Trempez-le dans l'huile, trempez-le dans l'eau... (Vermine)

Neko vérifia une dernière fois le contenu de son sac, rien ne manquait. L'opération "Souris verte" pouvait débuter. Elle claqua la porte du van de l'institut et souleva la plaque d'égout qui était à côté. Elle se glissa dans le trou et aussitôt s'élança dans les tunnels comme une ninja. Elle avait mis un jean déchiré de partout et un débardeur dont le bas était effiloché jusqu'au nombril. Pas de chaussures, pas de bijoux. Elle était habillé dans le même genre que Vermine avant qu'il ne s'habitue à mettre de vrais vêtements, et finalement ça avait sur elle un effet plutôt sexy. Il suffisait de la regarder pour voir qu'elle n'était plus la même qu'avant. Elle n'était plus la gentille fille trop sentimentale, celle fille-là avait laissé la place à une prédatrice. Elle avait décidé de ne plus être la marionnette de ce rat égoïste, à elle maintenant de tirer les ficelles. Plus question de se laisser faire, elle allait le ramener à elle de gré ou de force (et il était plus que probable qu'il faille employer la manière forte).
Elle progressait donc dans les égouts, rapidement et silencieusement. Elle s'était pas mal entraînée en salle des dangers pour être capable de traquer Vermine dans son milieu naturel.
Dès qu'elle réussit à identifier son odeur parmi toutes les autres puanteurs du milieu, elle remonta la piste et finalement le retrouva. Elle attendit un peu, puis jaillit de l'ombre comme un diable de sa boîte.

-Salut, Vermine...

Les paroles de l'enfant-rat ne semblèrent pas blesser Neko comme elles avaient pu le faire auparavant. Au lieu de cela, elle eut un petit ricanement.

-La corde sensible ? Non ! J'ai renoncé à ça, j'ai bien compris qu'il était inutile d'essayer de t'émouvoir. Non, c'est juste que je préférais mettre des veilles fringues pourries pour ne pas salir les miennes. Disons que j'essaie plutôt de te montrer que je suis à la hauteur pour être ta petite amie, la seule et l'unique.

Elle ne se vantait pas, elle énonçait juste un fait. Ce soir, elle n'accepterait aucun refus. Elle s'approcha de Vermine. Elle semblait décontractée, mais en fait elle était prête à attrapper Vermine s'il tentait de jouer la fille de l'air.

-Je sais ce que tu aimes, je peux t'offrir bien plus que n'importe quelle autre, et j'ai un truc à te montrer. Une petite expérience très sympathique que tu devrais trouver très agréable. Est-ce que tu veux venir voir ?

C'était une question rhétorique. Elle ne laisserait de toutes façons pas repartir chez celle qui lui avait lavé le cerveau.

-Tu es si possessive. Ton acharnement frise le fanatisme. J’en viendrais presque à croire que tu es une droguée et que je suis ta dose. Ceci dit, ce n’est pas forcément pour me déplaire.

Nouveau ricanement de Neko.

-C'est ce qu'on appelle de l'amour. Disons que c'est une facette qui n'est pas montrée dans les feuilletons débiles à l'eau de rose. La plupart des filles sont trop potiches pour faire le rapprochement, mais c'est vrai qu'on pourrait comparer ça à de la drogue. Et c'est bien connu que les vrais drogués seraient prêts à tuer pour avoir leur dose.

Ce n'était pas vraiment une menace, elle énonçait un fait. Et oui, elle serait prête à tout pour avoir Vermine avec elle, même à le tuer pour qu'il ne tombe pas entre les mains de quelqu'un d'autre.

-Tu as de la chance. J’ai du temps devant moi, du temps à perdre sans doute. Mais attention Neko, il n’y aura pas de troisième essai. Cette soirée est la dernière que je te consacre… si tu persistes dans ton pathétisme. Après, évidement, si tu t’améliores, c’est différent.
-Rassure-toi, je n'ai pas l'intention d'échouer. Si quelqu'un d'autre t'a déjà offert ce que je m'apprête à t'offrir, je m'engage à avaler une pleine bouteille de vinaigre.

Elle emmena Vermine jusqu'au van, puis fit route vers la banlieue, pas bien longtemps. Au bout d'une dizaine de minutes, elle arrêta le fourgon dans un quartier d'entrepôts.

-Avant de te montrer mon plan, juste une question. Est-ce que ça t'évoque quelque chose si je te dis "Une souris verte, qui courrait dans l'herbe..."

Chemin faisant, Vermine était resté silencieux, le regard rivé sur la route. Si jamais Neko avait prise une direction embarrassante pour l’enfant-rat, ce dernier aurait sauté du véhicule sans plus de manière. A vrai dire, il n’aimait pas vraiment les surprises. Son habitude planificatrice le poussait à tout vouloir savoir, à tout maitriser. Encore une fois, ce qu’il venait juste d’accepter, il ne l’aurait jamais accordé à une autre étrangère. Mais il ne fallait pas exagérer non plus. Ernest n’était pas prêt à tout tolérer de la part de son ex-petite amie. Et s’il avait accepté de prendre la route avec elle, c’était aussi parce qu’il l’estimait incapable de faire de véritable surprise.

Une fois à destination, le garçon se tourna vers la chauffeuse et lui adressa un sarcastique sourire.

-Tiens, des entrepôts, comme la dernière fois. En panne d’imagination ?

Arriva ensuite la question. Sa première réponse fut un grognement d’agacement.

-Evidement que ça me dit quelque chose. Cette stupide chansonnette est ridicule. A présent, montres-moi cette fameuse surprise, qu’on n’en parle plus.

Cela aurait également put lui rappeler une partie du cauchemar de Cérès mais, ce dernier, bien enfouit, ne s’était pas encore décidé à refaire surface. Vermine sortit du véhicule, impatient de… de quoi au juste ? Sans doute de se moquer d’un nouvel échec cuisant de la féline.

Neko hocha la tête. Elle s'attendait exactement à ce genre de réponse. Elle prit son sac sur ses genoux et farfouilla dedans, pendant que Vermine regardait dehors la série d'entrepôts qui se déroulait. L'enfant-rat entendit alors un claquement métallique. Il se retourna, et eut tout juste le temps de voir Neko, une matraque télescopique à la main, avant de recevoir en travers de la gueule un coup qui l'envoya directement dans les bras de Morphée.

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Vermine se réveilla avec l'impression d'avoir pris un autobus dans les gencives. En regardant autour de lui, il put voir qu'il était dans une piscine gonflable grand format...et vide. Il n'était pas ligoté, mais il était nu. Aussi, en se redressant, il put voir que la piscine était posée dans un entrepôt, occupé par de grandes cuves métalliques rivetées. Et c'est là qu'il vit Neko s'approcher, un Mac-10 à la main. Si elle avait voulu, elle aurait pu l'allumer avant qu'il n'ait eu le temps de sortir de la piscine.

-Ah, enfin ! Désolée d'avoir dû t'assommer, mais c'était plus simple pour moi. Il fallait que je prépare tout, et tu n'aurais jamais accepté que je te bande les yeux ou que je te laisse dans le van en attendant. Et puis il fallait que je te déshabille, aussi, ça aurait été plus dur sans ça. Et puis...qui sait tout ce que j'ai pu te faire pendant ce temps... T'es pas simple, aussi. Alors voilà, c'est ça ta surprise. Ne t'en fais pas, je ne vais te tremper ni dans l'huile ni dans l'eau...

Elle avait une sorte de sourire diabolique sur le museau. Aussitôt, elle leva son pistolet mitrailleur, et tira une bonne rafale. Les balles crevèrent l'enveloppe de la cuve qui était fixée juste au dessus de la piscine, et un liquide ambré se déversa directement sur Vermine. De l'essence ? Non, l'odeur était bien plus attrayante. Du whisky ! Des litres de whisky Old Tom se déversait dans le récipient en caoutchouc, le remplissant rapidement. Assez d'alcool pour attrapper dix cirrhoses d'un coup. Assez d'alcool pour pouvoir se baigner dedans. à moins de gagner au loto, il était peu probable que Vermine puisse un jour s'offrir un tel luxe dans sa vie.

-Alors ? Tu aimes ? demanda-t-elle avec son petit sourire de sphinx, en agitant son Mac-10.

Le réveil de Vermine se fit dans la douleur, surtout celle provenant de sa gueule. Il retrouva très vite ses esprits et ce fut un regard furibond qu’il jeta autour de lui. Se levant, il constata sa nudité, ce qui n’arrangea rien à son humeur massacrante. Cette rage qui inondait tout son être ne le rendait que plus froid. Lorsqu’il aperçu Neko, qui elle était armée, il lui jeta un regard mortel et pointa vers elle un index menaçant. Etre nu face au canon d’un pistolet ne semblait pas l’effrayer le moins du monde.

-Tu va trop loin, Neko, siffla-t-il entre ses dents.

La chatte avait franchi la ligne rouge. En cet instant précis, si Ernest en avait eu la possibilité, il aurait tué la féline sans l’ombre d’une hésitation. Son esprit vif travaillait déjà à la façon d’atteindre ce but. La pissine était certes un piège pour le petit rat. En revanche, elle pouvait faire office de rempart visuel. La manœuvre pour se cacher était risquée, surtout compte tenu des réflexes de Neko et du peu de distance. Ce n’était toutefois pas assez pour dissuader l’enfant-rat. En absence d’alternative, il opterait pour ce plan. Il ne chercha pas à parler d’avantage, ni même à écouter plus que ça. Il était, tout entier, tourné vers la réplique qu’il se devait de donner à cette idiote de demoiselle. Pour qui se prenait-elle ? C’était lui qui devait mener la danse, lui et personne d’autre !

Lorsque partirent les coups de feu, lorsque la cuve fut crevée, Ernest se décala vivement sur le côté. Il entama la manouvre prévue et disparu donc derrière le haut rebord de la pissine. Il allait poursuivre sur sa lancée, franchir l’obstacle aux moyens d’acrobaties dont il avait le secret, mais quelque chose le coupa dans son élan : une odeur.

-Mais…

Il porta alors une réelle attention sur le liquide en train de se déverser dans la pissine à gros débit. Cette couleur, cette substance… Le jeune mutant, avec son doigt, recueillit quelques goûtes qu’il lécha. C’en suivi un silence de stupéfaction de sa part.

-Du whisky ? finit-il par s’exclamer, abasourdi.

Jamais, au grand jamais, il ne se serait attendu à quelque chose comme ça. La surprise fut en fait si forte qu’il perdit sur l’instant le cours de ses pensées. L’alcool lui arrivait déjà jusqu’à la taille et il continuait de monter. Bon dieu, il pouvait se baigner dans de l’alcool ?! Des choses pareilles ne pouvaient se produire que dans ses rêves, des fantasmes ! Il revint vers le milieu de la pissine. Sa colère s’en était allée comme une bougie soufflée par le vent. Il fixa Neko, il ne savait plus quelle attitude adopter. Elle s’avérait bien plus imprévisible qu’il ne l’avait escompté au départ et du coup, elle en devenait à la fois plus dangereuse et plus intéressante. Allait-l pour autant se laisser faire, baisser sa garde ? Là était la question. Il croisa les bras et s’exprima avec son calme, revenu à la charge.

-C’est difficile à l’admettre mais c’est un fait. Tu n’es vraiment pas banale. Oui, je crois que tu marques quelques points.

Il avait envie de se baigner, de se baigner et de boire à la fois. Mais il ne le fit pas, par fierté. C’aurait été s’incliner devant la féline, marcher dans son plan. Si elle était si rusée que ça, elle devait avoir prévu une suite. En tout cas, Ernest n’allait pas lui faciliter la vie, au contraire. C’était maintenant que le jeu, la confrontation, devenait intéressante. Car oui, un duel naissant même s’il était informel.

-Puisque tu es ma petite amie, viens me rejoindre ! Nageons ensemble ! Ce serait dommage que je sois le seul à en profiter, n’est-ce pas ?

De toute évidence, Vermine était ravi, même s'il s'évertuait à le cacher. Il était ainsi fait : il était au milieu d'un vrai rêve, et il n'en profitait pas pour le simple principe de ne pas avouer que le plan de Neko était parfait. Un vrai gamin ! Enfin, de toutes façons elle était là pour l'aider. Le traîner, plutôt. Elle jeta le pistolet mitrailleur vide dans son sac et s'approcha du récipient qui était maintenant plein et débordait sur le sol de béton.

-Puisque tu es ma petite amie, viens me rejoindre ! Nageons ensemble ! Ce serait dommage que je sois le seul à en profiter, n’est-ce pas ?
-C'était mon intention. Juste, tais-toi et profite. dit-elle en relevant son débardeur.

Son plan ne se limitait pas à tremper Vermine dans une piscine de whisky, aussi bon soit-il. Car après tout, ce n'était pas avec l'alcool qu'elle voulait réconcilier le rat. Elle fit glisser ses vêtements et les jeta près du sac. Entièrement nue, elle se glissa dans le bain alcoolisé.

-Je t'ai déjà dit que je connaissais tes goûts. Tu aimes l'alcool, le sexe aussi. Même moi je n'ai pas réussi à t'en dégoûter. Mais est-ce que tu as déjà eu les deux en même temps ? Et attention, je ne parle pas d'une simple beuverie avec des prostituée (de toutes façons, ça m'étonnerais que tu aie pu t'en taper beaucoup avec ta tronche).

Non, ce n'était pas une blague, elle lui proposait vraiment de le faire...ici, dans le whisky, un fantasme d'ordinaire réservé aux milliardaires. C'est clair que, qui que soit la sorcière qui l'avait enlevé, jamais elle n'avait pu lui offrir ça.

-Et bien, ma foi, tu as raison. Tu es décidément très inspirée aujourd’hui.

Ernest s’approcha, visiblement intéressé par cette proposition quasiment sortie d’un fantasme. Son comportement était toutefois trompeur ou, tout du moins, en partie. Ne pas profiter de l’occasion aurait été un crime, avouons-le. Mais Vermine nourrissait le vif désire de reprendre les choses en main. La féline avait lâchée son arme. Elle qui jouissait quasiment d’une situation inébranlable ouvrait la voie aux ripostes de l’enfant-rat. Elle s’imaginait sans doute avoir le dessus pendant une lute au corps à corps. Mais avait-elle oublié l’Altérium ? Avait-elle oublié la décharge électrique de la dernière fois ? Pensais-elle l’enfant-rat, tête de mule professionnelle, capable de renoncer à ses principes juste à cause du sexe et de l’alcool ? A cette dernière question, on pouvait légitiment douter car Ernest lui-même avait douté. La mise en scène était quand même fichtrement bien faite ! Seulement voilà, il n’avait pas oublié ce défi invisible, cette lute entre elle et lui. Il tenait à gagner, il tenait à être le plus malin des deux. S’il n’y parvenait pas, c’était toute sa réflexion sur Neko qui s’effondrait. Il ne pourrait plus la voir comme avant, un jouet entre ses griffes.

L’enfat-rat écarta les bras, accueillant.

-Je sens que ça va être mortel !

Tuer n’était plus son intention. Il avait en tête une méthode certes violente mais aux conséquences modestes. Il agirait pas sur l’instant. Il devait d’abord un peu en profiter.

Neko s'approcha de Vermine. Lorsqu'elle le prit dans ses bras, elle sentit sa chaleur corporelle qui grimpait en flèche. On aurait pu attribuer ça à l'excitation, ou à une grippe, mais Maëlys savait trop bien ce que c'était. Le rat électrique récidivait. Elle avait assez d'expérience pour savoir que ces crises d'altérium pouvaient être dangereuses, et qu'il fallait à tout prix les stopper pendant qu'il en était encore temps. Et là, en plus, ils étaient tous les deux entourés de liquide. Cet abruti allait la faire griller !

-Oh non, mon gaillard, pas de ça ! lança Neko en l'empoignant.

Elle fit à l'enfant-rat une prise d'immobilisation maintes fois répétée à l'Institut, bloquant ses bras et sa tête. Vermine était ainsi physiquement réduit à l'impuissance, mais il fallait encore avorter la décharge électrique avant le point de non-retour. Elle se laissa alors tomber sur les genoux, sur le sol de la piscine. Elle avait toujours la tête hors de la flotte, mais celle de Vermine se trouvait à une bonne trentaine de centimètres sous la surface. Elle resta un instant comme ça, contemplant tranquilement les bulles qui remontaient devant elle, et encaissant les ruades du rongeur. Elle le remonta, sans le lâcher, pour qu'il respire, puis elle le replongea dans le whisky. Elle le noyait avec amour, à mi-chemin entre la mère infanticide et l'interrogateur de la CIA. Elle sentit sa résistance faiblir peu à peu. Normal, c'était du vrai whisky écossais, du solide, idéal pour désinfecter les plaies, et il y en avait assez pour plonger un éléphant dans le coma éthylique.
Elle retourna son amoureux pour le mettre face à elle, avant de le remonter encore une fois. Là, elle colla ses lèvres contre les siennes, sans lui laisser le temps de respirer, l'embrassa longuement, avant de le laisser reprendre son souffle.

-Tu es à moi. Je fais de toi ce que je veux, et tous ceux qui essaieront de t'arracher à moi mourront.

Ce disant, elle lui refit boire la tasse. Tout en poursuivant la manœuvre, elle desserra un peu son étreinte pour pouvoir le caresser, de façon sensuelle et très entreprenante. Ce n'était pas un viol à proprement parler, mais c'était Neko qui dictait sa loi, Vermine n'était qu'une marionnette entre ses mains.

Mourir noyé dans le whisky. N’était-ce point là une fin rêvée pour un ivrogne ? Peut-être mais de l’avis de Vermine, il préférait éviter. Encore une fois, il fut prit au dépourvu, ne pensant pas que la féline irait si loin. Décidément, il la connaissait bien mal ce qui, entre nous, était plutôt logique puisqu’il ne l’avait rencontré que trois fois jusqu’à ce jour. Enfin, plus ou moins… Il se débâtit autant qu’il le put, en vain. Ses maigres ressources physiques ne suffisaient pas face à cette diablesse. Alors oui, il but la tasse et pas qu’un peu. Il la but tant qu’il crut y passer. A chaque fois qu’on le laissait remonter à la surface, il crachait du whiskey par la bouche et les narines. Ses forces déclinaient et sa résistance avec. Ses violentes ruades laissèrent la place à fébrile débattement puis à de timides et insignifiantes tentatives. Son esprit, troublé par l’alcool absorbé et par la panique de cette situation sans issue ne trouvait qu’une solution pour espérer sortir de cet enfer.

-Assez, stop ! cria-t-il alors qu’il avait la tête au-dessus de la surface. C’est bon ! J’ai pigé ! J’me rend ! Lâches-moi ! On peut reprendre tout ça en douceur !

Lui ? Lui qui réclamait de la douceur ? Il devait vraiment avoir été ébrené. Mais c’était un fait, il le demandait. De plus, il fallait bien avouer qu’il ne pouvait pas profiter des caresses et autres baisées avec ce traitement.

Lorsque Vermine demanda grâce, réclamant plus de douceur, Neko sut qu'elle avait accompli un exploit. Enfin, il fallait encore qu'elle s'assure qu'il n'essaierait pas de lui jouer un sale tour. Elle le remonta, et le blottit contre elle, qu'il puisse évacuer un peu le whisky qu'il avait dans les bronches. Pour changer, elle le tint dans ses bras, le laissant baigner dans le whisky, mais en prenant soin de garder sa tête hors de l'eau, comme une jeune mère emmenant son bambin à la piscine pour la première fois.

-Tu es à moi, je suis ta seule et unique petite amie. Et en tant que tel, je peux te faire vivre mille plaisirs, ou faire de ta vie un enfer. Ne l'oublie jamais. lui dit-elle doucement.

Elle se remit alors à lui faire l'amour. Cette fois, elle s'y prit plus doucement (et cette fois, elle n'essayait pas de le noyer), mais en restant ferme, pour lui rappeler qui commandait. Elle-même ne manqua pas une occasion de boire une ou deux gorgées d'alcool, sans trop penser au fait qu'ils baignaient dedans. Elle ne buvait jamais d'alcool d'ordinaire, à part une coupe de saké de temps en temps, mais la fête ne serait pas complète sans ça.

Enfin Vermine commençait à profiter du moment. Il en avait fallut des efforts à Neko pour en arriver à ce stade. Elle avait raison, Ernest n’était pas simple à gérer. Il se laissait à présent aller. Il était un peu perdu, sans trop savoir s’il devait persister dans cette lute si mal engagée ou rendre les armes pour de bond. Sa fierté le poussait dans la première solution. Le plaisir qu’il éprouvait à être câliné le poussait dans l’autre voie. Bientôt, l’alcool et la fatigue aidant, il cessa de se poser des questions. Il se mit plutôt à songer, à révacer. Les caresses et autres baisées de la féline commencèrent à attiser son excitation.

-Tu sais, après réflexion, t’es pas si mal que ça, fit-il, à présent décidé à pleinement entrer dans cette dense amoureuse.

Il avait tourné la tête vers la demoiselle. Il l’observait. Puis… puis quelque chose d’étrange, de violent, d’affreux se produisit. Sans doute les mauvais traitements de Neko expliquaient la cause de ce phénomène soudain. A moins que ce ne soit les mots « souris verte » prononcées plus tôt. Ou les deux à la fois. Toujours est-il que l’enfant-rat, l’espace d’une fraction de seconde, comme en un flash, aperçu Neko illuminée par une lueur rougeoyante, volcanique. La chatte, par le jeu d’ombre, était devenue monstrueuses. C’était une image du cauchemar de Cérès.

La demoiselle sen le corps de son aimé parcourut d’un frisson. Le visage de Vermine se décomposa sous l’effet de la terreur. Son regard devint fou. Après une seconde de paralysie, Ernest poussa un hurlement qui en disait long sur sa détresse. Jamais Neko ne l’avait vu ainsi. L’enfant-rat, sous le brusque effet de l’adrénaline, s’arracha à l’étreinte de la chatte avec une force décuplée. La seconde d’après, il bondissait hors de la piscine. On aurait presque dit qu’il volant tant son agilité et sa rapidité avait augmenté. Même Neko, en sa qualité d’hybride chat, aurait été incapable d’exécuter pareille acrobatie. Vermine, trempé de whiskey, se réceptionna sur le sol de béton, glissa, roula, retomba sur ses pattes, courut tel un animal droit devant lui. Il arriva, à une allure folle, droit à un pilier. Il chercha à l’éviter, n’y parvint pas et s’écrasa finalement dedans. Le choc l’étourdit et mit fin à cette frénésie. A la place, il s’effondra sur lui-même. Il pleurait.

Neko serrait contre elle son aimé en ronronnant de plaisir. Elle venait de remporter sa première victoire depuis le début de la guerre. Maintenant, elle allait poursuivre sur cette lancée et tuer l'affreux nain qui avait remplacé Vermine, et TOUT REDEVIENDRAIT COMME AVANT ! Du moins, c'est ce qu'elle aimait se répéter, mais il était évident que même si Ernest redevenait lui-même, rien ne serait plus comme avant.
Elle préférait éviter de penser à ça, et se consacrait à profiter du bonheur de la situation. Mais soudain, elle sentit comme un malaise chez Vermine. Il trembla, son visage se défit, on avait l'impression qu'il avait vu un fantôme.

-Vermine ?

Le rongeur poussa un cri strident, et s'arracha brusquement à l'étreinte de la fille-chatte pour s'enfuir. Neko mit une seconde à comprendre, puis elle s'élança à son tour hors de la piscine. Elle ne savait pas trop quelle réaction adoptée. Normalement elle l'aurait attrapé par le peau du dos et l'aurait ramené de force pour lui montrer qui commandait, mais là elle sentait que quelque chose n'allait pas, ça ne faisait pas partie de ses mesquineries habituelles. Le rongeur sautait partout avec une agilité impressionnante, jusqu'à ce que...

-ATTENTION ! LE POTEAU !

BONK !
Elle arriva auprès de Vermine, qui s'était écroulé devant le pilier métallique, sonné. Il pleurait. Neko fut désemparée, elle ne pensait pas le voir un jour dans cet état. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle s'agenouilla et entoura l'enfant-rat de ses bras en le consolant, comme un petit enfant qui pleurait après avoir fait un cauchemar.
-Chht...C'est tout...C'est fini...C'est fini...

-Non ! Ne me touche pas ! Ne m’approche pas !

Vermine s’était redressé. Il n’était finalement pas si étourdit que ça. Le choc l’avait coupé dans son élan. Avec brutalité, il repoussa Neko. Son visage faisait réellement peur à voir tant la peur, la panique, le torturait. A ceci s’ajoutait une vilaine coupure au niveau du crane, provoqué par l’angle du pilier. La blessure n’était pas grave mais, à ce genre d’endroits, le saignement devenait vite conséquent. En attendant, la féline ne put savoir si les paroles de l’enfant-rat étaient haineuse ou s’il s’agissait d’un avertissement.

La tourmente n’était pas terminée…

Le choc émotionnel d’Ernest fut tel qu’il en résulta une crise d’Altérium aux proportions impressionnantes. Le corps du jeune mutant était devenu bouillant. A peine ses paroles dites que des étincelles commencèrent à courir sur le pelage du rongeur. Ce n’était pas la décharge, non, c’était encore la charge. L’instinct de survie de Neko s’agita. Sa vie était en jeu. Elle eut moins de cinq secondes pour s’éloigner autant que possible de Vermine. Elle entendit ensuite un bruit assourdissant, un déchirement, comme si le tonnerre venait de frapper à ses pieds. Un flash aveuglant illumina tout le hangar. La fille-chatte fut jeté au sol par le souffle brulant de la déflagration. Elle avait perdu l’usage de son ouïe. Tout se passait donc dans un silence total. Elle mettrait bien quelques grosses minutes à pouvoir de nouveau entendre et plusieurs heures avant de se débarrasser du sifflement qui allait bientôt l’assaillir. Elle vit des arcs électriques se diffuser un peu de partout. Elle sentit de vives brûlures. Elle pouvait s’estimer heureuse. Malgré sa mise en retrait, elle aurait put décéder sur le coup ou souffrir de grave séquelles. L’électricité, toutefois, l’épargna relativement. Des poils grillés essentiellement, elle s’en remettrait. Ce déchainement énergétique passa aussi vite qu’il était venue. Le hangar se fit ensuite inondé, la piscine ayant rendu l’âme. Une fumée mailée de vapeur monta dans l’air. Quelques dernières étincelles allèrent mourir sur les parois métalliques. L’obscurité tomba, l’éclairage ayant grillé.

Ernest, le poil fumant, se redressa. Lui non plus n’entendait plus rien. Il avait l’impression d’avoir changé de dimension. Que s’était-il passé ? Ha oui, la crise. Il lui fallait quelques secondes pour retrouver ses esprits. Qu’est-ce qui l’avait mit dans cet état ? Il chercha mais ne trouva pas. Il avait oublié la cause de sa terreur. Il avait juste la conviction que quelque chose d’important venait de se produire. Il vit, plus loin, Neko au sol. Il l’appela. Cela lui fit bizarre de ne même pas entendre sa voix. Alors il s’approcha. Pourquoi était-il inquiet ? Il s’agenouilla à côté de la demoiselle. Puis il attendit.

HRP : j’ai un peu fait agir ton personnage. Si quelque chose te dérange, n’hésite pas à me le dire^^

Un véritable cataclysme éclata dans l'entrepôt, Neko réagit à temps pour sauver sa peau. Elle avait déjà connu des crises de Vermine, mais jamais une de cette ampleur. Elle voulut crier, mais n'entendait plus rien à part un bourdonnement désagréable. L'un des défauts d'avoir une ouïe supérieure était qu'on souffrait beaucoup plus en cas de trop grand bruit. Affalée contre un mur, elle se sentait lessivée. Elle avait mal partout, mais apparemment n'avait rien de cassé. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver ses repères, et notamment arriver à situer le haut et le bas. Elle vit Vermine. Il était debout, seule chose intacte au milieu du carnage. Elle voulut appeler, mais ne s'entendit pas. Vermine approcha. Il arriva devant Neko et s'agenouilla près d'elle. La fille chatte se redressa. Elle posa ses mains sur les épaules de Vermine, et cria. Elle parla, parla, sans même arriver à s'entendre, à tel point qu'elle n'était même plus sûre d'être vraiment là en train de parler et pas dans un rêve complètement dingue. Les larmes lui montaient aux yeux. Elle ne savait même pas elle-même si elle était en train d'engueuler Vermine, de le réconforter ou de l'implorer, sans doute les trois à la fois, le secouant un peu... Elle alla même jusqu'à le gifler. Toujours est-il qu'elle finit par craquer et serrer Vermine contre elle.

Ainsi donc, la prédatrice s’avérait fragile ? Quelques milliers de volts et voilà qu’elle craquait ? Une chasseresse digne de ce nom ne craignait pas pour sa vie ou, en tout cas, ne le montrait pas autant. C’était justement par ce sang froid en toute situation que certaines personnes pouvaient se hisser au-dessus des autres. L’inflexibilité, l’impassibilité, l’armure des puissants. Ernest repoussa Neko. Pas besoin d’entendre pour deviner que le rat égoïste n’avait en rien changé, malgré ce choc. Son unique œil se voulait affreusement neutre. D’un geste, il fit comprendre à la demoiselle qu’il était inutile qu’elle s’exprime, qu’il ne l’entendait pas. Le concours de circonstance présentait Vermine sur son jour le plus sombre. Il avait, en cet instant, tout d’un monstre, d’un être sans cœur, d’une machine sinistre. Et pourtant, malgré les apparences, c’était bel et bien lui qui était venu vers la féline, lui qui s’était agenouillé à côté d’elle, lui qui, à présent, était rassuré de la savoir en vie. Il ne pouvait pas s’expliquer ce paradoxe mais il en prenait conscience. Et malgré tout ce qu’il pensait, l’enfant-rat avait du mal à vraiment mépriser la mutante. Il était évident qu’il ne pouvait pas la considérer comme une petite amie, ni même comme une amie. Mais ce n’était plus une inconnue et elle avait su lui prouver qu’elle n’était pas comme les autres demoiselles. Elle avait un petit truc en plus, malgré ses défauts. Ernest ne pouvait qu’être intéressé. La prochaine fois qu’il se verrait, peut-être serait-ce lui qui viendrait à elle. Neko avait réussi son coup, c’était une certitude. L’indifférence du jeune mutant aurait été son échec.

Vermine se redressa, tourna les talons et, sans même un regard en arrière, prit la direction de la sortie du hangar ravagé. Il ne pouvait pas s’attarder ici, désormais. Il supposait que la détonation engendrée par l’explosion électrique avait été entendue dans tous le quartier, peut-être même au-delà. Dans très peu de temps, cet endroit grouillerait de curieux. Le petit criminel se devait de disparaitre. Alors qu’il approchait de la porte, le silence autour de lui commença à devenir diffus. Il allait retrouver sous peu l’usage de ses oreilles. Une bonne chose. Neko, quand à elle, devrait encore attendre un peu. Elle avait d’avantage souffert que lui, autant par ses facultés auditives légèrement plus élevées que par sa position au miment de bang sonore.

Cette histoire, était loin d’être terminée…

HRP : je te laisse conclure le sujet.

En voyant le visage de Vermine, Neko sut tout de suite que leur relation avait régressé de presque autant qu'elle avait évolué ce soir. L'enfant-rat se dégagea de son étreinte et pris la fuite sans se retourner. Neko attendit un peu que la douleur dans ses articulations se dissipe, puis elle se releva. En fin de compte, le bilan de cette soirée n'était pas si mauvais. Ils avaient passé un assez bon moment avant cette espèce de crise. Et puis, si Vermine était si indifférent vis-à-vis de Neko, il ne serait pas venu s'agenouiller près d'elle après l'explosion. Tout n'était pas perdu, elle allait continuer sur sa lancée et arriver à ses fins !
Enfin, pour l'heure elle allait devoir imiter le rat et filer. Toujours sourde, elle se rhabilla et remballa ses affaires. Elle trouva les vêtements de Vermine, qui n'avait pas pris le temps de se rhabiller. En cela, il n'était pas si différent du Vermine qu'elle avait connu au départ. Elle détestait cet affreux uniforme, symbole de l'emprise de cette femme inconnue, mais les habits verts portaient l'odeur de Vermine. Elle les fourra dans son sac, et après s'être assurée de ne laisser aucun indice, elle prit la poudre d'escampette.
Elle rentra à l'institut et prit une bonne douche pour se débarrasser de l'odeur de l'alcool. Puis elle se coucha, les vêtements de Vermine sous son oreiller.
Le lendemain, aux informations, on parla de l'explosion de l'entrepôt de whisky Old Tom. Les dégâts étaient évalués à plusieurs millions de dollars, la police concluait à une fête de jeunes qui avait mal tourné.
Il y aurait une prochaine fois, et cette fois ce serait une victoire complète.