Sujet: Roads. [PV Ashe L. / Ghinzu] Sam 11 Sep 2010 - 11:51
Spoiler:
Like a deadened nerve which never calms down, my body’s arching under this sputtering noise : remains of wings mingled with bones that wind divides and scatters, in secret.
Immured fluid beauty, in my gold casket of ruins, like a pearl, I fall asleep. Between sky and earth your shadow’s dissolving deep down inside me
In this day-nigth / slow death agony...
You give yourself up to the secret of my lips, and discover an urn to my viscera. Long floating strings lost in black waters, sweeping away our memories.
Remorse is like this clear noise of the ink shunning me. Half-moon eye, where to hide myself ? I give myself up to the driving rain while my teeth are squeezing you. Remorse is like this dull noise of the hammer hitting you. There, beauty takes form only at dead of night.
L'adresse n'avait pas changé, mais ce qu'on trouvait derrière la porte avait été consumé à la mesure de ce que la solitude et la tristesse avaient creusé comme une maladie dans l'âme de la maîtresse de céans. Le chaos régnait en silence, une haute bougie qui avait dû être un cierge brûlait au milieu du coin salon, diffusant une lueur qui ne faisait que souligner l'épaisseur de la nuit. Les volets fermés mais bien incapables de barrer toute lumière, les rideaux tirés et le manque cruel de couleurs dans cette unique grande pièce ne parvenaient pas à masquer l'infernal désordre qui se dessinait à mesure que l'œil prenait ses marques. Pas qu'elle fut connue pour être quelqu'un d'organisé mais à ce stade, il fallait s'armer de courage pour croire encore que l'ordre pouvait exister en ce monde - un monde parallèle, semblait-il, encore davantage coupé de celui auquel appartenait le commun des mortels qu'il n'en avait donné l'impression quelques semaines auparavant.
Ashe s'avança dans le noir sans attendre Daniel. Il y avait quelque chose dans cet appartement qui vivait, respirait et observait d'un air étonné le nouvel arrivant, comme s'il s'agissait d'un invité de marque qu'on n'avait plus vu à la cour des ombres depuis longtemps. La jeune femme entendait l'obscurité chuchoter à son propos, mais n'y prêta pas attention. Elle s'était faite à ces messes basses.
Elle avança jusqu'à trouver instinctivement l'interrupteur qu'elle cherchait. Lorsqu'elle l'actionna, un projecteur de couleur rouge sombre posé sur sa longue table de travail cracha sa lumière sur le mur au dessus d'elle, embrasant la paroi et le corps d'un chef d'œuvre né de ses ténèbres les plus chères.
Une grande croix chrétienne barrait la surface autrefois blanche et désormais pleine de taches de peinture et de coups de fusain, comme autant d'écorchures. Haute de plus de trois mètres et large d'au moins deux, noire comme la nuit, elle suintait une encre noire qui s'évaporait en tombant. A gauche, à droite, les mains clouées donnaient corps à cet infime ruisseau, qui rejoignait les pleurs de la chair ouverte au flanc noircissant le chaste et maigre linge, et abreuvaient les plaies des pieds maintenus de la même manière. La triste poitrine blanche et maigre se soulevait parfois, laissant échapper un soupir mélancolique et douloureux. Les yeux fermés, presque cachés par quelques longues mèches de cheveux de jais, criaient la lassitude, priant Morphée de les sceller sans que jamais celui-ci ne réponde, et des cernes profonds signaient d'un gris sombre ce refus obstiné. Les lèvres restées intactes ne livraient pas de supplications, presque closes et dépourvues de tout éclat de vie.
Le dessin fait réalité tangible d'un homme crucifié dont le pauvre visage ne se levait pas vers les hauteurs pour implorer son salut. Sa créatrice recula de quelques pas pour le contempler, une chaise était disposée en face de lui à cette distance mais elle ne s'assit pas. Elle lui sourit et sans mot dire, le salua d'un regard presque amoureux. Elle jeta simplement un coup d'œil pour voir où en était Daniel de son arrivée dans ce "nouveau" chez elle, puis regarda de nouveau le martyr.
" Daniel, je te présente Anthony. Mon frère. "
Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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Sujet: Re: Roads. [PV Ashe L. / Ghinzu] Dim 12 Sep 2010 - 15:12
Une fois encore le temps bégayait dans des lieux et des trames qu'il ne connaissait que trop douloureusement. Il en était réduit physiquement à n'être qu'un spectateur dont la vie s'échappait de minutes en minutes, encore une fois dirons nous à la différence cette fois ci que ni l'urgence , ni l'impossibilité d'y remédier n'imposaient de limites. Lorsque la porte s'ouvrit il eu quelques difficultés à s'habituer à la pénombre patientant pour qu'enfin ses yeux contemplent le champ de bataille de ce qui fut l'appartement de Ashe. La main toujours sur le flan, il balaya d'un regard nouveau mais circonspect l'étendu du désastre. C'était toujours son antre et les choses en portaient son sceau, mais à l'image la maitresse des lieux, c'était bel et bien devenu une antre à la dérive où même les murs clos ne s'étonnaient plus de rien et se laisser vivre sans plus se soucier de ce qui pouvait bousculer une logique improbable et malsaine. On dit assez souvent qu'il est des lieux qui respirent à l'unisson avec ceux qui y habitent. Cet appartement était reclus sur lui même, enfermé, enchainé aux ténèbres et à la douleur. Au fur et à mesure où les yeux du time tricker se posaient en effleurant les souvenirs d'heures passées avec elle ici, son visage se faisait de plus en plus grave. L'espace tout entier parlait pour elle et racontait l'histoire de cette descente infernale dans sa perdition. Plus jeune, plus cruel et moins amoureux, il aurait trouvé ca très beau, de ce genre de beauté brute et touchante comme une œuvre esquissée où l'on peut sentir la force poindre. Ce n'était plus le cas, la douleur était vive et c'est une profonde tristesse qui l'accablait.
C'était elle qui justifiait ses heures à lui à présent, mais jamais il n'aurait cru qu'elles puissent être aussi terribles et macabres.
Puis il le vit. Il n'osa comprendre au début même si la conclusion logique de l'explication de ce qu'offrait cette vision lui arriva avant qu'elle en énonce l'horrible vérité. Il la connaissait si bien qu'elle ne pouvait rien lui cacher même à travers les méandres de son esprit embrumé. Doucement il plaça la main sur sa bouche comme pour étouffer un cri de douleur qui se voulait de toute façon muet. Ce qui vivait là, c'était son chef d'œuvre. Elle avait rassemblé sa douleur et ses remords et leur avait donné vie dans une ignoble représentation symbolique du rachat du péché par quelque christ sacrifié sur la croix d'une vie qu'elle portait comme une longue souffrance solitaire. Ses yeux ne se détachait plus de ce spectacle ignoble qui se posait comme une obscénité créatrice horrible et inévitable. Il comprenait à présent la portée des paroles qu'elle lui avait livré dans le bar. Il comprenait mieux. Il comprenait tout.
Mon Dieu..Ashe...tu..
Ses yeux s'emplirent de larmes paisibles et il n'alla pas au delà. Inévitablement, il était sur le champ de bataille dans son comas attendant sa "visiteuse", ca elle l'ignorait...mais lui comprenait à présent que ce qui se jouait ici était semblable, avec ce langage unique entre SA souffrance mise en situation et ses ténèbres dévastatrices et celles qu'ils avaient affrontées seul là bas. Si Anna ne l'avait pas tiré de là, il y serait sans doute encore attendant que le corps "lâche". Ici Ashe se laissait pareillement mourir dans un long soliloque avec sa mort sous les traits d'une abomination. Le même combat, les mêmes logiques.
Son regard humide dériva lentement vers son hôte, la pose toujours figée avec sa main non occupée à refréner l'hémorragie et l'autre contenant son horreur muette sur sa bouche. Il resta silencieux un long moment comme cherchant à ordonner clairement une pensée dans cette situation surréaliste qui le dépassait totalement puis doucement s'avança vers un siège d'étoffe rouge qu'il affectionnait jadis, juste derrière la jeune femme. Il s'y installa avec une difficulté manifeste, puis son regard se posa à nouveau sur sa création.
Ton pouvoir est toujours aussi remarquable... Tu voulais me prendre en photo...je te conseilles de faire vite, sinon tu risques de n'avoir qu'une nature morte et une raison supplémentaire de lui offrir un jumeau
Le ton était légèrement amer et assez sombre. Il soupira et bascula la tête.
Rien que je ne pourrais te dire ne pourra te ramener..c'est l'évidence. Je n'ai que de pauvres arguments à te donner et mes mains sont vides. Cependant...
Lentement il retira sa veste et là laissa choir le long de son siège, sa chemise suivi , ensanglanté, il grimaça de douleur pour l'enlever et soupira lourdement lorsque cela fut fait. Il était amaigris à cause d'un séjour trop long en hôpital et ses muscles lui répondaient avec difficulté. Il se lova à nouveau dans son fauteuil torse nu et sa plaie rouverte à l'air libre.
...je suis heureux que tu me ramènes ici. On commence, on finit, on finit , on commence. Tu m'as réinventé et je t'ai détruite...ce n'est que justice. Je crois pouvoir te tenir encore compagnie quelques heures avant d'être réduit au silence comme "ta créature"..tu y gagneras même une docilité certaine. Mais il y a une anicroche à ce superbe tableau ...tu m'as promis une chose et je réclame mon due. Il manque ta signature Ashe...tatoues moi. ...... S'il te plait.
Il esquissa un faible sourire , plein d'amour cette fois ci.
Je t'aurai dans la peau jusqu'au bout...mon ange. C'est toi et moi, et le reste du monde, tu te souviens ?...J'aimerai moi que tu te souviennes. Je reste là..avec toi..pas parce que je ne sais pas où aller..mais parce que c'est tout ce que je peux faire pour toi. ................... Je t'écoute....
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Sujet: Re: Roads. [PV Ashe L. / Ghinzu] Sam 25 Sep 2010 - 12:13
Lorsque Daniel Hope lui parlait, il parlait toujours beaucoup. C'était ces presque cent-vingt ans de vie qui s'exprimaient à travers ses lèvres, qui racontaient sans cesse la sagesse et la douleur, même dans ses plus insignifiantes paroles. Ashe avait toujours su reconnaître le vrai Hopes parce qu'il était comme elle, le poids des années ayant rendu l'apprentissage plus large. Elle s'était donc toujours tue, voulant apprendre à son tour de ces indicibles notes qui nuançaient ses propos en toute occasion. Toujours il avait parlé comme un maître à son élève, toujours elle avait docilement recueilli tout cela, prenant juste ce qu'il fallait du mot "amante" pour être son repos, sa tranquillité, son foyer en quelque sorte.
Daniel Hopes parlait encore aujourd'hui comme autrefois - c'était si loin, lui semblait-il... - et pourtant, nul jugement à cette ancienne mode. Cette fois il ne décodait pas à haute voix les attitudes, les gestes, les mots, cette fois il ne prétendait pas avoir tout compris, bien qu'elle sente qu'il en avait le sentiment. Le maître se taisait devant l'œuvre de l'esclave, peut-être était-elle parvenue à lui montrer qu'elle pouvait être aussi terriblement blessée que lui, peut-être avait-elle réussi à personnifier son silence dans toute la force de l'aversion qu'inspirait le demi-mort. Elle ne se rendait même pas compte de combien sa réaction face à l'absence de Hopes était incroyablement démesurée aux yeux de quelqu'un de rationnel. Combien le déploiement de sa fierté était absurde et destructeur. Peut-être ne voulait-elle tout simplement pas quitter des yeux le triste fait que Daniel et elle étaient liés trop étroitement, comme deux corps attachés ensemble par les plaies qui se font mal en voulant se sauver, parce qu'ils ne fuient pas les mêmes choses et finissent par ne plus convoiter la même direction.
Sans avoir regardé Daniel une seule fois depuis qu'elle s'était assurée qu'il était bien là, elle l'avait écouté, son léger sourire s'affaissant peu à peu au profit du masque dur et froid qu'elle portait à chaque seconde aujourd'hui. Elle approcha la chaise à côté d'elle de sa table de travail. Le corps suspendu au dessus d'elle s'agita avec de la seule vigueur dont il paraissait capable, une sorte de tremblement fatigué, un dernier effort avant la mort qui ne viendrait pourtant jamais... Pas si Ashe n'en prenait pas les traits.
Elle monta sur la longue table et s'approcha de sa créature. La malheureuse tête se tourna doucement vers elle, et la créatrice la regarda en retour, avec une tendresse mélancolique insupportable à qui aurait exigé qu'elle libère le crucifié.
Comme toujours elle attendit que Daniel termine et lui laisse la parole.
" Tu sais, parfois, j'ai l'impression qu'il m'aime vraiment. "
Sa main se posa sur un genou de la créature.
" Il réagit à moi comme jamais aucune de mes réalisation ne l'avait montré. Elles répondent à ce que je leur ordonne mais seulement comme si j'étais leur conscience. Lui... C'est différent. Il vit. C'est comme si une partie de l'âme de celui que j'ai enterré l'avait investi. Il arrive qu'il me parle... "
Elle posa sa tête contre la peau froide et le clone eut un soupir dans lequel se confondait un échos à glacer le sang, comme de nombreuses bouche chuchotant ensemble avec la même voix. La chose anima un sourire sur la visage de la créatrice. Le décalage était troublant, presque effrayant; elle n'en avait pas la moindre idée.
" Parfois je rêve encore de son appartement. Il y a des gens qui y vivent aujourd'hui. La vie ne nous attendra donc jamais... "
Elle tourna les yeux vers Daniel, assis non loin de là, sans se soustraire au contact de l'image de son frère.
" C'est comme le temps qu'il te reste. Cette fois tu ne pourras pas l'arrêter. Tu es bien obligé de faire appel à autrui. "
La voix spectrale recommença son échos.
" Sss... au... ve... "
Ashe déposa un baiser sur la peau de sa créature et descendit de la table.
" Tu as de la chance qu'il t'aime, toi aussi. Tu as de la chance qu'il ne t'en veuille pas d'avoir voulu finir seul comme un gamin entêté qui n'apprend rien des choses qui lui font mal. "
Elle ôta sa veste qu'elle laissa choir à terre, se découvrant presque nue sous sa robe impudique tandis qu'elle marchait vers sa bibliothèque. Elle en sortit un épais volume qu'on aurait pris pour un grimoire, relié de cuir et couvert de symboles variés. Sans plus prêter attention à Daniel, elle le feuilleta quelques minutes. Un moment au bout duquel les soupirs réguliers du crucifié firent entendre leur chœur inquiétant de manière de plus en plus insistante.
" A...she... Ashe... Ash...e... A-sh-e... "
Délaissant son ouvrage, la jeune femme se pressa vers sa créature. Elle attrapa la chaise et la porta sur la table, avant de se hisser au plus haut. Étendant le bras pour poser sa main sur le torse meurtri, elle murmura :
" Je suis là, je suis là... Tout va bien. "
Alors ce ne furent plus des voix venues de nulle part qui s'adressèrent à elle, mais bien le laborieux chuchotis d'un mourant, traversant ses lèvres auparavant immobiles.
La jeune femme quitta le regard de son monstre pour poser le sien sur Daniel qui n'avait de toute évidence rien pu entendre. Des secondes s'écoulèrent sans qu'elle bouge. Un millier de choses cascadaient furieusement dans son esprit. Au centre de la tourmente, le souvenir.
Elle descendit de son perchoir à vive allure, sautant du haut sans se préoccuper du parquet ou d'éventuels voisins et sortit d'autres livres de sa bibliothèque. Après avoir compulsé des pages et des pages, elle attrapa une feuille de calque qui traînait et s'entraîna à tracer les caractères. L'affaire ne prit pas beaucoup de temps et elle parvint finalement à un résultat complet qui la satisfaisait. Ce faisant, elle retrouvait les gestes, les expressions, le regard et la vivacité qu'elle semblait pourtant avoir définitivement perdus. La vie, sa vie se trouvait là, c'était sa source, son berceau, son origine. Oubliée trop longtemps, elle pulsait rageusement dans les yeux de la tatoueuse, dans sa dextérité ravivée, dans le génie de son art.
Elle revint vers Daniel après avoir pris son matériel, qu'elle disposa sur la table du salon. La plaie et le sang étaient comme inexistants dans son esprit. Son allure décidée lui donnait un air légèrement intimidant. L'amour a cela de violent qu'il est une guerre éternelle, elle avait la place du conquérant cette fois-ci.
" Va dans le canapé. Allonge-toi. "
Son regard dur et son ton autoritaire ne laissait aucune marge de manœuvre, et une fois son support en place, Ashe se plaça à cheval sur lui, le son des vibrations commença, l'encre s'anima et mordit la chair comme autant de brûlures là où le premier ange était né, là où tout avait commencé.
Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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Sujet: Re: Roads. [PV Ashe L. / Ghinzu] Ven 1 Oct 2010 - 19:25
Il détendit doucement ses jambes tout en cherchant à contrôler sa respiration. Il devenait pour lui évident que la vie le quittait et que sa compagne avait sombré dans une douce folie. Un jour où l'autre il faut se résigner à lâcher le volant et à partir en roue libre. C'est une chose extrêmement difficile à concevoir et à mettre en pratique quand on s'appelle Daniel Hopes. Heureusement, la fatigue était son alliée. Le liquide carmin épanché sur le sol venait laver toute sa superbe. Son orgueil englouti sous l'impuissance. son verbiage muselé par les ténèbres grandissantes de la chambre. Quand à son regard aiguisé, il n'y brillait plus cette flamme persuasive tantôt dure, tantôt douce. L'obscène vision de la créature souffreteuse qui transpirait la miséricorde avait soufflé toute les lueurs maline de son regard bleuté qui à présent semblait réellement porter les affres de son trop grand age. Dans sa posture immonde d'immobilisme forcé, il conjuguait enfin la lassitude et la tristesse.
C'est son âme elle même qui subissait l'agonie de ce spectacle dont il était la cause. Il avait cherché, il n'était que "le soumis" et acceptait le rôle non sans un certain désespoir.
Il n'y aurait pas de lendemain. Du moins il ne s'en autorisait pas un. Ce n'était pas du suicide même si ca pouvait en avoir la couleur. C'était autre chose, une lassitude extrême de voir les choses toujours devenir pires que ce qu'elles pourraient être, toujours le ver dans le fruit si pur, l'orage dans l'horizon du ciel si clair. Toujours le pire quand on souhaite le meilleur. Lorsqu'on se suicide, on cherche la mort. Lorsqu'on abandonne, on la laisse vous prendre. Daniel en était là, il ne décidait pas, il refusait de se battre. il était revenu de son monde muet pour elle mais ne l'avait plus trouvé à son retour, celle qu'il voulait sauver par dessus tout tant elle lui ressemblait. Elle même avait trouvé le chemin de son horreur et était parti en pèlerinage de ses souffrances. Ils se ressemblaient en solitude dans leur combat. Et à présent puisque les rôles s'inversaient, il se laissait sombrer à son tour. Non. Il n'y aurait pas de palabres. Non. Pas de grands mots. Non. Pas de morale.
C'était son droit à elle de poser ici la séquence finale de son requiem. Il la suivit.
Il lui offrit sans se plaindre alors que la force n'y était déjà plus, l'effort dernier de se mouvoir jusqu'à son tombeau. Ca lui parut la chose la plus difficile du monde. Juste quelques mètres.
Il ne put s'empêcher malgré sa déchéance de la désirer ardemment lorsqu'elle fut sur lui, même si il ne lui échapper pas que ses yeux déjà ne le voyaient plus. Il connaissait ce regard analytique et perçant de l'artiste s'adonnant à son Art. Elle excellait. Sa mains, légèrement tachée de sang ne put s'empêcher de caresser de tant à autre sa joue dans un geste de tendresse infinie.
L'amour quand il ne se dit plus, c'est là qu'il est le plus fort. Et paradoxalement. C'est là qu'il fait le plus mal.