Le lion et le Rat...on dirait une fable ! (Vermine)

Léo put enfin retirer la capuche de son sweat en entrant dans les limites de la partie de la ville surnommée "Mutant Town". C'était là qu'avec ses camarades il avait planté son QG de campagne. Et c'était un bon choix, car les patrouilles de police y passaient rarement (alors qu'il y avait ici des gens qui auraient bien besoin d'être protégés), et sa tête passait plus inaperçue dans ce coin. Bien sûr, il y avait toujours une photo floue de lui sur des avis de recherche placardés un peu partout en ville.
Une semaine s'était écoulée depuis le réveil de Vermine, depuis Léo n'avait pas beaucoup eu l'occasion de le voir...ni Maëlys, d'ailleurs. Depuis le massacre du studio DMP, sa sœur n'avait dit un mot, elle refusait de quitter l'institut Xavier et ne répondait même pas aux 20 SMS que lui envoyait chaque jour l'homme-lion. Il était inquiet. L'idéal aurait été de la ramener en France auprès de papa et maman, mais elle refusait de sortir et chaque fois qu'il avait essayé d'entrer à l'institut pour la chercher lui-même, il s'était fait refoulé par les fameux X-men. C'est donc d'humeur maussade que Léo rentrait au QG. Aujourd'hui il avait encore essayé de voir Maëlys. Ses camarades lui reprochaient de perdre de vue ses objectifs premiers. Là, ils se trompaient. Son objectif était certes de rétablir la vérité sur l'embuscade qui lui avait officiellement coûté la vie, mais ceci avait pour seul but de lui permettre de revenir auprès des siens et plus particulièrement de Maëlys.

-Willard ?

Cette voix claqua aux oreilles de Mickael comme un coup de fouet en plain visage. Elle resurgissait de ses sombres souvenirs pas si éloignés que ça. Cette voix était peut-être encore l’une de seules choses capable de torturer sa conscience, de lui faire honte de ce qu’il était devenu. Oui, il avait vendu jusqu’à son neveu, il avait pactiser avec le C.R.I.M., il était aller trop loin, il le savait. Et voilà que le C.R.I.M. se rappelait à lui. Comment était-ce possible ? Le Red-Ghost, le porte-avions QG de la puissante organisation criminelle avait sombré au large des côtes africaines, emportant avec lui la majorité des hauts responsables. Les médias américains l’avaient clamé haut et fort, impossible de l’ignorer. Le Consortium n’y aurait pas survécu. On disait qu’il s’était disloqué en une myriade de petits groupes insignifiants. Mais cette voix, si froide, sortait de nouveau de son téléphone portable. La main de l’homme se crispa.

-Je vous croyais morte.
-Je ne le suis pas. J’ai besoin de vous.
-Ça ne m’intéresse plus.
-Je vous croyais prêt à tout pour de l’argent.
-Moi aussi, je me trompais. Adieu.
-Attendez ! Il ne s’agit pas de votre neveu.
-Vraiment ? A qui donc désirez-vous nuire alors ?
-Quelqu’un que connait votre neveu, un autre mutant, un autre hybride, un homme-lion, ça vous dis quelque chose ?
-C’est possible. Mais pourquoi je vous aiderais ? Si j’en crois les rumeurs, vous n’êtes plus rien.

Le rire de Morgane retentit dans l’appareil.

-Je n’en attendais pas moins de vous, Willard. Certes, le C.R.I.M. n’est plus mais moi, je suis encore. Je serais même tentée de dire que je suis plus libre qu’avant car je n’ai de compte à rendre à personne. A vous de voir si vous préférer mon argent ou mes balles.

Un silence passa. Mickael soupira, se donnant un temps de réflexion. Comme il l’avait dit, il n’aurait plus rien entreprit contre Ernest. De toute façon, celui étant devenu difficile à atteindre. En plus d’être devenu Confrériste, il était retourné auprès de son père milliardaire. Ce gosse avait de la ressource, c’était certain. Mais il ne s’agissait pas de lui et ça changeait tout.

-Votre argent me suffira.

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Deux personnes marchaient dans la ruelle : un homme et une femme. Tous deux étaient plutôt grands. Tous deux avaient la peau pâle et les cheveux roux. Tous deux avaient le même regard, la même expression facile désespérément neutre. Tous deux portaient un costume sombre et élégant. Tous deux se ressemblaient tant que cela en devenait stupéfiant. On devinait avec aisance qu’il devait s’agir de jumeaux mais cela n’expliquait pas tout. L’homme et la femme marchaient au même rythme et paraissaient respirer au même moment. Une synchronisation parfaite qui ne pouvait être l’œuvre que du gène X. En regardant l’homme, on devinait la femme. En regardant la femme, on devinait l’homme. D’une certaine façon, ils se confondaient, se fusionnaient.

Voici Armand et Armande.

Face à eux, dans la ruelle, s’engageait une haute silhouette. Celle-ci retira sa capuche, dévoilant des trais d’animaux. Les jumeaux échangèrent un regard. Entre eux, pas besoin de parole pour se faire comprendre. La voix de l’esprit était bien plus rapide et précise. Ils s’immobilisèrent et attendirent l’imposant hybride. L’homme se tenait à droite, la femme à gauche. Ils étaient droit comme des piquets et immobiles comme des statues. De véritables poupées de cire. Quand Léo fut à proximité, ils s’exprimèrent.

-Vous êtes… commença l’homme.
-…Celui qu’on cherchait, fini la femme.

Leur voix, à l’image de leur physique, étaient presque semblables. Le ton était neutre, inexpressif. On aurait presque dit une synthèse vocale de GPS.

-Sphinx…
-…N’est-ce pas ?
-Vous êtes…
-…Celui à qui veut parler notre patronne.
-Ce soir…
-…22 heures…
-…sur les Docs…
-…un bateau marchant sur le quais 4…
-…le Neptune…
-…montez…
-…demandez Morgane.
-Venez seul…
-…ou Morgane ne sera plus là.
-…mais elle vous retrouvera.
-…plus tard.
-Et si vous ne venez pas…
-…Il en sera de même.

Débit lent mais incroyablement régulier, on aurait dit une récitation apprise par cœur. Le message était donnée, ma mission était remplie. A moins que l’homme-lion ne cherchent à poser des questions, Armand et Armande allaient s’en aller, l’air de rien.

HRP : si tu ne questionne pas les jumeaux, tu peux faire une ellipse. A toi de voir si tu réponds ou non à l’invitation. Si tu accepte, le Neptune est un bateau tout à fait ordinaire. Tu peux donc le décrire sans problème si tu en a envie. Si tu ne viens pas, narre ce que fait Léo a 22 heures du soir.

Léo fut soudain surpris par un étrange éclat de voix. Ausitôt, par réflexe, il sortit son .44 magnum et le braqua sur l'étrange couple qui lui faisait face. Un homme, une femme, qui se ressemblaient comme des presse-livres et qui semblaient totalement inexpressifs, voire même amorphes.

-Vous êtes…
-…Celui qu’on cherchait.

Léo les regarda avec un mélange de méfiance de d'incompréhension. En plus ils parlaient comme des robots. Il ne baissa pas son arme, toujours soupçonneux. Ils étaient sûrement des mutants, et leur pouvoir ne se limitait sans doute pas à être comme des presses-livres.

-Sphinx…
-…N’est-ce pas ?
-Vous êtes…
-…Celui à qui veut parler notre patronne.
-Ce soir…
-…22 heures…
-…sur les Docks…
-…un bateau marchant sur le quais 4…
-…le Neptune…
-…montez…
-…demandez Morgane.
-Venez seul…
-…ou Morgane ne sera plus là.
-…mais elle vous retrouvera.
-…plus tard.
-Et si vous ne venez pas…
-…Il en sera de même.

Ok, déjà la tronche des messagers n'inspirait pas confiance à Léo. Il détestait les gens comme ça qui ne semblaient pas ressentir d'expres​sion(heureusement qu'ils étaient rares). Ceux qui s'énervaient, Léo pouvait encore se sentir un peu proche d'eux, mais ces deux-là ressemblaient à des extraterrestres. Et puis il aimait encore moins qu'on le menace.

-Wowowowowow ! Minute, vous deux ! Si votre patronne veut me parler, pourquoi elle ne vient pas ici ? Qu'est-ce qui me prouve que c'est pas un piège ?

Léo ressentit une certaine pitié, presque de la peine, devant la parodie de sourire des jumeaux. En fait ce n'était même pas par snobisme qu'ils étaient si inexpressifs. Finalement, il les préférait quand ils affichaient leur expression d'automates. Il baissa son revolver, mais ne le rangea pas.

-Un piège…
-…peut-être en est-ce un.
-…peut-être pas.
-En fait…
-…la réponse…
-...c’est vous qui la posséder.
-A vous de voir…
-…si vous accepter de venir à Morgane.
-…ou si vous voulez la contraindre à venir à vous.
-Un conseil…
-…tout de même :
-Morgane désire discuter ce soir…
-Demain, elle aura peut-être changée d’avis.
-Si vous avez un message à transmettre…
-…nous nous en chargerons.

Il consulta sa montre. 22h, c'était dans une heure. ça sentait fort le piège Étaient-ils de la police ? Non ! Pas le genre ! Il leur accorda le bénéfice du doute.

-Ok. J'y serais. Ne m'en voulez pas si je suis un peu en retard, je n'ai pas de véhicule.

Il laissa là les jumeaux pour aller jusqu'au QG (en prenant soin de ne pas être suivi). Là, il ne prit même pas la peine de donner d'explication précise à ses camarades. Il lança juste à la volée qu'il avait rendez-vous sur les docks. Il prit quelques calibres facile à cacher, un couteau, et ressortit aussi vite qu'il était entré.
à 22h02, il était sur les docks.

à l'évocation du nom de Casper, Léo comprit mieux les raisons de sa présence en ces lieux en cette heure tardive. Ainsi cette femme et ses acolytes jumeaux travaillaient pour ce trou du cul...ou plutôt l'inverse.

-Casper ? Oui, ça me rappelle un vrai fils de pute qui a récemment reçu la monnaie de sa pièce. Je lui ai bien fait comprendre qu'il ne fallait pas s'en prendre à mes amis. Ce n'est qu'un juste retour des choses, quand on sait tout le mal qu'il a fait. Avant de crever, il a dit qu'il avait le bras long. C'était de vous qu'il voulait parler, n'est-ce pas ?

C'était encore pire. Casper était un salaud, mais s'il n'était que le chien Morgane était sa maîtresse. Et ça voulait dire que c'était elle qui méritait le plus de rendre gorge.

-J'imagine que vous m'avez fait venir ici pour me demander des comptes. Je n'aurais aucun mal à vous tuer si vous êtes assez inconsciente pour vous en prendre à moi.

D'un point de vue tactique, il était suffisamment rapide pour dégainer avant elle et assez précis pour ne pas la rater, et ensuite ses gorilles ne représenteraient sans doute pas un gros défi. Mais ce qui inquiétait le plus Léo c'était la probabilité qu'elle ait de puissants pouvoirs. Il était fort et robuste, mais ne ferait sans doute pas le poids face à un mutant de type télékinésiste ayant un pouvoir suffisamment développé pour pouvoir faire mieux que tordre des petites cuillères.

-Aucun mal à me tuer, reprit Morgane, narquoise.

Son visage se fendit en un affreux rictus. Dans son regard se mêlait méprit et amusement. C’était plus qu’une certitude : elle n’avait pas peur du grand hybride alors que rien n’empêchait celui-ci de dégainer à tous instant. Elle se donna le temps de porter à sa bouche la cigarette, puis de recracher un nuage de fumée avant d’enfin reprendre.

-Regardez autour de vous, Sphinx. Qui voyez-vous ? Personne… personne pour vous empêcher de mettre à exécution votre menace. Je suis seule face à vous. M’abattre est pour vous la meilleur option car je suis effectivement là pour vous demander des comptes… à ma façon.

La femme s’avança de quelques pas, continuant de fumer ce qui n’était guère plus qu’un mégot.

-J’irais même plus loin. En me tuant, vous rendrez service à un bon paquet de gens dont certains sont très puissants et d’autres très idéalistes. Savez-vous qui je suis, petit mutant ?

Morgane Ray avait un égo démesuré et cela devenait évident. Pour elle, le monde était peuplé d’incapables, de naïfs, d’imbéciles, de faibles et de quelques rares et respectueuses exceptions. L’Ordonnateur était l’une d’elles et l’homme-lion faisait partie de l’écrasante masse de médiocres. Cela dit, elle ne demandait qu’à se tromper. En tout cas, il était possible que Léo ait déjà entendu parlé d’elle. Elle était comme une icône du terrorise international, un nom qui faisait peur et que les médiats se plaisaient à invoquer dès que l’occasion s’y prêtait. Certes, la notoriété de Morgane Ray était très loin d’égaler celle de Magnéto mais tout de même, elle était connue et elle l’était plus encore depuis la chute du C.R.I.M. car on la considérait comme le dernier vestige du Consortium, la dernière menace à abattre à tout prix. Dans le doute, la femme n’allait pas se priver de faire sa propre éloge. Ainsi, elle serait certaine de montrer au pleutre qui lui faisait face à quel point elle était grande et lui petit.

-Je suis Morgane Ray. L’ensemble des pays soi-disant civilisés m’accusent de crime contre l’humanité. J’incarne à leurs yeux la corruption ; je suis leur bête noire. Alors si jamais vous avez envie de sortir votre arme et de tirer, surtout, n’hésitez pas.

D’un geste négligé, Ray se débarrassa du mégot. Puis elle enfonça le clou. C’était à elle de menacer.

-Il y a eu un survivent à DMP. Le pauvre est devenu fou, vous le savez peut-être. Mais même fou, il n’a put cacher ses secrets. Ainsi, je sais que vous avez une sœur, une charmante demoiselle féline, très aisée à reconnaitre. Vous avez aussi un jeune ami, un rat. Le pauvre un bien dégusté mais d’après les dernières rumeurs, il s’en est bien remis. Quel adorable trio d’animaux. Ce serait si injuste que le loin soit le dernier à quitter cette terre, n’est-ce pas ? Allez Sphinx, tuez-moi ou votre vie va devenir un cauchemar.

Enfin, elle attendit un instant, histoire de voir si son invité allait tenter sa chance. Il ne serait pas le premier… et pas le dernier.

-Regardez autour de vous, Sphinx. Qui voyez-vous ? Personne… personne pour vous empêcher de mettre à exécution votre menace. Je suis seule face à vous. M’abattre est pour vous la meilleur option car je suis effectivement là pour vous demander des comptes… à ma façon.

Léo ne répondit pas. L'arrogance de cette femme lui donnait une furieuse envie de la descendre.

-J’irais même plus loin. En me tuant, vous rendrez service à un bon paquet de gens dont certains sont très puissants et d’autres très idéalistes. Savez-vous qui je suis, petit mutant ?
-Je m'en tamponne l'oreille avec une babouche !
-Je suis Morgane Ray. L’ensemble des pays soi-disant civilisés m’accusent de crime contre l’humanité. J’incarne à leurs yeux la corruption ; je suis leur bête noire. Alors si jamais vous avez envie de sortir votre arme et de tirer, surtout, n’hésitez pas.
-Je vous ai dit que je m'en tamponnais le coquillard, alors maintenant si vous n'avez rien de plus à ajouter je vais m'en aller.

Il commença à faire quelques pas en arrière, sans tourner le dos à Morgane. Elle semblait tout à fait le genre à poignarder les gens dans le dos.

-Il y a eu un survivent à DMP. Le pauvre est devenu fou, vous le savez peut-être. Mais même fou, il n’a put cacher ses secrets. Ainsi, je sais que vous avez une sœur, une charmante demoiselle féline, très aisée à reconnaitre. Vous avez aussi un jeune ami, un rat. Le pauvre un bien dégusté mais d’après les dernières rumeurs, il s’en est bien remis. Quel adorable trio d’animaux. Ce serait si injuste que le loin soit le dernier à quitter cette terre, n’est-ce pas ? Allez Sphinx, tuez-moi ou votre vie va devenir un cauchemar.

Léo s'arrêta.

-La fille est en sécurité, et le rat est capable de se débrouiller. Alors allez vous faire foutre !

C'était vrai, Maëlys était entre de bonne main à l'Institut Xavier, et Vermine travaillait pour la Confrérie alors si on sen prenait à lui il verrait sans doute le coup venir. Par contre, il était hors de question de partir en laissant à cette sorcière l'occasion de préparer un mauvais coup contre qui que ce soit.
Léo glissa ses mains dans l'ouverture de son polo et dégaina ses deux mac-11 qu'il arma avant de lâcher un feu nourri sur Morgane.

Comment osait-il ainsi lui tenir tête, lui, ce misérable pouilleux ? Qui était-il ? Rien ! Rien du tout, si ce n’était un insignifiant justicier de bas étage ! Le visage de Morgane se crispa en une affreuse grimace de fureur. Elle en devint laide ; elle révéla ce qu’elle était à l’intérieur : une bête haineuse. Et ce fut si marquant, si intense, que sans doute Sphinx en fut surpris. La sorcière, car c’est ce qu’elle semblait être, ne pouvait supporter de ne pas dominer, de ne pas impressionner, de ne pas terrifier. Elle avait trop prit l’habitude qu’on s’écarte d’elle, qu’on se taise sur son passage, pour espérer changer un jour.

Léo venait de marquer un point, de montrer qu’il n’était peut-être pas si médiocre que ça en fin de compte. Hélas, cette victoire, il la gâcha en commettant l’erreur de faire exactement ce que lui demandait Ray. N’avait-il pas comprit que tout ceci n’était que pur provocation ? N’avait-il pas réalisé que la femme désirait ardemment le pousser à dégainer le premier ? Il aurait dut attendre, poursuivre sur sa lancée, laisser Morgane gâcher tout son effet.

Trop tard.

L’homme-lion, aussi rapide qu’il puisse être, ne le fut visiblement pas assez. Quand il ouvrit le feu, Ray s’était déjà soustraite à sa visée. Bondissant de côté avec une grâce quasi effrayante, elle trouva refuge derrière une pile de caisses. Maintenant, elle n’enrageait plus, elle jubilait.

-A mon tour, clama-t-elle en sortait son pistolet.

Sans attendre que Sphinx doivent recharger, sans attendre le moindre répit dans son tir, Morgane sortit de sa cachette. Comme elle venait de le faire trois secondes auparavant, elle se joua de la précision, pourtant exemplaire, du lion. Un plongeon de côté, presque une glissade, Ray n’en était plus à la simple esquive, c’était une chorégraphie, une danse martiale qui collait tant à son image. En main mouvement, elle visa, elle tira… deux fois… deux balles… Voilà Léo désarmé car chacune des balles percuta ses armes, les rendant par la même occasion inutilisable. L’un des impact lui brula légèrement la main. S’était-il seulement rendu compte que la femme s’était payé le luxe de l’atteindre non pas directement mais par ricochet ? La sorcière ne bougeait pas si vite que ça, cela restait tout à fait ordinaire. Seulement, la perfection de cette action n’avait, elle, strictement rien de faisable. Même un pro, un vétéran avec des dizaine d’années d’expériences, n’aurait put se prêter à pareille démonstration. Alors c’était presque certain : le gène X y était pour quelque chose. Quoi qu’il en soit, Sphinx avait la désagréable impression d’avoir toujours tiré au mauvais endroit, d’être toujours en retard sur son ennemi. Mais peut-être l’effet de surprise avait joué en sa défaveur. Peut-être qu’en sachant comment bougeait Morgane, il parviendrait à l’atteindre. En tout cas, c’était l’impression qu’il avait et ce devait être très frustrant.

En attendant, un insupportable sourire ornait la pâle face de la femme. Comme dans un western, elle souffla la fumée sortant du canon de son pistolet, puis elle mit en joue l’hybride.

-Et vous, Sphinx, pouvez-vous vous débrouiller autant que le rat ?

Elle éclata de rire, un rire grinçant, méprisant.

-Figurez-vous que le rat, je le connais. Ernest Lenoir, surnommé Vermine. 13 ans et un gène X des plus intéressants. Il y a de cela moins d’un an, le C.R.I.M. a été chargé de son kidnapping. C’est moi qui supervisais l’opération. J’ai eu recourt aux services de son propre oncle. Moi, ça me fait sourire. La famille ne vaut plus rien face à une montagne de billets. Et il en va de même pour ce qu’on appel le « bien ».

Ray abaissa son arme.

-Vous ne pouvez pas me tuer. Vous ne le pourrez jamais. Alors, vous aller devoir payer pour le meurtre de Casper, soit en le suivant en enfer, soit en le… remplaçant d’une certaine façon.

Léo mitrailla la sorcière, mais elle était trop rapide, plus rapide pour ses réflexes félins. Et encore, lui la voyait bouger, alors qu'elle aurait peut-être été quasiment invisible pour un humain. Toujours est-il qu'il vida ses chargeurs dans le vide avant de se faire désarmer par deux coups de feu bien placés.

-Et vous, Sphinx, pouvez-vous vous débrouiller autant que le rat ?

Léo ne répondit pas. Il donna juste un coup de langue sur la brûlure qu'une des balles lui avait laissé à la main.

-Figurez-vous que le rat, je le connais. Ernest Lenoir, surnommé Vermine. 13 ans et un gène X des plus intéressants. Il y a de cela moins d’un an, le C.R.I.M. a été chargé de son kidnapping. C’est moi qui supervisais l’opération. J’ai eu recourt aux services de son propre oncle. Moi, ça me fait sourire. La famille ne vaut plus rien face à une montagne de billets. Et il en va de même pour ce qu’on appel le « bien ».

Sphinx sourit. à lui de jouer l'effronté, reprenant la technique de Vermine.

-Là, vous vous gourez. Déjà, l'oncle de Vermine n'est pas un bon exemple, c'est un minable doublé d'un sale type. Vous, c'est peut-être votre style de vendre vos fesses pour un paquet de biftons, mais ce n'est pas le mien. C'est vrai que faire des saloperies ça rapporte, mais les ordures dans votre genre finissent toujours par trouver quelqu'un de plus fort qu'eux pour leur botter le cul au nom du "bien". Votre ami Casper en a fait l'expérience. Je me suis amusé comme un fou en le crevant.
-Vous ne pouvez pas me tuer. Vous ne le pourrez jamais. Alors, vous aller devoir payer pour le meurtre de Casper, soit en le suivant en enfer, soit en le… remplaçant d’une certaine façon.
-Alors là, vous pouvez laisser tomber. Si vous voulez que je remplace votre ami pour tourner des films pourris, il faudra attendre que le cresson ait poussé autour de la fontaine ! Et si vous voulez me tuer, je vous attends, vous ne me faites pas peur.

Disant ça, il se mit en position de combat au corps à corps. Bien sûr, c'étaient des bravades. Il savait que si elle voulait le tuer elle n'aurait aucun mal à moins de jeter son arme pour un combat "à la loyale". Mais quitte à choisir, il aimerait mieux mourir que travailler pour une pareille ordure.

-Vous vous croyez si différent de moi, n’est-ce pas ? Vous êtes le gentil et moi la méchante. Et, c’est bien connu, les gentils gagnent toujours à la fin de l’histoire. Mais nous ne sommes pas dans une histoire. Ne vous en déplaise, il n’y a pas de gentils, pas de méchants, pas de bien, pas de mal… il y a juste des intérêts contraires et une masse d’hypocrisie. Vous, qui sans doute vous croyez bon, avez fait preuve à DMP d’une sauvagerie auquel jamais, dans toute ma carrière, je me suis laissée aller. Quand je tue, je le fais d’une balle dans la tête ou d’un coup de poignard en plain cœur. C’est rapide et presque sans douleur. Je ne m’acharne pas sur les cadavres comme vous l’avez fait sur Casper. Qu’est-ce qui vous a motivé ? Le « bien » ? Combien de personnes avez-vous tué ce jour là au nom du « bien » ? Ce n’était que de la vengeance, rien de plus ! Cette même vengeance qui pourrait me pousser à vous abattre.
-Je suis bien placé pour savoir que les "gentils" ne gagnent pas toujours, mais je sais que tôt ou tard il se trouvera quelqu'un pour botter votre gros cul ridé, et tant pis si ce n'est pas moi. Et ce type qui vous tueras, que ce soit pour le "bien" ou pour le profit, aura accompli une bonne action. Et ce que j'ai fait à DMP n'était que justice. Et encore, j'ai été gentil, ils méritaient sans doute bien plus. Alors arrêtez vos salades.

Elle s'approcha de Léo, qui fut plus sur la défensive.

-Quelque chose, dans les archives de la C.I.A. vous intéresse visiblement puisque vous avez essayé de vous y rendre, par les égouts. Là-bas, il y a aussi des choses qui m’intéressent. C’est amusant non ? Vous aller monter une nouvelle opération avec vos amis. Moi, je vous fournirais le moyen de passer par les égouts. Une fois sur place, chacun prend ce dont il a besoin, puis on fait tout sauter. Est-ce que cela sera si insupportable pour vous que vous préfériez toujours mourir ?

Léo réfléchit. Malgré tout le dégoût que lui inspirait Morgane, l'offre lui semblait tentante. Les gens de la CIA n'étaient que des salauds qui croyaient avoir tous les droits sur la vie des gens, plus pour leur propre profit que pour le bien de leur foutu pays, qu'ils brandissaient à chaque fois qu'on leur demandait de se justifier. Dans le fond, ils n'étaient pas meilleurs que Morgane, et les voler reviendrait à voler des voleurs et des escrocs. De plus, s'il parvenait à mettre la main sur les dossiers de l'échange qui avait coûté la vie aux soldats du convoi, c'était l'occasion de se faire innocenter, pouvoir reprendre une vie normale, et rester auprès de Maëlys. Mais ce qui le dérangeait le plus, c'était l'idée de donner raison à cette sorcière qui prétendait en savoir tant que ça sur lui. L'homme-lion était d'un naturel têtu, et préférerait crever que lui donner se plaisir. Et puis, si grâce aux informations volées elle pouvait mettre sur pied un plan encore plus ignoble que DMP, ç'aurait été lui donner deux fois raison. Et par la même occasion son raid sur le studio de Snuff-movie aurait été inutile.
Léo abandonna sa posture défensive pour se tenir droit comme un I en annonçant sa réponse.

-Madame, j'ai certains principes que je me suis toujours refusé à trahir. Et l'un d'eux est "plutôt mourir debout que vivre à genoux". Je ne travaillerais pas pour vous, pas même sous la menace. Quant aux dossiers que je comptais voler à la CIA, je les obtiendrais sans votre aide. Vous avez sans doute l'habitude d'être entourée de caniches obéissants prêts à abandonner leur dignité pour du fric, mais je n'en suis pas. Alors je vous invite cordialement à ALLER VOUS FAIRE FOUTRE !!!

Il prononça les derniers mots en français avant de brandir sa main aux doigts repliés dans un magistral doigt d'honneur. La courtoisie et la grossièreté françaises dans toute leur splendeur.

-Je vous faisais une fleure, Sphinx, car si je pouvais vous aider dans votre quête, vous êtes en revanche très dispensable dans la mienne. J’atteindrais les archives de la C.I.A. sans vous et je prendrais alors un malin plaisir à détruire ce qui vous intéressait. Ce ne sera pas difficile car je détruirais tout.

Léo ne répondit pas. Lorsque Morgane sortit son arme, Léo commença à reculer. Il se crierait pas, il ne supplierait pas.

-Quelle gloire y a-t-il à mourir au nom des principes en niant jusqu’à son propre intérêt ? Même si vous désiriez me nuire, vous aviez mieux en réserve. Remerciez votre orgueil pour ce beau gâchis. Moi, ça me fait rire.
-Sale pu...

La vieille dame tira trois fois. Avant de venir, Léo avait senti venir le piège et avait pris quelques précautions. Les deux mac-11, le .38 caché dans sa poche intérieure et le couteau glissé dans sa botte en faisaient partie. mais ça n'aurait pas été complet sans un gilet pare-balles. L'ennui était que dans ce genre de situation, il valait mieux que la personne en face ne sache pas que sa cible portait un gilet, sinon elle aurait fait exprès de tirer à côté. Et dans leur matériel, la bande de déserteurs n'avaient de de gros gilets militaires bardés de poches et impossibles à dissimuler. Léo avait alors enfilé un gilet improvisé qu'il avait fabriqué lui-même quelques jours auparavant. Constitué d'une fine couche de kevlar et de quelques sangles, le gilet pouvait se cacher aisément sous un tee-shirt, même pour Léo sur qui des tee-shirts ordinaires paraissaient moulants.
Deux balles furent arrêtées efficacement par le gilet, elle n'occasionneraient que de gros bleus. Par contre, la troisième traversa la feuille de kevlar et pénétra le thorax de l'homme-lion. à ce moment-là il était déjà en train de tomber à cause de l'impact des deux autres projectiles, et une giclée de sang vint conforter les apparences.

*BLACK OUT*

Léo était seul, nu, dans le noir. Une tempête de neige râpait son dos mouillé et lui plaquait ses longs cheveux dans la figure. Il grelottait de froid, toute sensation autre que la douleur quittait déjà ses orteils et le bout de ses doigts. Il leva une de ses mains engourdies devant ses yeux. Le membre avait changé. Il était plus fin, plus faible, sans poils, sans griffes, seulement couvert d'une peau fine et blanchâtre, aux doigts couronnés d'ongles roses et mous. Il passa sa main sur son visage. Là aussi, plus de poils, plus de moustaches. Dans sa bouche, ses crocs étaient devenus des dents émoussées et mal enracinées. Il était devenu une créature faible, rachitique, inapte à la survie. De ses poils, il n'avait gardé que sa crinière et une misérable virgule sur le pubis. Il se leva lentement, peinant à reprendre son équilibre. Une fois debout, le vent faillit le remettre à terre. Les flocons glacés s'écrasaient sur son corps glabre comme un essaim d'aiguilles acérées. Lentement, d'un pas mal assuré sur ses jambes frêles et ses pieds aux plantes tendres, il commença à marché, recroquevillé pour essayer en vain d'échapper à la morsure du vent glacé. Autour de lui il n'y avait que le blanc de la neige et le noir d'un ciel d'encre. Soudain une ombre passa près de lui en un clignement de paupière. Léo se retourna mais ne vit rien. L'ombre repassa en le frôlant, et celle fois une douleur cuisante lui arracha la poitrine. Baissant les yeux il vit sa peau déchirée par quatre griffures sanglantes. Il tomba à genoux, le sang coulant sur son ventre en rigoles allant rougir sa toison pubienne. Il releva les yeux et se vit. Pas son reflet, celui de la créature faiblarde qu'il était devenu, mais un fauve, le fauve qu'il était. L'homme lion regardait Léo en découvrant les crocs. Il était nu aussi, mais ne semblait pas souffrir du froid. Le grondement s'échappant de la gorge du fauve fit trembler Léo, de peur cette fois. C'était lui, mais ce n'était pas lui. Celui qui s'était emparé de son corps n'était rien de plus qu'un animal, qui n'avait ni principes ni pensées, avec qui le dialogue était impossible. L'homme lion bondit. Léo tenta misérablement de se protéger avec les allumettes sans poils qui lui servaient de bras. C'est sur la sensation de ses crocs arrachant sa propre chair qu'il se réveilla.

-Et bien, quel réveil en fanfare.

Après avoir entendu la voix de Morgane, celle de Willard était incontestablement devenue plus agréable. Certes, l’oncle d’Ernest affichait toujours son impassibilité habituelle, mais il restait humain, ce que n’était vraisemblablement pas Ray.

Léo était allongé sur un lit trop petit pour lui. Torse-nu, un bandage couvrait sa blessure. A en juger par la pièce, il se trouvait dans un appartement miteux. L’ampoule, seule source de lumière, grésillait. Il y avait bien aussi une fenêtre mais elle paraissait condamnée par d’épaisses planches.

Mickael se tenait là, assis sur une chaise, un journal dans les mains. Il déposa le journal et se leva.

-Je t’ai vu monter à bord du Neptune. Alors j’ai attendu. Ça fait deux fois que je te sauve. Un jour, faudra rembourser.

L’oncle eut un pâle sourire. On sentait qu’il n’était pas tout à fait sérieux et c’était étrange venant de lui.

-Il est six heures du matin. Tu n’es pas resté bien longtemps dans les vapes. Tu va vite t’en remettre, je te fais confiance pour ça. Tout ce que j’ai trouvé sur toi est là. Il désigna le tas sur la petite table. J’ai appelé Ernest, il ne devrait pas tarder.

Sur ce, Willard se détourna. Récupérant le fusil d’assaut posé contre le mur, il prit la direction de la porte. Mais avant de la franchir, il refit face au lion. Alors, il parut hésiter avant de reprendre la parole.

-Tu as vu Morgane n’est-ce pas ? J’ai travaillé pour elle. C’est moi aussi qui l’ai informé sur toi. J’ai touché 5 000 $. Mickael hésita encore puis acheva. L’argent est dans tes affaires.

Cette fois, il disparu.

Un instant, Léo crut être au paradis. Mais il comprit bien vite son erreur en voyant Willard, l'oncle de Vermine.

-Et bien, quel réveil en fanfare.

Il tenta de se redresser, mais une terrible douleur l'en empêcha. Il avait peut-être bien une côte cassée. Au moins, la douleur lui confirmait qu'il était toujours vivant. Il se sentait tout de même inhabituellement faible. Le désagrément premier laissa place à la satisfaction d'avoir joué un bon tour à la vieille peau. Finalement il était assez content de voir ce type.

-Je t’ai vu monter à bord du Neptune. Alors j’ai attendu. Ça fait deux fois que je te sauve. Un jour, faudra rembourser.

Rembourser ? Mais comment ?! Hé, minute ! C'était de l'humour ? Bizarre venant de ce personnage. Qu'est-ce que ça pouvait bien cacher ?


-Il est six heures du matin. Tu n’es pas resté bien longtemps dans les vapes. Tu va vite t’en remettre, je te fais confiance pour ça. Tout ce que j’ai trouvé sur toi est là. J’ai appelé Ernest, il ne devrait pas tarder.

Il montra un tas de loques jeté dans un coin. Léo reconnut ses vêtements, encore mouillés, ses armes, et par dessus le gilet pare-balles sur lequel on voyait nettement le trou de la balle.

-Ah...merci... ça c'est cool.
-Tu as vu Morgane n’est-ce pas ? J’ai travaillé pour elle. C’est moi aussi qui l’ai informé sur toi. J’ai touché 5 000 $. L’argent est dans tes affaires.

Quoi ?! C'était à lui que Léo devait d'avoir pris trois balles dans la poitrine ? D'un seul coup toutes les pensées positives que venait d'avoir le mutant à l'encontre de l'homme s'évanouirent.

-QWÂ ?! Hé ! Attends un peu ! Reviens là espèce d'enfoiré ! Ordure ! Traître ! Collabo ! Rhaaaaïeuh !

La douleur le força à se calmer. Il regarda donc Willard sortir, impuissant. Tant pis. Au moins, s'il l'avait sauvé pour la deuxième fois, on pouvait dire qu'il avait en quelque sorte payé sa dette. Est-ce qu'il avait vraiment donné à Léo les 5000$ qu'il venait de toucher pour sa trahison ? C'était assez difficile à croire venant de lui. Est-ce qu'il se sentait la fin arriver pour se mettre à agir ainsi ?
Léo se redressa avec précautions pour ne pas déchirer les points de suture. Il tendit le bras vers ses vêtements pour voir si c'était vrai. Et là :

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

Un long cri...humain, même pas l'espèce de demi-rugissement qu'il poussait d'habitude dans ce genre de situations. Le bras de Léo était nu, maigre, comme dans son rêve à la différence qu'il n'était pas bleu de froid. En inspectant son corps, Léo eut vite fait de remarquer que la transformation ne se limitait pas à son bras. Il était...redevenu humain. Au départ il n'était pas comme Maëlys piégé sous la forme d'un animal, il pouvait jongler à volonté entre ses deux formes, l'humain et le lion. Mais lorsqu'il avait été piégé sous terre avec ses camarades après l'attaque terroriste en Afghanistan, il était resté longtemps sous sa forme d'homme-lion pour déblayer du mieux qu'il pouvait les tonnes de caillasses le retenant prisonnier, et une fois revenu à la surface, par quelque bizarrerie génétique il s'était retrouvé incapable de reprendre sa forme humaine. Et pour la première fois depuis lors, il était revenu à sa forme première. Mais pourquoi ne se sentait-il pas mieux ? Une apparence humaine lui apporterait bien des avantages.
Il s'assit sur son lit, se leva en grimaçant, l'impression que son thorax allait se déchirer en deux, et il essaya de se retransformer en lion. Il se concentra, comme il faisait avant, mais rien ne venait.

-Oh...non...ça craint !

Il était debout, plus nu que jamais. En tant qu'humain il n'était tout de même pas un maigrichon. 1m90, taillé comme un athlète, mais il se sentait faible pourtant. Son corps lui paraissait tellement fragile qu'il eut peur de perdre ses bras s'il les bougeait trop. Il avait froid, sensation peu ressentie jusqu'alors. Il ramassa ses vêtements et les renfila. Dedans, il ressemblait à un enfant empêtré dans les affaires de son père.

Léo était assis au bord du lit dans ses vêtements trop grands, occupé à contempler ses mains, quand Vermine apparut. Il était mieux habillé que la dernière fois et semblait bien remis de son passage entre les mains d'un acteur psychopathe.


-Tu cachais bien ton jeu. Tu ne m’avais pas dit que tu pouvais changer de forme. lança-t-il d'un ton enthousiaste.

Au moins l'enfant-rat ne s'était-il pas mis à jeter toutes sortes d'objets à la figure de Léo en hurlant "AAAAAAH ! Mais t'es qui ?!". Charmante attention de la part de Willard d'avoir prévenu son neveu.

-Je...je ne le savais pas non plus.

C'est sûr, depuis le temps il avait bien envie de retrouver sa forme humaine. Mais ne plus pouvoir être un lion était un trop lourd tribu. De quoi avait-il l'air ?

-Alors ? Qu’est-ce qui c’est passé ? Mon oncle est resté très vague sur le sujet.
-Je rentrais chez moi quand j'ai été abordé par deux connards de jumeaux qui m'ont dit que leur patronne voulait me parler. Sauf que la patronne en question c'était la patronne du patron de DMP. Elle voulait que je travaille pour elle pour la rembourser. Mais évidement, tu me connais, je l'ai envoyée chier. Alors elle m'a tiré dessus et on m'a balancé à la flotte. Mais...est-ce que c'est elle qui m'a fait ça ?

Il leva les bras, son tee-shirt XXL flottant comme une voile sur son corps. Il attrapa son sweat à capuche et l'enfila en prenant soin de ne pas tirer sur ses points de suture. Sans sa fourrure, dans ces vêtements trop grands, il se sentait tout nu, et ça lui donnait froid.

-Et toi ? Tout baigne ?

-La patronne du patron de DMP ? Et bien, ça devait être une belle conasse. T’aurais dut la descendre elle-aussi. Enfin, j’imagine que si tu en avais eu l’occasion, tu ne l’aurais pas laissé passé. Ce n’est peut-être que partie remise.

Depuis qu’il était là, Ernest ne cessait pas d’observer Léo. Une chose était certaine, il le préférait en hybride. Il avait tant perdu de sa superbe… Et d’après le concerné, ce n’était pas volontaire. Diable, il fallait espérer que cela ne durerait pas. Vermine garda le silence jusqu’à ce qu’on l’interroge.

-Moi ? Bah, ça va. Mes cicatrices ont tendances à me démanger mais rien de plus. J’suis comme neuf.

Ça c’était le petit bilan santé. Il s’imposait car depuis que le petit hybride était sortit de l’hôpital, il n’avait pas revu Sphinx. D’ailleurs, il avait d’avantage à lui apprendre même si les médiats avaient du le faire à sa place.

-Sinon, à part ça, j’ai repris contacte avec mon père. Ça fait quatre jours. Tu l’as sans doute vu à la télé ou lu dans les journaux. Ils ne parlaient presque que de ça… à croire que c’est si important. C’est une chance que les journalistes n’arrivent pas à me suivre dans les égouts.

Le garçon avait l’air fatigué et plutôt morose. Ces retrouvailles avec son père lui coutaient beaucoup d’autant plus qu’il les avait fait pour servir la confrérie et non pas pour faire plaisir à son aimée. Ça, il ne l’avouerait pas à Léo. En tout cas, Ernest pouvait dire adieu aux problèmes d’argent, il était l’un des enfants les plus riches au monde. C’est là que son génie se distinguait : malgré ce point du patrimoine retrouvé, le poids de la position sociale restaurée, il avait sut conserver sa liberté. Pour preuve : il était présent ici, dans cet appartement indigne de sa condition, sans personne pour le surveiller. Vermine aborda rapidement un autre sujet, moins dérangeant.

-Bref, pour moi ça beigne. Y’a guère que Neko qui m’inquiète. Je n’arrive même pas à l’avoir au téléphone. J’aimerais aller la voir, à l’Institut, mais là-bas, ils doivent savoir que je suis Confrériste. Ils me laisseront pas entrer ou alors, pas ressortir…

Prince Crapule bondit au sol, souhaitant visiblement chasser ses soucis pour passer à des choses plus concrètes.

-T’étais mieux en brute poilue. J’espère que ton gêne X va arrêter de déconner. Je sais que certains mutants ont le pouvoir d’influencer le gène X des autres. Moi-même je le peux avec l’Altérium. Et sans doute que la pétasse qui t’a tiré dessus le peut également. Au pire, rapplique à la Confrérie. Quelqu’un pourra sans doute t’aider.

Il sourit. Il n’était pas sérieux, enfin pas en apparence car au fond de lui, il aimerait bien que les deux Duval servent également Magnéto.

-T’as besoin d’aide pour rentrer ? demanda enfin Vermine.

-Moi ? Bah, ça va. Mes cicatrices ont tendances à me démanger mais rien de plus. J’suis comme neuf.
-Tant mieux.
-Sinon, à part ça, j’ai repris contacte avec mon père. Ça fait quatre jours. Tu l’as sans doute vu à la télé ou lu dans les journaux. Ils ne parlaient presque que de ça… à croire que c’est si important. C’est une chance que les journalistes n’arrivent pas à me suivre dans les égouts. Bref, pour moi ça beigne. Y’a guère que Neko qui m’inquiète. Je n’arrive même pas à l’avoir au téléphone. J’aimerais aller la voir, à l’Institut, mais là-bas, ils doivent savoir que je suis Confrériste. Ils me laisseront pas entrer ou alors, pas ressortir…
-Oui, moi aussi j'ai essayé de la voir, mais elle ne veut voir personne et ils ne m'ont pas non plus laissé rentrer. J'espère qu'ils arriveront à la guérir. Non, je ne lis pas la presse. Sauf quand je fais un gros coup et que je veux savoir quelles répercussions ça aura... Bon sang !

Il venait de se souvenir des paroles de Morgane.

-Cette pétasse a dit qu'elle comptait cambrioler les archives de la CIA, comme j'avais essayé de le faire avec ton aide. Et que quand elle y serait elle ferait tout cramer, juste pour que je ne trouve jamais ce que je cherche. Il faudra qu'on y retourne vitre, et qu'on y arrive cette fois. Si je peux compter sur ton aide sur ce coup-ci, ce ne serait pas de refus.
-T’étais mieux en brute poilue. J’espère que ton gêne X va arrêter de déconner. Je sais que certains mutants ont le pouvoir d’influencer le gène X des autres. Moi-même je le peux avec l’Altérium. Et sans doute que la pétasse qui t’a tiré dessus le peut également. Au pire, rapplique à la Confrérie. Quelqu’un pourra sans doute t’aider.

Drôle de façon de passer du coq à l'âne.

-Je ne sais pas. Mon pouvoir s'est déjà déréglé quand j'étais en Afghanistan. Suite à ça, je n'arrivais pas à reprendre forme humaine. C'est pour ça que jusqu'à aujourd'hui tu m'as toujours connu comme un homme-lion. Mais maintenant c'est l'inverse, je n'arrive plus à me transformer. C'est l'horreur, je me sens faible, et tout nu.

Il ignora le passage sur la Confrérie, pas le moment de se disputer avec Vermine.

-T’as besoin d’aide pour rentrer ?
-Je suppose que tu aurais du mal à me porter jusque chez moi, même maintenant que je fais 30kg de moins. Mais si tu veux bien m'accompagner jusque chez moi (juste pour t'assurer que je ne tombe pas dans les pommes sur le trajet, je t'en serais très reconnaissant.

-Je veux bien t’aider à nouveau pour la C.I.A. mais franchement, je ne vois pas ce que je peux faire de plus que la première fois. J’ai montré à toi et à tes gars le seul passage que je connaissais et il est bloqué. On ne peut pas passer par les égouts à moins que tu ne déniche une foreuse grand model ou quatre tonnes d’explosifs.

Vermine se tut un instant, paraissant réfléchir, puis il reprit.

-Ou bien, faut un mutant capable de délayer le chemin. Au fait, je ne peux pas te porter mais mon coéquipier le peut.

Ernest tourna la tête en direction de la porte et reprit, plus fort.

-Brok, ramène tes fesses !

Aussitôt, on entendit des pas pesants s’approcher de la chambre. L’individu, rien qu’à ce son, inspirait quelque chose de massif, de lent, de maladroit, mais surtout de très puissant. Avant que le dénommé Brok fasse son apparition, l’enfant-rat refit face à Léo et donna quelques explications à voix basses.

-La Confrérie me l’a mis dans les pattes et je dois bien avouer que je ne le regrette pas. Brok est un abruti, un vrai, du genre qui devrait vivre en hôpital psychiatrique. Son QI d’huitre fait tout son charme. Il m’obéit aveuglément. Brok pourrait dégager le passage des égouts. Il est assez fort et endurent pour ça mais il lui faudra du temps bien sûr, peut-être plusieurs heures. Donne-moi une nouvelle date et je rapplique avec lui. Bien sûr, vous vous ferez passer pour des Confréristes. Brok ne doit pas comprendre que je l’utilise hors du cadre prévu. Mais ça, c’est un détail.

Le titan apparut par l’encadrement. Il n’état pas très grand mais par contre beaucoup plus trapu que ne l’était Sphinx même sous sa forme d’hybride. Habillé comme un voyou d’habits vieux et sales, il arborait une peau grise comme le béton. Sa tête, chauve, affichait un air niais. Prince Crapule se tourna vers lui.

-Brok, tu vas aider ce monsieur à marcher EN DOUCEUR ! Si tu le casses, je ne serais pas contant, pas du tout !
-D’accord Crapule.

Brok s’avança d’un pas, Vermine parut un peu inquiet et jugea utile de préciser un peu plus son ordre.

-Tu laisses le monsieur se positionner comme il veut, hein ?
-D’accord Crapule.

Ceci dit, Ernest s’empara des affaires de l’homme-loin toujours présentes sur la table afin que ce dernier n’ai rien à porter. C’est alors qu’il trouva les 5 000 $.

-Hé, c’est quoi ça ? Sphinx, t’as toujours autant de liquide sur toi ou c’est exceptionnel ?

-La Confrérie me l’a mis dans les pattes et je dois bien avouer que je ne le regrette pas. Brok est un abruti, un vrai, du genre qui devrait vivre en hôpital psychiatrique. Son QI d’huitre fait tout son charme. Il m’obéit aveuglément. Brok pourrait dégager le passage des égouts. Il est assez fort et endurent pour ça mais il lui faudra du temps bien sûr, peut-être plusieurs heures. Donne-moi une nouvelle date et je rapplique avec lui. Bien sûr, vous vous ferez passer pour des Confréristes. Brok ne doit pas comprendre que je l’utilise hors du cadre prévu. Mais ça, c’est un détail.

Léo se sentit anxieux en voyant entrer la montage de muscles. Il se sentait déjà assez faible sans qu'en plus on le mette devant un tel colosse.

-Ah oui...on dirait que tu as certains avantages à faire partie de la Confrérie. Oui, je crois que ça devrait pouvoir se faire. Je vais combiner le coup avec les gars, et dès que je serais suffisamment guéri on pourra y aller.

Léo se mit debout et laissa le colosse s'approcher avec une certaine appréhension.

-Brok, tu vas aider ce monsieur à marcher EN DOUCEUR ! Si tu le casses, je ne serais pas contant, pas du tout !
-Oui ! N'oublions pas que le but premier est de m'enlever du plâtre, pas de m'en rajouter.

Heureusement, le monstre était aussi docile que le disait Vermine. L'enfant-rat avait finalement trouvé un moyen de compenser sa faiblesse physique.

-Hé, c’est quoi ça ? Sphinx, t’as toujours autant de liquide sur toi ou c’est exceptionnel ?

Il avait complètement oublié l'argent de Willard.

-Ah ça... C'est ton oncle qui me les a laissés. Il a dit que c'est ce que la mégère lui avait payé pour m'avoir vendu. Je crois que je vais déjà en utiliser une petite partie pour me faire soigner à l'hôpital.

En effet, c'était seulement maintenant qu'il voyait les avantages d'avoir repris forme humaine. Maintenant il n'était plus l'homme-lion recherché pour actes terroristes. Il pourrait même aller se faire soigner à l'hôpital en utilisant ses vrais papiers d'identité.

-Ouais, tiens, on va à l'hosto. Pour une fois je n'aurais pas à me recoudre moi-même. Il faut dire qu'on est un peu à court de médocs, surtout pour les antidouleurs.

Ils sortirent. Le colosse était assez maladroit, mais au moins il évitait à Léo de tomber par terre. Ils formaient un drôle de groupe : un rat géant et une sorte de pavé humain à la peau grise qui soutenait un homme flottant dans des vêtements trop grands.

-Au fait, Vermine, tu travailles encore ton combat au corps à corps ?

Depuis quand son oncle renonçait-il à une montagne de fric ? Bizarre. Ernest eut une moue dubitative mais n’insista pas sur le sujet. Que Mickael soit impliqué dans les malheurs de Léo n’étonnait pas vraiment Vermine. Alors il n’y avait plus rien à dire… pour l’instant. Mais des réflexions, ça oui, il allait y en avoir. Enfouissant les billets dans les affaires du lion, résistant à l’envie de subtiliser l’une des liasse, l’enfant-rat ouvrit la marche. Dernière lui, Brok soutenait le blessé tant bien que mal. Le colosse était si fort, si maladroit, l’hybride n’était pas tranquille et multipliait les coups d’œil derrière lui. Bientôt, l’insolite trio fut dans la rue.

-T’en fais pas pour mes acquis en baston, répondit le garçon à la question de son entraineur. Je continue à pratiquer. N’est-ce pas Brok ?
-Ho, ho, ho ! T’es rigolo quand tu me tapes. Tu te fais bobo tout seul ! T’as encore mal à la main ? répondit de sa voix pâteuse le coéquipier d’Ernest.
-Non.

Il y eut un petit silence. L’enfant-rat reprit, comme pour se défendre.

-Ce type est si dur ! C’est dingue. Même un coup dans la nuque, ça marche pas !

Le trajet, vers l’hôpital, se déroula sans encombre. Lentement mais surement, la ville se réveillait et on sentait que l’enfant-rat était un peu pressé. Il n’osait dire à Sphinx de hâter le pas, car celui-ci ne le pouvait pas, mais on lisait en son regard une certaine inquiétude. Le jour n’était pas fait pour les terroristes.

-Bon, on va s’arrêter là. Sphinx, tu continues seul, déclara finalement le petit Confrériste. C’est à cinq minutes, à peine, ça ne devrait plus être un problème. Désolé ne de pas pouvoir faire plus mais Brok, contrairement à toi, n’a pas changé de tête. Il a un casier judiciaire plain à craqué. Faut que je le fasse rentrer avant qu’un flic nous voit.

Le garçon redonna à son ami ses affaires.

-Tu as mon numéro. Pour l’opération, tu me tiens au courent. Penses à me le dire en avance. Mon emploi du temps n’est pas toujours flexible. Bon rétablissement. Vient Brok. On rentre.
-D’accord Crapule.

Sur ce, les deux criminels s’éloignèrent, plongeant en hâte dans l’ombre d’une ruelle. Vermine avait justifié ce départ précipité grâce au colosse, mais en fait, c’était surtout sa situation qui le forçait à disparaitre. Lui, fils de milliardaire, n’avait pas le droit à l’erreur. Sa couverture était fragile.

HRP : pour la suite de l’histoire, tu devrais démarrer un nouveau sujet je pense.

-T’en fais pas pour mes acquis en baston. Je continue à pratiquer. N’est-ce pas Brok ?
-Ho, ho, ho ! T’es rigolo quand tu me tapes. Tu te fais bobo tout seul ! T’as encore mal à la main ?
-Non.

Léo ne put s'empêcher de rire aussi. Il imaginait Vermine s'entraîner à frapper dans la bidoche de ce monstre et avoir l'impression de taper dans un pneu de semi-remorque.

-Ce type est si dur ! C’est dingue. Même un coup dans la nuque, ça marche pas !
-Ah. C'est pour ça que je t'ai aussi appris à te servir d'un flingue. Le combat à mains nues c'est bien beau, mais ça ne suffit pas toujours.

Ils marchèrent dans la rue. Heureusement, tous les passants qui auraient été susceptible de faire des ennuis à Léo ou Vermine étaient maintenus à distance par la gueule de Brok. Pourtant, à bien l'y regarder il n'avait pas l'air si féroce. Fort comme un éléphant, mais docile comme un chien, il devait faire un bon compagnon pour Vermine qui était tout le contraire.

-Bon, on va s’arrêter là. Sphinx, tu continues seul. C’est à cinq minutes, à peine, ça ne devrait plus être un problème. Désolé ne de pas pouvoir faire plus mais Brok, contrairement à toi, n’a pas changé de tête. Il a un casier judiciaire plain à craqué. Faut que je le fasse rentrer avant qu’un flic nous voit.
-Ouais, je comprends. Allez-y, je devrais réussir à continuer seul. Je suis peut-être plus un lion, mais je suis pas devenu une tapette pour autant !
-Tu as mon numéro. Pour l’opération, tu me tiens au courent. Penses à me le dire en avance. Mon emploi du temps n’est pas toujours flexible. Bon rétablissement. Vient Brok. On rentre.
-Sans faute.

Ils partirent. Léo se reposa un instant en s'appuyant contre un mur, puis reprit le chemin en claudiquant. Bien sûr, il ne fit pas 100 mètres avant de s'écrouler sur un banc. Du sang suintait de sa blessure rouverte, formant une auréole foncée sur son tee-shirt. Par chance, il fut vite remarqué par des passants à l'esprit civique qui appelèrent une ambulance. à l'hôpital il fut enfin soigné dignement et on le garda quelques jours le temps qu'il se remette assez. Quand on le questionna, il répondit qu'il avait été agressé dans le métro par un type cagoulé. Il montra sa carte d'identité et on nota son nom sans savoir que Léo Duval était officiellement mort.

(j'ouvre un autre sujet et je te dis quoi.)