Du Molière tout craché ! (Vermine et Léo)

-Garçon ? Je vais prendre un soda en attendant.

Le serveur hocha la tête et s'éloigna. La jeune fille tapota son menu du bout des griffes, l'air impatiente. Maëlys ne tenait plus en place depuis que ce matin elle avait convenu de ce rendez-vous avec son amour. Presque un mois s'était écoulé depuis le soir où elle s'était donnée à lui pour la deuxième fois après lui avoir fêté son anniversaire. Le professeur Xavier l'avait longtemps sermonnée, mais sans lui passer de vrai savon comme elle s'y était attendue. Non, il avait laissé cette tâche à Scott, l'homme-caillou, qui lui avait donné certaines corvées à accomplir en guise de punition. Elle avait dû répondre pour l'argent qu'elle avait "emprunté", et pour les deux hommes qu'elle avait poignardés. à ce sujet, le professeur avait été très compréhensif, mais lui avait bien fait comprendre que ce genre de geste pouvait faire régresser de plusieurs années la progression qu'humains et mutants avaient fait en plusieurs siècles dans leur relation. Pendant tout ce temps, elle n'avait pas eu le droit de quitter l'institut, ne pouvant communiquer avec Lise et Vermine que par l'intermédiaire du téléphone et d'Internet. Et aujourd'hui s'était achevée sa punition, et elle comptait fêter dignement cet évènement avec son rat préféré. Ils s'étaient donc donné rendez-vous dans ce restaurant pour déjeuner. Le temps était très ensoleillé, on ne voyait pas l'ombre d'un anti-mutant à l'horizon, mais Vermine n'arrivait pas.
Le garçon revint avec le soda de Maëlys. Elle le sirota pensivement en jetant un œil à sa montre. Elle avait changé de look depuis la dernière fois. Elle avait opté pour une coiffure plus élaborée que ses cheveux en bataille habituels, et sa tenue vestimentaire était plus sombre, plus gothique, un peu inspirée du look de Lise. Ce jour-là, elle avait mis une chemise à nœud pap', une veste de tailleur noire et une minijupe écossaise, et avait chaussé une paire de lunettes noires sur son museau.

-Ça y est, il est en retard de cinq minutes.

-Et voilà, je suis en retard ! grogna Ernest en refermant le couvercle de sa montre à gousset.

Difficile de concilier vie privée et travail, l’enfant-rat peu à peu le découvrait maintenant qu’il avait un véritable rôle à la Confrérie. D’ailleurs, il en était fier, très fier même. Se savoir sbire de magnéto était pour lui un rêve qu’il vivait chaque jour, chaque instant. Alors, pour cet idéal de domination auquel il adhérait volontiers, il ne comptait plus son temps. Il n’avait qu’une ambition, gravir les échelons, devenir aussi important que possible. Pour lui, c’était un jeu, oui un jeu. Mais voilà, Maëlys, sa bien aimée, était à ses yeux plus importante que son devenir professionnelle. Pour elle, il ferait n’importe quoi, enfin presque. Quand le rendez-vous fut fixé, il chamboula son emploi du temps afin de pouvoir s’y rendre. Il s’était donné plusieurs heures de liberté afin de parer à toute éventualité. Néanmoins, comme il venait de le dire, il était en retard. Maudit soit Phobos ! A cause de lui, Vermine vivait au dépend de son casque, casque qu’il ne pouvait pas trimbaler partout. Son inévitable séance était justement la cause de son retard. L’hybride enrageait. Le voilà au pas e course. Heureusement qu’il savait où il allait.

Ce fut tout essoufflé qu’il arriva à La Péniche. Avant d’n franchir la porte, il remit de l’ordre dans sa tenue et son pelage. Hors de question de ne plus être présentable face à miss Duval. Quand il jugea son look satisfaisant, Ernest entra. Du premier coup d’œil, il repéra la féline demoiselle. Il se dirigea vers elle d’un pas rapide.

-Salut ! Navré pour le retard. J’ai fais aussi vite que j’ai put. Ho, t’es superbe ! fit-il, joyeux, en guise d’introduction.

Vermine aussi avait bien changé mais il l’avait déjà dit au téléphone. L’effet de surprise serait moindre. Un veston noir, une chemise rouge, un pantalon noir, au mais et au pies des mitaines blanches… il avait la classe, enfin selon lui. Bien sûr, ce que dut en premier remarquer Maëlys, ce fut l’œil de verre de son ami. Ce dernier, devenu borgne, avait déjà narré sa mésaventure. Il ne souhaitait pas s’attirer de pitié.

-Ouais, superbe. Mon dieu, un moins déjà…, Ernest s’assit en face de son aimée. Ce sont des enfoirés à l’Institut. J’avais tant envie de te voir ! C’est curieux, mais c’est quand tu es loin que je me rend compte à quel point tu me manques.

Le garçon prit son menu, puis il ajouta.

-Au fait, c’est moi qui paye cette fois. Hors de question que tu te prennes un nouveau mois de corvées !

Il rit.

Enfin Ernest arriva. Maëlys retira ses lunettes pour accueillir son aimé en levant les bras, un grand sourire aux babines.

-Salut ! Navré pour le retard. J’ai fais aussi vite que j’ai put. Ho, t’es superbe !
-Tu n'es pas mal non plus, mon rat. Un vrai prince !

Maëlys l'embrassa tendrement avant qu'il ne s'asseye en face d'elle à la table.

-Ouais, superbe. Mon dieu, un moins déjà… Ce sont des enfoirés à l’Institut. J’avais tant envie de te voir ! C’est curieux, mais c’est quand tu es loin que je me rend compte à quel point tu me manques.
-Oh, il faut dire que j'avais fait de sacrées bêtises. Franchement, je suis heureuse qu'ils ne m'aient pas renvoyée. Je suis des cours de cinéma comme avant, je rencontre des personnes de mon âge qui ne me traitent pas comme une pestiférée, et j'apprends à en savoir plus sur mes pouvoirs. Tu sais quoi ? Je me suis même fait un pote qui accepte que je le morde, pour voir. Toi aussi tu m'a manqué. C'est ça l'amour !
-Au fait, c’est moi qui paye cette fois. Hors de question que tu te prennes un nouveau mois de corvées !

-OK. Alors apprête-toi à taxer ! Nan, je déconne ! J'ai des goûts simples.

Elle parcourut son menu. Elle avait déjà jeté un oeil en attendant, mais ne s'était pas vraiment décidée.

-Mmh...je crois que je vais prendre du saumon. Mais, dis-moi. Pourquoi est-ce que tu as quitté l'Institut ? Ils m'ont dit que tu étais parti précipitamment.

-L’Institut ne me convenait pas. Je crois que je tiens trop à ma liberté pour vivre dans un établissement de ce genre. Et puis les circonstances n’ont fait que hâter mon départ, d’où ce qu’on la précipitation qu’on t’as rapporté. Bon, pour moi, ce sera du foie grasse.

Ernest déposa son menu sur la table. Dès lors, son unique œil ne quitta plus sa tendre amie.

-L’Institut ne m’a pas laissé de très bons souvenirs mais je suis heureux que tu t’y plaises. Alors comme ça, tu t’intéresses au cinéma. Qui sait, tu es peut-être la future star des USA. Hollywood te tends les bras, j’en suis sûr !

L’enfant-rat sourit. Il aimait exagérer. Ce qu’il se garda bien de dire, c’était que sa mère était actrice et qu’à cause d’elle il n’aimait pas ce métier. En même temps, la féline n’avait pas dit qu’elle voulait devenir actrice, le doute était permis. Ce qu’il ne dit pas, également, c’était qu’au fond de lui, il voulait que son aimée quitte l’Institut, voir même qu’elle le rejoigne à la Confrérie. Mais jamais il n’oserait lui dire qu’il faisait partit de cette organisation terroriste. Ou en tout cas, pas encore…

-Ha, au fait, j’ai lu les mangas que tu m’a offert. C’est pas mal du tout. Au début, j’étais dubitatif mais l’histoire était sympa.

HRP : désolé, un post vraiment pas terrible

Neko rit gaiement.

-Oh, non, rassure-toi, tu n'es pas prêt de me voir jouer dans un grand film. En Cinéma, j'étudie surtout la partie technique. L'utilisation de la caméra, du micro, le montage. Si j'arrive à avoir mon diplôme, une fois retournée en France je pourrais être caméraman, ou monteuse. Avec de la chance je pourrais même faire metteuse en scène. On ne se souviendra pas de moi comme on se souvient d'Hitchcock, mais ce sera déjà bien.

Elle prit une poignée de cacahuètes dans la coupelle qu'elle avait pris pour l'apéro et les lança en l'air pour les attraper dans sa gueule.

-J'aurais bien aimé pouvoir être actrice, mais avec ma tronche ce serait difficile. à part les rôles de chatte-garou, je ne pourrais rien faire. C'est comme si on essayait de remplacer Léonardo Di Caprio par Dark Vador, dans "Titanic".

-Ha, au fait, j’ai lu les mangas que tu m’a offert. C’est pas mal du tout. Au début, j’étais dubitatif mais l’histoire était sympa.
-Ha ! Tu vois ! Je le savais ! J'ai l'œil pour ce genre de trucs.

Puis elle redevint un peu plus sérieuse.

-Pendant que j'étais punie à l'Institut, j'ai appris pour les deux types que j'ai...poignardés. L'un qui est mort et l'autre qui sera défiguré à vie. Le pire c'est que je n'arrive absolument pas à culpabiliser. J'ai des regrets, mais pas de remords. Pourtant je sais que c'est horrible. Ils ont sûrement chacun une famille qui souffre de ce qui leur est arrivé. Et pourtant plus j'y réfléchis plus je sens que ça m'a fait du bien de me venger. Mais je ne veux pas être une meurtrière. Si jamais je venais à prendre du plaisir à ce genre de trucs, promets-moi que tu me colleras une bonne paire de claques pour me faire redescendre sur terre.

Quoi ? Ils n’étaient pas tous les deux morts ? Pourtant, Ernest était certain d’avoir fait le ménage après le départ de la demoiselle. Bon, sans doute avait-il été trop sympa sur ce coup là. La prochaine fois qu’il fracasserait le crâne de quelqu’un, il le ferait jusqu’à repeindre le sol de cervelle. A la demande de son amie, il ne répondit pas tout de suite. Il observait la féline, il pensait. Machinalement, lui aussi se mit à piocher dans la coupelle pour grignoter un peu.

Ainsi, la fille chatte n’avait pas un si bon fond que ça. Pour Vermine, l’absence de remord en était une preuve absolue. D’autres qu’elle auraient été anéanti par ce drame, mais elle craignait juste de recommencer, même d’y prendre plaisir. Que dire de cela si ce n’était que le petit hybride en était ravi. Lui-même n’avait jamais eu un bon fond et à présent, il avait tout du vrai Confrériste.

-C’est terrible ce que tu dis là, Maëlys, commença l’enfant-rat. Tu voudrais renier ta nature ? Je veux dire par-là que tu es une prédatrice. Il est peut-être normal que tu ais ce genre de ressenti. Mais c’est promis, je t’inciterais à la modération.

Ernest s’appuya à son dossier, songeant à poursuivre. Le sujet était propice à discussion mais il était également épineux. Il se dit néanmoins qu’il désirait être sincère avec Neko. Il n’avait pas à lui cacher sa façon de penser. Il espérait juste ne pas y aller trop brutalement. Miss Duval était-elle prête à l’accepter comme il était, lui, un monstre d’égoïsme et de fierté, lui qui se nourrissait de mensonges, de colère ?

-Tu sais, la société est hypocrite. Elle prône de belles idées mais elle te bouffera si elle le peut. La guerre autant économique qu’au sens militaire du terme, les conflits d’intérêt, les crimes, ça crève les yeux ! L’Homme est ainsi, une bête qui ne s’assume pas. Et quand je dis l’Homme, c’est avec un grand « H », un très grand même puisque j’inclus les mutants. Ho, non, je ne prône pas l’anarchie. Il faut savoir vivre en communauté mais il s’agit aussi d’être honnête sur le monde, sur soi-même. Le juste milieu en somme.

Le garçon, un peu emporté par l’envie d’exposer sa vision du monde, se força tout de même à maquer une pause. Puis il reprit, avec la même passion.

-Prends le bien ou le mal par exemple. Qu’est-ce que c’est au juste ? Demande à dix personnes différentes, elles n’auront pas les même définitions. Ce sont juste des concepts, vagues qui plus est, inventé par l’homme, cet homme hypocrite. Le bien, le mal, ça n’existe pas, ça n’a jamais existé et ça n’existera jamais. Cherche une molécule de bien dans l’univers, si tu en trouves une, tu m’appel ! Bref, tout ça pour dire que tu n’as pas à te torturer l’esprit parce-que t’as butté un gars qui t’as fais du mal. Si faut ressortir les griffes un jour, n’hésite surtout pas. Faut juste éviter de trop en faire.

Maëlys écouta tout ce qu'avait à dire Vermine, en hochant la tête. Le point de vue sur la société était intéressant, mais elle n'approuvait pas tout. Notamment le passage sur le bien et le mal. Enfin bon, après ça c'était à elle de faire le tri de ce qu'elle gardait et ce qu'elle jetait, comme toujours.

-Moi je dit que le bien et le mal existent. Ils sont très abstraits et la limite entre les deux est très vague, mais ils existent. Et pour survivre il faut éviter de trop tomber dans l'un des deux.

On leur servit leurs plats, et Neko s'interrompit pour engloutir deux grosses gorgées de saumon. S'étouffant, elle avala une gorgée de limonade pour faire passer et ralentit un peu. Elle reprit sa discussion avec un soupir.

-Mmmmmh... Je crois que je ne serais plus jamais la même, en bien et en mal. Je n'avais jamais tué personne avant de venir aux Stazunis, mais je ne m'étais aussi jamais offerte à un garçon. Finalement, quand je fais le bilan, si je revenais dans le passé avant de quitter la France et que j'avais le choix de rester chez moi ou de venir ici, je crois que je referais tout à l'identique.

Elle se leva et se pencha au dessus de la table.

-Allez, viens là, mon raton.

Elle embrassa encore Vermine. Le baiser dura, presque une minute entière, puis Maëlys se rassit.

-C'est décidé, dès que j'ai décroché mon diplôme, je retourne en France avec toi dans mes bagages et je te présente à ma famille.

*Merdemerdemerdemerdemerdemerde !*

Décidément, aujourd'hui les choses allaient mal pour Léo Duval. Après des demaines d'infiltration à s'équiper, à nouer des contacts et à tâter le terrain, le groupe des rescapés de l'armée avait décidé de passer à l'attaque. Aujourd'hui à onze heure dix, ils avaient donné l'assaut au bâtiment des archives nationales. à quatre, lourdement armés, ils étaient entrés en force et avaient rassemblé tous les employés dans la même pièce et le pirate du groupe avait commencé à retourner les dossiers à la recherche des preuves qu'ils convoitaient. Léo s'était occupé pendant ce temps de surveiller les otages. Mais un employé qui était aux toilettes et que personne n'avait vu avait appelé la police sur son portable, et le temps qu'on le débusque il était déjà trop tard. Le SWAT était arrivé très vite et avait encerclé tout le bâtiment. S'ensuivit alors une fusillade entre les déserteurs et les forces de police. Tout le groupe y serait passé sans la Minimi de Sphinx. Les quatre militaires avaient volé une voiture pour fuir, puis s'étaient séparés pour être plus difficile à poursuivre. Apparemment ça s'était bien passé pour ses amis, mais lui, homme-lion à l'imposante stature, avait les plus grandes difficultés à se fondre dans la masse des passants. Et pourtant il avait bazardé son gilet pare balles et sa mitrailleuse.
Il s'était senti sauvé lorsqu'il avait repéré La péniche. Il avait déjà fait un passage par ce restaurant, il était fréquenté en majeure partie par des mutants. S'il parvenait à s'y cacher, aucun flic n'oserait l'y suivre.
Il courut sans se retourner et gagna vite la porte du restaurant. Il entra et referma la porte derrière lui. Jetant un œil par la vitre, il ne vit aucun uniforme. Sans doute avait-il réussi à semer ses poursuivants pour le moment. Mieux valait qu'il se cache ici le temps que les choses se tassent, en comptant sur la solidarité entre mutants. Il entra donc dans la salle et se fraya un chemin entre les tables pour aller jusqu'aux toilettes. Et là...vision d'horreur ! MAËLYS ! Maëlys Duval, sa jeune sœur qu'il croyait à l'abri en France. Elle avait drôlement changé de look mais c'était bien elle (difficile de se tromper, les filles-chattes ne couraient pas les rues). Et elle était assise en face de Vermine, le petit gars qu'il avait entraîné un peu plus tôt et avec qui il commençait à lier une vraie amitié. Alors qu'il allait approcher, il vit Maëlys se lever...et EMBRASSER Vermine.

*AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !*

Il lui semblait que son hurlement avait dû résonner dans toute la ville, mais en fait sa gueule aux énormes crocs s'était ouverte sans émettre le moindre son. Aucun des deux n'avait remarqué sa présence. Il s'approcha, le Desert Eagle passé dans sa ceinture et caché sous sa veste lui semblait devenir brûlant. Il marcha, sans un bruit, et alla se mettre juste derrière Neko. Il ne dit toujours pas un mot. Son visage n'exprimait rien du tout.

Evidement, Ernest fut ravi de ce langoureux baisé. Jamais il ne s’en lasserait. C’était si chouette d’aimer et d’être aimer. Un peu de chaleur en son petit cœur de pierre ne lui faisait pas de mal. Reprenant la dégustation de son foie gras, fort succulent dit en passant, il répondit à son amie.

-C’est bien de ne rien regretter. C’est une chance même. Ha, si moi je pouvais revenir en arrière, je crois que je changerais deux trois petits trucs dans ma vie. Enfin, je serais tenté mais je craindrais de trop chambouler les choses et qu’au final notre rencontre n’ait plus lieu. Ouais, en fait, moi non plus je referais à l’identique. C’est très bien ainsi. Et puis…

Vermine, subitement, cessa de parler. Il avait remarqué que quelqu’un s’était placé derrière Neko et en levant l’œil sur cette personne, quelle ne fut pas sa surprise ! Il resta un instant silencieux, stupéfait, puis reprit ses moyens.

-Hé, Sphinx ! Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il, joyeusement.

Cette rencontre, certes inattendue, n’avait rien de désagréable. Puisque l’enfant-rat n’avait jamais parlé de son entraineur personnel à son aimée, des présentations s’imposaient.

-Maëlys, voici Sphinx. Il désigna le grand mutant de la main. C’est un ami et un pro de la baston. C’est avec lui que j’ai eu m’a petite mésaventure dont j’t’ai un peu parlé au téléphone. Sphinx m’a donné des cours pour mieux me battre et ainsi pouvoir mieux te défendre. Ernest eut son petit sourire malicieux. Sphinx, voici Maëlys. C’est ma… Il hésita sur le terme à employer. Sans le savoir, il allait enfoncer le clou. …petite amie. Une charmante demoiselle.

Petit silence. Vermine sentit que quelque chose clochait, mais quoi ?

-Hum… pourquoi tu restes planté là ? Qu’est-ce qui se passe ? Y’a un problème ?

Maëlys vit soudain Vermine s'adresser à quelqu'un derrière elle.

-Hé, Sphinx ! Qu’est-ce que tu fais ici ?

La féline se retourna pour voir le dénommé Sphinx. Lorsqu'elle le vit, il lui fallut encore quelque secondes pour le reconnaître. Lorsque son cerveau eut fini de déchiffrer l'information que lui envoyaient les yeux, elle blêmit, comme si elle avait vu un fantôme. Et d'une certaine manière c'était vraiment le cas.

-Maëlys, voici Sphinx. C’est un ami et un pro de la baston. C’est avec lui que j’ai eu m’a petite mésaventure dont j’t’ai un peu parlé au téléphone. Sphinx m’a donné des cours pour mieux me battre et ainsi pouvoir mieux te défendre. Sphinx, voici Maëlys. C’est ma…petite amie. Une charmante demoiselle.

Maëlys était toujours trop pétrifiée pour pouvoir prononcer le moindre mot ou esquisser le moindre geste. Elle voyait encore le papier aux armes de la république française où il était imprimé noir sur blanc que son frère avait trouvé la mort lors d'une mission en Afghanistan. Ce n'était pas possible, elle devait être victime d'hallucinations, ou bien ce type lui ressemblait comme deux gouttes d'eau...

-Hum… pourquoi tu restes planté là ? Qu’est-ce qui se passe ? Y’a un problème ?

L'homme-lion ne disait rien. Son visage trop impassible trahissait un grand trouble, et en même temps il avait l'air un peu con. Cette fois aucun doute, c'était lui. Sur le coup, elle ne pensa même pas à demander à Vermine d'où ils se connaissaient.

-LÉOOOOOOO ! hurla Maëlys en se jetant au cou du mutant.

Toutes les personnes dans la salle avaient sursauté. La fille-chatte serrait à présent l'homme-lion à l'en étrangler.

-Mais où tu étais ? Ils ont dit que tu étais mort ! On a tellement souffert de ton absence ! Tu m'as tellement manquééééééé ! C'est vraiment...

Elle était tellement heureuse que les mots lui manquaient. Elle était avec le garçon qu'elle aimait, et en même temps elle retrouvait un frère disparu. Redescendant un peu sur terre (et des épaules de Sphinx), elle se tourna vers Vermine.

-Ernest... Je te présente mon frère, Léo Duval. Il avait disparu en Afghanistan...mais il est vivant !

Elle avait les larmes aux yeux tellement elle était heureuse (d'ailleurs, ça faisait couler son mascara, et le résultat n'était pas top). Pourtant, son bonheur n'était pas complet. Elle sentait une étrange tension chez son frère.

Maëlys réagit très vivement, sautant sur Léo en criant et en pleurant de joie. Léo aussi aurait dû être heureux. Mais depuis qu'il venait de voir l'enfant-rat embrasser sa sœur, c'était comme si vingt kilos de pierres venaient de tomber dans son estomac. Le sentiment qui le prenait à cet instant était proche de celui du mari qui s'aperçoit qu'il est cocu. Réaction certes un peu disproportionnée, mais lui qui avait toujours été très paternel avec sa jeune sœur, qui la voyait toujours comme une petite fille de 10 ans timide et sensible, il avait du mal à accepter ce qu'il venait de voir et d'entendre. En plus, Vermine qui lui confirmait oralement ce qu'il avait compris, c'était trop. Dans l'esprit du militaire, cette annonce sonna même comme une provocation. Vermine aurait dit "Ouais, c'est vrai, j'ai couché avec ta sœur, je l'ai pervertie, rendue accro à la drogue et demain elle fait le trottoir pour moi !" que Léo n'aurait pas réagi différemment.

-Maëlys...ne me dit pas que vous avez...

Mais hélas ça s'imposait comme une évidence. C'était même dans l'odeur de la féline. Rien qu'en reniflant ses effluves Léo sut qu'elle n'était plus vierge. Dès que Maëlys eut touché le sol, Léo la contourna, contourna aussi la table, et attrapa Vermine par le col comme un ours attrapant un saumon dans une rivière. Il souleva le rongeur d'une main et dégaina son flingue.

-TU T'ES TAPÉ MA SŒUR ! TU AS PROFITÉ D'ELLE ET PENDANT TOUT CE TEMPS TU FAISAIS SEMBLANT DE RIEN !!! JE TE FAISAIS CONFIANCE ! rugit-il à la figure de sa victime.

Il secoua Vermine comme un prunier en lui agitant la gueule du Desert Eagle sous le nez, avant de le jeter contre un mur avec violence. Il continua de braquer son arme sur le rat.

-Combien de fois ? Depuis longtemps ? T'y as pris du plaisir ? Oh oui, j'espère que t'en a pris du plaisir, PARCE QUE C'EST LA DERNIÈRE FOIS ! JE VAIS TE COUPER LES COUILLES !!!

On aurait put croire qu’Ernest perde ses moyens en une situation si imprévisible, si violente… il n’en fut rien. Bien sûr, au début, il resta sans voix, sans réaction ; il se laissa malmener par le frère ressuscité. Mais après, une fois au sol, s’en fut fini de sa passivité. Sans se presser, il se releva. D’un geste dédaigneux, il épousseta ses habits. On le menaçait avec une arme à feu ? La belle affaire ! Il s’en fichait. Il risquait de perdre la seule chose qui comptait vraiment pour lui et ça, il ne pouvait tout simplement pas le tolérer, pas le supporter. Point de dilemme, point d’hésitation. Sphinx avait été un ami. Maintenant, il n’était plus qu’un obstacle.

-Deux fois et oui, avec beaucoup de plaisir, répondit simplement l’enfant-rat.

Sa voix était froide, glaciale même, mais tranquille. Son unique œil tomba sur Léo. Ce qu’on pouvait y lire était susceptible de faire peur, même à un imposant homme-lion. Sphinx avait entendu, de la bouche de Willard, que Vermine faisait partit de la Confrérie. Maintenant, par ce seul regard, il en avait la confirmation. Le petit hybride était de ceux qui pouvait tuer de sang froid… un criminel… pire même. Cela, sans doute, allait encore athéiser le conflit.

-Qu’est-ce que tu va faire avec ton flingue, Sphinx, enfin Léo ? Me tirer de dessus ? Devant ta sœur ? Elle m’aime. Je l’aime. Tu veux la perdre ? N’as-tu pas l’impression de tout gâcher ?

Il le narguait, il lui riait presque au nez.

-Range ça, assis-toi, calmes-toi et on pourra en discuter… comme des gens civilisés.

Vermine proposait mais il désirait tout autre chose. Egoïste, impitoyable, il voulait la féline pour lui tout seul. Ce frère miraculeusement revenu n’avait pas sa place dans cette histoire. Alors, il l’effacerait, d’une façon ou d’une autre. Tel était le jeu de la haine. Ernest se tenait aussi droit qu’il le pouvait, désirant paraitre digne, s’imposer comme la raison, inverser les rôles pour être l’adulte face à l’enfant. Mais déjà sa main était venue se loger non loin de la poche de son veston. Le PPK attendait son heure.

Maëlys était restée sans voix, surprise par la réaction de Léo. Oh, lorsqu'elle s'était liée à Vermine, elle se doutait bien que son frère serait furieux s'il le savait, et s'en était amusée, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse si vite comme ça. Non ! Il ne comptait tout de même pas réellement le tuer ? Et voilà Vermine qui en plus le provoquait, comme si Léo n'était pas déjà suffisamment à cran. Rien que pour ça elle sentait que son frère serait capable d'appuyer sur la gâchette. En général il avait beaucoup de self-control, mais dès qu'il s'agissait de sa sœur, il pouvait devenir très impulsif. Non ! C'était hors de question ! D'un bond elle se mit entre Léo et Vermine et donna à son frère une gifle qui claqua très fort.

-Non mais ça va pas ! Je devrais juste être folle de joie de te revoir, et au lieu de ça je suis obligée de faire la police ! Vermine est mon ami...non, mieux, c'est mon amoureux ! Il était là quand j'étais malheureuse, quand j'aurais eu besoin de toi pour me soutenir. Toi tu étais absent, donc tu es mal placé pour la ramener ! Oui, j'ai couché avec lui, parce que je n'ai plus 4 ans et que je ne t'ai pas attendu pour apprendre comment ça marche. Je l'aime, il m'aime, nous sommes ensemble depuis un mois alors tu vas devoir t'y faire, mon p'tit pote !

Jamais Maëlys n'était entrée dans une telle colère. Elle qui était une puce, sa colère était plus grande qu'elle. Ses traces de mascara sous les yeux lui donnaient encore lus l'air d'une vraie furie. Déjà elle s'était retournée vers Vermine.

-Et, toi, qu'est-ce que t'as dans la tête, à le provoquer ! Tu veux mourir ? Si tu as vraiment appris à te battre avec lui tu devrais savoir qu'il est capable de te tuer avec deux doigts ! Je t'aime d'amour, mais lui c'est mon frère et je l'aime tout autant. Si tu dis encore un mot de travers je te tue, je t'écorche, et je me fais des moufles avec ta peau !

Ses griffes étaient sorties toutes seules, elle montrait les crocs à tout va, et tout le poil de son dos était hérissé de sa nuque au bout de sa queue.

-Je vous aime tous les deux, et je ne veux pas avoir à choisir entre vous ! Alors maintenant Léo tu ranges ton flingue, Vermine tu la boucles, et nous allons déjeuner tous ensemble dans la joie et la bonne humeur. Vous allez faire connaissance et bien vous entendre, et le jour où je me marierais avec ce rat, c'est toi, Léo, qui m'amèneras devant l'autel ! GARÇON ! UNE TROISIÈME CHAISE ET UN COUVERT SUPPLÉMENTAIRE !!!

Le serveur s'empressa d'aller chercher une chaise à une autre table. Les autres clients étaient figés, regardaient la scène avec des yeux grands comme des assiettes.

-Et vous ? Vous voulez ma photo ?!

Elle se rassit en digérant sa rage.

-Si je vois ne serait-ce que l'ombre d'une arme, je fonce au tribunal réclamer une interdiction d'approcher contre toi, ça se fait dans ce pays.souffla-t-elle à léo

Puis à Vermine :

-Et toi, tu as intérêt à te montrer aimable, ou je te quitte.

La gifle ne fit pas très mal à Léo, mais elle le surprit et le coupa net dans sa concentration.

-Non mais ça va pas ! Je devrais juste être folle de joie de te revoir, et au lieu de ça je suis obligée de faire la police ! Vermine est mon ami...non, mieux, c'est mon amoureux ! Il était là quand j'étais malheureuse, quand j'aurais eu besoin de toi pour me soutenir. Toi tu étais absent, donc tu es mal placé pour la ramener ! Oui, j'ai couché avec lui, parce que je n'ai plus 4 ans et que je ne t'ai pas attendu pour apprendre comment ça marche. Je l'aime, il m'aime, nous sommes ensemble depuis un mois alors tu vas devoir t'y faire, mon p'tit pote !

Jamais à sa connaissance Maëlys ne s'était fâchée aussi fort. Elle faisait presque peur. Léo était écrasé par tout ce qu'il entendait. Son monde s'écroulait. Il ne pouvait pas penser que sa sœur adorée pouvait avoir des relations sexuelles à seulement 18 ans avec un type qu'elle connaissait depuis moins d'un an. Ce qu'il entendait sonnait à ses oreilles comme un blasphème, et normalement il aurait tabassé quiconque tiendrait de tels propos sur Maëlys. Mais jamais il ne lèverait sa main sur la sœur qu'il voulait justement protéger. Et le pire, c'est qu'elle avait raison. Il n'était pas là pendant tout ce temps. Il était officiellement mort et avait préféré ne pas avertir sa famille qu'il était en vie, afin qu'ils ne souffrent pas plus s'il venait à mourir pour de vrai en tentant de rétablir la vérité. Mais finalement, c'était son absence qui les avait fait le plus souffrir.
Léo ressentit comme un plaisir enfantin lorsque Maëlys arrêta de lui crier dessus pour se retourner vers Vermine. Mais il s'abstint tout de même de lui tirer la langue. Le moment ne s'y prêtait vraiment pas. Enfin, la féline revint vite à la charge.

-Je vous aime tous les deux, et je ne veux pas avoir à choisir entre vous ! Alors maintenant Léo tu ranges ton flingue, Vermine tu la boucles, et nous allons déjeuner tous ensemble dans la joie et la bonne humeur. Vous allez faire connaissance et bien vous entendre, et le jour où je me marierais avec ce rat, c'est toi, Léo, qui m'amèneras devant l'autel ! GARÇON ! UNE TROISIÈME CHAISE ET UN COUVERT SUPPLÉMENTAIRE !!!

C'était dit et ça faisait mal. Léo s'imagina amener Maëlys à l'église, pour qu'elle se marie avec Vermine. Tout ce qu'il avait fait pour Maëlys, la fliquer, fliquer ceux qu'elle fréquentait, il ne l'avait fait que pour son bonheur. Mais il aurait vraiment fallu qu'il soit aveugle pour ne pas voir qu'elle l'avait trouvé. Après tout, n'avait-elle pas l'air heureuse avait qu'il n'arrive ? Restait seulement à espérer qu'elle ne se trompe pas. Il rangea son pistolet et alla s'asseoir aux côtés de sa sœur, sur la chaise apportée par le serveur. N'importe-quoi pourvi qu'elle se calme !

-Ha, l’amour… marmonna Mickael avant de ricaner tout bas.

Refaisant face à son interlocuteur, également partenaire d’un jour, l’oncle d’Ernest vida son verre. Tout comme les autres clients de la Péniche, il n’avait put manquer l’incident entre les trois hybrides. Il n’en fut pas pour autant très affecté. Il se contentait juste de constatations silencieuses.

-Alors c’est lui, ton neveu, la souris qui se tape la chatte ? demanda l’autre, un grand type chauve.
-C’est un rat.
-Bon dieu de merde. Son gène X l’a pas loupé !
-Y’a pire.
-Ouais, y’a toujours pire, mais y’a mieux aussi. Il a quel âge ? 12, 13 ? Il est précoce !
-Revenons-en à notre affaire, veux-tu ?
-Bonne idée. D’ailleurs tu ne m’as pas répondu. T’es pas humain, Willard. Un homme peut pas faire ce que tu fais. Moi j’dis que t’es mutos.
-Pense ce que tu veux. Moi j’dis que tu surestime le gène X. Enfin bref, on s’écarte du sujet.
-Pas vraiment, Willard. J’aime savoir avec qui je travail. Une bonne moitié des gens de cette ville, voir du monde, veut te buter, et elle y arrive pas.
-J’ai des amis aussi.
-Ha, ha, ha ! La belle blague ! T’as des commanditaires, des gars qui s’intéressent aux services que tu rends.
-Ecoute, je suis humain. Si ça te plais pas, c’est la même chose. Maintenant, on a un assassina à organiser alors fais-moi plaisir, on cause du sujet.

Voilà qui mit fin à la parenthèse. Enfin, presque. Avant de pleinement se replonger dans le sujet, Mickael jeta un dernier coup d’œil derrière son épaule. Le trio s’était visiblement calmé. Bien, l’oncle n’aurait pas à descendre Léo pour protéger son neveu. Car oui, si le besoin s’en était fait sentir, il aurait agit. Mine de rien, il n’était pas si froid qu’il en avait l’air.

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Vermine pouvait s’estimer heureux, enfin presque. Le drame, qui un instant avait parut inévitable, avait finalement été esquivé par l’intervention ô combien énergique de la féline. Fallait-il en rester là ? Oui, pour l’instant tout du moins. Renonçant à sortir son arme, il alla docilement s’assoir sans dire un mot. Faisant usage de ses dons d’acteur, il se donna une joyeuse attitude. Toute fois, même s’il l’aurait aimé, il ne pouvait pas faire comme si rien ne s’était passé. La situation restait délicate. Alors, jouant la carte de la prudence, il se contenta d’un commentaire assez neutre, dans l’espoir de relancer la discussion, d’apaiser l’ambiance franchement pesante.

-Et bien, que de surprises en si peu de temps. Maintenant que j’y pense, jamais je n’aurais put deviner que Léo était ton frère. Il s’adressait essentiellement à Neko. Tu m’avais dis qu’il était un félin. Le lion n’est pas un félin. Beaucoup de gens font la confusion. Alors, je me l’étais imaginé tigre ou quelque chose du genre.

HRP : Mickael Willard, l’oncle de Vermine, est donc présent dans le resto. Léo, qui le connait, peut s’il le désire le remarquer (il n’est pas installé forcément très loin). Mais ce n’est en rien une obligation.

Neko était en face de détente. Elle relâchait la pression, mais restait prête à bondir si les deux affreux faisaient encore mine de se chamailler.

-Ah bon ? Bah merde alors. J'ai toujours cru que le lion était un grand félin. Enfin, tu avoueras qu'il ressemble plus à un chat qu'à un chien, non ?

Elle se pencha pour s'approcher de son frère.

-Franchement, tu ne vois aucun air de famille ?

Bref, elle se redressa et se remit à se goinfrer son saumon. Après tout, rien d'irréparable n'avait été fait, et la journée pouvait encore se finir sur une bonne note. Pousser les deux lascars à s'entendre était dans ses cordes. Et puis elle avait tant de choses à rattraper avec Léo.

-Après ta "mort", l'ambiance était invivable à la maison. Maman reproche à papa de t'avoir transformé en chair à canon, ils passent leur temps à s'engueuler. Alors j'ai réussi à venir aux Stazunis pour étudier le cinéma audiovisuel. J'étais à la fac dans la banlieue, mais je me faisais tout le temps chahuter par des anti-mutants. Ils ont...tué Reiji pour me pousser à bout. Alors j'ai fini par craquer et partir. Je suis allée à l'institut, c'est génial comme endroit. Ça fait bien un mois que je connais Vermine. Il m'a beaucoup soutenu dans les moments difficiles. Au début je le voyais plus comme un ami, comme le petit frère que j'ai jamais eu. Mais en fait il y a quelque chose de beaucoup plus fort. Pleure pas ! De toutes façons il arrive toujours un âge où les petites sœurs quittent le nid.

Son frère était fort, il se remettrait assez vite du choc. Pour l'heure, il semblait avoir vieilli de dix ans.

-Tiens, Vermine, raconte-moi comment vous vous êtes rencontrés.

(HRP : En même temps ce serait mal connaître mon frère =^^=)

Léo essaya de se faire à la situation. Il venait à peine de retrouver sa sœur qu'on la lui enlevait. C'est sûr, pour ça il était remonté contre Vermine, mais préféra s'abstenir de toute pensée négative. Il se demandait juste ce que Maëlys pouvait bien lui trouver. Peut-être son allure de peluche. Oui, connaissant Maëlys c'était sûrement un truc comme ça.
Il était affligé d'apprendre que les choses s'étaient tellement dégradées en son absence. Il faudrait vraiment qu'il rattrape tout. Il fut peiné d'apprendre la mort du chaton qu'il avait confié à sa sœur, mais ça restait secondaire. Au moins devait-il reconnaître que la petite Maëlys avait mûri. Peut-être était-ce le fait de ne soudain plus vivre dans du coton qui l'avait fait devenir plus adulte.
Il remarqua alors une odeur désagréable. Pas désagréable parce qu'elle puait (quoique, le mélange cuir/camboui/poudre ne plaisait pas à tout le monde), mais parce qu'il l'assimilait à un souvenir désagréable. Et en cherchant du regard il eut vite fait de trouver la source de cette odeur. L'oncle de Vermine, le baroudeur du dimanche, était attablé un peu plus loin avec un type chauve pas moins louche. Dès le début ce type avait laissé une mauvaise impression à Léo. Et surtout, là il semblait préparer un mauvais coup. D'un côté, l'homme-lion n'avait pas grand chose à dire puisqu'il sortait lui-même d'une prise d'otage où il était lui-même preneur d'otage. Mais lors de leur dernière rencontre, Vermine avait dit que ce type l'avait kidnapper pour essayer de le vendre. Et si la seule raison de sa présence ici était de recommencer ? Personnellement, il se disait que ce serait bien fait pour le rat, mais Maëlys n'aimerait sans doute pas qu'on touche à son amoureux.

-Tiens, Vermine, c'est pas ton oncle, là-bas ? Et le type à côté, tu le connais ?

-Quoi ?

Vermine, perdu dans ses réflexions, ses calculs égoïstes et autres tristes plans destinées à écarter Léo de sa bien aimée, sursauta presque à la remarque de l’homme-lion. Dubitatif, il tourna la tête, persuadé que son (ex) ami s’était trompé mais il fut bien forcé de constater que ce n’était pas le cas.

-Ça alors. Qu’est-ce qu’il fout ici ? demanda-t-il, plus pour lui-même qu’autre chose.

Refaisant face à aux Duval, il reprit.

-Non, l’autre je le connais pas. Je reviens.

D’un geste rapide, il goba le dernier morceau de foie gras se trouvant dans son assiette, puis il quitta la table. Il se dirigea droit vers son oncle qu’il accosta avec une relative amabilité.

-Tu me surveilles ?

Mickael, averti d’un regard par son patibulaire interlocuteur de l’approche de son neveu, ne fut en rien surpris. Il ne se donna même pas la peine de tourner la tête pour répondre, poursuivant nonchalamment la dégustation de son plat de résistance.

-Pas le moins du monde.
-Alors, qu’est-ce que tu fais ici ?
-La même chose que toi, je mange… avec quelqu’un.
-Et c’est qui, celui-là ? Ernest désigna du doigt le chauve.

Ce dernier apprécia peu qu’on parle de lui ainsi, mais il s’abstint de réagir.

-Un gars avec qui je fais affaire.
-Affaire ?
-Oui, il s’agit d’un assassina, quelque chose de banal.
-Mais vas-y, dis-lui tout tant que t’y es !
-Ne t’en fais pas, je n’ai aucune confiance en mon neveu et c’est réciproque.

Le chauve se demanda comment prendre cette réplique. Déjà la conversation reprenait.

-Assassiner qui ?

Willard, cette fois, tourna la tête vers l’enfant-rat.

-Sympa ton œil de verre.
-…
-Continu à me faire chier et tu pourras en porter un second.
-Je note, fit Vermine, un peu refroidi mais qui n’en montra rien. Mais tu ne m’as pas répondu.
-Pourquoi le ferais-je ?
-Je ne sais pas. Pour être sympa ?
-…
Mauvais réponse.
-Parce que je pourrais être intéressé ?
C’était déjà mieux.
-Non, désolé, j’ai l’intention de faire ça vite. Hors de question de t’avoir dans les pattes.
-Tu sais pas de quoi je suis capable.

Silence…
Echange de regard…
Le chauve, cette fois, commença à s’énerver.

-Non, attend Willard, je fais pas équipe avec un mioche poilu snobinard !
-Il connait les égouts mieux que moi. Je crois qu’il peut être utile.
-Alors que ce soit clair : on a convenu d’une somme, je mettrais pas un dollar de plus dans ce contrat. S’il vient et veut être payé, tu partage ta part avec lui. Pigé ?

Cette fois, Ernest se dit que la partie était perdu. Mickael, vénal comme il était, ne pouvait accepter.

-Pigé. Vermine, on se retrouve ici-même, à 20 heures précise. Sois à l’heure, on ne t’attendra pas. Tu as de quoi t’armer ?
-J’ai ce qu’il faut.
-Parfait. Alors pense juste à t’habiller mois chic. Il se pourrait bien que la soirée soit… salissante.
-Autre chose ?
-Non.

Vermine retourna à sa table. Sitôt qu’il fut assez loin, le chauve, qui paraissait sur le point d’exploser, s’adressa à Willard avec froideur.

-T’es peut-être pas l’homme de la situation, en fin de compte. Inviter ton neveu, comme si c’était une fête. Mais tu es fou !
-Ta gueule. Il est confrériste.
-Il est… quoi ? Lui ? Confrériste ? C’est une blague !
-Pas du tout. Il peut te faire entrer si tu es sympa. Enfin, je suppose. Mais évidement, ça c’est un service et un service ça se paye. Le connaissant, il va te demander quelque chose. Moi, c’est 500 dollars pour t’avoir mis en relation.

Mickael eut son sourire de rapace. Une fois de plus, il tirait profit de la situation. De son côté, Ernest, toujours stupéfait d’être parvenu à se faire inviter, eut bien du mal à repenser au moment présent. Un assassina, avec son oncle… Il allait pouvoir lui prouver qu’il était un dur.

-Heu… j’ai pas été trop long ?

Léo semblait calmé. Enfin les choses allaient pouvoir s'arranger.

-Tiens, Vermine, c'est pas ton oncle, là-bas ? Et le type à côté, tu le connais ?
-Quoi ?
-Ça alors. Qu’est-ce qu’il fout ici ? Non, l’autre je le connais pas. Je reviens.

Et Vermine se leva pour aller à la table qu'avait désignée Léo. Mais qu'est-ce que ça voulait dire ?

-C'est qui ce type ? demanda-t-elle à son frère, qui semblait en savoir plus qu'elle sur le sujet.
-Son oncle. Il t'a parlé de l'incident qui lui a valu de perdre un œil ? Et bien j'étais avec lui, et c'est son oncle qui nous a sauvé. Ce type m'a l'air d'être une vraie ordure. Vermine ne semble pas l'aimer non plus.
-Chut ! Ils parlent.

Neko tendit l'oreille. En général son ouïe sur-développée car elle subissait les bruits de la ville beaucoup plus douloureusement que les humains. Le restaurant, par exemple, prenait des airs de cantine scolaire avec toutes les conversations simultanées des clients. Mais il suffisait qu'elle se concentre sur une conversation en particulier pour l'entendre aussi aisément que si elle était cachée sous la table. Et visiblement, c'était plus sérieux qu'elle ne l'aurait pensé de prime abord.
Enfin Vermine revint à table.

-Heu… j’ai pas été trop long ?
-T'es confrériste ?

Impossible de garder ça pour elle plus longtemps.

-Bah ne me regarde pas comme ça ! Ça ne servirait à rien d'avoir d'aussi grandes oreilles ça ne me permettait pas d'entendre ce qui ne me regarde pas.

S'il lui avait caché tout ça, c'était sans doute qu'il se doutait que ça ne lui plairait pas. En effet, elle n'aimait guère l'idée que son rat préféré fréquente ces tarés élitistes.

Maëlys ne savait trop ce qu'elle devait en penser. Elle connaissait la sale habitude qu'avait Vermine de manipuler les gens pour avancer, mais que la Confrérie lui serve d'outil, elle n'y croyait pas. Mais que rôle y jouait-il alors ? Était-il vraiment un de ces élitistes qui rêvaient de supprimer tous les humains pour faire régner la suprématie de la race mutante et ce genre de conneries.

*Si ça se trouve, il n'est avec moi que pour se rapprocher de Xavier*

Non, non ! Si c'était vraiment son but il n'aurait pas eu besoin d'elle puisqu'il avait été élève à l'Institut, et que Xavier n'enverrait pas paître une brebis égarée qui voudrait revenir. Ce n'était pas clair, cette histoire, il fallait qu'elle en sache plus.

-Mais qu'est-ce que tu veux faire là-bas ? C'est des dingues ces types. Je ne suis pas du genre à vouloir diriger ta vie...ou alors juste un petit peu..., mais là, je te dis que tu ferais mieux d'arrêter de travailler avec eux.

Elle s'inquiétait vraiment pour Vermine. D'après ce qu'elle savait ce groupe n'avait rien d'une amicale scout, et il arrivait fréquemment que "les loups se mangent entre eux".

Léo aussi avait écouté la conversation entre Vermine et son oncle, et ça ne lui plaisait guère. Cependant, il était mal placé pour condamner le mode de vie du rat puisque lui-même sortait d'une prise d'otage où il n'avait pas fait partie des otages et projetait entre autres de mettre New-York à feu et à sang. Et un aspect de cette conversation l'intéressait. L'oncle avait dit que Vermine connaissait bien les égouts. Il est vrai qu'un rat vivant dans les égouts ça faisait cliché, mais ça se tenait, et Vermine pourrait peut-être travailler avec le groupe de déserteurs. Si le prochain assaut pouvait se faire par les égouts, ça leur fournirait un avantage tactique certain...
Maëlys s'inquiétait de ce que Vermine fasse partie de la Confrérie. Léo n'approuvait pas cette bande de terroristes racistes, mais ce débat-là ne l'intéressait pas. Si l'envie d'étriper l'enfant-rat de ses propres mains lui était passée, il avait cessé de s'inquiéter pour sa vie à partir du moment où il l'avait vu embrasser sa sœur, et tant pis pour lui s'il se faisait tuer par ses amis confréristes (ce ne serait d'ailleurs qu'un juste retour des choses). Par contre, s'il pouvait aider le militaire à blanchir son nom et à rentrer plus vite parmi les siens, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le garder en vie.

-Dis moi, Vermine, c'est vrai ce qu'a dit ton oncle, que tu connais bien les égouts de New York ?

S'il parvenait à retrouver ses camarades vivants, le prochain objectif serait le QG de la CIA, la section des archives, plus particulièrement. Et ce bâtiment contenait trois gardes au mètre carré. Le meilleur passage serait indéniablement les égouts. Mais le seul accès aux égouts de ce bâtiment se trouvait dans d'anciennes galeries désaffectées dont le tracé ne figurait sur aucun des plans que le groupe avait réussi à se procurer.

La féline s’inquiétait, ce qui était bien normal. Au moins, elle n’était pas entrée dans une colère noire comme celle qui avait suivie l’apparition du frère prétendument mort. Ernest avait de quoi trouver la situation très favorable car il avait en effet tout le loisir de s’expliquer, de rassurer.

-Ne t’en fais pas, Maëlys, je ne fais pas grands choses pour eux, mentit-il. Et je ne risque pas grand-chose non plus. Lui-même ne se croyait pas. A leurs yeux, je suis qu’un gosse de la rue qui peut rendre des services de gosses. Ça ne va pas plus loin. Nouveau mensonge. Il avait fait la démonstration à ses supérieurs qu’il était bien plus qu’un merdeux et le voilà impliqué dans un plan d’envergure, le plan « M ». Evidement, ça, il ne pouvait le dire. Non, franchement, t’as pas à t’en faire. Et si l’occasion se présente, je te promets que je partirais.

Il se garda bien de dire « et si je trouve un autre travail » car il savait pertinemment que son aimée aurait tôt fait de sillonner la ville pour lui dégoter un job respectable selon elle. Ensuite, Vermine se tourna vers Léo. L’homme-lion s’était calmé, en apparence tout du moins. Désirait-il encore en découdre ? Attendait-il seulement que sa sœur ait le dos tourné ? Quoi qu’il en soit, l’enfant-rat n’avait pas peur. Lui-même restait indécis sur la suite à donner à la relation qu’il entretenait avec Sphinx. Ce qui était sûr, c’était qu’elle allait changer. Pour le mieux, pour le pire ? L’avenir le dira.

-Ouais, je connais les égouts. En fait, je les connais presque mieux que la surface. J’y ai vécu des mois et j’y vis encore un peu. Pourquoi tu me demandes ça ? Tu désire faire du tourisme souterrain ?

-Ne t’en fais pas, Maëlys, je ne fais pas grands choses pour eux. Et je ne risque pas grand-chose non plus. A leurs yeux, je suis qu’un gosse de la rue qui peut rendre des services de gosses. Ça ne va pas plus loin. Non, franchement, t’as pas à t’en faire. Et si l’occasion se présente, je te promets que je partirais.

Maëlys le regarda d'un air franchement incrédule.

-Je sais pas pourquoi j'ai pas confiance. Je ne te poserais plus de questions là-dessus, mais je veux juste que tu me promettes de quitter ces types dès que ce sera possible sans recevoir un couteau dans le dos.

Oui, d'après ce qu'on lui avait dit il était presque plus dangereux de faire partie de la Confrérie que de la combattre.

-Dis moi, Vermine, c'est vrai ce qu'a dit ton oncle, que tu connais bien les égouts de New York ?
-Quoi ?
-Ouais, je connais les égouts. En fait, je les connais presque mieux que la surface. J’y ai vécu des mois et j’y vis encore un peu. Pourquoi tu me demandes ça ? Tu désire faire du tourisme souterrain ?
-Du tour...mais de quoi tu parles, Léo ?

Ils semblaient avoir renoncé à se sauter dessus, mais pourquoi diable Léo parlait-il des égouts ? Que voulait-il faire là-bas ?

-Ouais, je connais les égouts. En fait, je les connais presque mieux que la surface. J’y ai vécu des mois et j’y vis encore un peu. Pourquoi tu me demandes ça ? Tu désire faire du tourisme souterrain ?
-Du tour...mais de quoi tu parles, Léo ?

Intéressant...

-Maëlys. Tu peux nous laisser seuls cinq minutes ?
-Quoi ?
-Cinq minutes pour parler avec mon futur beau frère, c'est possible, non ?
-Mais je...bon, ok. Je vais aux toilettes me remaquiller...c'est vrai que le mascara qui coule c'est pas top... Mais dépêchez-vous. Et si à mon retour l'un d'entre vous a touché l'autre, je vous le ferais payer !

Elle se leva et prit la direction des toilettes. Lorsqu'elle eut passé la porte, Léo se rapprocha de Vermine avec un air de conspirateur. Il ne tenait à être entendu ni de sa sœur, ni du baroudeur du dimanche attablé plus loin.

-Soyons brefs. J'ai besoin de l'aide de quelqu'un qui connaitrait bien les anciennes galeries d'égouts. Ce ne serait pas vraiment pour du tourisme. Plutôt pour le genre d'opérations qui pourrait, si nous échouons, au mieux nous envoyer en taule, au pire nous coûter la vie. Ce que Maëlys ne sait pas (et je compte sur ta discrétion à ce sujet), c'est que si j'étais sensé être mort c'était à cause d'une trahison des services secrets américains qui ont vendu la position du convoi auquel je participait aux talibans en échange de la libération d'un de leurs agents. Mais j'ai survécu avec une poignée de camarades et nous nous sommes cachés en attendant de pouvoir faire éclater la vérité au grand jour. Et c'est pour récupérer certaines preuves que j'aurais besoin de ton aide dans les égouts.

Il préférait cacher à Maëlys sa vie de guérillero tant que ce serait possible, histoire qu'elle ne soit pas inquiétée.

-Avant d'en dire plus, dis-moi d'abord si ça t'intéresse.