Sujet: Dead letters. [PV Ashe L. / David H.] Sam 11 Sep 2010 - 0:50
Robe légère voletant dans le soir de septembre, ombre froide décalquée sur l'asphalte tiède, la pluie comme un miroir - le plus véritable pour une psyché éparpillée et informe. Malléable et discontinue, l'eau serpente sans parvenir à dormir, emportée par son propre courant pathétique, habille des jambes nues et des cheveux déliés. La fille des brumes intérieures ne fuit pas l'onde, elle la suit. Un million de possibilités, une seule adresse : Au temps en emporte le vent. Comme on court vers la mer pour y contempler son commencement et y rencontrer une fin. S'il y en a une...
Ashe aurait voulu retrouver quelque chose de Daniel et du choix qu'il avait fait. Elle désirait maintenant comprendre pourquoi ils en étaient arrivés là, s'imprégner de l'essence de ce lieu qui présentement voulait tout dire : l'alpha et l'oméga, voire l'inverse. Jamais encore elle n'avait cheminé jusqu'ici, mais cette fois cela lui semblait logique. Il ne fallait pas qu'elle passe là nuit à son appartement. Si tout était gris au dehors, tout était noir en dedans. Son choix nouveau était vite fait, elle aspirait à plus de nuances. Une intuition, peut-être, la guidait vers ce mémorial particulier. Un lieu contenant bien des souvenirs, un lieu avec une âme propre que rien ne pouvait altérer sinon elle-même, filant sa continuité immuable comme toute alcôve abritant des vies et des morts. Ashe aimait rendre visite au serpent qui se mordait la queue. S'il lui proposait le gîte pour la nuit, elle ne se voyait pas décliner l'offre. Anthony lui pardonnerait cet accroc aux habitudes.
A peine était-elle parvenue devant l'enseigne qu'elle se sentit magnétiquement attirée par l'antre. Elle crut discerner cette forme noire qu'elle voyait désormais un peu partout, pas tout à fait humaine, pas tout à fait autre, et probablement plus semblable à elle que ne l'était n'importe qui - à l'exception de Daniel, dont elle avait perdu la trace à partir de cet exact endroit. Elle sourit à l'ombre qui disparut alors qu'elle s'avançait. Évidemment, la porte était fermée, et il n'y avait apparemment pas d'autre moyen de pénétrer le lieu. Elle fit quand même le tour histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas d'autre issue à l'arrière. Elle fit bien. Y avait-il une alarme? Quelle que soit la réponse à cette question, Ashe ne se la posa pas, prit du recul, et envoya des coups de New Rock dans la pauvre porte qui finit par céder. Elle entra et la rabattit à défaut de pouvoir la refermer.
L'intérieur était un lieu d'enchantement. La poussière s'accumulait, l'odeur de vieux livres noyait les pièces et l'arrière boutique dans laquelle elle se trouvait était pleine de la présence de son amant, malgré sa longue absence. La jeune femme eut l'impression d'être transportée dans le passé, quand tout allait encore bien. Pourtant, c'était comme s'attarder sur une œuvre qui nous parle, on se sent touché mais pas impliqué. Cette vie-là était devenue une autre que la sienne, alors que tout était indirectement lié à son passé proche. La violence avait accouché ici d'une déchirure dont l'avenir restait incertain, et Ashe, comme Alice au Pays des Merveilles, découvrait l'antichambre du malheur d'un œil curieux, comme si ce n'était qu'un rêve qui n'avait rien en commun avec sa réalité. Un musée intime s'ouvrait à elle et s'illuminait pas à pas des couleurs du souvenir.
Quand elle arriva dans l'espace de la boutique proprement dite, elle s'attarda sur chaque détail, osant à peine changer de place de peur de manquer quelque chose en modifiant son point de vue. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne remarque la source qu'elle était venue chercher, absorbée qu'elle était par l'âme de l'endroit, par son étreinte presque maternelle. Le sang maculait encore le sol près d'une bibliothèque en désordre, trou noir dans la pénombre, qui l'attira irrépressiblement.
Elle alla s'accroupir au pied de la marque écarlate. Ses doigts en parcoururent le pourtour, elle y appliqua la main, et en fermant les yeux, eut presque l'impression de ressentir quelque chose à travers ce contact. Elle soupira. La folie donnait de nouveaux sens à son esprit, mais elle ne voulait pas brûler les étapes. La jeune femme s'assit tout à côté de ce triste témoignage de la fin d'un temps béni où elle s'était crue éternelle, unie comme jamais à son élixir. Ses yeux se perdirent dans la contemplation du dehors, puis se fermèrent lentement alors que l'air ambiant murmurait à son oreille maintes histoires dépourvues de mots.
David C. Haller X-Men Oméga
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Sujet: Re: Dead letters. [PV Ashe L. / David H.] Sam 19 Mar 2011 - 21:47
C’était un de ces soirs ou absorbés par nos souvenirs et nos sombres pensées, nous ne semblons appartenir qu’aux mondes des ombres. Subitement, plus rien n’a d’importance ; ni les personnes gravitant autour de nous, ni la douceur de la nuit ne peuvent trouver grâce à nos yeux. La tragédie à ceci de dérageant qu’elle ne prévient jamais avant de s’abattre sur vous. Tel un oiseau de proie, elle attend tranquillement son heure, vous laissant croire maître de votre propre destinée. Patientant jusqu’au moment le plus propice à la réalisation de ses terrible desseins, elle regarde avec ironie la vie vous entouré de toutes les joies possibles, vous endormir avec de belle prmesse avant de porter le coup de grâce, balayant ainsi toutes vos illusions. Il suffit parfois d’une seule fissure pour que l’eau fasse éclater le plus solide des rocs… Ne vous croyez jamais à l’abri d’un nouveau drame car vous ne l’êtes pas !
Cette leçon tragique, je l’ai apprise un soir de juin alors que, satisfait à l’idée de prendre mes nouvelles fonctions, j’appris l’incident tragique de mon ami Daniel Hopes, poignardé par celui-là même qui se prétendait son protégé. Quelle sorte de folie s’était-elle emparer de lui alors qu’il commettait son acte odieux ? Et comment se résoudre à le lui pardonner ? Daniel était à présent hors de danger et moi, revenu de l’enfer que j’avais vécu quelques mois auparavant, je ne pouvais que remercier le Seigneur de s’être montré clément à son égard. Mais ce douloureux souvenir hantait malgré tout mon esprit et le fait de n’avoir pas été là au bon moment m’emplissait d’une culpabilité dont je ne pouvais me débarrasser. Il me fallait trouver rapidement des réponses afin de mettre des mots sur cette douleur sourde que ce soir funeste éveillait toujours en moi.
Je devais donc me rendre là où tout avait commencé, à la source même de la catastrophe. « Au temps en emporte le vent… » Cette boutique représentait bien plus pour moi qu’un simple magasin de quartier. Elle révélait les fondements même de notre relation sur laquelle notre belle amitié avait été bâtie. Avançant machinalement dans une l’obscurité quasi surréaliste, je repensais à ses heures terribles ou, veillant sur le sommeil de Daniel, je retraçais les jours heureux que nous avions passés ensemble. Il me semblait que seuls ceux-ci pouvaient m’apporter la force nécessaire à la mission que j’accomplissais à présent.
Du courage, il m’en fallait pour venir troubler la quiétude de ce sanctuaire sans même avoir obtenu la permission préalable du maître des lieux. Etait-ce folie de ma part que de me livrer à une telle audace ? Ne devais-je pas rebrousser chemin et m’en retourner chez moi ? Je n’eus pas le temps d’approfondir cette brusque initiative que je me retrouvais face à la devanture du magasin. N’ayant désormais plus d’autre choix, je me risquais à ouvrir la porte d’entrée lorsqu’un sourire des plus ironiques apparut sur mes lèvres ? N’était-ce pas évident qu’ elle serait fermée à cette heure-ci ?
Contournant l’immeuble, j’aperçus alors une porte d’accès et m’approchais de celle-ci. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je la découvris entrouverte. Les cruelles cicatrices que je remarquais sur cette dernière me firent prendre conscience de la brutalité dont l’inconnu avait fait preuve en pénétrant le bâtiment. Poussé par la curiosité, je rentrais silencieusement dans la libraire et me retrouvait nez-à-nez avec l’ombre de l’étranger. N’ayant pas immédiatement remarqué ma présence, je m’approchais d’elle à pas de loup et tentait d’en distinguer l’identité. Le clair de lune éclairait alors sa silhouette, découvrant de longs cheveux cascadant sur ses épaules et une robe légère dessinant parfaitement les courbes de son corps.
Aurait-il été possible que cette femme soit la jeune Ashe Lovelace dont mon ami m’avait si souvent parlé ? Si tel était le cas, je me réjouis à l’idée de pouvoir enfin faire sa connaissance malgré cette situation des plus cocasses dans laquelle nous nous trouvions. Lorsque je fus suffisamment proche d’elle, je la trouvais assise à côté d’une marque écarlate qui devait vraisemblablement être du sang. Le sang de Daniel?! Cette simple idée lançant brusquement un frisson dans tout mon corps, je reculais de quelques centimètres, renversant brutalement une pile d’ouvrage qui reposaient sur le comptoir. Leur chute provoqua un brouhaha terrible et je me repentis aussitôt de ma maladresse et lança un regard confus en direction de l’inconnue.
- Veuillez-me pardonner ma maladresse mademoiselle, je ne voulais en aucun cas vous déranger.