa personnalité. Heureusement, il se reprit vite. Relevant la tête, il s’exprima de nouveau.

-Mais c’est une bonne chose. J’allais refaire mon cauchemar.

Il tentait de s’expliquer. Son ton assuré était celui qu’on lui connaissait habituellement. Vermine était de retour.

-Alors, tu as trouvé facilement ? Visiblement non. T’as les pattes mouillées et je t’ai indiqué le chemin le plus sec, le plus court, le plus sûr… Je savais que j’aurais dut en plus mettre des flèches et barricader toutes les mauvaises voies.

Il sourit. Il se moquait de la chatte mais sans méchanceté. Il se leva et alla jusqu’à l’étagère pour allumer la seconde lampe torche. Le repaire devint plus lumineux, plus accueillant.

-En tout cas, bienvenue dans ma petite cachette ! Mets-toi à l’aise, fait comme chez toi !

Vermine s'éveilla aussi brutalement que le craignait Maëlys, mais au moins il ne chercha ni à la mordre ni à la frapper. Il sembla d'abord un peu perdu, puis reconnut son amie et se montra plus accueillant.

-Alors, tu as trouvé facilement ? Visiblement non. T’as les pattes mouillées et je t’ai indiqué le chemin le plus sec, le plus court, le plus sûr… Je savais que j’aurais dut en plus mettre des flèches et barricader toutes les mauvaises voies. En tout cas, bienvenue dans ma petite cachette ! Mets-toi à l’aise, fait comme chez toi !

Il avait déjà retrouvé son assurance habituelle alors que selon ses dires il sortait d'un cauchemar.

-Oui, c'est vrai que j'ai eu un peu de mal à trouver.

Quel bel euphémisme ! Dis plutôt que tu as le sens de l'orientation d'un canard bourré !

-Je me suis toute mouillée, et j'ai croisé des rats qui n'étaient pas aussi gentils que toi. Mais bon, maintenant que j'ai trouvé je devrais avoir moins de mal à l'avenir.

Elle jeta un regard circulaire dans la "planque". Vermine semblait s'être bien installé. Par contre, si le fait de vivre seul semblait lui avoir donné un certain instinct de survie, il en restait très bordellique. Voilà un endroit qui avait bien besoin d'une présence féminine, au risque de conformer les vieux clichés. Il y avait des bouteilles d'alcool plus ou moins vides jetées partout, ça ne lui plut pas. Par contre, elle remarqua la quantité de livres présents ici.

-T'as l'air d'aimer lire. Dans ce cas je crois que j'ai fait mouche.

Elle posa par terre son sac de cours et en sortit plusieurs petits livres qu'elle jeta sur les genoux de Vermine. C'étaient des mangas, les 7 tomes de Hellsing qui étaient sortis à ce jour.

-Joyeux anniversaire ! Enfin...je sais pas si c'est ton anniversaire, tu ne m'as jamais dit ta date de naissance, alors je me suis dit qu'on allait le fêter maintenant, dans le doute.Tu as déjà lu des mangas ? C'est pas pareil que les bédés occidentales. Si ça te plaît pas je peux encore les changer. Sinon, je vais à une convention le mois prochain et au programme il y aura le dessinateur, et si tu aimes je pourrais te les faire dédicacer. Tu pourras peut-être même venir avec moi.

C’est un regard surpris que lança Ernest aux livres, puis à la féline. Un cadeau, d’anniversaire qui plus est ? Il était troublé. Il ne s’attendait pas à recevoir un cadeau. Mais ce fut d’avantage le mot « anniversaire » qui mit à mal son assurance.

-Ha… heu… c’est sympa… fit-il en parvenait de justesse à ne pas bafouiller.

Il ouvrit le premier des mangas et le feuilleta rapidement pour avoir un aperçut du style graphique. Il était loin d’être fan de ce qui venait de l’orient, la réaction qu’il avait eu dans la chambre de l’adolescente en était une belle preuve, mais il n’avait pas l’esprit fermé. Après tout, puisque l’occasion lui était donnée de lire des mangas, il n’allait pas la refuser. De toute façon, même s’il en avait eu l’envie, jamais il n’aurait osé le dire ou même le faire comprendre à son amie. Venant de lui, c’était un peu curieux. Il savait faire mal avec les mots et il y prenait un malin plaisir. Seulement voilà, il ne désirait pas être désagréable à sa tendre Maëlys.

-Non, je n’ai jamais lu de mangas. Ce sera mes premiers. Merci.

Il déposa les livres sur son lit, faillit au passage trébucher sur une bouteille vide, puis il reprit.

-Au fait, on est bien en décembre ? Ben oui, quelle question ! Bon dieu, j’ai oublié mon propre anniversaire ! Ça alors, j’ai peine à le croire !

C’était vrai. Il était stupéfait car lui, qui n’oubliait rien et qui parfois en souffrait, avait oublié cet événement pourtant important qui le concernait directement. Cela pouvait aisément s’expliquer. Il avait eu fort à faire ces derniers temp et il n’y avait plus personne dans son entourage pour le lui rappeler, personne pour le fêter… sauf Miss Duval.

-J’suis né le 21 novembre. J’ai 13 ans maintenant. Et à Noël, ce sera l’anniversaire de mon gêne X. 1 an en rat, c’est pas rien.

13 ans ! C’était beaucoup plus que 12 ! Il était grand maintenant. On pouvait sans doute le qualifier d’adolescent. Toujours troublé par ces constatations, l’enfant-rat voulu retourner à l’étagère mais il se prit à nouveau les pieds dans la même bouteille vide. Cette fois, il se retrouva au sol.

-J’l’ai fais exprès, mentit-il en se relevant et en réprimant l’envie d’envoyer la dite bouteille se briser contre un mur.

Maëlys Duval tombait des nues. Vermine ne se souvenait pas de son anniversaire. Pour cette jeune fille élevée avec amour par sa famille, c'était impossible à concevoir. Un anniversaire on y pensait longtemps à l'avance, chaque regard sur un calendrier le rappelait, surtout quand c'était le sien. Un an en rat ? ça voulait dire que ça faisait presque un an qu'il vivait seul dans cet égoût à boire de l'alcool et à voler des pizzas pour survivre.

-Et ben on dirait que j'arrive à pic !

Comme pour la chambre. C'était vraiment déprimant, tout ça. Heureusement, la chute (à peine) intentionnelle de Vermine réussit à la faire rire.

-C'est ça, ouais... Bien sûr ! Bouge pas.

Elle sortit de son sac une boîte en carton qu'elle posa sur le lit de Vermine.

-Pas d'anniversaire sans gâteau. Je t'ai pris un fondant au chocolat, j'espère que ça te plaira. J'aurais voulu prendre quelque chose de mieux, mais il n'y a pas de bonnes pâtisseries dans ce foutu pays. Ton deuxième cadeau c'est que tu peux le manger (t'es pas obligé de m'en garder, si t'aimes ça), et pendant ce temps je vais ranger un peu tout ce bordel.

Sans attendre son avis, elle ramassa un sac en plastique qui traînait dans un coin et commença à y fourrer les bouteilles vides, et aussi les moins vides.

-Alors tu n'as pas vu ta famille depuis combien de temps ?

Un cadeau ? Un gâteau ? Mais c’était une véritable fête que lui offrait la demoiselle ! Ernest, tout de même chamboulé par cet événement imprévu, prit entre ses mains la boite du fondant au chocolat. Comme tout enfant qui se respecte, il était gourmand. Il se lécha les babines et dévoila la pâtisserie. Décidément, il en avait de la chance ! Cela lui faisait vraiment bizarre qu’on s’occupe ainsi de lui.

-Mes parentes… fit-il, un peu absent. …ben, presque un an aussi. L’anniversaire de mon gêne X, c’est aussi celui de mon indépendance.

L’enfant-rat passa une griffe sur le chocolat pour ensuite se la lécher et ainsi avoir un aperçu de la saveur. Il allait poursuivre, en dire plus sur ses parents. En parler, c’était une façon d’évacuer, exactement comme il l’avait fait sur ses pulsions sexuelles. Toute fois, en se retournant, il aperçu la féline entrain de s’emparer des bouteilles.

-Hé ! Pas celles-là ! Regardes, elle n’est pas vide ! s’exclama l’hybride, comme si on venant de lui retirer des bonbons.

Après avoir posé le gâteau sur le lit, il se posta devant Maëlys et récupéra son bien. Il agit avec une certaine précipitation. La sécurité de sa réserve d’alcool était d’une importance certaine ! Et d’ailleurs, il le dit.

-Moi et l’alcool, c’est une grande histoire d’amour, tu sais ! fit-il sur le ton de la plaisanterie.

Hélas, il ne mentait pas. A 13 ans, il pouvait déjà être considéré comme alcoolique. Son don, bien sûr, l’aidait à éviter généralement l’ivresse mais tout de même. L’habitude de la bouteille s’était installée.

-J’vais t’aider et après, on partage le gâteau, déclara-t-il.

Vermine se baissa et fit un tri des bouteilles. Seules celles TOTALEMENT vide furent destinées au sac plastique. Quand ce fut fait, Ernest se redressa et sortit son cran d’arrêt.

-On fait moitié, moitié ? demanda-t-il en faisant jaillir la lame de son couteau et en désignant le gâteau.

Hors de question qu’il profite seul de celui-ci. Partager avec la chatte lui faisait autant plaisir que d’avoir quelque chose de bon à manger.

Neko s'exécuta avec une légère mauvaise grâce, jetant les bouteilles dans son sac poubelle tout en épargnant celles qui contenaient encore un peu d'alcool. Elle soupçonna même l'enfant-rat de l'aider uniquement pour s'assurer qu'elle ne glisserait aucune bouteille pleine dans le sac.

-Tu devrais peut-être boire moins.

Elle n'avait pas la prétention de lui faire la morale, ni de s'imposer dans sa vie, mais enfin la quantité de bouteilles lui semblait hallucinante. Et encore, depuis qu'il était installé ici, Vermine devait avoir fait le ménage au moins une fois. Être alcoolique si jeune, c'était mauvais. Ils rangèrent donc. Sans les bouteilles l'endroit semblait déjà plus sain.

-On fait moitié, moitié ?
-Ok, ok. Commence sans moi, je finis.

Elle farfouilla encore dans son sac et en sortit des lingettes nettoyantes, qu'elle commença à utiliser pour ramasser la poussière qui s'était accumuné sur le bric-à-brac entreposé dans la cachette. Bizarrement, il n'y avait pas tant de poussière sur les livres...ni sur les bouteilles.

-C'est bordélique, ici. Et sinon, tu n'as jamais été tenté de revoir tes parents ? Tu dois leur manquer.

-Leur manquer ? Leur manquer ?!

Vermine, qui avait coupé le gâteau en deux et commençait à déguster sa part, venait soudainement de s’interrompre. La remarque sur l’alcool et sa façon de ranger l’avait un peu énervé. Sans vouloir répliquer avec méchanceté, comme il savait si bien le faire, il cherchait une façon subtile d’exprimer son mécontentement. Mais cette recherche venait d’être balayée par la dernière réplique de la demoiselle. Il avait répondu sur l’instant, d’une voix agressive. Nul doute que Miss Duval avait touché un point sensible. En un sens, c’était mieux ainsi. Le sujet, Ernest désirait l’aborder mais avec douceur, sachant pertinemment qu’il allait être émotionné. Au lieu de cela, il allait aller droit au but et n’exprimerait ainsi que mieux ce qu’il ressentait.

-Ha ça non, je ne leur manque pas ! rugit-il presque.

Il se rua sur l’étagère et se mit à farfouiller à l’intérieur. Sur le rayonnage le plus bas, il y avait un tas d’articles de journaux plus ou moins soigneusement découpés, plus ou mois froissés. Le garçon s’empara de ce tas et passa en revu chaque article jusqu’à trouver le bon. Il provenait du New York Times et datait de plusieurs mois. Le petit hybride le mit sous le museau de son amie.

-Ça, c’est ma mère !

En grosse lettres capitales, on pouvait lire « Mme Lenoir fustige le gène X ». A gauche, on pouvait voir la photo d’une femme grande et mince, au visage raffiné encadré de cheveux blonds tombant sur ses épaules et à l’élégante tenue vestimentaire pourpre et noire. C’était Ashley Lenoir, une actrice de cinéma jouissant d’une certaine notoriété. Peut-être que Maëlys avait vu des films où elle jouait. On la trouvait dans les productions Hollywoodienne à grand spectacle. C’était une femme au solide caractère qui correspondait à merveille à des personnages affirmés, déterminés. L’article du Times racontait l’interview qu’elle avait donnée, peu de temps après la disparition de son fils unique, Ernest Lenoir. Elle déclarait haïr le gène X, ce gène qui lui avait prit son fils. Elle allait même jusqu’à traiter les mutants d’immondes racailles.

A présent, la chatte avait connaissance du véritable nom de Vermine mais aussi de son origine sociale. Ashley Lenoir était mariée à Philippe Lenoir, l’une des vingt plus grandes fortunes au monde. Vermine vivant dans les égouts alors que sa famille possédait un manoir en Suisse, un hôtel particulier sur Manhattan et diverses autres résidences secondaires avec les avions et les bateaux privés qui vont avec.

L’article du New York Times précisait aussi que le couple Lenoir, à cause du drame, s’était vraisemblablement fragilisé. Aujourd’hui, Vermine l’ignorait, il y avait eu divorce. De plus, Ashley, depuis presque trois mois, n’apparaissait plus en public. Vermine ignorait également qu’il devait son gène X à sa mère, qu’elle aussi portait en elle l’Altérium et qu’elle faisait tout pour le cacher. Par chance, pour elle, la molécule mutagène n’avait pas eu d’effet visible sur elle. Enfin, la féline sans le savoir avait à moitié raison. Il y avait bien quelqu’un qui voulait retrouver Ernest : son père, qui se refusait à croire à sa mort. Mais ça aussi, Vermine l’ignorait.

L’enfant-rat s’éloigna sans rien ajouter. Il recommença à déguster son gâteau mais sans vraiment y faire attention. Maintenant, il avait l’esprit ailleurs.

Vermine devint brusquement plus dur quand il entendit parler de ses parents. Neko supposa qu'ils étaient en mauvais termes. Était-ce l'histoire classique des parents qui, horrifiés d'apprendre la vraie nature de leur enfant chéri, le chassent de la maison et l'enfouissent au fin fond d'une oubliette pour ne pas prendre le risque que ça entache leur réputation ? L'enfant-rat farfouilla dans ses affaires et sortit une coupure de journal qu'il tendit à Maëlys. C'était la photo d'une très belle femme, une actrice apparemment. Il était difficile de trouver un air de famille avec Vermine, mais elle le crut quand il expliqua que c'était sa mère.

-Ernest Lenoir ? Je comprends que tu préfères te faire appeler Vermine. Ça tranche vachement. Mais d'après toi, elle en a après les mutants, ou seulement après le facteur X ? Ça m'étonnerait qu'elle te haïsse.

Elle rendit la coupure à Vermine et s'assit sur le lit, où elle commença à manger sa moitié de gâteau.

-Après ça, t'es pas obligé de m'écouter. Mais je pense que tu devrais essayer de les revoir au moins une fois, et voir s'ils ont vraiment envie de t'avoir avec eux. Ça crèvera les abcès, et au pire si ce sont vraiment des salauds tu les laisses tomber pour toujours. En tout cas, ce serait bien que tu les revoies au moins une fois si tu veux me présenter à eux.

Maëlys gloussa en essayant d'imaginer la confrontation avec les beaux-parents. S'ils étaient réellement anti-mutants, ça risquait d'être folklorique.

Maëlys rigola de bon cœur en voyant l'imitation de Vermine. Mais l'affaire lui paraissait tout de même sérieuse.

-Moi je dis que ça vaut tout de même le coup d'essayer. Tu y vas, tu vois, et au pire si c'est vrai, tant pis, pas besoin de revenir les voir. Tu pourrais profiter d'y aller pour noël, ou le nouvel an.

Elle l'accompagnerait s'il le voulait (de toutes façons, pour rien au monde elle n'aurait loupé ça). Elle pourrait même l'y emmener, en empruntant un véhicule du garage des Xmen. Bon, elle n'avait pas le permis, mais elle savais tout de même comment ça marchait.

-Et au fait… pour l’autre nuit… tu ne regrettes rien ? Tu sais, ce qu’on a fait… c’est pas très… morale. J’suis qu’un môme. Enfin moi, j’regrettes rien mais j’me demandais pour toi. J’voudrais pas que ta conscience te titille.

Neko resta d'abord muette.

-Mais non ! Pourquoi je regretterais ? Tu es mineur, et alors ? Il n'y avait pas beaucoup d'assistantes sociales dans les parages quand on l'a fait. D'ailleurs, est-ce qu'il y en avait quand tu t'es retrouvé à la rue ? Ça pourrait choquer les âmes bien pensantes, et bien tant pis pour elles, elles ont qu'à aller à la messe et nous foutre la paix ! Et en ce qui me concerne, tu m'as fait goûter quelque chose que je n'avais jamais imaginé, tu m'as fait me sentir femme pour la première fois. Alors non,je n'ai aucun regret. Autre chose ?

HRP : je n’avais pas l’esprit trop clair ce soir. La faute au BTS Blanc. J’espère ne pas avoir écrit trop n’importe quoi.

Non mais ho ! Elle était têtu cette Maëlys ! Elle insistant sur le sujet des parents. Tenait-elle tant que ça à vivre cette confrontation familiale ? Ou disait-elle cela pour l’unique bien de Vermine. Peu importait ! Ernest n’était pas disposé à la négociation sur ce terrain. Exposer sa situation, ses craintes, ses peines, ok, pas de problème. Il ne pouvait que mieux se sentir après. Mais se laisser dicter sa conduite par qui que ce soit, ha ça non ! Amie ou pas, la chatte n’avait pas d’autorité sur lui et elle en aurait jamais ! C’était SA vie, SES affaires, SES parents et il faisait CE QU’IL VOULAIT ! Point final.

Enfin… tout ça, c’est ce que se disait sur l’instant l’enfant-rat qui, finalement, sombrait dans l’opposition gratuite dictée par l’adolescence. La féline, au fond, avait raison et même s’il allait refuser de l’admettre, il le savait. Il allait y réfléchir, peser le pour et le contre. Noël, le nouvel an… pourquoi. Mais pour l’heure, au diable les parents. Seule comptait son amie qui venait de lui affirmer qu’elle ne regrettait rien. Elle avait même argumentée pour justifier sa position. Voilà le petit hybride rassuré. Il n’avait rien à se reprocher dans cette histoire et c’était, avouons-le, presque incroyable. En effet, des choses à se rapprocher, Vermine ne les comptait même plus mais il s’en fichait. Il n’y avait que Miss Duval qui méritait son honnêteté. Mine de rien, la jeune femme avait prise une place importante dans sa vie et il ne le réalisait pas encore totalement. Il n’avait également pas fait le lien entre le fait qu’il commençait à mieux dormir et celui qu’il avait enfin trouvé quelqu’un à qui se confier, quelqu’un auprès de qui il pouvait trouver de l’affection.

-Autre chose ? reprit le garçon, avec son habituel ton malicieux. Je ne sais pas. Ça dépend de toi. Tu as raison, les assistantes sociales ne sont jamais là quand on a besoin d’elles. Mais avons-nous besoin d’elles maintenant ? J’en ai en quelque sorte trouvé une qui faisait très bien l’affaire. Elle va finir par me rendre ordonné, c’est dire !

Vermine balaya d’un regard sa cachette qui avait à présent meilleur mine. Il avait finit de manger le gâteau et décida de s’allonger, les bras croisés derrière la tête. Il fixait le plafond.

-Mais arrivera-t-elle à me rendre propre ?

Plus d’une semaine que le garnement n’avait pas prit un bain. Difficile de nier, malgré tout, que ce n’était qu’un prétexte pour obtenir autre chose. Du sexe ? Il y pensait, bien sûr. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi l’envie de jouer, celle de bien se sentir, celle de montrer un peu de bonne volonté…

-Mais arrivera-t-elle à me rendre propre ?
-Je rêve ou tu me lances un défi ?

Apparemment, il lui lançait vraiment un défi.

-Par contre, ça se fera pas tout seul. Déjà, il faut que tu fasses régulièrement le ménage, en faisant les poussières, en balayant. Il te faut une poubelle, pour jeter les détritus. Parce que NON, les détritus ça va pas par terre ! Et pis ça se limite pas à ta planque. Les bains à Central Park ça suffit pas, il faut que tu prennes une vraie douche avec du savon...ou plutôt du shampoing. Moi, pour ma fourrure j'utilise toujours une grande quantité de shampoing, parce que sinon, les parasites ont vite fait de s'y installer et on se fait traiter de sac à puces. Si jamais tu comptes revoir tes parents, il vaut mieux y aller comme un rat propre, plutôt que comme un clochard pouilleux. ça passera mieux comme ça.

En général, quand Maëlys avait une idée elle finissait assez vite par s'en désintéresser pour penser à autre chose. Mais là, elle finissait toujours par revenir au sujet des parents de Vermine. Comme quoi, les chats ne s'intéressaient qu'à ce qui éveillait leur curiosité.

-Pour les parents, j’y réfléchirais plus tard, répliqua Vermine avec un zeste d’agacement.

Intérieurement, il avait envie de hurler mais il parvenait assez bien à cacher son jeu. La chatte le savait à présent, l’enfant-rat était de ceux qui ne montraient d’eux que ce qu’ils voulaient. Puisque recourir aux insultes et autres réponses aussi cinglantes que savoureuses n’était pas envisageable, le garçon optait pour l’esquive de sujet. Maintenant, il ne désirait plus en parler, ne serait-ce pour enquiquiner Miss Duval. Où était donc passé son envie de bonne volonté ? Elle était toujours là mais elle s’avérait très sélective.

-La poubelle, j’en trouverais une, c’est pas un problème. Pour le… shampoing, j’en n’ai pas sous la main mais bon, j’crois que l’eau suffira amplement. J’n’ai jamais de puce moi, tu sais ?

Il ne mentait qu’à moitié. Si, bien sûr qu’il avait eu des puces et pas qu’une fois. Rien de plus normal vu son niveau d’hygiène. Mais jamais les parasites ne restaient plus que quelques heures. La cause de cette particularité était simple : le sang d’Ernest contenant de l’Altérium, les parasites étaient vite éliminés. Mais puce ou pas, cela ne changerait rien au fait que l’enfant-rat ne sentait pas la rose, que son pelage était gras et que ses habits étaient sales.

-Ouais, de l’eau, ça ira très bien.

Il en rajoutait volontairement une couche dans l’espoir de provoquer son amie et de la pousser à réaliser le défi qu’il lui lançait. Il ajouta un sourire malicieux, montrant par la même occasion ses dents jaunes.

-Bon, au fait, tu as envie de faire quelque chose de particulier ? Une balade à Central Parc ? Une glace ? Une pizza ? Je t’en dois toujours une il me semble. On peut aussi continuer à discuter ici. C’est toi qui voiS. Moi, je fais ce que tu veux… enfin pas tout bien sûr, faut pas exagérer non plus.

De l'eau ! Comme si ça pouvait suffire. Irrécupérable... ça allait être difficile de le rendre présentable. Mais elle y arriverait, oh oui elle y arriverait.

-Bon, au fait, tu as envie de faire quelque chose de particulier ? Une balade à Central Parc ? Une glace ? Une pizza ? Je t’en dois toujours une il me semble. On peut aussi continuer à discuter ici. C’est toi qui vois. Moi, je fais ce que tu veux… enfin pas tout bien sûr, faut pas exagérer non plus.
-Ben en fait je sais pas trop. C'est ton anniversaire, alors normalement ce serait plutôt à toi de décider. Après, si tu sais pas, je peux te proposer des trucs. On pourrait aller au cinéma, en ce moment ils ont une fournée de films d'horreur bien glauques. Sinon, on peut aller en boîte. Ou alors j'ai repéré un terrain de paintball pas loin, assez sympa. Je t'inviterais bien à aller manger une pizza, mais je suis un peu ric-rac en ce moment.

Vermine se mit à réfléchir. Il y avait plusieurs propositions intéressantes dans ce que venait de dire son amie. Que choisir ? Ho, cruel dilemme ! Le mieux était sans doute de ne pas choisir et de tout faire. Il suffisait alors d’organiser l’emploi du temps pour que ce soit le plus agréable possible. En moins de cinq secondes, Ernest claqua des doigts, signe qu’il était parvenu à un résultat satisfaisant.

-On va faire comme ça. Un : tu te charge de me rendre un peu plus présentable. J’ai, comment dire, un peu perdu l’habitude, tu vois. Ho, le gros mensonge ! Faudra essayer d’être rapide et efficace. Pas fastoche : j’ai pas d’habits de rechanges et si tu tiens vraiment à ton satané shampoing, faudra le trouver. Mais bon, après ça, je pourrais me montrer en public sans faire fuir tout le monde. Cette première étape était aussi l’occasion de passer du bon temps à se laisser faire par la demoiselle. Mais ça, elle l’avait sans doute deviné. Deux : on se fait un bon film d’horreur. Trois : on passe au pinball et je t’humilie. Après cette dernière étape, je devrais être redevenu crade et ça me va parfaitement. Petit sourire provocateur. Alors, ça te va comme programme ?

C’était un vrai parcours du combattant que proposait le garçon. Mais, comme l’avait dit Miss Duval, c’était son anniversaire. Allait-elle relever le défi ?

HRP : si ton personnage est d’accord, Vermine le suit/le guide. Tu peux donc le faire agir pour te rendre où tu veux et rentrer directement dans le vif du sujet. (Si jamais Néco veut faire l’étape 3 avant l’étape 1, Vermine va râler mais il va accepter.)

Neko voyait venir le coup.

-Nononononon ! On va d'abord au paintball, pas question que tu te resalisses. Après le paintball on ira dans un endroit où je pourrais de faire beau, après on ira au cinéma. Et ensuite, si t'es sage, on pourra finir la soirée au restau. Allez go, on a pas toute l'après-midi devant nous !

Ils quittèrent la cachette dans les égoûts et allèrent au terrain de paintball. C'était dans la banlieue, assez loin des beaux quartiers. Déjà dans la rue, en approchant de l'endroit, on entendait les claquements des fusils à peinture. Lorsqu'ils arrivèrent devant le bureau guichet, le visage du patron sembla s'illuminer. C'était un jeune homme, d'une vingtaine d'années en treillis. Après tout, le paintball n'était pas un sport pour les vieux croulants, d'ailleurs la plupart des personnes âgées de plus de 40 ans ne considéraient même pas ça comme un sport.

-Tieeeeens ! Mais c'est la p'tite demoiselle ! Alors t'es en forme pour aujourd'hui, Neko ?

Maëlys afficha un air un peu gêné.

-Oui, je suis déjà venu ici une ou deux fois.
-Tu rigoles ? Tu viens tous les samedis ! (puis à Vermine) Avec mes potes on parie de l'argent sur l'équipe gagnante et à chaque fois je me fais un max grâce à elle. C'est une vraie tueuse !
-Oui, bon...là je viens pour faire découvrir le paintball à mon ami.
-Ok. Ben on fait comme d'habitude. Tu paies le tarif standard et je te rends le double si tu gagnes. Par contre, pour ton pote...
-Pas grave, c'est pour son anniversaire.

Elle paya avec son petit porte-monnaie, puis le patron les emmena à la baraque où ils les équipa. Chacun eut un treillis usé, mille fois passés à la lessiveuse, un masque de protection, un casque et un fusil à peinture avec cinquante balles dans le chargeur. Puis ils attendirent sur une aire à ciel ouvert avec des chaises et des tables l'arrivée d'autres joueurs.

-Alors on se met dans la même équipe, où tu veux prendre le risque d'être contre moi ?

-La question ne se pose même pas, Neko. Je vais t’humilier.

Neko… était-ce cela le pseudonyme de la féline ? C’était la première fois qu’il l’entendait et il ne sut qu’en penser. Ajustant tant bien que mal son masque de protection peu adapté à sa tête de rat, il observait l’air de jeu qui s’étendait face à lui. La connaissance du terrain était un facteur essentiel pour la victoire. Et bien sûr, il comptait gagner, gagner face à son amie. Et il comptait d’autant plus triompher qu’il avait tout lieu de penser que Miss Duval était redoutable. Ha, la passion du défi… Son amie était donc une habituée de ce sport. Cela ne l’étonnait pas. Pour sa part, Ernest ne l’avait jamais pratiqué. Seulement, lui, il avait déjà eu entre les mains de véritables armes à feu et s’était réellement retrouvé en situation de combat. Bien sûr, il n’était pas un as de la gâchette, il était conscient qu’il partait avec un désavantage autant d’expérience que d’aptitude. Il estimait en effet que la chatte devait être plus rapide qu’il ne l’était lui-même. Mais il pouvait créer la surprise et il y comptait bien.

-Ouais, ce sera drôle. Vermine tapota son fusil. Il était enfin parvenu à stabiliser le masque. Tu m’en veux pas si je te fais perdre un peu d’argent. Il conclut par un sourire taquin.

Un quart d’heure plus tard, les deux hybrides, à présent adversaires, étaient plongé au cœur de l’action. Ernest s’amusait comme un petit fou, ce qui faisait presque bizarre. En effet, à force de se comporter presque comme un adulte, on pouvait croire qu’il ne savait plus s’amuser comme l’enfant qu’il était. Même lui en était venu à cette supposition. Le paint-ball prouvait le contraire et en cela, certainement, Maëlys devait être très satisfaite.

Deux billes de peinture sifflèrent aux oreilles du garçon qui se jeta de côté, roula au sol, se rétablit derrière un buisson et ouvrit le feu. Cette fois, il ne toucha personne. Difficile d’allier acrobatie et précision au tir. Pourtant, son amie, y arrivait assez bien. S’en était presque frustrant. Face à elle, l’échec était presque systématique. Alors Ernest adapta sa stratégie et s’efforça d’éviter la prédatrice pour laminer les coéquipiers de cette dernière. De plus, il fut suffisamment persuasif pour inciter les membres de sa propre équipe à se plier à sa volonté. « Vous voulez les tailler en pièces ? Alors écoutez-moi » avait-il dit alors que Duval dictait sa loi. Embuscades, tires croisés, progressions tactiques, ce fut essentiellement l’esprit du petit génie qui équilibra la balance. A présent, le score des deux équipes étaient à présent équivalent. La victoire n’était plus une chimère. Vermine rampa derrière la végétation dans le pur style commando. Il s’y croyait ! Ainsi camouflé, il put passer à une implacable offensive.

Un frisson traversa le corps du garçon-rat. Cela faisait maintenant presque trois heures qu’il jouait et il était temps d’arrêté. Vermine, fatigué, plus sale que jamais, suivit son amie qui pouvait être fière d’avoir une fois de plus triomphée. Le matériel fut rendu et les hybrides se retrouvèrent bientôt dans la rue.

-C’était, génial ! Faut absolument qu’on y retourne un de ses quatre ! Putain, mais j’aurais jamais cru que paint-ball c’était si excitant ! Et puis j’étais loin d’imaginer que t’étais une pro en la matière. Enfin, on peut pas dire que tu m’as humilié. Si j’avais eu un peu plus de chance, j’aurais put gagner, au moins une partie. J’en suis sûr !

Cette fois, plus de doute, c’était bel et bien de la fièvre que ressentait Vermine. Il lui fallait vite retourner à son immeuble miteux où se trouvait son casque. Pourquoi les bons moments passaient-ils aussi vite ?

-Bon. On va passer à la seconde étape à présent. Je te laisse faire les magasins pour trouver ce qu’il faut. Je n’vais pas pouvoir t’accompagner, j’ai… un truc urgent à faire. Ça va être rapide : une demi-heure tout au plus. On se retrouve où ?

Vermine n'était pas mauvais au paint-ball, ce n'était peut-être pas la première fois qu'il en faisait. Mais Neko se battit pour conserver son titre. Sur cinq parties elle ne fut touchée que deux fois, et pas une seule fois par Vermine. Sur la dernière partie, l'équipe de l'enfant-rat faillit l'emporter, mais grâce aux efforts de Maëlys (qui avait trouvé un point de tir bien situé), la situation se restabilisa, et la féline repartit avec son bonus. Elle se faisait un peu d'argent comme ça de temps en temps. Rien de bien mirobolant, mais assez pour s'acheter de nouveaux mangas.

-C’était, génial ! Faut absolument qu’on y retourne un de ses quatre ! Putain, mais j’aurais jamais cru que paint-ball c’était si excitant ! Et puis j’étais loin d’imaginer que t’étais une pro en la matière. Enfin, on peut pas dire que tu m’as humilié. Si j’avais eu un peu plus de chance, j’aurais put gagner, au moins une partie. J’en suis sûr !
-Aucune chance ! C'est mon frère qui m'a appris à tirer, et il l'a plutôt bien fait.
-Bon. On va passer à la seconde étape à présent. Je te laisse faire les magasins pour trouver ce qu’il faut. Je n’vais pas pouvoir t’accompagner, j’ai… un truc urgent à faire. Ça va être rapide : une demi-heure tout au plus. On se retrouve où ?
-Pffff ! Dépêche-toi, alors. Rendez-vous à l'appart de Lise, tu te rappelles où c'est ? T'as intérêt à faire vite, ou je viens te chercher par la peau du cul. Et cette fois j'arriverais à trouver !

Ils se séparèrent sur ces amabilités, et Maëlys alla faire quelques boutiques. La métropole américaine était beaucoup moins fournie qu'une ville française en magasins de produits de beauté, mais après une heure et demie de tractations, la féline avait réussi à constituer toute une trousse de toilette à l'attention de Vermine, et avait même acheté quelques vêtements neuf pour lui. ça n'avait pas été facile de trouver quelque chose qui puisse aller à sa morphologie, mais elle finit par trouver son affaire. Arrivée chez Lise, elle n'eut plus qu'à attendre en expliquant le plan à son ex-colocataire.

Il faisait sombre dans l'appartement. Pour une raison inconnue, les lumières étaient éteintes, et toutes les fenêtres avaient les volets fermés. Vermine fit quelques pas dans le couloir, en aveugle. Ses yeux s'habituant un peu à l'obscurité, il remarqua un rai de lumière filtrant sous une porte. Par curiosité il s'approcha. Qu'est-ce que ça cachait ? Était-il arrivé quelque chose à Maëlys et Lise ? Un psychopathe s'était-il introduit dans l'appartement pour y mener ses horribles exactions ? Allait-il découvrir une pièce remplie des restes sanguinolents de son amie ? Vous le découvrirez au prochain épisode...
NAN ! J'rigole ! Vermine ouvrit la porte et fut brièvement ébloui par la lumière. Il n'avait jamais visité l'appartement en détail, mais il ne s'attendait pas à tomber sur la salle de bains. C'était une petite pièce, plutôt coquette, aux murs et au sol couverts d'un carrelage de différentes nuances de bleu d'assez bon goût. Il y avait une cuvette de toilettes, une cabine de douche, une grande penderie, un lavabo entouré d'étagères surchargées de produits de toilette divers et variés, et une baignoire...pleine. Vermine eut un mouvement de recul. Il commençait à soupçonner le piège sournois quand soudain le claquement de la porte le fit sursauter. De retournant d'un bond, il vit que Maëlys (en bikini noir) venait d'entrer en refermant la porte derrière elle.

-CHOPPE-LE !!!

Aussitôt, Lise (pareillement vêtue) jaillit de la penderie en poussant un cri de guerre, et les deux filles se jetèrent sur l'enfant-rat. La rapidité et l'efficacité avec laquelle elles réussirent à immobiliser les chevilles et les poignets de leur cible laissait présumer un plan minutieusement échafaudé à l'avance. Mais le garçon ne se laissa pas faire sans se battre...ou se débattre. Même à deux, les filles eurent du mal à l'empêcher de s'échapper.

-Calme-toi ! Déjà, c'est toi qui nous oblige à faire ça ! Je savais bien que si on te laissais faire tu ne toucherais même pas à l'eau...ou bien tu te laverais comme un chat. Alors laisse-moi ce privilège et fais pas chieeeeer !

Arrivé à la baignoire, Vermine fit toutes les difficultés pour entrer dans l'eau, s'agrippant de toutes ses forces aux bords, glissant, s'accrochant à tout ce qui passait à sa portée. Finalement, après une lutte acharnée, il finit par atterrir lourdement dans l'eau chaude, Neko avec lui.

-Bon ! Maintenant on va pouvoir commencer. Lise ? La trousse !

L'étudiante amena une trousse de toilette bleue qu'elle posa grande ouverte à côté de la baignoire. Puis elle sortit en gloussant. Maëlys sortit alors savons, shampoings et brosses et commença à récurer sérieusement son rat.

-Grrr ! C’est malin ! fit Vermine, irrité. Maintenant, j’ai les fringues trempés ! Ha, la prochaine fois que vous assaillez de dresser un plan, demandez-moi conseil. Comme ça, il ne manquera pas une étape. Pfff… pathétique !

Boudeur, il croisa les bras, tout en restant assis dans la baignoire. Il avait vraiment l’air furax. Mais qu’est-ce qui l’énervait tant ? Qu’on le force à prendre un bain ? Non, pas vraiment en fait. Bien sûr, cela ne l’enchantait pas mais, plus que tout, c’était le fait d’être tombé dans el piège qui l’embarrassait. Malgré tout ce qu’il disait, il s’était fait avoir en beauté. C’en était vexant. Zut à la fin ! Il aurait dut comprendre en se retrouvant dans l’obscurité de cet appartement ! Les filles avaient peut-être oublié de le déshabiller avant de le jeter à l’eau mais en même temps, il aurait tout de même été difficile de le dévêtir vu comme il se débâtait. L’enfant-rat soupira. Son amie commençait déjà à jouer de la brosse sur lui. Il se demanda un instant s’il n’allait pas continuer à bouder rien que pour l’enquiquiner. Il ne céda toute fois pas à cette envie d’adolescent, préférant sauver les apparences en montrant qu’il était capable d’être bon perdant.

-Vous m’aurez pas deux fois comme ça, ça je vous le jure ! dit-il en commençant à se déshabiller pour montrer le retour de sa bonne volonté.

Il abandonna sa veste trop grande et son pantalon troué à côté de la peignoir puis il reprit sa position assise et ne parvint curieusement pas à complètement effacer son air boudeur.

-C’est chiant de prendre un bain… se plaignait-il en observant la féline qui, pour l’occasion, avait adoptée une tenue vestimentaire des plus légères.

C’était judicieux puisqu’elle l’avait accompagné dans l’eau et ça c’était une bonne idée de sa part. Déjà Ernest avait envie de s’approcher d’elle, de profiter de la situation, de faire de se bain un moment d’extase. Mais il n’en fit rien. La dernière fois, c’était lui qui avait cherché le sexe. Il était même aller jusqu’à avouer le problème qu’il avait avec la chose. Aujourd’hui, il était curieux de voir ce qu’il se passait s’il ne demandait rien. La féline pensait-elle aux mêmes choses que lui ? Avait-elle les mêmes idées ? Lise n’était pas restée alors qu’elle aurait sans doute voulu, c’était peut-être un indice… En tout cas, Vermine décida de simplement se montrer docile et de subir le bain comme le souhaitait Miss Duval.

Vermine râlait, mais Maëlys s'en moquait. Il lui avait lancé un défi et elle voulait prouver qu'elle pouvait être aussi forte que lui pour ça. Et puis, mieux valait qu'il soit présentable.

-Allez, arrête de chouiner ! dit-elle en jouant de la brosse sur le crâne de Vermine, en insistant bien derrière les oreilles, faisant monter une mousse moussue.

Le poil était gras, mais la saleté ne faisait pas le poids face à un bon gel douche.

-J'ai eu du mal à trouver mon affaire, les produits d'ici ne valent pas les produits français. Mais j'ai réussi à te trouver un super shampoing à la framboise. Sens-moi ça si ça sent pas bon !

Après avoir intégralement recouvert de mousse la tête du rat, elle la lui plongea sous l'eau pour rincer, puis la ressortit bien propre.

-Attends, je vais faire la nuque, on dirait que tu as une saloperie collée.

Elle attira la tête vers elle, plongeant le museau de Vermine dans son haut de maillot de bain. Les seins de Neko étaient minuscules, mais il y avait de quoi occuper Vermine pendant que la fille-chatte lui grattait l'arrière de la tête.

-Tu devrais te laver plus souvent.

L'eau était déjà souillée quand Neko retourna Vermine pour lui faire le dos.

-Alors tu as un peu réfléchi, au sujet de tes parents ?